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La mutation de l’extrême droite en Europe

vieuxcmaq, Wednesday, May 9, 2001 - 11:00

Bertrand Vagnon (vagnonb@magellan.umontreal.ca)

Silvio Berlusconi, chef de la coalition La Maison des libertés (CDL, centre-droite), semble bien placé pour remporter les élections législatives italiennes du 13 mai prochain. De ce succès, ses alliées radicales, la Ligue du Nord de Bossi et l’Alliance nationale de Fini, sortiraient légitimées. L’arrivée aux plus hautes fonctions de l’État de dirigeants de l’extrême droite n’est pas un phénomène italien. A l’échelle de l’Europe, ce courant s’installe durablement dans le paysage politique.

Le parti de Jörg Haider, le FPÖ, demeure avec 20% des voix le second parti autrichien. Bruno Mégret, chef du Mouvement national républicain conserve ses bastions du Sud de la France. Quant à l’Union démocratique du centre (UDC), il maintient son influence en Suisse. Ces exemples illustrent une réalité : l’extrême droite européenne, appelée aussi droite extrême, fait aujourd’hui partie du jeu politique. Elle fait et défait les gouvernements au gré des changements d’alliances. Silvio Berlusconi le sait bien, lui qui avait été renversé en 1994 suite à la défection de son allié Bossi.

Deux raisons expliquent ces succès électoraux de cette droite radicale. Tout d’abord, un espace s’est créé à cause des difficultés ( caisses noires, liens avec la mafia) rencontrées par la droite chrétienne européenne. Surtout, les droites extrêmes se sont transformées. Les partis nationaux-socialistes et fascistes sont maintenant très minoritaires. En revanche, les formations « populistes » comme celles de Haider, Blocher (UDC) et Fini, qui a réalisé la mue du parti fasciste italien, ont le vent en poupe. Débarrassés de toute attache avec le fascisme et le nazisme, à l’exception de Haider lui même, délaissant l’antisémitisme, ces partis acceptent de gouverner avec la droite. Cette nouvelle extrême droite s’est recentrée sur le local, sur les particularismes régionaux. Pour certains analystes, c’est dans les fiefs du populisme, les terroirs frontaliers ( Alsace, Suisse, Carinthie) et les zones urbaines insécurisées, que les démocrates doivent se mobiliser. Il en va du paysage politique de demain et de la survie d’une droite parlementaire démocrate.



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