Le Sommet des Amériques n’a laissé personne indifférent. En tant que groupe de mobilisation anti-mondialiste (Les Derniers Humains, La Pocatière), nous étions bien évidemment à Québec du 20 au 22 avril 2001. Nous aimerions partager notre vision de l’événement.

Les Derniers Humains

Nous sommes les Derniers Humains et nous avons manifesté pacifiquement au Sommet des Amériques. Durant trois jours, nous avons tenté de diffuser notre message, de crier mondialement notre inquiétude face à la suprématie économique, à la détérioration de l’environnement, à celle des droits humains et de la perte des acquis sociaux. Québec a vibré durant trois jours au rythme de notre incertitude face à notre avenir.

Nous ne brisons pas, nous ne nous battons pas contre les policiers, nous voulons construire. Étudiants au Cégep de La Pocatière, nous nous rassemblons chaque semaine depuis plus d’un an afin de s’informer et de discuter de la mondialisation (libre échange, surexploitation, turbo-capitalisme, contrôle des multinationales, néocolonialisme, problématique autochtone, etc.). Nous avons organisé des conférences, des kiosques d’information, un camp de formation de désobéissance civile (action non-violente). Nous étions présents à Ottawa. Nous avons mobilisé plus de cent personnes de la région du Bas-St-Laurent à manifester au Sommet des Amériques. Nous travaillons durement, sacrifiant une partie de nos études et de nos loisirs parce que nous croyons en l’idéal que nous partageons avec des milliers de groupe comme le nôtre. Ce ne sont pas des gaz lacrymogènes qui feront taire nos voix, et aucun coup de matraque ne viendra à bout de notre conscience sociale.

Le gouvernement néo-libéral essaie bien de «casser» la jeunesse, mais qu’espère-t-il d’une génération pauvre, désillusionnée et sans ambition? Cette répression latente était bien visible au Sommet des Amériques. Sept personnes pacifiques de notre groupe ont été arrêtées et incarcérées injustement. Nous avons subi la force humiliante de la police, car là était leur but, nous humilier, nous rendre coupable d’avoir pris part à cette manifestation, coupable de réfléchir et de dire «non»! Nous obtiendrons peut être un dossier criminel en prime! Mais est-ce si mal de manifester? De s’unir pour oublier quelques instants cet individualisme qui nous colle à l’écran de notre téléviseur? Devant le « mur de la honte », nous avions quelques choses à dire : des revendications et des alternatives. On a voulu nous bâillonner, nous réclamons le droit de penser et d’agir.

En fait, nous ne vivrons peut-être même plus dans un système capitalisme, mais plutôt à l’intérieur d’un turbo-capitalisme centralisé et contrôlé par les méga-entreprises qui s’approprient la planète, qui s’approprient le pouvoir grâce à l’argent, à la privatisation et à la déréglementation, et grâce au démantèlement des fonctions protectrices de l’état (santé, éducation). Nous sommes tous concernés. La société devient de plus en plus divisé entre riches et pauvres, les valeurs changent, la population n’est pas informée. Certains médias manipulent l’information. Les procédures administratives gouvernementales sont longues et toujours un peu mystérieuses. On nous propose d’acheter le rêve grâce à la publicité (chirurgie plastique, voyage paradisiaque,…), désormais le système économique peut nous faire acheter une bonne conscience!

Nous pouvons nous unir contre l’impuissance. Il ne faut pas attendre que la situation change par magie. Il y a un effort individuel à faire. Chacun de nous doit être digne et solidaire avec la communauté, le peuple. Qu’on s’allie avec les groupes sociaux humanistes, féministes, syndicalistes, socialistes, anarchistes, écologistes, pour combattre la peur et la domination! Il existe des alternatives comme le commerce équitable, l’écoforesterie, les aliments biologiques, le recyclage, le transport en commun, la bicyclette ou être actif, acheter des produits locaux, durables, réparables et réutilisables, faire des boycotts et surtout s’informer, garder le sens critique.

À tous les Bush, Pettigrew et Chrétien nous disons : retrouvez l’être humain en vous et descendez de votre tour d’ivoire, regardez en face la population qui souffre, muette par habitude. Nous sommes les adultes de demain et nous gardons espoir. Nous refusons la mondialisation économique et la répression. Nous sommes des militants et nous ferons tout pour ne pas être réellement les Derniers Humains de la Terre.

Les Derniers Humains