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QUÉBEC-Je me souviensvieuxcmaq, Thursday, May 3, 2001 - 11:00 (Analyses)
François Pelletier-Bourbonnais (sosconard@hotmail.com)
Je me réveille ce matin me demandant ce qui reste. Revoyons la situation : des dizaines de milliers de gens sont venus nous visiter et manifester, puis sont repartis... Nombreux journalistes sont venus voir le sang gicler, les gaz lancés et ont recommencé à parler de Céline sur le chemin du retour... Des hommes casqués, masqués, armés, payés, frustrés, « brainwashés » sont venus polluer notre air et sont finalement rentrés chez eux pour s’occuper de vols à l’étalage et des gangs de rue qui continueront à jouer à qui pisse plus loin une fois le Sommet terminé. Maintenant, je me demande ce que les gens ont retenu. Que la brutalité policière existe vraiment ou que les méchants manifestants auraient dû rester chez eux plutôt que de venir mettre en péril leur si belle vieille ville de Québec??? Je crois que ce qui reste vraiment est le goût amer des gaz et du vinaigre, mais d’abord et avant tout, il est malheureux de constater que presque tout le monde a oublié la vraie raison de la venue de cette panoplie de gens : la putain de ZLÉA! En fait, des milliers de gens sont arrivés pour manifester leur désaccord face aux manigances inter-Amériques, mais ont oublié le lendemain que la cause n’était pas celle de la brutalité policière. Un oubli qui a coûté cher, parce qu’on dirait que les médias (autant alternatifs que de masse) l’ont aussi effacé de leur mémoire (ce que j’ai l’habitude d’appeler un accident volontaire venant de leur part). Ils ont voulu des images chocs, « des trucs qui vendent bien » et le pire c’est que nous leur en avons donné à la pelletée. Ils ont utilisé les termes anarchie et guérilla sans même en connaître le sens. Ils s’en sont donné à cœur joie de parler du Black Bloc comme étant une bande de touristes n’ayant aucun autre intérêt que celui de la casse. Ils se sont déplacés pour les mêmes raisons que tous les autres, mais les ont oubliées eux aussi, malheureusement. Peut-être est-ce que nous avons besoin de réfléchir? En fait, demandez-vous pourquoi une bande de frustrés avaient oublié les « Fuck you, go away, FTAA ! » pour les remplacer par « Break down the wall, break down the wall! » Là où nous devons tous méditer est l’endroit où les réponses arrêtent. Vous, comme moi, avez oublié tôt ou tard les vrais enjeux, ceux qui étaient discutés derrière un nuage de gaz. La preuve est que j’ai moi-même fait partie de la foule frustrée qui voulait que se fasse abattre ce satané mûr. J’avais les mêmes convictions et les mêmes oublis que des gens vêtus de noir qu’on se tue à traiter de voyous dans les médias. Je n’arborais pas les mêmes fringues qu’eux, mais de grâce, tombez-moi sur la tête au lieu de toujours tout blâmer sur eux. Nous étions tous dans le même bateau et l’avons mis de côté tous ensemble, rappelez-vous en! Quand les gens me diront que Québec 2001 se fera vite oublier, je leur répondrai : QUÉBEC-JE ME SOUVIENS !
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