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Singh attendra son procès en prison:vieuxcmaq, Thursday, April 26, 2001 - 11:00
Jonathan Leclerc (africajo@hotmail.com)
CMAQ - jeudi, le 26 avril, au Palais de justice de Québec, le juge Yvon Mercier a refusé d'accorder à Jaggi Singh sa liberté. Pour plusieurs il s'agissait déjà d'un emprisonnement politique et à l'heure où la décision est tombée, la controverse et l'incompréhension marquaient les réactions des gens. Plusieurs questions demeurent sans réponse quant au fondement de cette décision. Le juge Yvon Mercier a décidé de garder Jaggi Singh en prison puisqu'il considère que la défense n'a pu prouver hors de tout doute que l'accusé se plierait aux conditions du tribunal, qu'il ne présentait aucune menace pour la société, qu'il se présenterait à son procès et que sa remise en liberté ne présentait pas un discrédit pour la justice. À la sortie de la salle de comparutions, les réactions étaient vives puisque le président du tribunal s'est principalement appuyé sur le témoignage de l'inspecteur François Colin, qui a participé à l'arrestation de M. Singh, et sur un témoignage de Judy Rebick. Le 2 mai 2000, M. Singh faisait face à un jugement de la cour municipale de Westmount pour sa participation dans le quartier à une manifestation contre la pauvreté. Le juge Mercier a considéré que Jaggi Singh n'avait pas respecté les conditions d'engagement qui lui avaient été spécifiées par le tribunal municipal de Westmount. Soit de ne pas participer à une manifestation sur un terrain privé sans le consentement du propriétaire et en lieu public de ne participer qu'à des manifestations légales et pacifiques, avec la promesse de quitter toute manifestation en cas d'éventuels débordements violents. Il est à noter que lors de son arrestation Jaggi Singh se trouvait dans une zone paisible sur la rue St-Jean avec un ami. Lors de son témoignage de jeudi, Jaggi Singh a précisé qu'il avait parlé, la veille, avec le procureur de la couronne de Westmount, John Donovan, qui lui aurait certifié que les conditions du tribunal ne s'appliquaient qu'à Westmount. Selon M. Singh, le juge Ham à l'époque lui avait aussi certifié que son jugement ne s'appliquait qu'à Westmount. Au contraire, le juge Mercier a considéré que ces jugements étaient applicables dans tout le pays. Par ailleurs, dans sa décision le juge Mercier a mentionné le témoignage de l'inspecteur François Collin, qui a participé à l'arrestation de l'écrivain-militant vendredi le 20 avril. Ce dernier a témoigné mercredi et a affirmé qu'il avait entendu Jaggi Singh ordonner aux manifestants d'apporter la "catapulte géante" dans le périmètre. M. Collin a aussi témoigné, sous serment, que Jaggi Singh était prêt du périmètre avec un porte-voix pour encourager les manifestants à user de violence. Il a aussi dit que la catapulte utilisée servait à lancer des objets dangereux pour les policiers, dont des cocktails Molotov. Il a aussi dit que M. Singh était protégé de nombreux manifestants lors de son arrestation. Au sujet de l'emplacement de M. Singh lors des événements, deux témoins sont venus contredire le témoignage de François Collin. Parmi ceux-ci, Judy Rebick, présidente sortante du Comité d'action nationale sur le statut des femmes, a dit au juge qu'elle avait vu Jaggi Singh deux fois dans la journée. Une fois à l'Université Laval, au début de la marche et selon son témoignage il était heureux de la présence d'autant de gens. Une seconde fois elle l'a vu lorsqu'il était à 500 pieds, peut-être plus, du périmètre alors qu'il invitait les manifestants, à l'aide d'un porte-voix, à se diriger vers les zones vertes et à demeurer calme. Pour ce qui est de la catapulte, Mme Rebick a affirmé que Jaggi Singh n'avait jamais eu de lien avec cette catapulte et que celle-ci n'avait été utilisée que pour envoyer des oursons en peluche de l'autre côté du périmètre. D'ailleurs, Judy Rebick a contribué à la réalisation de cette catapulte qui aurait été fabriquée pour ne lancer que des objets de faible poids (en l'occurrence, des oursons en peluche et des confettis). Par contre, ce matin le juge Mercier a appuyé sa décision de ne pas accorder la liberté à Jaggi Singh, entre autres, sur le témoignage de Judy Rebick qui aurait dit, selon lui, que M. Singh était au périmètre, le 20 avril, afin d'appeler les gens à dépasser la clôture et à être violent. Ce qui est tout le contraire de ce qu'a témoigné Judy Rebick. Face à la transformation de son témoignage, la réaction Judy Rebick est sans équivoque: "c'est de la politique, je suis horrifiée." Les représentants de CLAC-CASA étaient outrés à la sortie de la salle de comparution, et Ian Renaud-Lauzé, membre du Collectif légal, ne s'est pas gêné pour dénoncer ce qu'il venait d'entendre. "C'est une parodie de la justice, avec cette décision il jette un discrédit sur la justice du pays. Le juge a tout simplement gardé les arguments de la couronne et il a rejeté ceux de la défense." Selon M. Renaud-Lauzé, la présomption d'innocence qui règle le système judiciaire canadien n'a même pas été accordée à Jaggi Singh. Du côté des groupes de solidarité, des manifestations d'appui et une mobilisation générale sont à prévoir pour les prochains jours. Il y aura aussi des plaintes officielles qui seront déposées face aux corps policiers. Lors de l'écriture de cet article, aucun autre moyen n'avait été officialisé, mais les membres de la CLAC-CASA étaient en réunion pour décider de l'orientation des prochaines actions. Selon le juge Yvon Mercier, Jaggi Singh représente une menace pour la société, il attendra son procès en prison et c'est à des chefs d'accusations de possession d'arme (la catapulte à oursons en peluche), participation à une émeute et bris de condition qu'il aura à répondre.
Voir cet article de Richard Fecteau (CMAQ) pour une description de l'arrestation de Jaggi Singh, ainsi que sa suite:
"Jaggi Singh enlevé par des policiers déguisés en manifestants" - http://www.cmaq.net/viewarticle.ch2?articleid=1255&language=french
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