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Un beau p'tit film de guerrevieuxcmaq, Tuesday, April 24, 2001 - 11:00 (Analyses)
Nicole Nepton (nnepton@videotron.ca)
Une militante donne sa version des événements ayant eu lieu en ce beau samedi printanier du 21 avril. Voici ma version des faits qui ont eu lieu à Québec cette fin de semaine. Pour ceuzécelles qui n'y étaient pas et pour les 70 000 autres. Ça sera toujours bien un autre point de vue que celui des médias qui se complaisent à raconter des inepties (sauf Jean Dion). Mais d'abord, rions ensemble un bon coup en nous remémorant la nouvelle de la semaine passée concernant des gars curieusement très très très très très proches de l'armée canadienne et équipés d'armes affolantes allant de la grenade ("... dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit?" dixit Dany Laferrière) à la matraque en passant par un bulletin intitulé "Le Trouble ... quand tu l'cherches, tu l'trouves". Alors c'est en famille élargie que je suis allée chercher le trouble vers l'Est et dès vendredi soir on l'a trouvé, en bien plus nombreuses copies qu'on ne se l'était imaginé. Il était au moins trente-huit. Posté entre nous et cette belle brèche dans la clôture, accoutré de son costume hollywoodiasque boulonné, il ne nous laissait aucune chance de deviner ses émotions et si on insistait, il utilisait le procédé de l'écran de fumée. Qu'est-ce que le cinéma n'inventerait pas pour nous faire verser des larmes. Nous sommes descendus sur la rue St-Jean et à partir d'ici, quand je dis "nous" lisez des centaines de personnes se multipliant exponentiellement au fils des heures; sachez aussi qu'on nous rencontrait full partout, tenant carte géographique d'une main et pot de vinaigre-antidote de l'autre car on avait beau venir de Montréal ou de Carrizozo, ce soir-là, la ville s'avérait être un piège et ses parfums, des poisons poivrés. Jusque-là, j'avais cru ce vinaigre, ce jus de citron et ces masques à gaz dérisoires de paranoïa. Le trouble, avec ses dommages colatéraux de brûlures à la face, suffocation, aveuglement et autres extrêmes irritations de muqueuses, m'a autrement inspirée : deux soirées et un jour complet à me faire bombarder par la police m'incitent à vous suggérer qu'on se fasse cadeau mutuellement, à Noël tiens, d'un masque à gaz, le meilleur modèle, celui qui a le filtre et l'oxygène. Ce n'est pas comme si nous nous apprêtions à militer chaque semaine comme ça (quoique ... ), mais il est clair maintenant qu'au moindre sursaut de tentative de démocratie, le trouble nous attend de pied ferme. Attention, cependant, le trouble ne fait pas que vous attendre, il peut désormais venir vous prélever. Des "locals" nous ont mis en garde quant à ces nombreuses camionettes blanches anonymes qui nous tournaient autour, sur Turbull : vous pouviez tout bêtement être en train de discuter (bon, d'accord, à trois c'est déjà un atroupement illégal mais tout de même, rogntudju!), soudain, le camion de prélèvement s'arrêtait dans votre dos et, tel que ces Québécois pouvaient en témoigner, la porte coulissante coulissait, des bras vous happaient en moins de deux, vous laissant à peine échapper un "hap!" et on ne vous revoyait plus pour quelques jours minimum. Ça, camarades, c'est du frisson dans le dos. Il semble que c'est ce qui est arrivé à Jaggy Singh, avec quelques mauvais acteurs et la mise en scène en plus. En tout cas, touchons du bois, ils n'ont pas encore réussi à nous diffuser des gaz anti-pensée; ils se les gardent pour eux. Leurs scénarios continuent d'être nuls, sans originalité, mais je vous invite malgré tout à vous joindre à nous lors de la prochaine représentation. Le spectacle y gagnera si le concept interactif est plus soutenu. Pendant ce temps, des filles ont réussi à filmer l'histoire hot: la côte d'Abraham et les câlines de pentes à pic et picantes où, en ce samedi après-midi ensoleillé, il y avait tellement de gaz et de poivre que le seul moyen de respirer et que ça cesse de brûler était... de faire des feux pour neutraliser la saudite chimie. Comme quoi il était encore assez facile de se foutre de la gueule des carapaçonnés. Y verra-t-on ces instants magnifiques où un archi-méchant anarchiste couvert du fameux masque à gaz, me bousculant archi-légèrement au passage, a pris le temps de dire "excuse" alors qu'il courait vers les explosions? ou encore ce punk rondelet de ma connaissance venant vers moi et soulevant son masque à gaz comme on lève son chapeau pour saluer, qui s'assurait que j'aie assez de vinaigre? En fin de journée, avant qu'il y ait de la casse, quelle télévision le dira?, l'Ilôt Fleuri nous regroupait pour prendre un répit, de l'eau, de la bouffe (pas des bombes) et garder un oeil sec sur les projectiles et hélicoptères policiers qui volaient sans possible pénurie au-dessus de nos têtes, dans le ciel du cap. Caroline |
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