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À tous les humains du monde qui cherchent à renverser la ZLÉAvieuxcmaq, Thursday, April 19, 2001 - 11:00
Comunidades de Autodeterminacion, Vida y Dignadad del Cacrica (cacaricamilenio@hotmail.com)
Maximum 150 mots qui serviront pour présenter votre texte ainsi que pour le mode de recherche. À tous les humains du monde qui cherchent à renverser la ZLÉA Nous sommes des communautés paysannes afro-colombiennes du bassin de la rivière Cacarica, dans la province du Chocó (région d’Urabá, Colombie). Nous avons été déplacées il y quatre ans par l’Armée colombienne et les groupes paramilitaires. Au cours des dix dernières années, les « déplaceurs » ont évincé, avec bombes et mitraillettes, trois millions de paysans comme nous de nos terres. Cette vague de mort et de violence, qui a emporté 82 frères et soeurs, coïncide avec « l’ouverture économique», avec l’imposition de la mondialisation néo-libérale. Au pays on déplace les paysans des régions où l’on trouve les plus vastes ressources afin de dominer les terres les plus productives et stratégiques. Quand ils nous ont déplacé, ils nous ont dit qu’ils ciblaient la guérilla. Alors que nous vivions comme des personnes déplacées pendant plus de trois ans, loin de nos terres, ni un seul combat entre les déplaceurs et la guérilla n’a eu lieu. Ce qui montre qu’on nous a déplacé afin de contrôler notre riche territoire. Le Chocó est une région qui compte une des plus grandes biodiversité du continent. Sont emplacement géographique lui a valu d’être désigné comme le site de la construction de méga projets de développement, dans le cadre du « Meilleur carrefour des Amériques », un projet d’entrepreneurs et de politiciens. Le « Meilleur carrefour des Amériques » consiste, en gros, à lier l’Atlantique au Pacifique, et ouvrira la région au libre échange. Notre Cacarica, affluent du fleuve Atrato, fait partie de ce qu’on nomme l’« Urabá chocoano », région sur laquelle s’étalera le projet. Dans tout l’Urabá, ils ont déplacé plus de 40 000 personnes. En 1996, suite à l’annonce du président à l’époque, Ernesto Samper, de construire le canal Atrato, les déplaceurs ont érigé un point de contrôle dans la ville de Turbo, où nous devions voyager afin de nous approvisionner. À seulement 500 mètres du poste de police et à 50 kilomètres de la base de la brigade XVII de l’Armée, ils nous ont sous-tiré notre nourriture et nos médicaments. Ils ont érigé des contrôles semblables à l’entrée du Cacarica. Les autorités ont laissé faire. Le déplacement massif des communautés riveraines du fleuve Atrato s’est produit quelques mois après le début de cet embargo contre nous. Nous avons été 12,000 à fuir nos terres en février 1997. Pour nous il s’agit plus qu’un simple hasard que lors de l’élaboration des méga projets, non seulement nous ne sommes pas consultés, nous sommes carrément expulsés et exclus. Nous sommes de trop et ils nous tassent avec bombes et mitraillettes. Dans ce contexte, que nous réserve un accord de libre échange signé par le président actuel, Andrés Pastrana? Nous avons été déplacés par les intérêts qui comptent élaborer leurs méga projets de développement dans la région Pacifique. Ces projets ne peuvent se réaliser si des communautés qui sont vouées à la défense de la vie, tant la leur comme celle de l’environnement, et à revendiquer leur droit de vivre dignement, sont dans les jambes. Ils nous ont chassé de nos terres et cela fait un an que nous avons commencé à retourner, au milieu de la guerre, après la vie difficile dans les camps de réfugiés internes de Turbo, de Bocas de Atrato et de la baie Cupica. Nous retournons à nos terres d’origine afin de récupérer notre territoire et notre patrimoine ancestral, et afin de conserver notre autonomie. Dans notre quête de paix avec justice sociale, nous avons conçu un Projet de Vie, basé sur cinq principes : Vérité, Liberté, Justice, Solidarité et Fraternité. Nous avons déclaré nos terres collectives un Territoire de Vie, dans une région où l’État a cherché vainement de semer la mort afin d’imposer son modèle économique. Le président de Colombie, Andrés Pastrana Arango, ne peut pas représenter les Colombiens lors de négociations de la ZLÉA. Il nous a jamais consultés. Nous continuons d’être exclus et de vivre sous la menace d’un nouveau déplacement parce que le gouvernement n’a pris aucune mesure contre les déplaceurs. Les raisons derrière le déplacement sont toujours d’actualité. Il n’y a pas eu justice, l’impunité règne. Les accords internationaux en matière de droits humains ne sont pas respectés. Puis, l’on convoite toujours notre territoire. Nous avons exigé que le gouvernement nous informe des méga projets prévus dans la région et il nous a répondu que cela était une affaire interne. L’expansion du libre échange implique le délogement du paysan, son déracinement, l’effilochement du tissu communautaire, et la destruction de sa culture. Le libre échange représente pour la Colombie l’escalade de la guerre pour exploiter la terre des paysans. La ZLÉA permettra aux entreprises multinationales de rentrer plus facilement au pays, ce qui se révèlera désastreux pour la population. Le libre échange ne crée pas d’emploi ni nous avantage. Le contraire est vrai. Le libre échange détruit ce que nous avons réussi à construire et met fin à l’autonomie communautaire. On détruit la biodiversité en échange de fric. L’Amérique latine est tombée sous la domination de ceux qui ont tout et qui décide tout moyennant le fric. Le libre échange représente une rupture avec notre vie traditionnelle. Il viole aussi notre droit à la participation. Nous pouvons dire qu’il va jusqu’à créer les mécanismes qui finiront par éliminer le petit paysan cultivateur. Le libre échange profite aux multinationales et ne profite aucunement aux peuples. À l’heure de prendre les décisions, on ne tient pas compte des besoins de la terre. Nous perdons l’occasion d’effectuer une réforme agraire, de transformer notre société. Le libre échange achèvera le petit paysan cultivateur. Le gouvernement ne dessine plus les politiques agraires, tout s’impose depuis l’extérieur. Par contre, les multinationales pourront augmenter leur production en s’accaparant de nos richesses. Elles, et non les gouvernements, dirigent les économies. Ainsi, les pauvres n’auront plus la possibilité de survivre. Ni de se soigner car on veut privatiser le système de soins de santé. C’est pareil pour l’éducation. Nous pourrons même plus travailler car il n’aura plus d’emplois pour nous. Au pays, le libre échange va entraîner la disparition totale des paysans. Le Plan Colombie, tout comme la ZLÉA, est la forme moderne d’intervention. Ce plan aggravera la guerre par ce qu’il s’agit d’un plan de guerre. Le Plan Colombie trace les moyens d’attaquer les organisations sociales. C’est une stratégie d’État qui a pour but de renforcer son monopole sur la terreur et la mort. Alimenter la guerre pour s’en prendre au narco-trafic est un prétexte pour intervenir en Colombie. La guerre se convertira en guerre ouverte contre les organisations sociales, ce qui nous enlèvera toute possibilité de défendre les droits humains. Les gens ne pourront même plus les revendiquer. Aux présidents réunis au Sommet des Amériques, il faudrait leur dire - bien que cela ne serve à rien parce qu’ils n’écoutent pas, puis, ce ne sont pas eux qui décident, mais plutôt les entreprises – qu’ils n’ont pas l’appui des peuples, que les Amériques sont à nous et ne leur appartiennent pas. Leurs décisions nous nuisent. La vie de la population ne les intéresse pas. Ils sont animés par la soif de gagner plus d’argent et d’augmenter leur pouvoir. Aux humains des quatre vents qui seront à Québec afin de manifester contre le Sommet, nous aimerions vous dire que malgré notre absence, nous vous appuyons. Vos manifestations et mouvements nous renforcent, tandis que notre résistance vous . Nous saluons votre lutte en faveur de la vie et de la solidarité, et contre le néo-libéralisme et la mort. Nous espérons que, tous ensemble, nous parviendrons à renverser la ZLÉA. Comunidades de Autodeterminación, Vida, Dignidad del Cacarica, Chocó, Colombia, América Latina. Le 18 avril 2001. |
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