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Les luttes autochtones, un volet oublié par la ZLÉA

vieuxcmaq, Wednesday, April 18, 2001 - 11:00

Richard Fecteau (rfecto@hotmail.com)

Un continent, quatre langues ? Malgré les apparences du Sommet des peuples et du Sommet des Amériques, la réalité est toute autre. Les premiers peuples des Amériques clament maintenant haut et fort leur droit à la différence, leur droit à leur identitié et, surtout, à leur dignité perdue. La CONAIE, regroupement des peuples autochtones d’Équateur, apparaît comme un symbole, celui d’une lutte séculaire pour le droit à la diversité.

L’Équateur

Pays méconnu d’Amérique latine, sinon en raison de son nom peu commun, l’Équateur regroupe 3 millions d’habitants dont près de 50 % de sont d’acendance autochtone. Une véritable mosaïque : l’Équateur compte avec 10 nationalités indigènes qui parlent chacun leur propre langue et dont la seule nationalité quechua regroupe 14 peuples. Face à cette composition éclatée, deux nécessités complémentaires : l’unité dans le respect de la diversité.

La lutte pour la reconnaissance de la diversité

Selon Blanca Chancoso, de la CONAIE, nous pouvons distinguer deux phases distinctes dans les luttes des peuples autochtones d’Équateur. Premier impératif, celui de la quête d’identité. "Qui sommes-nous ? Pourquoi ignorons-nous jusqu’à notre vrai nom ? Pourquoi n’avons-nous pas droit à une éducation dans notre langue maternelle ?" Depuis les années 70 jusqu’à la fin des années 80, toutes ces questions sont venues hanter un gouvernement qui voulait continuer à faire de l’espagnol et de la culture ibérique un dénominateur commun pour un pays pluriel.

La perte d’identité signifie pour la CONAIE une attaque en règle contre leur dignité mais aussi la perte de leurs droits les plus fondamentaux. Après avoir vu leurs noms imposés par les conquérants espagnols, le simple fait d’être indien signifie maintenant lutter. Le refus d’un nom imposé et la lutte pour une langue dénigrée peuvent sembler bien anodins quant manque le pain, mais il agissent également comme des symboles qui catalysent des luttes plus profondes. "En luttant pour la langue, nous transformons cette même langue en une langue de lutte, en une langue de résistance." Après des siècles d’humiliation, cette lutte apparaît comme un passage obligé pour aller plus loin dans la quête d’une dignité retrouvée.

De la lutte pour la dignité à la lutte pour des droits sociaux

La lutte pour l’identité a cimenté des peuples que l’on a toujours tenté de diviser. La question de la propriété de la terre qui a permis de sortir les nations autochtones de leur confinement. De 1984 à 1988, les nations indigènes ont mis sur pied un véritable projet politique dont la réforme agraire s’est voulu l’axe intégrateur. Face à un gouvernement caricatural qui n’avait jamais voulu procéder aux réformes nécessaires, la mobilisation de vastes pans de la population a mis le feu aux poudres.

Une fois le train lancé, rien ne pouvait l’arrêter, surtout pas dans le contexte du début des années 90. Pris avec une dette extérieure monstrueuse, le gouvernement de l’Équateur s’est soumis aux conditions drastiques des grands prêteurs internationaux tels le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale.

Dès 1998, les choses apparurent plus clairement : la lutte ne concernait plus seulement les autochtones mais aussi l’ensemble de la population exclue par un système à déligitimer. L’année 1999 fut celle d’une grande marche des peuples autochtones pour refuser de poursuivre le paiement d’un dette externe qui saignait le pays. Ce fut également le moment d’un ultimatum lancé à un gouvernement en lequel plus personne n’avait confiance.

L’année 2000 s’est ouverte par une mesure qui démontrait très bien que les ponts étaient coupés : alors que la CONAIE revendiquait la fin d’un modèle de développement axé sur les intérêts étrangers et amorçait la création d’un gouvernement populaire de transition, le gouvenement équatorien officiel a choisi de faire la sourde oreille et a annoncé la dollarisation de l’économie. Désormais, toutes les transactions devaient être faites en dollars américains, ce qui a été vu comme une atteinte à la dignité nationale.

La suite des choses est relativement connue et démontre la force d’un mouvement social solidaire et prêt à aller loin dans sa lutte : 20 000 autochtones ont marché sur Quito, la capitale, et ont obligé le gouvenement à démissionner. Malheureusement, l’équipe qui a pris le pouvoir a utilisé les mêmes tactiques pour ne pas résoudre les problèmes sociaux et a créé une table de discussion qui n’a jamais abouti sur autre chose que des promesses.

La lutte autochtone continue toutefois. Malgré la répression policière, malgré l’intimidation, la population demeure mobilisée : le Plan Colombie et les négociations de la Zone de libre-échagne des Amériques apparaissent comme deux nouveaux combats qui uniront les peuples dans un même refus d’un ordre mondial exculant. Blanca Chancoso, de la CONAIE, résume la nécessité de l’heure : "Face à la solidarité des gouvernements, il est nécessaire d’opposer la solidarité entre les peuples."



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