Québec, le lundi 16 avril 2001 -— Le Deuxième Sommet des peuples des Amériques s’ouvre aujourd’hui à Québec. Plus de 2000 délégués d’organisations de la société civile des Amériques y poursuivent les travaux entamés à Belo Horizonte, au Brésil, en 1997, en vue d’une alternative à la mondialisation néolibérale. Les représentants de l’Alliance sociale continentale, la coalition responsable de l’événement, réclament un débat public avec les représentants du Sommet des Amériques sur les enjeux de l’intégration continentale.

Le Sommet des peuples bâtit son propre modèle d’intégration continentale

Québec, le lundi 16 avril 2001 -— Le Deuxième Sommet des peuples des Amériques s’ouvre aujourd’hui à Québec. Plus de 2000 délégués d’organisations de la société civile des Amériques y poursuivent les travaux entamés à Belo Horizonte, au Brésil, en 1997, en vue d’une alternative à la mondialisation néolibérale. Les représentants de l’Alliance sociale continentale, la coalition responsable de l’événement, réclament un débat public avec les représentants du Sommet des Amériques sur les enjeux de l’intégration continentale.

L’Alliance sociale continentale regroupe un large éventail d’organisations des 35 pays des Amériques, y compris Cuba. Les plus importantes organisations syndicales, environnementales, féministes et populaires, de même que des organismes de promotion et de défense des droits humains ainsi que de coopération internationale, en sont membres. « Le Sommet des peuples existe pour donner une voix à ces millions de citoyennes et citoyens du continent qui sont exclus du Sommet des Amériques. Pourtant, nous sommes ceux et celles qui vivons au quotidien les effets néfastes du modèle de développement actuel. Les impératifs commerciaux dans les discussions que mènent les chefs d’État et de gouvernement sont incompatibles avec le développement social que nous préconisons. Ici, à Québec, au Sommet des peuples, se tissera une véritable toile de la solidarité », de déclarer le porte-parole du Réseau brésilien pour l’intégration des peuples, Renato Martins.

« La mondialisation néolibérale a enrichi les investisseurs alors que le fossé qui sépare riches et pauvres s’est dramatiquement creusé. Nous croyons en un rapprochement entre nos peuples et en une forme d’intégration continentale à la condition qu’elle soit responsable et solidaire. Nous voulons bâtir des Amériques capable d’assurer le respect des droits individuels et collectifs de toutes et tous et d’en faire la promotion. Nous voulons des Amériques à notre image, démocratiques et soucieuses de combattre la pauvreté qui s’étend à la grandeur du continent », plaide la porte-parole de Common Frontiers-Canada, Diana Bronson.

Les travaux du Sommet des peuples se dérouleront au sein de neuf forums thématiques qui formuleront des propositions en vue d’enrichir l’accord entre les peuples du continent intitulé Des alternatives pour les Amériques. Les délégués de centaines d’organisations miseront sur leurs positions communes face à la mondialisation des marchés lors de la plénière de fermeture, le 19 avril.

Le Sommet s’ouvre ce lundi avec le forum « Femmes et mondialisation ». Mardi, débuteront les forums sur l’environnement, sur le rôle de l’État, sur les communications, sur les droits humains, sur l’éducation ainsi que le forum agraire. Les parlementaires des Amériques auront aussi leur forum à l’occasion du Sommet, le 17 avril. Enfin, le mercredi 18 avril, se tiendra le forum syndical.

Au nombre des activités publiques organisées à l’occasion du Sommet des peuples, auxquelles sont conviés tous les citoyens et citoyennes, on compte plusieurs ateliers et deux tribunaux populaires. Une journée d’éducation et de festivités populaires aura lieu le vendredi 20 avril. Enfin, le 21 avril, plusieurs milliers de manifestants se joindront aux délégués du Sommet des peuples et défileront dans la basse-ville de Québec.

« Pour nous, le Sommet des peuples est la démonstration éloquente que d’autres Amériques sont possibles. Il s’agit d’un véritable exercice de démocratie participative. Nous ferons ici beaucoup plus que discuter d’une clause démocratique. Nous sommes à construire une véritable alternative, à débattre des moyens les plus réalistes de parvenir à des Amériques solidaires, telles que nous les voulons », ajoute Karen Hansen-Kuhn de Alliance for Responsible Trade (Etats-Unis).

« Pendant que nous serons des dizaines de milliers à marcher pour exprimer notre refus de cette ZLEA strictement commerciale, les 34 chefs d’État conviés au Sommet des Amériques discuteront en catimini derrière leurs barricades. Alors que le milieu des affaires a un accès direct aux négociations de la ZLEA, via le Forum des gens d’affaires, et aux dirigeants eux-mêmes en échange de commandites astronomiques, nous, citoyennes et citoyens, nous voyons refuser le droit d’intervenir. C’est l’avenir de nos peuples qui se négocie en ces murs: parallèlement aucune véritable consultation n’est menée auprès de la société civile et on s’assure, en érigeant un périmètre de sécurité monstrueux, que notre colère n’atteindra ni les yeux ni les oreilles de nos chefs d’État et de gouvernement », s’insurge le secrétaire général de l’Alliance sociale continentale, Hector de la Cueva, du Réseau mexicain d’action face au libre-échange.

« La société civile des Amériques est un interlocuteur incontournable dans le processus d’intégration continentale. Nous jugeons que le modèle actuel de ZLEA ne répond pas aux aspirations des peuples du continent. Nous croyons qu’un projet aussi ambitieux que celui de réunir tous les pays des Amériques dans un même ensemble économique ne peut se faire sans véritable dialogue avec la société civile. Enfin, nous considérons que le processus de mise en place d’une ZLEA souffre d’un important déficit démocratique et d’un manque de transparence flagrant. C’est pourquoi nous réitérons notre demande d’une rencontre officielle et publique entre une délégation du Sommet des peuples et une délégation du Sommet des Amériques pour débattre des véritables enjeux qui préoccupent les peuples des Amériques », conclut le porte-parole du Réseau québécois sur l’intégration continentale, Henri Massé.

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