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Les Amériques en action ™, un nouveau produit sensationnel!vieuxcmaq, Thursday, March 15, 2001 - 12:00 (Analyses)
David Bernans (research@csu.tao.ca)
Les cyniques penseront en effet que le Sommet n’est qu’une question de commerce et d’investissements trans-frontières visant à faire de la santé, de l’éducation, des ressources naturelles (incluant l’eau) et de la propriété intellectuelle des marchandises plus rentables. Il est absolument étonnant de constater les conclusions aux apparences rationnelles auxquelles sautent si facilement ces gens après quelques petites années de négociations secrètes de la ZLÉA, la banale fermeture arbitraire des frontières, la militarisation de l’OEA et de simples violations des droits et libertés! Vous souvenez-vous de cette pub dans laquelle toutes les nationalités et les cultures formaient un chœur illuminé par des cierges qui chantait les louanges de Coca-cola inc.? Je ne croyais pas que la magie de cette célébration multiculturelle de la consommation pourrait être un jour recréée, jusqu’à temps que je tombe sur le site Internet du Sommet des Amériques (www.americascanada.org). Dans les quatre langues officielles du continent américain, le site promeut "la connectivité de l'hémisphère", à travers des initiatives telles que le projet "Les Amériques en action". Il "reconnaît la richesse de la relation que le Canada entretient avec le reste des Amériques, et l'importance qu'il y a à encourager le dialogue et les échanges entre les populations dans l'ensemble de l'hémisphère." Pourtant, si le dialogue et les échanges entre les populations sont si chers à l’Organisation des états américains (OEA) et son Sommet des Amériques, pourquoi tant de mes amis américains sont-ils refoulés aux frontières de notre pays? Il doit y avoir un malentendu quelque part. Les 600 Américains qui n’ont pas pu entrer à la conférence des peuples organisée par l’OEA l’été dernier à Windsor (Ontario) ont sûrement été victimes d’un colossal malentendu. Comment des gens ordinaires (sans armes) voulant échanger des idées peuvent-ils être considérés comme "un risque pour la sécurité"? Lors des rencontres réservées aux gouvernements et aux chefs d’entreprises, une parfaite occasion de créer l’hyper-connectivité de l'hémisphère a été perdue: Les résidents du continent américain, travailleurs et étudiants ordinaires de toutes cultures et religions confondues, auraient pu s’échanger leurs idées sur les droits humains, l’environnement, le commerce et l’investissement dans les Amériques. Peut-être que la rencontre n’aurait pas été aussi harmonieuse et paisible que l’illuminante vigile Coca-cola, mais elle aurait certainement été plus authentique. Jusqu’à maintenant, le Chef de la Police de Windsor, Glenn Stannard, semble FIER de son travail avec le bureau des douanes et de l’immigration qui a saboté le dialogue entre les peuples: "Qui sait combien de leurs organisateurs et combien de leurs gens expérimentés ont été arrêtés à la frontière? Je ne peux m’imaginer le nombre de complications que nous ont sauvées les douanes et l’immigration," fait savoir le chef. Même après le congrès de l’OEA à Windsor, des activistes anti-ZLÉA venant du sud de la frontière et d’ailleurs ont continué à se faire refuser l’entrée dans le pays hôte des pourparlers de la ZLÉA. Plus récemment, un de mes amis et ancien membre des Black Panther, Lorenzo Komboa Ervin, (qui était venu parler à l’Université Concordia quelques semaines auparavant), a été déclaré "un risque pour la sécurité" par les agents des douanes et de l’immigration. Ervin était invité à Calgary et Lethbridge pour discuter du racisme, de la brutalité policière et de la mondialisation. Je ne peux penser à aucun autre projet plus profitable pour l’hémisphère et davantage lié à la connectivité des peuples. Je ne peux penser à aucune autre personne moins menaçante pour la sécurité que ce charmant vieil homme. Ervin soutient qu’il est persona non grata chez nous à cause des propos qu’il a tenus à la Conférence sur la mondialisation de l’Université Concordia : "Les autorités canadiennes n’ont pas aimé ce que j’ai dit lorsque je suis venu ici, en janvier dernier, à propos de la résistance aux négociations de la Zone de Libre Échange des Amériques qui se tiendront dans la ville de Québec, et comment tous les activistes dans les Amériques ont la responsabilité de se rendre et de s’opposer à cette réunion en avril prochain." Quelle ironie! Ervin se voit refuser l’entrée au Canada précisément parce qu’il encourage les gens à se rencontrer et à échanger leurs idées à propos du futur de notre hémisphère, lors d’un événement dont la raison d’être est le dialogue entre les populations. Malheureusement, il semble que le ministère de Affaires étrangères et du Commerce international du Canada (l'OEA étant chargée d’organiser le Sommet cette année) devront expliquer aux forces de l’ordre que leur objectif est d’ENCOURAGER les échanges trans-frontières en face-à-face plutôt que de les empêcher (les membres de la GRC, de la SRCS, de la SQ et des autres forces devraient d’ailleurs être obligés de lire le site Internet du Sommet). Si les malentendus continuent d’entraver l’organisation du Sommet, nous pourrions voir des milliers de gens se faire refuser la chance de venir dialoguer en avril (même si on trouvera bien quelques façons de permettre l’entrée à un homme présumé coupable d’ivresse au volant, le président américain George Bush). Puisque tout cela est clairement un problème de communication (la main droite ne sachant pas ce que l’autre main droite manigance…), j’ai pris l’initiative d’encourager la "connectivité bureaucratique" dans l’organisation de la sécurité du Sommet. Y a-t-il un meilleur moyen d’accomplir cette tâche qu’à travers ce magnifique instrument moderne de dialogue qu’est l’Internet? Il s’avère même que la page Internet du Sommet est hautement interactive. Les Amériques en action sollicitent des soumissions de projets qui sont "liés à la vie quotidienne des gens, que ce soit dans le champ de l’éducation, du commerce ou de l’environnement." Vous envoyez simplement un courriel et Les Amériques en action publicisent votre projet sur leur page Internet. Actuellement, figure sur cette page le magnifique projet de connectivité proposant que la GRC entraîne les forces policières colombiennes (Nous devrions maintenant avoir l’esprit tranquille à propos des violations contre les droits humains dans ce pays). J’ai pris l’opportunité d’envoyer un courriel soulignant les projets et les réalisations de Lorenzo Komboa Ervin et expliquant comment ses efforts ont été frustrés par les agents des douanes et de l’immigration. Presque instantanément, j’ai reçu une réponse du site dans quatre langues, me promettant qu’ils feront suite à ma soumission. Quel merveilleux dialogue à double sens que le processus de ce Sommet! J’ai l’impression d’entendre déjà les lignes de communication se désengorger. Quand je pense que la conspiration d’un intellectuel toqué de la gauche m’a presque fait croire que le Sommet des Amériques concernait seulement l’agenda des riches et la ZLÉA! Les cyniques penseront en effet que le Sommet n’est qu’une question de commerce et d’investissement trans-frontières visant à faire de la santé, de l’éducation, des ressources naturelles (incluant l’eau) et de la propriété intellectuelle des marchandises plus rentables. Ils argumenteront sûrement que cette réunion n’a rien à voir avec la solidarité hémisphérique et le libre-échange des idées. Il est absolument étonnant de constater les conclusions aux apparences rationnelles auxquelles sautent si facilement ces gens après quelques petites années de négociations secrètes de la ZLÉA, la banale fermeture arbitraire des frontières, la militarisation de l’OEA et de simples violations des droits et libertés! traduit de l'anglais par : Anne-Frédérique Provencher
une pub pour le capitalisme
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