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Les multinationales, véritables ennemis de la mondialisation.vieuxcmaq, Tuesday, February 27, 2001 - 12:00 (Analyses)
Kevin Wakkins (informativo@attac.org)
Ils continuent à le détruire. Un an après l'échec des discussions de Seattle sur le commerce mondial, des groupes entraînés et bien organisés ont, sans pitié, mis en lambeaux la crédibilité de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Si des mesures fermes ne sont pas prises, il existe un danger réel qu'ils provoquent l'effondrement du système de commerce régulé et qu'ils détruisent les efforts pour réduire la pauvreté et l'inégalité globale.. Ils continuent à le détruire. Un an après l'échec des discussions de Seattle sur le commerce mondial, des groupes entraînés et bien organisés ont, sans pitié, mis en lambeaux la crédibilité de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Si des mesures fermes ne sont pas prises, il existe un danger réel qu'ils provoquent l'effondrement du système de commerce régulé et qu'ils détruisent les efforts pour réduire la pauvreté et l'inégalité globale. Ceux qui freinent ne viennent pas du mouvement de protestation de plus en plus croissant contre la globalisation et l'OMC. Ce sont les gouvernements des pays les plus riches du monde qui continuent à utiliser leur pouvoir pour subordonner l'OMC à leurs intérêts nationaux et à la poursuite des profits des entreprises, sans aucune considération quant au coût que cela représente pour les pays pauvres, la santé publique et l'environnement. Les médias à Seattle, Prague et, dans une certaine mesure, Nice, ont centré leur attention sur les manifestations de rues d'une poignée de "globalophobes" encapuchonnés qui disaient leur mépris pour les vitrines des Mc Donalds. Mais l'authentique bataille avait lieu hors des caméras, où les pays en développement ont combattu l'abus du système des gouvernements du Nord. Alors que les pays pauvres se sont vus obligés de libéraliser leur marché, les pays riches ont maintenu leur protectionnisme, en particulier dans les secteurs comme le textile et l'agriculture. L'autorité de l'OMC qui dirige la globalisation, s'étend à de nouveaux domaines comme les droits de propriété intellectuelle. Le processus des négociations s'est poursuivi d'une manière profondément anti-démocratique, les grands pays préparant les accords en secret. L'authentique catastrophe de Seattle en 1999 a été causée par la faillite des Etats-Unis et de l'Europe à affronter ces préoccupations. Le mois dernier, le commissaire européen du commerce, Pascal Lamy, a déclaré qu'il pensait que le moment était venu pour que la Communauté Européenne revoit sa position sur le commerce mondial si une nouvelle table de conversations multilatérales avait lieu. Aucune mention des réformes que le Royaume-Uni et les autres pays avaient considéré indispensables pour que l'OMC devienne plus démocratique et transparente, n'avait encore été faite. La charade continue. Prenons le protectionnisme. Chaque année, les pays en développement perdent 700 milliards de dollars à cause des barrières commerciales des pays riches : pour chaque dollar d'aide et de remise de la dette que le monde riche octroie, les pays pauvres en perdent 14 du fait de la barrière commerciale. La réduction de ces barrières créerait des emplois et sortirait des millions de personnes de la pauvreté. Malheureusement, le rapport post-Seattle est accablant. Les pays industrialisés ont promis d'améliorer l'accès à leurs marchés à 48 pays moins développés, qui représentent 12 % de la population mondiale, mais seulement 0,5 % du commerce. Un an plus tard, rien n'a été fait. Les pays pauvres qui exportent aux pays industrialisés sont confrontés à des taxes quatre fois plus élevées que celles appliquées aux pays riches. Les pays industrialisés ont promis d'éliminer les restrictions à l'importation de textiles, le 3ème produit le plus exporté dans le monde, mais moins de 10 % de ces restrictions ont été levées. Mais, dans aucun secteur cette double mesure n'a été plus enracinée que dans l'agriculture. Les négociateurs nord-américains chantent les louanges du "terrain de jeu équilibré" pour les produits agricoles, mais les pays industrialisés ont dépensé plus de 240 milliards de dollars de subventions pour l'agriculture intensive mortelle pour l'environnement et les "libre-échangeurs" Etats-Unis ont également accru leurs subventions agricoles l'année dernière. Les pays pauvres perdent des marchés d'exportation et les aires rurales se détruisent à grande échelle, du fait que des millions de paysans d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine ne peuvent pas concurrencer l'agriculture subventionnée. La perte subséquente d'autosuffisance alimentaire est une bonne nouvelle pour les grandes entreprises agro-exportatrices qui dictent la politique commerciale nord-américaine, mais elle est très mauvaise pour la lutte contre la pauvreté. L'Inde, le Kenya et la République Dominicaine ont demandé à l'OMC une clause de sauvegarde alimentaire qui leur permette de limiter les importations pour atteindre l'autosuffisance en aliments. Les Etats-Unis ont bloqué la proposition avec comme argument que cela provoquerait une distorsion des marchés. En réalité, l'OMC est utilisée pour s'assurer que les intérêts commerciaux des Etats-Unis s'imposent par rapport aux droits fondamentaux de l'homme. Le même principe s'applique aux règles de l'OMC sur les patentes qui sont le produit d'une campagne de pression dirigée par les géants des secteurs pharmaceutiques et biotechnologiques. Ces normes ont étendu la durée et l'espace de la protection des patentes et refusent les demandes des entreprises sous la menace de sanctions commerciales ordonnées par l'OMC. L'une des conséquences est que des pays qui ont une solide industrie de produits pharmaceutiques génériques ne pourront plus produire longtemps de copies de médicaments patentés bon marché, pour des populations de bas revenus. Ces industries sont capables de produire des médicaments pour traiter le VIH et le SIDA, à moins du vingtième du prix du marché de ses équivalents patentés, permettant une aide vitale à des millions de malades. L'Inde et l'Egypte ont sollicité plus de temps pour trouver un moyen de s'adapter au nouveau régime. La American Pharmaceutical Manufacturers Association a réclamé des sanctions contre ces deux pays et le Bureau du Commerce des Etats-Unis le leur a déjà signifié. Au moment où la santé publique des pays pauvres est menacée par de nouvelles maladies et variantes, résistantes aux médicaments de vieilles pathologies mortelles comme la diarrhée, la rougeole et la pneumonie, les règles de l'OMC dictées par les entreprises et imposées par les gouvernements du Nord vont priver des millions de pauvres de l'accès à des produits pharmaceutiques vitaux, leur causant souffrances et décès prématurés à grande échelle. Nous avons désespérément besoin d'un système de gouvernement global qui prenne en compte les personnes avant le profit des entreprises et qui permette de partager les bénéfices de la globalisation d'une façon plus équitable. Kevin Wakkins.
Association pour une Taxation des Transactions financières pour l'Aide aux Citoyens
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