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Québec : Une centaine de personnes signent une déclaration abstentionnistevieuxcmaq, Tuesday, November 28, 2000 - 12:00
Nicolas Phebus (nicolasphebus@yahoo.com)
100 personnes sont venues signer au Sacrilège, un bar du centre-ville de Québec, une déclaration sans équivoque : "Élection 2000, ne soyez pas le dindon de la farce... Déclaration abstentionniste : Parce que nous croyons que le cirque de la démocratie bourgeoise n'est même pas un semblant de démocratie, parce que nous croyons que la démocratie peut et, surtout, doit se vivre autrement, NOUS REFUSONS DE VOTER". Québec, 28 novembre - Hier, 20 millions de canadienNEs étaient appeléEs aux urnes, de ce nombre près de 38% ont jugé bon de ne pas se déplacer. C'est, d'après les médias, le plus haut taux d'abstention de l'histoire contemporaine du Canada et c'est, de loin, plus de monde que le nombre d'électeurs du Parti Libéral reconduit au pouvoir. Combien de ces abstentions étaient politiques ? Difficile d'en juger. Une chose est sûre en tout cas, il y a au moins une centaine d'abstentions dans la région de Québec qui étaient clairement politiques puisque 100 personnes sont venues signer au Sacrilège, un bar du centre-ville, une déclaration sans équivoque : "Élection 2000, ne soyez pas le dindon de la farce... Déclaration abstentionniste : Parce que nous croyons que le cirque de la démocratie bourgeoise n'est même pas un semblant de démocratie, parce que nous croyons que la démocratie peut et, surtout, doit se vivre autrement, NOUS REFUSONS DE VOTER". Les gens étaient invités à venir signer cette déclaration dans le cadre d'une soirée abstentionniste organisée à l'initiative de groupes libertaires locaux (Le Maquis et Émile-Henry). La soirée en tant que telle s'est ouverte sur de l'impro sur la soirée des élections de Radio-Canada (projeté sur écran géant) avec la troupe Les Petits-Bonhommes qui ont fait trois séances d'une demi-heure chacune (ce qui est finalement peut-être un peu long - c'est pas facile de tenir aussi longtemps de façon intelligente). Si ce n'était pas toujours évident, ils ont quand même eu des moments de génie comme ce délire de 15 minutes sur un speech de "Scottwell" Day vraiment jouissif ou encore l'entrée en matière et la présentation des commentateurs particulièrement drôle. Il y a également eu lecture de textes (pas mal moins évident dans un bar plein - on aurait peut-être du passer des tracts à la place) et finalement de la chanson et de la poésie. On a ainsi eu droit à des interprétations de tounes de Sophie Anctil et de Stéphane Robitaille et un remake, magistral, du déserteur de Vian (transformé en abstentionniste, de Vania). Considérant à quel point habituellement les soirées électorales sont plates et déprimantes, je pense que, personnellement, c'est de loin la plus belle que j'ai vécue. De se retrouver avec une méchante gang d'abstentionnistes pour déconner sur les élections, ça rassure et ça fait du bien. À mon avis, ce sera sûrement une initiative à reprendre aux élections provinciales (d'autant plus que les enjeux en terme de démystification sont encore plus gros pour les anars au provincial, la gauche "radicale" y étant beaucoup plus présente). Ailleurs au pays Comme à chaque élection, les anarchistes se sont mis en branle d'un bout à l'autre du pays avec force affiches et tracts prônant l'abstention et rejetant l'illusion électorale. Si la propagande est toujours présente, on constate que de plus en plus de militantEs veulent aller plus loin et dénoncer plus activement la farce électorale. Je pense que les élections fédérales d'il y a 3 ans et demie ont vraiment constitué une rupture au Canada à ce niveau. En effet, à Montréal, une coalition d'anarchistes rassemblée autour du collectif de Démanarchie avait décidé de faire une "vraie" campagne à la mesure de nos moyens. À l'époque, les anars avaient ciblé un comté populaire de Montréal et l'avait innondé de tracts (plus de 10 000 dépliants dans les boîtes aux lettres) et d'affiches (entre 2 et 3 000 avec comme slogan "Votez bien, votez rien"). La campagne d'affichage avait été reprise plus modestement à Québec. Le jour des élections, il y avait eu piquetage d'un bureau de scrutin. Ailleurs au pays, certains avaient plutôt choisi de faire leur action dans l'isoloir en brûlant leur bulletin (ce qui avait causer un certain émoi dans certains milieux). On l'a vu également récemment aux États-Unis, dans de nombreuses villes, les anars ne se sont pas contentés de "faire campagne", mais ont également proposé une journée nationale d'action directe et un festival pour la démocratie directe qui devait faire suite aux très larges campagnes d'actions directes qui avaient marqué les conventions républicaine et démocrate cet été. Durant toute la campagne électorale américaine, on a vu des militantEs s'attaquer aux politiciens et aux institutions comme à Boston, par exemple, où lors d'un des débats des chefs les radicaux ont organisés une "freedom for sale trail" (une parodie de la très touristique "promenade de la liberté") et où les anars du black bloc ont provoqués des confrontations avec les flics et les partisans des différents partis sur le site même du débat. Au Canada, quoi qu'on en soit clairement pas encore rendu là, des initiatives décentralisées lors de ces élections ont quand même eu lieu un peu partout au pays. Par exemple, ces albertainEs de la Edible ballot society qui ont mangé leur bulletin lors du vote par anticipation (une infraction du code criminel canadien qui prévoit des amendes pouvant aller jusqu'à 5 000 $ et / ou 5 ans de prison pour avoir détruit ou volé un bulletin de vote). De même, sur de nombreux campus ontariens, les candidats ont été accueillis par des militantEs en colère ou par l'action directe de ces très sympatiques Raging Granny (qu'on pourrait traduire par "les petites vieilles en colère"). À Québec, sur le campus de l'Université Laval, des camarades ont organisés une petite action directe symbolique, se moquant des élections avec une procession sans fin d'électeurs (toujours les 5 mêmes) baillonés. Nicolas Phébus P.S. : pour ceux et celles qui seraient intéresséEs de savoir ce que les anars peuvent bien proposer comme alternative aux élections, notons qu'il y aura une conférence de l'Université populaire ce mercredi sur l'action directe. Ça se passe au 1085 de Sallaberry, le local des AmiEs de la Terre, à 19h30. Infos : (418) 522-0454. Pour en savoir plus sur les initiatives un peu partout au Canada :
Site web de l'agence de presse anarchiste
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