|
Libre-échange et mondialisation : les grands absents de la campagne électoralevieuxcmaq, Monday, November 20, 2000 - 12:00
Stéphane Paquet (spaquet@oricom.ca)
Revue de la presse anglophone canadienne sur la campagne électorale fédérale et les enjeux du libre-échange, et le peu d'intérêt porté jusqu'à maintenant à ce sujet, malgré la tenue du Sommet des Amériques ici au pays, en avril prochain. Même en temps normal, le dépouillage des quotidiens à la recherche d'articles ou d'analyses sur la mondialisation et le libre-échange osant s'égarer, ne serait-ce que d'un mot, de la vulgate néolibérale, est une tâche extrêmement ardue. Et pourtant, alors même que le Canada, en pleine campagne électorale, s'apprête à accueillir le Sommet des Amériques en vue de la création de la ZLÉA, toujours rien. Lorsque l'on interroge les outils de recherche des sites Internet du National Post et du Globe and Mail au moyen des expressions "FTAA" (Free Trade Area of the Americas), ou "Summit of the Americas", l'on n'obtient aucun résultat. Ces quotidiens ne semblent pas encore savoir ce qui se prépare pour avril 2001 à Québec — les deux solitudes en sont-elles vraiment responsables? —. Alors imaginez ce qu'il faudra attendre pour obtenir un point de vue critique sur ces enjeux de la part de ces quotidiens... Quoi qu'il en soit pour Terence Corcoran du National Post, le débat démocratique sur le libre-échange a déjà été fait, tout a bel et bien été dit... aux Etats-Unis! "Quoi qu'on puisse dire des élections américaines, écrit-il dans son éditorial du 9 novembre 2000, le vote sur le libre-échange a été sans équivoque : avec 97% des voix, les partis libre-échangistes ont écrasé les opposants au libre-échange. [...] Le message qui se dégage du scrutin est que les manifestants et les militants qui ont drainé tant d'attention médiatique au cours de la dernière année n'ont aucun mandat et en définitive, bien peu d'appuis. On ne peut plus dire, comme l'on fait les politiciens libéraux tels Bill Clinton, Paul Martin et Tony Blair au cours de la dernière année, que ces gens ont été laissés à l'écart, sans possibilité de se faire entendre et qu'il convient de les inviter à la table et de tenir compte de leurs revendications. Au contraire, on peut aujourd'hui dire que les opposants au commerce et à la mondialisation ont eu leur vote, et que sur 100 millions de voix, ils n'en ont obtenu qu'une toute petite fraction, 3% [l'éditorialiste réfère ici au résultat obtenu par Ralph Nader, candidat du Parti Vert à la présidence]". Et M. Corcoran de conclure : "La prochaine fois que des manifestants se regrouperont à l'extérieur d'une conférence à caractère commercial, et que les médias les présenteront comme un modèle de représentativité démocratique, nous saurons bien quoi en penser". Si quelques voix discordantes se sont fait entendre ces derniers jours à travers le concert de propos superficiels et flatteurs sur libre-échange qu'entonnent en choeur les principaux partis politiques dans la campagne électorale canadienne, c'est dans les pages "Opinions". Le quotidien montréalais The Gazette a en effet publié deux textes fort critiques, l'un de Arthur Sandborn, du conseil central de la CSN (5 novembre) et l'autre de Joan Russow, chef du Parti Vert du Canada (8 novembre, également publié dans The Globe and Mail). Tous deux dénoncent le silence entretenu sur les enjeux réels du libre-échange pendant la campagne électorale. Joan Russow, en outre, présente les principaux éléments du programme de son parti — retenons ici, le retrait du Canada de l'ALÉNA et le démantèlement de l'OMC. Arthur Sandborn pour sa part se livre à une analyse des enjeux que posent les négociations en vue de la ZLÉA pour nos services publics. Il explique par exemple que les réductions massives dans l'assurance-emploi s'appliquant au travail saisonnier n'ont rien à voir avec la lutte au déficit, mais qu'elles constituent plutôt une réaction à une étude américaine sur le prix des homards. En effet, cette étude concluait que les prestations d'assurance-emploi saisonnières auxquelles étaient admissibles les pêcheurs de la Nouvelle-Écosse constituaient un avantage commercial déloyal pour ces derniers, car ces prestations leur permettaient de vendre leurs homards à moindre coût. Selon Sandborn, le gouvernement canadien a coupé drastiquement dans prestations de chômage saisonnier à seule fin d'éviter les plaintes en vertu des règles de concurrence de l'ALÉNA. Pour Arthur Sandborn enfin, la tenue du Sommet des Amériques en avril prochain n'est nullement étrangère au déclenchement prématuré d'élections fédérales. Le gouvernement libéral de Jean Chrétien se prépare, selon lui, à une liquidation du filet de sécurité sociale à cette occasion. En effet, se présenter devant l'électorat APRÈS la liquidation serait un suicide politique. Si le gouvernement Chrétien était si convaincu que cette Zone de Libre-Échange des Amériques est une si bonne chose pour l'ensemble de la population, observerait-il un tel silence à cet égard à quelques mois du Sommet des Amériques, en pleine campagne électorale par surcroît? J'en doute...
Opération Québec Printemps 2001 (Comité Communicat
|
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|