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LA RÉVOLUTION DIGITALE OU LE FUTUR IMMÉDIAT

vieuxcmaq, Monday, November 6, 2000 - 12:00

Alain Dubois (alain.dubois@iquebec.com)

-Alain Dubois du Solidaire web, analyse les impacts passés, actuels et futurs des transformations sur la société de cette révolution technologique sans précédent où la fiction semble rejoindre la réalité !

Alain Dubois -Le Solidaire Web ( http://www.multimania.com/dollardcormier/journal/page1.htm )

LA RÉVOLUTION DIGITALE OU LE FUTUR IMMÉDIAT

-La révolution Internet-

Il y a un aspect de cette révolution digitale qui m’intéresse plus particulièrement. Il s’agit du développement depuis quelques années du World Wide Web (protocole tcp ip) et de l’Internet. Jamais un nouveau média n’a réussi à s’implanter aussi rapidement. En cinq ans, les utilisateurs sont passés à quelques centaines de millier à près de cinq cents millions ! Près de 800 millions de pages Web y sont actuellement disponibles. La vitesse de pénétration de ce nouveau média dépasse celle de la radio et de la télévision. Déjà au Québec près de 35 % des familles sont branchés. Et dans d’autres pays cela peut atteindre plus de 40 %.

Bien entendu, cet explosion du Word Wide Web (WWW) va de paire avec son utilisation de plus en plus commerciale, du moins c’est ce qui nous frappe de prime abord. Les compagnies s’y affichent, le commerce s’y développe et la publicité envahit l’écran de nos moniteurs. Mais, il y a bien plus que cela. Le WWW permet aussi une plus grande démocratisation de l’information, des moyens de communication et de la culture. Grâce à ce réseau, tous peuvent trouver sur cette immense toile qui est une banque de données universelle, toutes les informations qu’ils recherchent. Nous avons aussi accès à un contenu en marge des idées et des courants dominants, qu’il s’agisse de culture, de politique ou d’idéologie. Grâce à l’Internet, l’accès à des médias (radios, journaux, télévisions) du monde entier et de toute tendance idéologique nous permet d’élargir nos horizons, permettant ainsi d’aller chercher d’autres points de vue sur des sujets d’actualité qui nous intéressent. De cette façon, tous les internautes ont accès à autre chose que ce que l’on retrouve dans nos médias québécois et nord-américains, sans intérêt ni substance et au discours néo-libéral platement uniforme. Avec l’Internet, tous peuvent produire et diffuser leurs idées, leurs journaux, … Nous y retrouvons donc une grande diversité de points de vue sur un même sujet. Nous avons accès autant aux excellents dossiers du Monde Diplomatique qu’à des journaux de gauche ou syndicaux comme le nôtre. Nous pouvons aussi écouter des radios du monde entier, des radios communautaires, étudiantes ou underground. L’esprit curieux et critique y trouvera là de véritables trésors. Les amateurs de musique, d’art et de culture ne sont pas en reste. Des milliers d’œuvres sont directement accessibles en ligne. Avec des logiciels de compression, tel MP3, nous avons accès à des centaines de milliers de pièces musicales, et ce gratuitement. Tous et chacun peuvent ainsi diffuser via l’Internet leurs créations. En informatique, des gratuiciels et partagiciels sont accessibles gratuitement et de nombreux sites ainsi que quelques logiciels permettent d’obtenir des copies piratées de logiciels connus. Nombreux sont ceux qui dénoncent le piratage. Mais plusieurs internautes considèrent que les véritables pirates (bandits) sont plutôt les compagnies qui empochent des profits excessifs sur la vente de leurs produits. Certains d’entre eux évaluent que le meilleur moyen de freiner les copies illégales de logiciels ou d’album de musique serait d’en réduire les prix de vente. Faute d’un prix équitable, le piratage constitue pour certains internautes un moyen privilégié pour démocratiser l’informatique et « l’industrie de la musique ». Il faut rajouter que, jusqu’à maintenant, le piratage n’a pas empêché ces compagnies de faire de l’argent, beaucoup d’argent …

-Internautes « de tous les pays unissez-vous »-

L’Internet est aussi un fantastique lieu de solidarité sociale. On peut y rencontrer l’avant-garde d’une nouvelle société civile pour qui l’équité et la justice sociale sont les valeurs premières. À l’internationalisation du capitalisme sauvage, il est possible de poser une internationale nouveau genre, celle des internautes épris de justice sociale et d’équité. Les événements de Seattle, où des milliers de manifestants, réunis en partie grâce à l’Internet, ont fait échec au sommet de l’OMC sur la mondialisation des marchés, en est un bel exemple. Les campagnes de boycottage de produits et de sensibilisation (ex. : OMG) réussies, démontrent elles aussi, cette nouvelle force que peut avoir le net, c’est à dire un lieux de contre-pouvoir et de solidarité.
A vrai dire, nous pouvons nous demander si cette « révolution » ne contient pas en elle les germes de la destruction du capitalisme. Cela n’est pas évident à priori car comme je l’ai mentionné plus haut, le net devient de plus en plus commercial. Pourtant l’accès facile à cette grande diversité d’informations et de contenus, fragilise les discours hégémoniques de la classe dominante : hommes d’affaire, politiciens, propriétaires de masse médias, etc. La facilité de diffusion et de distribution de créations et de produits divers par tous et chacun, risque de détruire la chaîne de distribution traditionnelle sur laquelle est basée une partie de notre économie. Il est maintenant envisageable de se passer des intermédiaires qui empochent la plus grande part des profits. Il est même possible d’imaginer la création de coopératives « virtuelles » qui s’occuperaient de la diffusion et la mise en marché de créations et produits faits par tous et chacun.
Nous sommes, en ce début de millénaire, à l’aube de changements sans précédent dans l’histoire de l'humanité. Nous passons d’une société industrielle à une société technologique où l’informatique et les sciences vont jouer un rôle de premier plan. Il y a fort à parier que nous connaîtrons plus de changements dans les vingt prochaines années que dans les cent dernières. Les bouleversements économiques et sociaux qu’ont produit la révolution industrielle du 19ième siècle représentent peu de choses si on les compare à ceux qui nous attendent dans un futur immédiat. La fiction rejoint la réalité!
Jusqu’à maintenant, et ce malgré les progrès considérables de l’informatique, nous demeurions dans la préhistoire de cette ère techno-scientifique.

-La révolution informatique-

L’informatique, et avec elle les sciences et les technologies, évoluent à un rythme exponentiel. Chacune des nouvelles générations du tandem ordinateur-processeur amène dans son sillage son lot de nouvelles découvertes scientifiques et technologiques. Ainsi, les premiers dinosaures informatiques ont permis, dans les années 60, l'exploration de l’espace et des progrès significatifs dans toutes les sciences : astronomie, géologie, chimie, etc. Les ordinateurs d’aujourd’hui, que l’on peut qualifier de deuxième génération, sont des milliers de fois plus puissants. Leur grande capacité de calcul a permis à leur tour des avancées spectaculaires. Avec eux, nous sommes entrés de pleins pieds dans un nouvel âge numérique.

Les ordinateurs personnels sont maintenant des produits de consommation de masse. Ils s’en fabriquent plus d’un million par jour ! Les médias se transforment, les ondes hertziennes (tv, radio) seront bientôt chose du passé. Ils seront remplacés par des canaux d’information numérique pouvant s’intégrer les uns aux autres. Grâce à ses ordinateurs, la génétique a fait des progrès considérables. Les trois milliards de chaînes d’ADN qui composent le génome humain ont été presque totalement séquencés. Le clonage différencié des cellules de l’embryon humain permet d’envisager de nombreuses applications médicales comme des traitements régénérateurs d’organes humains : pancréas, foie, cœur, ainsi que la guérison de certaines formes de paraplégie. Déjà, des expériences réalisées sur des animaux ont démontré la faisabilité de ce type de traitement. Nous assistons aussi au développement de la nano technologie qui permettra l’utilisation de micros robots qui effectueront des micros opérations chirurgicales. En physique, il y a eu la première expérience réussie de télétransportation. Il ne s’agissait que de télétransportation quantique,i.e. d’influes lumineux. Néanmoins, cela représente une avancée considérable.
Pourtant, nous ne sommes qu’à l’âge de bronze de l’informatique. Les processeurs d’aujourd’hui, bien que rapide (jusqu’à 1 gigahertz), ne sont pas en mesure d’intégrer les informations les unes aux autres. Ce qui les rend incapable de «créativité». Mais cela risque de changer d’ici peu.
De nouvelles technologies permettront la mise en marché d’ordinateurs/processeurs de troisième génération. Non seulement seront-ils plus puissants dans leur vitesse de calcul mais ils seront aussi capables de « cyber créativité », i.e. en mesure d’interpréter, d’intégrer et de combiner différentes sources d’informations (des données) pour créer des résultats qui seront « plus que la somme des parties ».L’avènement de cette technologie marquera le début d’une véritable intelligence artificielle. Ces ordinateurs/processeurs devraient apparaître d’ici cinq à dix ans. Ils intégreront une technologie quantique et l’échange d’informations se fera, non pas par influx électriques mais par influx lumineux. Il est difficile d’imaginer ce que leur arrivée nous permettra de réaliser mais leur potentiel défie l’imaginaire ! Quels seront les impacts sur nos sociétés de cette évolution exponentielle des technologies et des sciences ? Le meilleur comme le pire peut arriver. Ce questionnement pourrait rendre d’actualité la célèbre phrase de Karl Marx : « socialisme ou barbarie »...

-Les aspects négatifs-

Il y a tout de même des aspects négatifs à cette révolution digitale, du moins à court et moyen terme. Nous ne pouvons pas les passer sous silence.
L’inégalité sociale et économique entre pays riches et pays pauvres risquent de dangereusement s’accentuer. à l’analphabétisme telle qu’on la connaît et qui touche un millions de québécois et un milliard d’humains, il faudra rajouter l’analphabétisme digitale. Les impacts de cette nouvelle forme d’analphabétisme risquent d’être tout aussi importants que l’autre en terme de marginalisation et d’exclusion sociale.
Les femmes qui ont accédé de manière spectaculaire aux études supérieures et qui, au Québec, sont majoritaires dans presque tous les champs d’études, ne représentent malheureusement qu’une fraction des admissions dans les sciences, les domaines de haute technologie et de l’informatique.
Je ne veux pas ici les causes sociologiques ou anthropologiques de ce phénomène mais en décrire les conséquences fâcheuses. Les femmes préfère encore choisir des champ d’étude qui représente de leurs rôles traditionnels de mères. Elles sont donc majoritaires dans les sciences de la santé et les sciences humaines mais elles boudent la science et les hautes technologies. Les conséquences de ce « choix » des femmes risquent de leur faire perdre la place qu’elles ont si chèrement acquise dans la vie active. Graduellement, les champs d’étude et les emplois dans lequel elles se retrouvent risquent d’être dévalorisés socialement et économiquement. Pas tellement parce qu’elles y sont majoritaires mais plutôt car chaque changement important dans les structures économiques et sociales d’une société amène avec lui de nouvelles catégories d’emplois plus valorisées parce que plus en demande et rare. Si la tendance ne se renverse pas elles abandonneront ainsi aux hommes les lucratifs secteurs d’avenir et elles se retrouveront comme des citoyennes de seconde zone « l’avenir est aux femmes » disait-on … Rien n’est moins certain.

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La Petite histoire

En 1968 l'ARPA finance l'ARPANET afin de permettre aux chercheurs d'utiliser les calculateurs d'autres sites pour éviter d'avoir à doter chaque site de recherche d'un gros ordinateur. Le premier site est installé à l'Université de Los Angeles (UCLA) en 1969. En 1972, les premiers serveurs utilisant l'ancêtre du FTP (le protocole de transfert de fichiers) font leur apparition sur l'ARPANET. TELNET (qui permet la connexion à distance à un ordinateur) et FTP sont les deux protocoles majoritairement utilisés.
En 1975, l'ARPANET est un tel succès que l'ARPA cesse de le considérer comme un réseau expérimental et en confie le contrôle à la DCA (Defense Communications Agency). À peu près au même moment, un système de courrier électronique fiable est mis en place. L'année suivante, les premières « mailing lists » commencent à circuler sur le réseau. L'une des plus populaires était SF-LOVERS (amoureux de SF) qui avait un succès énorme malgré les tentatives des administrateurs d'empêcher la diffusion de données qu'ils jugeaient frivoles.
En 1979, USENET est créé à l'Université de Duke et l'Université de Caroline du Nord. Les deux sites communiquent en utilisant le protocole UUCP qui a été inventé l'année précédente et qui permet d'échanger facilement des données par téléphone (à l'époque à 300 bps).
En 1981, BITNET connecte de nombreuses machines entre elles, entre des sites universitaires à travers le monde. C'est une alternative bon marché à l'ARPANET qui est plus rapide mais nécessite des lignes rapides qui sont hors de prix. En France, le réseau Télétel (qui connecte les Minitels) est mis en place.
Le premier janvier 1983, toutes les machines de l'ARPANET doivent passer aux protocoles TCP/IP. Tous n'arrivent pas à installer les nouveaux logiciels à temps mais la transition se passe plutôt bien. Dans le même temps, l'ARPANET est divisé en deux réseaux, MILNET, réservé aux militaires américains et faisant partie du DDN (Defense Data Network), et un réseau civil toujours appelé ARPANET qui est le réseau central de l'ARPA Internet. Un réseau regroupant plusieurs réseaux différents utilisant tous les mêmes protocoles TCP/IP. Cette même année, l'Unix 4.2BSD, largement sponsorisé par l'ARPA, sort en intégrant les protocoles TCP/IP.
Au milieu des années 80, l'ARPA Internet est financé par de nombreuses agences américaines parmi lesquelles la NSF, la NASA, le DOE... Son nom devient progressivement Internet. De très nombreux autres réseaux se créent un peu partout utilisant des protocoles très variés. Personne ne sait trop comment tous ces réseaux pourraient un jour être interconnectés.
En 1986 le système des nameservers (une base de données distribuée à travers le réseau qui convertit les noms des machines en adresses, par opposition au système précédent dans lequel chaque site disposait localement de l'ensemble de la base) se généralise. De nombreux réseaux (CSNET, BITNET, FidoNet, etc.) commencent à disposer de passerelles de mail vers l'Internet. Le protocole NNTP permet de diffuser les news à travers l'Internet.
En 1988 l'Internet connecte environ 55 000 machines et permet à plus de 400 000 utilisateurs de communiquer. BITNET a à peu près la même taille (en nombre d'utilisateurs). Toutefois l'Internet est le seul réseau à disposer d'outils réellement interactifs (FTP et telnet) et sa croissance commence à devenir exponentielle.
En 1989, on estime que l'Internet connecte 80 000 machines soit quelques 600 000 utilisateurs. En 1990, 188 000 machines et 1 400 000 utilisateurs. The World (world.std.com) est le premier site à offrir un accès commercial à l'Internet par téléphone. Mais il ne permet pas l'accès à l'intégralité du réseau qui tient à conserver son caractère académique.
Courant 1990, l'ARPANET cesse d'être financé, le système est obsolète et ses lignes sont désormais trop lentes. L'Internet continue. Archie est inventé à l'Université Mc Gill de Montréal pour indexer les sites FTP. En 1993, le WWW est un énorme succès et permet aux utilisateurs néophytes de découvrir le réseau. Le traffic Web est multiplié par 2 200 dans l'année. Le réseau compte environ 1 300 000 machines qui hébergent 9 900 000 utilisateurs. Mi-94, on estime que le réseau connecte au moins 60 pays et 18 millions d'utilisateurs. Référence : http://oceanis.net/dotcom/doc/histoire.html

Alain Dubois -Le Solidaire Web ( http://www.multimania.com/dollardcormier/journal/page1.htm )

Le Solidaire Web, journal syndical et alternatif édité par le syndicat des travailleuses et des travailleurs du Centre Dollard-Cormier, CSN. Son contenu est très diversifié : entrevues, chroniques, des articles à thèses hors du commun etc


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