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Témoignage d'un manifestant anarchistevieuxcmaq, Wednesday, October 25, 2000 - 11:00
Agence de Presse A - INFOS (a-infos-fr@ainfos.ca)
Hier le 23 octobre 2000 se sont rassemblés plusieurs centaines de manifestants en face du centre Sheraton à Montréal (rue rené-lévesque) pour protester contre la tenue d'une réunion du G20 (comprenant les ministres des finances et chefs des banques de 19 pays ainsi que les dirigeants de la Banque Mondiale et du FMI). [ce texte est plutôt long. mais il en vaut, selon moi, Alerte à la montée du fascisme et du capitalisme! Une manif non-violente Hier le 23 octobre 2000 se sont rassemblés plusieurs centaines de manifestants en face du centre Sheraton à Montréal (rue rené-lévesque) pour protester contre la tenue d'une réunion du G20 (comprenant les ministres des finances et chefs des banques de 19 pays ainsi que les dirigeants de la Banque Mondiale et du FMI). La présence policière était musclée mais subtile. Toutes les entrées au centre ont été fermées avec des clotûres "anti-émeutes" et avec des lignes copieuse de policiers anti-émeute en équipement complet. La rue stanley située a l'est du centre Sheraton était pour sa part complètement bloquée par une barricade policière, probablement pour éviter le blocage qui avait eu lieu à cet endroit lors de l'opération salami il n'y a pas si longtemps. Votre humble narrateur ci-présent estime qu'environ 100 policiers devaient être présent d'après l'envergure de l'opération policière. Mais il fallait les chercher. Cachés un coin de rue plus loin ou planqués dans le ventre du Centre, ils ne semblaient pas vouloir faire parler leur nombre. La manifestation s'est amorcée vers 4 heures et s'est progressivement gonflée de manifestants de tout âge, sexe, et origines. Déguisements et musique étaient au rendez-vous sur des rythmes de tambours endiablés. Plusieurs personnes ont fait des discours pour expliquer la manifestation. Le Sheraton a été joyeusement arrosé de divers projectiles de peinture, cailloux, graffitis et pancartes, tous aussi innofensifs les uns que les autres. Plusieurs drapeaux noirs flottaient au vent et on sentait une ambiance extraordinaire. Il devait y avoir environ 500 personnes, mais je ne suis pas très bon dans ces estimés de masse. Un changement de perspective À un certain point, plusieurs manifestants se sont dirigés vers le côté ouest de l'immeuble (rue Drummond) où une ligne de flics barraient l'entrée au parking avec des barrières et environ 20 membres de la "force constabulaire". Des pluies d'insultes et de divers produits (oeufs, peinture, etc) sont amoureusement tombés sur la ligne de flics là-aussi. À un certain point, des manifestants ont commencé à manoeuvrer des 'containers' vers le centre de la rue. Un a été allumé, dégageant une odeur atroce. Ce container a été balancé contre un véhicule de TVA, un chaîne de télé corporatiste régionale. La charge Quelques minutes plus tard, les policiers sonnaient la charge avec des cavaliers en appui. Assez brutalement, il ont fait reculer la foule, ce qui a créé un momentané état de panique où certaines personnes sont parties à courir. Les flics ne se sont pas contentés de libérer les 'pôvres' containers à vidanges des 'méchants manifestants' mais ont repoussé les manifestants jusqu'à la sortie de la rue, donc sur René-Lévesque. Les manifestants ont tenu tête à la police jusqu'à ce qu'elle utilise du poivre de cayenne sur tout ce qui se trouvait devant eux. Un fumigène quelconque a alors explosé à l'arrière de la ligne policière, repoussant avec une bonne efficacité la cavalerie que se tenait encore en appui à la ligne de policiers. À partir de ce moment, certains manifestants, probablements enragés par la violence avec laquelle les flics ont attaqué les manifestants, ont commencé à lancer des projectiles de toutes sortes sur les policiers: briques, pierres, bouteilles, etc, repoussant une fois de plus la cavalerie, mais pas les flics à pied, qui ne bronchaient pas sous leurs lourdes armures et boucliers anti-émeute. Certaines personnes ont tenté de s'interposer entre les projectiles et les flics en criant "on n'en veut pas de votre émeute" et, curieusement, en faisant dos aux policiers... Les policiers n'ont pas joué le jeu très longtemps. En un éclair, ils ont chargé à la course vers l'avant, en matraquant à qui mieux-mieux tout ce qui se trouvait devant eux. Ceci a été suivi par une charge des cavaliers qui a été acceuillie avec une autre pluie de projectile mais qui a tout de même effectivement séparé un groupe d'environ 40 à 50 personnes du reste de la manif, qui était encore énorme. D'un côté de la rue Drummond, à l'ouest du Sheraton, on trouvait cette 50n (cinquantainre) de personnes dont une bonne 10n de journalistes rapaces de tout acabit, une 10n de projectiliens, et le reste, des manifestants avec des bannières et pancartes. L'arrestation des 'passifs' et tactiques policères Ces manifestants à l'ouest de la rue Drummond et les flics (parfois à cheval et parfois a pied) s'échangeaient des projectiles et des charges dans une course "to and fro" démoniaque (ce sont probablement de là que viennent les images de cavaliers que vous avez vu à la télé. À noter que plusieurs personnes ne lancaient rien du tout. À un certain point, un 30n de personnes se sont assises dans la rue pour faire face aux policiers. Les policiers ont avancé en ligne et dès lors certaines personnes se sont désistés et il ne restait plus qu'il 15n de personnes qui ce faisaient lentement encercler par la ligne de flics sous les avertissements des manifestants assez lucides pour se mettre à l'abri. Je déplore le fait que ces personnes ce soient fait arrêter ainsi, non pas parce qu'il n'avaient rien fait (au point où nous en étions, il est clair que les flics ne voulaient pas de motif), mais parce qu'ils ne se sont pas levés pour foutre le camp, quand ils en avaient la chance. Ceci a donné lieu à des commentaires tels que: "c'est ça que ça donne être pacifiste" assez déplorable, ma foi. Car je me considère comme un pacifiste, mais je n'irai pas me faire arrêter bêtement dans la rue comme ça. Pacifisme n'égale pas passivisme. Sans sauter aux conclusions trop rapidement, c'est le genre de choses que notre ami Duhamel prône, et il semblait y avoir une sorte de "cohésion" ou plutôt une organisation, une hiérarchie dans le groupe qui s'est fait arrêter. Un rigolo se promenait devant eux en ordonnant: "on s'assoie" ou "on se couche!". Comme à la messe. Je trouve que les gens qui se sont fait arrêtés auraient pu s'en passer, et qu'ils n'étaient pas vraiment en pleine conscience de la situation, et donc brimés de leur possibilité de faire un choix éclairé. Par contre, je vois que Duhamel s'est dissocié de la manif (ce qui était prévisible) sans explications supplémentaires. Il est clair que ce clown réutilise la misère des autres pour glorifier sa propre définition de "non-violence" (*). Et évidemment, on ne le trouvera nulle part pour défendre ces "non-violents" (que j'appellerai dorénavant "passifs"), qui ont suivi ses propres tactiques. Ces gens vont être accusés d'attroupement illégal et/ou de participation à un émeute, j'imagine. Et ceci va accentuer le mouvement déjà existent de scission entre les "non-violents" et les "violents". Je ne serait pas surpris que ce soit une tactique des flics. Ils ont avantage à utiliser les étiquettes faciles de "violents" et "non-violents" qu'attribuent les médias sans la réflexion qui devrait y être associée. Les dénonciations futiles vont voler d'un côté comme de l'autre. Tout ceci ne fera qu'accentuer la tactique policière. "Just because you're paranoid, doesn't mean you're not being followed" Revenons à nos moutons. À ce moment dans ma narration, les 'passifs' viennent d'être encerclés, un trentaines de manifestants qui y ont échappé restent pour crier leur solidarité (tout de même...) et demander la libération immédiate de ces gens, et tout ce temps la manif continue devant le Sheraton comme un spectateur impotent, bloqué par une ligne de flics. La pression se faisant plus forte sur les flics encercleurs, les cavaliers et flics à pieds ont de nouveau sonné la charge, bastonnant et piétinant tout sur leur passage, pour repousser les manifestants encore un coin de rue plus à l'ouest. Les "journalistes"(***) se tenant sur les côtés de la rue, dans les parkings, furent égalements évacués, avec la cavalerie. Si bien que plus personne ne pouvait vraiment voir de près l'arrestation en cours. Ainsi, plusieurs des manifestants décidèrent alors de se joindre au reste de la manif, en face du centre Sheraton. Les dernières choses que j'ai vu des "passifs" est l'arrivée d'un autobus pénitenciaire bleu prêt à embarquer les manifestants (probablement) vers le Centre Opérationel Sud, situé à quelques coins de rues. Répression muette et course avec les flics Revenons donc à la manif en face du Sheraton. À ce moment, les ardeurs des manifestants n'avaient pas été refroidis par les évènements. Intimidation, non merci. Malgré plusieurs avertissements faits au mégaphone diffusant l'information selon laquelle les flics tenteraient probablement d'encercler le reste de la manif, les tambours continuaient de jouer et les slogans continuaient d'être criés. Tout ceci jusqu'à ce que des cavaliers s'imissent subtilement 2 coins de rues à l'est du Sheraton. Alertés, la manif a commencé alors à quitter la facade du Sheraton pour marcher vers l'est sur rené-lévesque. Les choses se passèrent alors rapidement. La traffic automobile n'ayant pas été bloqué 2 coins de rues à l'est, nous nous sommes retrouvés dans un bain de voitures, pensant être à l'abri des cavaliers. Au contraire, les cavaliers bloquaient alors la prochaine intersection, notre sortie, tandis que des anti-émeutes entraient par l'arrière. Plusieurs personnes se sont alors dispersés dans le Square Dorchester au nord et au sud, tandis que le gros de la manif (peut-être alors 100 à 200 personnes) s'est dirigé vers le sud, sur la rue De La Cathédrale. J'ai alors quitté dans le métro Bonaventure, à court de flash et d'énergie. À ce que j'ai entendu, les manifestants se sont progressivement dispersés dans les rues voisines, mais je crois qu'il serait important d'avoir confirmation des arrestations et des violences policières qui on eut lieu ce soir-là. Il est à noter que jamais au cours de la manif les policiers ont-ils donné un quelonque avertissement assez audible pour que je le remarque. Le mot d'ordre a toujours été "MOVE" en brandissant la matraque ou en chargant à cheval. Aucune justification. Aucune explication. Pure et simple répression policière. (*) Au sujet de la non-violence: j'ai entendu dire que certaines personnes (manifestantEs) se sont physiquement interposées lorsque des gens on fait des graffitis sur le complexe et, comble de ridicule, au nom de la non-violence... Encore une joyeuse mascarade sémantique: est-ce que la violence se fait contre du matériel? Je ne crois pas. C'était d'ailleurs l'opinion des organisateurs de la manif, à ce que j'ai compris. (**) Arrestation a perdu un peu de son sens, de nos jours. Légalement, unE arrêtéE doit se faire lire ses droits, avoir droit à un avocat, savoir pourquoi il est arrêté, etc. De nos jours, on sait que l'on est arrêté quand on se fait passer les menottes ou simplement encercler... (***) Au sujet des journalistes. Notre si précieuse liberté de presse, notre si glorifiée Information... Ce n'est toujours que le TQS (Trou d'Q Sale) de cet art qui se retrouve dans les journaux, à la télé. Parce que c'est ça que l'on fait "pogner", parce que l'on bombarde les gens avec de la violence, des gros guns et des émeutes, ils en redemandent. La couverture médiatique que j'ai vu à la télé à date se résume à: "Yet another clash between protesters and the police" (CBC). Et ce n'est pas surprenant. Il y a une différence majeure entre celui qui est témoin des évènements d'hier par la télé et par ses propres yeux. Celui qui le voit par la télé va voir la cavalerie arriver à temps pour chasser les indiens et sauver la dilligence bourrée d'or, tandis que celui sur le terrain verra un enorme cheval dirigé par un coyboy sur le PCP charger sur des manifestants avec une violence inouïe. Le premier provoque l'intérêt et excite les sens, un jeu vidéo, le second provoque la peur et sème la colère. Même chose du côté des journalistes... Lorsqu'ils jouissent de l'immunité policière, ils sont souvent très collabos et voit le tout d'un oeil très différent que lorsqu'ils se font traiter comme tout le monde. Et l'un entraîne l'autre. Plus les interventions policières vont être brutales, moins ils pourront la dissimuler, et plus les journalistes seront traités "comme les autres". Autrement dit, tant que tu es derrière leurs lignes, les flics vont être bien gentils, si tu regardes aux "bons endroits", mais dès que tu commences le vrai travail, ils deviennent moins "aimables". Un collègue s'est fait traiter d'ennemi par un 'journaliste' parce qu'il était masqué et qu'il était photographe. Quelle surprise... Solidarité avec les arrêtés! L'anarchat. ****** Agence de Presse A-Infos ****** Pour s'abonner -> écrire à LIS...@AINFOS.CA Vous voulez reproduire ce message?
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