Le mouvement Occupy fait beaucoup de bruit. Même les médias dominants en parlent souvent positivement. Cela devrait nous amener à nous poser davantage de questions sur la nature de ce mouvement.
Occupy est un mouvement citoyenniste qui exige plus de démocratie à l’intérieur de la démocratie supposément existante. Ce n’est pas un mouvement révolutionnaire. Un mouvement révolutionnaire serait en opposition radicale avec la société dominante.
Ce qu’il fait est plutôt de « coexister » avec elle. C’est une volonté de démocratisation du système et non une attaque contre celui-ci envers et malgré tous les messages « anti-capitalistes » qui peuvent s’y entendre. Ce qui permet au mouvement Occupy de « co-exister » « pacifiquement » jusqu’à ce que les autorités politiques et policières en décident autrement. Le « pacifisme » et la «non-violence » y ont été imposées parfois même violemment par le harcèlement, l’identification, le contrôle social…
Occupy est la continuité de la pacification sociale et du règne même avec distance de la police et de l’ordre social, de l’ordre social de la « polis ». Tant que nous ne menaçons pas l’ordre social dominant, celui-ci aura beau jeu de se montrer démocratique. La démocratie et le totalitarisme, même l’alternance et le vécu en parallèle de ces types de gouvernance, sont les deux armes politiques principales du système colonialiste, patriarcal, capitaliste…
Occupy à « Montréal » est déjà en partie récupéré par les nationalistes québécois
dont la frange plus indépendantiste. Dans cette occupation « pacifiée », la présence
dominante des drapeaux patriotes et québécois ainsi que celle encore plus menaçante
des Milices patriotiques du Québec (qui reçoivent un entraînement militaire)
affirment encore la présence coloniale du Québec. Sous prétexte de décolonisation du
« Québécois », c’est l’affirmation coloniale de celui-ci qui se continue. Comme le
disait Kahentineta Horn de Mohawk Nation News : the french, she said, « should be
considered the first invading race (les français devraient être considérés comme la
première race colonisatrice) ».
En ce territoire, nous, en tant que descendantEs de
colons, poursuivons l’œuvre de colonisation et ceux qui s’affirment en tant que
membres d’une nation qui s’appellerait le Québec le font encore plus explicitement.
Les institutions qui font ce que nous appelons le « Québec » sont des institutions
coloniales. La même chose se dit à propos du « Canada » et l’est tout autant. Si
Occupy était un mouvement révolutionnaire et décolonisateur, il s’attaquerait autant
aux institutions du Québec qu’à celles du « Canada ». Ce qui n’est évidemment pas le
cas. Il ne s’attaque réellement ni aux unes ni aux autres et encore moins aux deux.
En tant qu’anarchistes et militantEs de la décolonisation, nous ne pouvons
entrevoir Occupy que comme étant la continuité d’un monde auquel nous nous
opposons. Nulle besoin se fait sentir de l’attaquer, mais plutôt il semble
intéressant de voir ce qu’il en ressortira. Soit ce mouvement demeurera le mouvement
d’un monde auquel nous nous opposons ou à l’intérieur du monde auquel nous nous
opposons, soit il se radicalisera. Nous verrons alors ces réelles possibilités.
S’il veut se constituer en tant que mouvement révolutionnaire, il devra abandonner
l’illusion démocratique, son « pacifisme » ainsi que sa position coloniale. À ce
moment, il ne pourra plus coexister avec le monde dominant, car celui-ci lui mènera
une guerre sans merci.
D’ailleurs, déjà, sans cette confrontation, les autorités attaquent les occupantEs
de toute part pour les renvoyer chez elles/chez eux quand elles/ils en ont un, dans l’isolement
ou sinon à la rue, à l’itinérance.
Entre Occupy et la guerre de décolonisation
« Nous sommes le 99% ; ils sont le 1%. » C’est un peu stupide comme maxime. Certes,
ça ne changera pas l’histoire.
L’histoire de ce pays, le kkkanada, c’est l’histoire de l’occupation. Depuis la
Conquête en ce pays, la civilisation occidentale n’a engendré que génocide, écocide,
colonisation, exploitation, oppression, domination, répression, misère de toute
sorte… Elle l’a fait en français comme en anglais. Comme elle l’a fait dans les
Amériques en général dans les mêmes langues et cultures ainsi que dans d’autres
langues et cultures.
Nous poursuivons cette histoire en tant que blancs/blanches, hommes,
administrateurs/administratrices, politicien-nes, policiers/policières, militaires,
screws, fonctionnaires, cadres, technicien-nes, commerçantEs, autres masses au
service de cette civilisation. Nous ne sommes pourtant pas de ce 1% des
propriétaires de la richesse mondiale. Nous sommes bien du 99% dont il est question.
C’est bien dire que les oppresseurs existent aussi parmi nous et trop souvent en
nous.
Camper sur le Square Victoria ou ailleurs n’y changera rien.
Si nous en avons réellement marre de ce monde et que nous voulons le changer
fondamentalement, il va nous falloir détruire les institutions qui font ce monde :
des banques aux industries de dressage que sont les écoles, des institutions
gouvernementales aux entreprises capitalistes, le patriarcat sous toutes ses formes…
Il va falloir faire la guerre à ce qui fait la guerre.
À ce moment, le mouvement ne pourra plus se vivre dans le « pacifisme ».
J’ai vécu le cauchemar éveillé de hippies et de flics chantant ensemble : « give
peace a chance » !
Votre paix, c’est la destruction, le pillage, l’exploitation, l’enfermement, trop
souvent la mort. Ce n’est que la continuité de la guerre que nous livre la
cilivisation. Nous appelons cela la « pacification » ; certainEs l’appellent la «
démocratie ». Comme dans vos AG quasiment existantes pour empêcher toute lutte.
Se revendiquer et exister comme Canadien-nes, Québécois-es… fait de nous des
occupantEs, des colons, des soldats au service de cette civilisation destructrice.
Il va aussi falloir mettre à bas nos existence et nos identités coloniales.
Ce n’est pas en passant avec des milices nazillardes qu’elles soient canadiennes ou
patriotiques du Québec que nous le ferons.
Une inspiration à proximité dans la guerre de décolonisation : la bataille des
Kanien'kehá:ka et de leurs alliéEs en « 1990 »
Pas très loin de soi-disant « Montréal » en l’année que nous avons appelé « 1990 »,
les Mohawks nous ont donné une leçon. Elles/ils ont combattuEs jusqu’à la victoire
un maire typiquement québécois, le gouvernement québécois et son opposition
péquiste, la SQ, l’État canadien et l’armée canadienne, un tas de colons fascisant
de « notre race », qui font aussi partie du 99%, comme disaient les fascistes
d’antan comme Maurice Duplessis et le chanoine Groulx pour n’en nommer que deux
parmi des tonnes d’exemplaires.
Là était le sens véritable de la réoccupation. Défendre une terre ancestrale contre
le capitalisme, dans ce cadre du golf et des condominiums.
Comme cette civilisation ravage le monde entier, elle voulait continuer de détruire
la terre qu’habite les Mohawks. Celles-ci/ceux-ci se sont alors soulevéE, se sont
arméEs, ont barricadé, ont bloqué le Pont Mercier… Elles et ils ont ramené la guerre
à la maison, pour reprendre le slogan que je connais des Weather Underground, afin
de mettre à bas une partie du processus de guerre perpétuelle.
Elles/ils ont été victorieuses/victorieux. Jamais, elles et ils n’auraient pu
défendre cette terre si elles/ils n’avaient pas été jusqu’au bout.
Aussi, pendant que les Mohawks et leurs alliéEs menaient cette bataille, d’autres
communautés indigènes au kkkanada se sont soulevéEs sur leurs propres territoires en
solidarité, ont attaqué les infrastructures de cette civilisation à travers différentes
actions directes. Tout en se soulevant pour leur propre existence. Ce fut une des dernières réelles périodes
insurrectionnelles qu’est connu le kkkanada et une des rares aussi répandues de son
histoire. Cette bataille, comme plusieurs le disent, à inspirer les communautés
pour les années à venir et continuent de le faire.
Décolonisons !!!
Comme il serait bien temps que vous le compreniez si vous ne l’avez pas encore
compris et si vous voulez le comprendre, il n’y a pas le 99% d’un bord et le 1% de
l’autre. La masse du 99% est aussi peuplée d’oppresseurs.
Dès le départ, des camarades ont voulu souligner l’importance de la décolonisation
et l’ont affiché bien fort. Nous les saluons.
Dans la continuité, il serait temps de comprendre que si ce mouvement se veut autre
chose qu’un vulgaire spectacle qui perpétue cette civilisation, il devra reformuler
son opposition, mettre à bas son « pacifisme », attaquer son existence coloniale,
s’allier avec les plus oppriméEs, attaquer les infrastructures qui reproduisent ce
monde de guerre. À ce moment, nous pourrons vraiment parler d’un mouvement
révolutionnaire et vous verrez très rapidement s’effacer du 99% les policiers/les
policières, les militaires y compris les milices patriotiques et bien d’autres qui,
à moins de nous rejoindre et d’abandonner leurs fonctions, tenterons de vous le
faire payer, car c’est la guerre !!!
« Memmi argues that for decolonization to occur, the colonizers must leave. In most
decolonization struggles, the colonized push the colonizers to go home. This is not
the position I advocate, but certainly some Dakota people will express such
sentiments. How will you respond to this?
* If you are a colonizer rejecting colonizer status, are you were willing to do
whatever was necessary to assist in our liberation struggle, including killing,
dying, or life-imprisonment
* Are you willing to work to challenge the status quo rather than maintain it?
* Are you willing to take on a lifetime of ambiguity, uncertainty, moral torment
that is the life of a colonizer who rejects colonizer status?
* Are you willing to constantly engage in critical self-reflection and routinely have your white colonizer programming challenged? »
- De Understanding Colonizer Status de Waziyatawin dans Unsettling Ourselves, voir https://unsettlingamerica.wordpress.com
( J'ai écrit ceci le coeur léger et positif, et il n'est aucunement question du débat violence/non violence, là n'est pas la question. Je pose plutôt des questions sur les valeurs libertaires en lien avec les mouvements populaires.)
De plus, j'ai hésité un bon 24 heures à commenter, car je me suis dit: «les auteur-es» (anonyme) ne sont peut-être pas ouverts au dialogue de toute manière et, surtout, c'est aux gens à Occupons Montréal «qu'ils/elles» devront parler (honnêtement, ce texte pourrait provenir d'une seule personne, aucun collectif n'a signé).
Mais finalement j'ai quelques questions/réflexions ...
- Par ce processus de démocratie directe, et d'auto-éducation, on se sait pas encore où cela va mener. Tout ce débat social peut conclure à un refus « du capitalisme » (j'en doutes fortement car les définitions sont beaucoup trop variables; il faut nommer plus précisément le problème et la solution ou encore l'objectif positif). Par contre, vous avez raison que si une minorité censure ou interdit certaines propositions, on brise ironiquement la souveraineté de l'assemblée. Toutefois, si la majorité refuse votre proposition, une personne anarchiste devrait logiquement se dire que ce n'est malheureusement pas accepté pour le moment par le collectif.
- La philosophie anarchiste, ne veut-elle pas que le peuple s'auto-éduque et s'organise ? Cela peut exiger de la patience et de l'humilité.
- La création d'un mouvement populaire ou de masse, n'est-ce pas créer un rapport de force ? Vous n'aimez peut-être pas la stratégie des Occupants, mais si cela crée un mouvement de masse, on verra bien ensuite... À ma connaissance, AUCUN des mouvements de gauche au Québec n'est vraiment de masse (sans rancune).
- Si le peuple décide, collectivement, de revendiquer certaines réformes au lieu de révolutionner le système à votre goût, n'est-ce pas cohérent avec des principes anarchistes de respecter la volonté populaire issue d'un processus de démocratie directe ? Ce qui n'empêche en rien d'exprimer son désaccord et de lutter, mais l'auto-gestion par et pour le peuple peut donner une approche étapiste.
- Dans une assemblée populaire ou encore dans une société libertaire, n'est-il pas inévitable que des gens ayant des idées rétrogrades ou contraires soient présents aussi.
J'avoue toutefois que je n'ai jamais entendu parlé d'un moment dans l'histoire du Québec où la police aurait appuyé un mouvement populaire qui contestait les gouvernements québécois et canadiens. S'il y a eu des exceptions, lors de luttes syndicales par exemple, détrompez-moi, ça serait intéressant.
ps: Aux lecteur-trices non anarchistes : il faut préciser que le texte en question ne représente pas la position « des anarchistes/libertaires » en soi contre les Occupons Montréal ; en plus qu'il n'est pas signé par un collectif. Il représente bien quand même plusieurs critiques anarchistes. -- De même, je ne représente pas les anarchistes, n'étant pas reconnu comme tel par les autres de toute manière :P Je partage les valeurs et la philosophie libertaire, mais j'applique des stratégies diverses et incompatibles avec les dogmes.
et je partage certain points de vue du-de la-des auteur-e-s
je me prétendrai anarchiste le jour ou l on sera d accord sur ce qu est l anarchie. Ce qui est sur c est que je n aime pas recevoir d ordres.
si je répond a ce message c est qu en le lisant je me pose la question suivante : qui cet article sert il ?
et puis je me suis fait une remarque, si les autorités veulent discréditer les mouvements d occupation le meilleure stratégie serait de se faire passer pour des allié de la cause et de décrédibiliser les occupants par des messages anonymes.
A celui-celle-ceux-celles qui ont ecrit ce texte : HOCHELAGA signifie en Iroquois, la ou l on passe l hiver.
« Un anarchiste est un homme qui traverse scrupuleusement entre les clous, parce qu’il a horreur de discuter avec les agents. »
Georges Brassens
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