|
La journée «global change» du 15 octobreAnonyme, Sunday, October 23, 2011 - 18:11 (Reportage ind. / Ind. news report | Droits / Rights / Derecho | Globalisation | Resistance & Activism) Quelques informations sur la journée internationale du 15 octobre dite du Global Change Recueil non exhaustif d’informations à partir de la presse officielle et de médias alternatifs… Certains ont compté jusqu’à 952 manifestations dans 82 pays… On n’ira pas vérifier. Les lignes qui suivent ne sont pas un vrai bilan mais un survol et une tentative pour dégager les grandes tendances à un niveau très factuel. Les plus grandes manifestations dans l’Etat espagnol L’appel à manifester dans le monde entier pour un « changement global » a eu dans l’Etat espagnol un effet remobilisateur. La participation aux 80 manifestations du pays a même été supérieure à celle du 19 juin dernier. Il y avait eu environ 800 000 manifestants alors. Cette fois-ci, le chiffre du million a été très certainement dépassé. Ce qui a d’ailleurs surpris bien des acteurs de ce mouvement qui le voyait fragmenté par les multiples initiatives et thématiques, miné par les contradictions possible entre le local et le global, vidé par l’activisme un peu débridé qui laisse beaucoup de gens hors du coup, mis en second plan par les mobilisations sociales surgies en dehors du mouvement depuis la fin de l’été : enseignants à Madrid, personnels hospitaliers en Catalogne, journée d’action des syndicats anarcho-syndicalistes et combatifs le 19 septembre et bien d’autres… Mais le pessimisme ou les craintes se sont avéré non justifiés. A Madrid, cinq colonnes de manifestants, parties des extérieurs de la ville dès le matin, ont convergé vers la place centrale de Cibeles et, avec des dizaines de milliers d’autres personnes venus directement à ce point de convergence, ont ensuite envahi la Puerta del Sol et toutes les rues et les places environnantes. De nouveau, Sol brille. Le chiffre de 400 000 est avancé. La veille au soir, des étudiants s’étaient enfermés dans les locaux de l’Université Carlos III. Slogans appelant à un changement global, « Contre le Capital, Révolte sociale », dont un qui a été très repris : « S’il n’y a pas de solution, il y aura une révolution ». A Barcelone, une marée humaine entre 200 et 300 000 manifestants (les organisateurs parlent de 400 000, la police de 60 000) a envahi les artères centrales. Pas d’incidents, juste que les vitres de la Bourse n’ont pas résisté et ont volé en éclats… mais ça, ce n’est pas la première fois. Plus de 100 000 à Saragosse, 60 000 à Séville, autant à Valence. A Grenade, 20 000 manifestants derrière une banderole « Contre le dictature du capital. Pour un changement de système. Pour que tous/toutes décidions ». A Bilbao, plus de 10 000 personnes avec des interventions de groupes anti-militariste ou en faveur de la décroissance et des slogans contre le maire de la ville, responsable de l’expulsion récente de Kukutza, un centre social okupé historique. La liste est longue et impossible à reproduire. A signaler le record de mobilisation par rapport au nombre d’habitants : la localité de Mieres, dans les Asturies, haut lieu des luttes des mineurs dans les années 60 avec 15000 personnes dans les rues pour une agglomération de 45 000 habitants. Les banderoles ? « Ils nous demandent de voter, et nous + de démocratie », « Le capitalisme ne se réforme pas, il se détruit ». Des immeubles okupés pour héberger les expulsés A Madrid, après la manifestation, plus d’une centaine de personnes ont occupé un hôtel vide pour y loger les expulsés. Ils et elle y ont passé la nuit pendant qu’une cinquantaine d’autres sont restées sur le trottoir pour défendre le lieu. A Barcelone, sous la consigne « de l’indignation à l’action », trois actions étaient prévues à la fin de la manifestation : une en référence à la santé et aux luttes en cours dans ce secteur, une à l’enseignement et une autre au logement. Un immeuble vide de la rue Almagro a été occupé, là aussi pour héberger les personnes expulsées de leurs logements. Pendant ce temps, plus de 2000 manifestants se dirigeaient vers l’Hospital del Mar et d’autres vers la Faculté de Géographie de l’Université de Barcelone (UB-Raval), déjà occupé depuis le vendredi. Une première famille expulsée a été relogée dans l’immeuble occupé. Une action du même genre avait été réalisée à Saragosse après la manifestation du 19J mais l’immeuble avait été évacué par la police au bout de quelques jours. Qu’en sera-t-il maintenant ? Cette journée du 15 octobre est sans conteste un succès. Ceux qui espéraient un reflux du mouvement en seront pour leur frais, et ceux qui le craignaient seront rassurés. Même un quotidien de droite, très hostile, comme El Mundo reconnaît que ce 15 octobre « le mouvement du 15M a montré la force de ces journées de Mai et son symbole, la Place de Sol qui déborde » Beaucoup de monde dans les rues en Italie et au Portugal Pour l’Europe, on peut noter des mobilisations importantes dans trois autres pays : en Italie, au Portugal et dans une moindre mesure, en Grèce. Dans une Grèce en pleine effervescence sociale, où les manifestations deviennent quotidiennes ces derniers jours, le mouvement d’occupations des places proprement dit avait marqué le pas depuis l’été, au profit d’autres mobilisations, grèves et manifestations sociales de toutes sortes. Le 15 octobre, les “Indignés”, même s’ils étaient moins de 10 000 sur la place Syntagma, la moitié à Thessalonique, ont montré qu’ils constituaient un élément supplémentaire aux multiples mouvements de débrayages et de résistance sociale qui secouent le pays, à quelques jours d’un nouvel appel à une grève générale de 48h, les 19 et 20 octobre prochains, mais où certains secteurs vont au-delà et appellent à des grèves de 3 ou 4 et même 10 jours. Les journalistes des différentes chaînes publiques ainsi que de l’Agence de presse (ANA) qui sont en grève depuis jeudi dernier, ont annoncé qu’ils allaient retravailler juste pour donner les informations sur les mobilisations. A Thessalonique, des centaines de « motocyclistes en action » ont également manifesté. Au Portugal, les importantes manifestations de ce 15 octobre (près de 100 000 personnes à Lisbonne, beaucoup de monde dans les villes principales, Porto, Coimbra, Braga, Evora, Faro…), interviennent deux jours après qu’aient été rendus publiques les dernières mesures économiques drastiques du budget 2012 : suppression des primes de fin d’année des fonctionnaires (correspondant à deux mois – soit 14,3% sur l’année – d’un salaire déjà diminué de 5%) et des retraités gagnant plus de 1000 euros par mois, allongement de la durée du travail d’une demi-heure par jour dans le privé, hausse de la TVA sur de nombreux produits courants, réductions des dépenses dans la santé et l’éducation. Cette journée se situe entre la journée de manifestation du 1er octobre (à l’appel des syndicats) et les appels de la CGTP à « une semaine de lutte », avec grèves partielles, du 20 au 27 octobre. Les manifestations du 15 octobre, avec occupation des marches du Parlement, appels multiples à la grève générale et prises de parole lors d’une “Assemblée populaire” de plusieurs milliers de personnes, se situent dans ce contexte de remobilisation sociale mais font aussi écho à la journée de mobilisation “surprise” du 12 mars, lancée via Internet, par un mouvement informel de jeunes appelé “Gerações à rasca” (“génération à la traîne” ou “fauchée”). Dans ce pays, l’importance de ces manifestations convoquées en dehors des grandes organisations établies pourrait relancer les tentatives d’occupation de places publiques qui n’ont pas connu jusque là le succès du pays voisin. Une nouvelle « assemblée populaire » a été convoquée pour le lendemain (dimanche) sur la place située en face du Parlement ainsi qu’un appel à « des initiatives populaires de désobéissance civile pacifique » et une nouvelle journée de manifestation le 26 novembre prochain. Des références à la « révolution des œillets » se font entendre et sont palpables chez les plus anciens. Des militaires (l’Association nationale des sergents) ont même averti le gouvernement qu’ils ne réprimeront pas une révolte populaire consécutive des mesures sociales annoncées. En Italie, le 15 octobre intervient également dans un contexte de mesures économiques drastiques imposées par le capital et l’absence de riposte des syndicats, hormis la (timide) fédération de la métallurgie de la CGIL et celle des petits syndicats “combatifs” (USB) ou “de base” (COBAS). Environ 300 000 personnes ont manifesté dans tout le pays, et la plupart se sont retrouvés dans celle de Rome avec environ 200 000 personnes. Plus de 1000 bus et des dizaines de trains spéciaux avaient affrétés par un mouvement hors des partis et des grandes organisations. Au cours de la manifestation, un groupe a fait irruption dans un hôtel de luxe et crié des slogans. Pas mal d’affrontements et de dégâts : une annexe du ministère de la Défense en feu, plusieurs véhicules des carabiniers incendiés dont un camion blindé, des succursales bancaires, une agence d’intérim Manpower, quelques voitures et quelques poubelles… Plusieurs centaines de jeunes ont résisté pendant des heures place San Giovanni aux charges de la police. Près de 200 blessés dont trois grièvement (un manifestant à la main à cause d’un engin pyrotechnique). Manifestations dans d’autres villes. A Milan, des sacs de peinture ont été jetés sur les succursales bancaires se trouvant sur le parcours. Des signes de mobilisation à Berlin, Frankfort, Bruxelles, en Israël… Dans les autres pays européens, les rassemblements ont été beaucoup plus modestes. Mais toute de même près de 40 000 personnes en Allemagne et 10 000 rien qu’à Berlin (manif qui s’est terminée par une assemblée et la tentative avortée par la police de mettre en place d’un campement devant le Bundestag) et 6000 à Frankfort (où 200 personnes ont passé la nuit dans une trentaine de tentes), devant le siège de la Banque Centrale Européenne. 8000 à Bruxelles. Moins de 3000 à Londres, mais dans cette capitale de la finance, malgré un dispositif policier impressionnant, 250 personnes ont décidé dimanche de commencer un campement permanent dans le parc situé en face de la cathédrale Saint Paul. Peu de monde à Amsterdam, mais 300 ont passé la nuit sur la place de la Bourse. Quelques centaines à Paris, Varsovie, Stockholm, Sarajevo, Ailleurs, difficile de faire la moindre recompilation. En Israël, plus de 100 000 manifestants à Tel Aviv, Haïfa, Jérusalem, Kiryat Shmona… Du monde, mais moins que les plus grandes manifestations du mois de l’été. En Asie et Océanie, les rassemblements ont été modestes. Ils et elles étaient 300 à Tokyo et ont défilé devant le siège de TEPCO, l’opérateur de Fukushima. 200 à Hong Kong et à Singapour, 100 à Séoul et à Taiwan…mais 2000 à Sydney et un peu moins dans les autres grandes villes d’Austraile, de même qu’à Auckland et Wellington en Nouvelle Zélande. En Amérique latine, c’est au Chili que les manifestations ont été les plus fournies. A Santiago, plus de 30 000 personnes ont manifesté jusqu’au palais de la Moneda, avant de se replier dans un parc, avec deux thèmes principaux liés à l’actualité et au contexte (le conflit universitaire en cours et la lutte du peuple Mapuche) mais aussi contre les mégaprojets hydroélectriques dans la Patagonie chilienne. Mainfestations aussi à Valparaiso, Arica, Concepción, Aysén. Le mouvement étudiant appelle à deux journées de mobilisation les 18 et 19 octobre. Un millier de personnes à Buenos Aires, moins dans les villes de Lima, Sao Paulo, Brasilia, Panamá, Quito, Mexico, Puerto Rico, República Dominicana… Aux Etats-Unis, le mouvement a essaimé et les occupations d’espaces publics (avec ou sans campement) ont lieu maintenant dans plus de cent villes. Dernière campement installé : Miami. Des manifestations se sont déroulées dans de nombreuses villes. Plusieurs milliers de manifestants à New York City (avec des arrestations), à Washington DC, Los Angeles… A Chicago, près de 200 manifestants ont été arrêtés lors de l’évacuation d’un parc où ils voulaient passer la nuit. Le 16 octobre Dernière minute : A l’heure où nous mettons ce texte en ligne, ce lundi matin, un blitz policier d’envergure est en cours en Italie, officiellement pour arrêter les coupables des violences de la manifestations de Rome. On parle d’une centaine de descentes de police chez des particuliers et dans des locaux politiques, centres sociaux, etc. à Milan, Florence, Padoue, Livourne, Palerme, Bologne… Italie : quelques infos sur les suites de la manifestation du 15 octobre à Rome Apparemment, la manif de Rome samedi dernier n’en fini pas de provoquer pas mal de réactions. D’abord des descentes de police dès lundi matin, dans pas mal d’endroits, notamment les centres sociaux et locaux de l’aire « anarcho insurrectionnelle » et « autonome antagoniste ». Sans résultat en terme d’arrestation semble-t-il. Sauf les 12 personnes arrêtés le samedi, dont 4 avant la manif. Parmi eux et elles : 4 mineurs, 2 femmes. Un treizième manifestant très filmé pendant la manifestation a été identifié et arrêté lundi. Mais ce n’est pas tout. Le maire de Rome a pris un arrêté interdisant les manifestations dans toute la partie centrale de Rome pendant un mois. Ne seront autorités que les rassemblements et les sit-in… Une manifestation de la FIOM (Fédération de la métallurgie de la CGIL) des travailleurs de FIAT prévue pour vendredi prochain est, de fait, interdite. Le ministre de l’Intérieur Maroni a accusé « la violence aveugle de 3000 encapuchonnés d’avoir éclipsé la protestation pacifique de milliers de personnes. Ils voulaient des morts, comme à Gênes ». Restrictions aux libertés de manifester Il a aussi annoncé de nouvelles lois concernant les affaires de troubles à l’ordre public et la résurgence d’un « terrorisme urbain » (sic). Devant le Parlement, il s’est plaint que les lois actuelles ne permettent pas des arrestations préventives de personnes soupçonnées de pouvoir commettre des violences. Là, il défendait son rôle, son poste et l’action de la police. Il cherche donc, « assisté par le ministre de la Défense » comme le dit La Reppublica, à changer le cadre légal afin de pouvoir prévenir et empêcher les manifestations violentes. Il a aussi demandé en Conseil des ministres que soient effacées les coupes budgétaires de son ministère prévues les prochaines années. « J’ai obtenu du ministère des Finances, et ça n’a pas été facile, le déblocage de 60 millions d’euros en 2011 pour les dépenses nécessaires de gestion de l’ordre public, 30 millions maintenant et 30 millions à la fin de l’année ». Les organisateurs de manifestations devront aussi verser une garantie financière pour obtenir le droit de manifester et paieront la casse. Il a rendu responsable des violences certains centres sociaux comme “La Gramigna” de Padoue, “Askatasuna” de Turin, “Acrobax” de Rome, les Pirates de Milan, les CARC de Rovereto [marxistes léninistes], les skinheads du RASH, et les franges Ultras en relation avec les “Fedayins Romains”, sans oublier les « chômeurs organisés napolitains », même si « l’aire d’influence est principalement anarchiste ». Val de Susa et un « nouvel automne chaud » Il a ensuite parlé du contexte, la manifestation en Val de Susa samedi prochain et aussi parce qu’ « on annonce un nouvel automne chaud » lié aux mesures prises par le gouvernement. « Cet été en Val de Susa il a été possible de voir la recrudescence du phénomène insurrectionnel. La protestation « No Tav » de samedi prochain est un laboratoire idéal pour expérimenter les pratiques de guérilla en prévision d’un automne chaud » Apparemment, ce n’étaient pas quelques centaines de jeunes qui se sont affronté aux flics, mais bien plus que ça. Le ministre de l’Intérieur parle de 3000 et certains témoignages de manifestants disent aussi plus ou moins la même chose : peut-être un millier se battaient vraiment mais des milliers les accompagnaient et les encourageaient, beaucoup de jeunes voire de très jeunes et aussi des ouvriers de Promigliano (FIAT). Toute l’aire la plus réformiste du mouvement, comme Luca Casarini, pour qui ces gens là « sont des ennemis », se démarque bruyamment et veut isoler les “violents” et ceux qui les défendent. D’autres insistent sur la nécessité de ne pas tomber dans le rhétorique simpliste de la presse qui divise les bons et les mauvais, mais soulignent l’importance d’un débat ouvert sur les pratiques de lutte qui, jusqu’à un certain point peuvent se compléter et s’additionner mais aussi bien, dans d’autres cas, diviser et détruire un mouvement. D’autres encore avancent que l’on ne peut pas minorer ce qui s’est passé, que d’un côté le comportement de la police a été criminel (en chargeant la manif avec des blindés) et que le niveau de l’affrontement correspond à des déterminations sociales et politiques, que les milliers de personnes qui ont opposé une résistance acharnée aux charges policières ont exprimé une colère, une rage qui est maintenant diffuse dans le tissus social et qui est produite par les conditions de vie que cette société impose… qu’on ne peut pas applaudir les révolutionnaires de la place Tahrir ou de Tunisie et s’“indigner” ou hurler au complot pour une voiture ou une benne à ordure brûlée… (la plupart des dégâts étaient Manpower, des banques, des véhicules de police) « Guérilla ». « Terrorisme ». « Nouveaux brigadistes »… Les mots sont importants et ils tournent en boucle dans les médias. Pendant que des syndicats de policiers manifestent pour obtenir plus de moyens, quelques politiciens évoquent déjà la nécessité de réintroduire la loi Reale de 1975 [perquisitions et arrestations sans mandat judiciaire] qui inaugura toute une série de lois spéciales dans l’Italie des années 70. Alors, stratégie de la tension du gouvernement ou vraie crainte d’une situation devenant de plus en plus incontrôlable en pleine crise sociale et montée de la protestation ? En tout cas, l’introduction de lois spéciales et l’augmentation du budget de la police n’augurent rien de bon. = = = = = Sources : La Reppublica, La Stampa. Infoaut, Indymedia... Et aussi Globl Project Info http://www.globalproject.info/ Ateneinrivolta Informa-azione Info http://www.informa-azione.info/ Et les affreux La Gramigna (Padoue) Laboratorio Acrobax (Rome) CSOA Askatasuna (Tunin) |
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|