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Le mouvement des "Indignés" en EspagneAnonyme, Sunday, May 29, 2011 - 12:17
PCInt
Le 15 mai, 7 jours avant les élections municipales et régionales qui devaient avoir lieu dans presque tout l’Etat espagnol, des milliers de jeunes, précaires et étudiants, ont commencé à se réunir à Madrid, sur la place « Puerta del Sol » avec l’intention d’y installer un campement, pour protester contre « le système de deux partis » , derrière le slogan « la démocratie réelle, maintenant! ». Après avoir été délogé au petit matin, ils revinrent les jours suivants en nombre croissant. Au milieu d’une campagne électorale les plus intenses de ces dernières années qui devait s’achever par une victoire retentissante du Parti Populaire, y compris dans les bastions traditionnels du Parti Socialiste au pouvoir, ces manifestations, qui durent jusqu’à aujourd’hui, ont lancé une série de proclamations centrés sur une large réforme des institutions, de façon à permettre une véritable participation populaire dans le système de gouvernement. La corruption, la bureaucratie politique, le chômage, ..., sont inévitables dans le capitalisme. Deux années de crise ont infligé une terrible aggravation des conditions d’existence de la classe prolétarienne, l’augmentation du chômage, la hausse du prix des produits de base, l’intensification des rythmes de travail, la baisse des salaires… Et cette offensive de la bourgeoisie contre la classe ouvrière a trouvé dans les syndicats jaunes, collaborationnistes, une garantie de maintien de la paix sociale, en paralysant les travailleurs par la croyance que la seule façon d’améliorer leur situation est de répondre aux attaques par la compromission systématique avec les autorités. L’influence du collaborationnisme des partis et syndicats soi-disant ouvriers a permis de garder le contrôle de la situation non seulement au niveau général, en refusant toute grande manifestation nationale ou régionale, mais aussi au niveau plus élémentaire, en refusant par principe tout recours à la grève, y compris dans des entreprises et usines isolées, face à toute décision patronale qui dégrade les conditions de travail des prolétaires. Mais les effets de l’aggravation de la situation matérielle du prolétariat dans le monde n’ont pas pu être partout contenus par les digues érigées par l’opportunisme politique et le collaborationnisme syndical pour freiner la réaction naturelle des prolétaires. Les mots d’ordre de « démocratie » « liberté politique », etc., expriment les aspirations de cette petite-bourgeoisie qui s’est mise à la tête de la lutte et qui oriente le mouvement des prolétaires et des masses prolétarisées vers des objectifs interclassistes, nationalistes et de cohésion sociale finalisés vers la développement du pays. La réponse prolétarienne normale à une situation de très grave crise, qui en arrive à mettre en danger la survie physique, débouche pour cette raison sur un mouvement qui peut accélérer le retour à la lutte classiste du prolétariat, mais qui n’y arrive pas automatiquement car il est encore contenu par le terrible poids de l’influence bourgeoise dans les limites de la lutte démocratique. Les conséquences en Espagne de la crise économique sur le prolétariat n’ont pas été aussi dévastateurs que dans les pays de la périphérie capitaliste, en raison de la persistance d’amortisseurs sociaux concédés par la bourgeoisie durant les décennies de croissance économique pour atténuer les tensions sociales. Ce fait, lié à l’action au sein des rangs prolétariens des agents de la bourgeoisie que sont les forces de l’opportunisme ouvrier et du syndicalisme jaune pour garantir la réalisation de toutes les mesures anti-ouvrières nécessaires au capitalisme (agissant comme de véritables pompiers sociaux et organisant la passivité ouvrière à tous les niveaux), a permis le maintien de la paix sociale malgré la dégradation rapide des conditions de vie et de travail de secteurs toujours plus nombreux du prolétariat. La revendication générale qui donne son nom au mouvement, « la démocratie véritable maintenant !» résume parfaitement ces aspirations. La démocratie est le système de gouvernement utilisé préférentiellement par la bourgeoisie depuis son époque révolutionnaire. C’est le système qui se base , au moins en théorie, sur l’ égalité des citoyens pour régir la chose publique. Mais les conditions naturelles mêmes du capitalisme impliquent que la société qui de développe sur cette base se divise en deux clases opposées : la classe qui possède les moyens de production, la classe des bourgeois, et la classe des sans-réserves, qui ne peut vivre qu’en vendant sa force de travail, la classe des prolétaires. Ces deux classes sont en permanence opposées, jusque dans les moindres aspects de la vie de tous les jours, parce que la domination sociale de la bourgeoisie dépend de l’exploitation toujours plus grande du prolétariat, dont est extrait la plus-value qui garantit sa survie comme classe dominante. De leur côté, les prolétaires sont poussés à lutter tant contre cette exploitation croissante que, à certains moment de grande tension sociale, contre la domination même de la bourgeoisie . La démocratie apparaît alors comme le système de gouvernement utilisé par la bourgeoisie pour obtenir le consensus du prolétariat en lui inculquant continuellement la force de l’interclassisme, de l’intérêt national supérieur au nom du quel il doit accepter toutes les concessions. Plus de démocratie, par conséquent, signifie inévitablement plus de capitalisme. La prolétariat ne peut sans aucun doute être indifférent à ce type de mouvement. En premier lieu parce qu’il est lui-même infecté du virus démocratique et qu’il voit dans ces mobilisations le reflet de sa croyance dans la justice sociale promise par la bourgeoisie elle-même. Mais aussi parce que sa situation de classe exploitée, en absence d’une perspective sérieuse et réelle de reprise de la lutte anticapitaliste, ne peut pas ne pas trouver dans la lutte pour une démocratie « authentique » un substitut à sa lutte de classe : ce type de mouvement peut être pris pour un substitut pour la lutte de la classe ouvrière sur le terrain immédiat, pour la défense de ses conditions de vie et de travail. En fait, devant l’inexistence d’un réformisme politique syndical crédible sur le terrain de la défense, même seulement en paroles, des intérêts ouvriers, des mouvements comme celui du 15 mai peuvent jouer le rôle d’un réformisme de rechange, là où le réformisme traditionnel a perdu de son influence à la suite de sa longue histoire de collaboration avec la bourgeoisie. Quand les prolétaires ressentiront dans leur chair l’ardente nécessité du communisme et qu’ils verront la possibilité de sa réalisation pratique, alors le sentiment hypocrite et religieux de l’indignation arboré aujourd’hui par la petite-bourgeoisie en tant qu’expression de sa morale de boutiquier, laissera la place au sentiment sain de haine mortelle envers la bourgeoisie et ses laquais, à la nécessité impérieuse de la violence envers ses défenseurs. Alors disparaîtra définitivement la résignation et renaîtra l’espoir dans un avenir sans exploitation. Pour la défense intransigeante des conditions de vie et de lutte de la classe prolétarienne ! Contre la démocratie, système de gouvernement de la bourgeoisie qui emprisonne la prolétariat dans la paix sociale ! Contre toute concession à l’idéologie bourgeoise ! Pour la constitution du parti communiste Mondial ! Pour la société de l’espèce humaine, sans division de classes ni exploitation de l’homme par l’homme, pour le communisme ! |
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