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Parlons élections: le vote un outil de démocratie?changerlmonde, Wednesday, April 20, 2011 - 10:43
Manuela S. Teigeler
Le vote: ce glorieux moment, qui selon certains, représente l'apogée même de la démocratie. On préconise qu’il donne une voix à tous, des plus démunis aux plus aisés, qu’il contribue à façonner la société future et qu’il détermine qui aura quoi, comment et combien. Ainsi, dans l’imaginaire du peuple le vote devient un moment où le citoyen se sent en pouvoir et même en devoir de contribuer au bon fonctionnement de sa société. Selon le Larousse, la démocratie est un «système politique, une forme de gouvernement dans lequel la souveraineté émane du peuple.» Si nous parlons de souveraineté, nous parlons de pouvoir suprême, voir de pouvoir absolu qui emporte sur tous les autres. En autre mot, lorsque le citoyen vote, son vote doit être considéré comme un acte souverain, sa voix, son choix doit emporter sur le reste pour que l'acte mène à la démocratie. Cependant, dans nos sociétés modernes, les forces politiques ne résident plus juste entre les mains des citoyens. Il est aussi dans les mains des groupes d'intérêts qui eux, ont la capacité de rivaliser contre le pouvoir souverain du peuple. Ces groupes d'intérêts vont s'interposer entre les individus, leur vote et le pouvoir qui en résulte. C'est à dire, l'acte de voter devient piégé entre un acte qui devrait être démocratique, souverain et la puissance des groupes d'intérêts qui détermineront si le vote sera respecté. La liste des groupes d'intérêts est longue mais nous pouvons les diviser en deux grandes catégories: les groupes d'intérêts publique, surtout financés par le public comme le gouvernement, et les groupes d'intérêts privés, surtout financés par le privé comme les grandes entreprises. Le pouvoir d’un groupe d'intérêt réside dans sa force et sa capacité de s'imposer sur l'état actuel de la société. Dans le système économique et politique néolibéral de nos jours, le pouvoir revient à celui qui détient le capital et le financement. L'argent émane de la sphère publique, produit par le gouvernement, mais ce n'est pas elle qui le détient. C'est plutôt la sphère privé, les grande entreprises, qui détiennent le pouvoir économique et alors le pouvoir d'imposer leur volonté sur le gouvernement et la société civile. En autre mots, «La démocratie tend ainsi à se transformer en un vaste ensemble d'organisations corporatistes, où la puissance remplace la légitimité»1. Dans ce contexte, la crise démocratique actuelle est devenue incontournable. Ce déficit démocratique est caractérisé par un pouvoir technocratique au sein du gouvernement et par un pouvoir d'associations corporatives qui ont tendance à se substituer aux élus. Par sa nature même, elle engendre une réduction du pouvoir souverain des citoyens. Dans cette optique, les abstentions de vote deviennent l'indicateur du déficit démocratique car sentant que leur pouvoir souverain est bafoué, les citoyens se désistent à voter (40% en 2008 au Canada)2. D’une part, il est possible d’accuser les citoyens et les politiciens de manquer à leur devoir en tant que membres actifs de la société. D’autre part, il est aussi possible d’accuser les groupes d’intérêts puissants de s'imposer financièrement sur le pouvoir souverain et d'utiliser les masses médias en tant qu’outils de manipulation de l'opinion publique et outils de propagande pour leur intérêts. Peu importe sur qui on décide de mettre le blâme, cela rime à une démocratie biaisé: les citoyens n’ont pas les outils ni le pouvoir souverain pour faire un choix éclairé et la désinformation politique mêlée au pourvoir d'influence des groupes d'intérêts supplantent le sens même du vote. En autres mots, le citoyen qu’il vote ou qu’il s’abstient est souvent dans l'incapacité non seulement d’expliquer de manière claire son choix politique mais aussi dans l'incapacité d'exercer son pouvoir souverain à travers le vote. Ceci se reflète à plusieurs niveaux que cela soit dans le manque de diversité de choix politique ou dans la système non représentatif des votes, ou abstentions, actuel. Malgré tout, le fait de voter ou pas est un choix politique qui a un poids lourd dans l’évolution d’une société. Et ce car si on s'abstient, on crée un vide politique facilement manipulable par les groupes d'intérêts. Cependant le vote n’est exercé qu'une fois chaque quatre ans. Une société, avec toutes ses valeurs, ses rêves, ses réussites ou ses échecs, est construit dans le quotidien. Jours par jours, heure par heure, les citoyens, les groupes d’intérêts, les médias construisent le monde dans lequel nous vivons. Il ne suffit pas de voter ou de s’abstenir une journée par quatre ans pour contribuer à la démocratie ou pour dénoncer son déficit. Pour imposer le pouvoir souverain du peuple, le citoyen doit développer une nouvelle stratégie. Celle-ci doit prendre racine dans l'implication politique quotidienne de chacun. Le choix de produits qu’on consomme, la signature d'une pétition ou la diffusion d'information alternative sont des gestes qui combattent le défaitisme face à un système de plus en plus défaillant démocratiquement. La vraie démocratie réside en chacun de nous. Chaque individu exerce son pouvoir souverain dans sa manière de s’intéresser et d’interagir dans la société qui l’entoure. Alors, notre devoir en tant que citoyen actif de notre société réside plutôt dans les actes que nous posons en dehors du bureau de scrutin. Enfin, que nous votons ou que nous nous abstenons, la souveraineté qui émane du peuple ne peut exister que si nos gestes quotidien sont complémentaires à nos convictions politiques et nos aspirations sociétales.
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