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France : Les syndicats contre une lutte réelle en défense des retraitesAnonyme, Sunday, October 10, 2010 - 13:02
PCint
L'éditorialiste d'un quotidien patronal écrivait le 30 septembre que «l'opinion publique» était «interloquée de voir les syndicats renoncer à pousser leur avantage» (1); et il expliquait à ses lecteurs bourgeois sans doute perplexes qu'il n'y allait pas avoir de grève reconductible, parce que «les grandes confédérations syndicales en ont peur», même si «de plus en plus nombreux étaient les manifestants désireux de franchir un nouveau cran dans la mobilisation». Selon lui, trois raisons expliqueraient l'attitude des syndicats: ils auraient peur de l'échec d'un mouvement de grève reconductible, ils redouteraient le danger de coupure entre travailleurs du public et du privé en cas de grève, et ils craindraient de perdre le contrôle d'un mouvement dont ils «n'attendent plus vraiment qu'il débouche sur des concessions de la part du pouvoir», avec le risque de «renforcer les organisations extrémistes comme SUD-rail». L'éditorialiste n'a pas pris la peine de préciser que ces «extrémistes» font partie depuis deux ans de l'intersyndicale dont il loue le «comportement responsable adopté depuis le début du mouvement»... LA SALE BESOGNE DU COLLABORATIONNISME SYNDICAL La réalité est que les grandes confédérations syndicales, en France comme ailleurs, sont des organisations collaborationnistes dont la raison d'être - et plus trivialement le financement par le réseau des institutions de la collaboration entre les classes - est de ne soutenir les revendications prolétariennes que dans la stricte mesure où elles ont compatibles avec les exigences de l'économie et de l'entreprise capitalistes. Chacune de ces confédérations occupe sans doute un créneau particulier, correspondant aux catégories de salariés à laquelle elle s'adresse; la CFDT est la première à reprendre ouvertement les exigences bourgeoises alors que la CGT est obligée de se montrer un peu plus revendicative en paroles; quant aux syndicats plus petits comme SUD (Solidaires) qui regroupe des éléments critiques par rapport à la CFDT et à la CGT, ils doivent tenir un discours combatif. Mais tous s'emploient dans les faits à éviter que n'éclate une lutte réelle. Principale force de l'intersyndicale, la CGT a les rapports les plus suivis avec le gouvernement qui espère bien qu'elle continuera à garder le contrôle du mouvement. Si, au grand émoi de la presse, certaines fédérations syndicales, CGT et autres, ont déposé des préavis de grève pour les jours qui suivent le 12 octobre, aucune n'a lancé d'appel à une grève reconductible, et encore moins à une grève générale illimitée (le 7/10 sur RTL, le dirigeant de la CGT Thibault disait que la grève générale était un «slogan abscons»). Il est vrai que Solidaires a dernièrement critiqué l'intersyndicale et repris à son compte l'objectif de «retrait du projet de loi» que l'intersyndicale refuse. D'ailleurs Annick Coupé, porte-parole de Solidaires n'a-t-elle pas affirmé dans une interview au «Monde» (3) qu'il fallait «un affrontement central avec ce gouvernement»? Fortes paroles, mais qui pour être crédibles, n'auraient pas dû être suivies par un sacré bémol: «personne ne peut dire à l'avance quelle forme cela peut prendre: grève générale, grève reconductible, manifestations à répétition... La question n'est pas de décider à la place des travailleurs, mais de porter cet objectif (...) L'unité syndicale reste décisive pour les mobilisations et nous y sommes attachés car nous voulons gagner». On nous rétorquera peut-être que des syndicats Solidaires ont déposé des préavis de grève reconductible dès les dernières manifestations; cela s'explique sans doute par le désir de certains adhérents de ces syndicats de sortir de l'impasse mortelle dans laquelle l'intersyndicale dévie le mécontentement; mais cela a encore moins de valeur pour prétendre que Solidaires a une orientation différente de la CGT ou de la CFDT que la décision de FO d'appeler à un jour de grève générale; dans les deux cas il ne s'agit que de récupérer le mécontentement de certains secteurs du prolétariat ou de ne pas se laisser déborder par ses adhérents. Les AG de grévistes ou de manifestants qui se sont déroulées dans certains endroits, sont condamnées à l'impuissance tant qu'elles en restent aux orientations de leurs organisateurs: unité syndicale ou pression sur les syndicats pour qu'ils se mettent à organise une vraie lutte. Par exemple, l'appel des «Syndicalistes pour la grève générale» (4), non seulement n'ose pas faire une critique ouverte du sabotage des organisations collaborationnistes, mais tient à préciser que sa «démarche n'est pas proclamatoire (...). Il ne s'agit pas d'exiger des structures syndicales nationales d'agir en dehors des mandats décidés dans le cadre de leur fonctionnement interne». LE SUIVISME DE L'EXTREME GAUCHE Ce n'est évidemment pas ce que font les organisations dites d' extrême gauche. Le NPA trouve que le calendrier de l'intersyndicale est «tardif», qu'il aurait «dû être plus resserré, plus offensif», mais sa très timide critique ne va pas jusqu'à expliquer comme le journaliste bourgeois que nous avons cité, que l'intersyndicale est opposée à une véritable lutte. Lui aussi appelle à «aller vers la reconduction de la grève pour construire (re-sic!) la grève générale» (5) (le style est aussi contourné que l'orientation politique), comme si le problème de qui dirigerait cette éventuelle grève n'avait pas lieu d'être; cela veut dire que le NPA, comme nos syndicalistes unitaires, entend laisser aux appareils syndicaux la direction du mouvement: la défaite est assurée... De son côté, «Lutte Ouvrière» va encore moins loin; on chercherait vainement dans les pages de son hebdomadaire une critique quelconque de l'action des syndicats; au contraire; on peut lire au contraire que les propositions des dirigeants syndicaux «ouvrent une perspective de mobilisation pour le monde du travail. Il faut s'en saisir» (6); ou que c'est «du devoir des confédérations syndicales de faire en sorte que le mouvement ne s'arrête pas le 23 septembre» (7) Les travailleurs ne pourront avancer sur la voie de la lutte réelle que lorsqu'ils cesseront de voir dans les organisations collaborationnistes des soutiens indispensables à leurs revendications; lorsqu'ils commenceront à s'organiser indépendamment de l'influence désastreuse de ces professionnels de la collaboration entre les classes. Mais il leur faudra aussi rompre avec tous les faux amis, avec tous les prétendus révolutionnaires qui ne veulent ni ne peuvent être autre chose que les valets de ces grandes organisations et partis réformistes. La défense contre les attaques bourgeoises impose le recours à la lutte ouverte, à la grève, menée avec des méthodes de classe. Appeler à la grève ne suffit pas, il faut que cette grève soit réellement conduite de manière combative: blocage effectif de l'entreprise avec des piquets de grève pour empêcher les non-grévistes de travailler, non respect du service minimum (mis en place pour brider l'efficacité des grèves), organisation d'actions envers les autres entreprises pour les pousser à entrer en grève à leur tour (et non de ridicules actions «symboliques» comme faire du bruit sous les fenêtres des députés de droite!), etc. Mais cela exige que la grève soit organisée de façon classiste: formation de comités de grève chargés de cette organisation, responsables devant tous les travailleurs et non désignés par les appareils syndicaux, sur la base de la revendication claire du retrait du projet qui se coordonnent entre eux pour arriver à une unité toujours plus grande des travailleurs en lutte et qui appellent, non à une grève reconductible jour après jour qui a le grave inconvénient de faciliter les manoeuvres d'usure de l'adversaire, mais à une grève illimitée jusqu'à la satisfaction de la revendication. Ce sont là les méthodes élémentaires de la lutte classiste que des décennies de pratique de syndicalisme «responsable» à l'enseigne du «partenariat social» ont fait oublier aux prolétaires. L'inévitable aggravation des attaques lancées par les bourgeois pour remédier aux difficultés de l'économie capitaliste, les remettront cependant de plus en plus à l'ordre du jour. Ce sont ces attaques qui poussent et pousseront les prolétaires à la lutte et qui leur feront faire l'expérience directe et concrète de ce que valent les discours et les orientations des uns et des autres. Ce sont elles qui, conduisant à la reprise de la lutte de classe, leur faisant ressentir en conséquence de façon de plus en plus pressante le besoin de l'organisation et du parti de classe, pour un combat qui ne sera plus seulement défensif mais débouchera sur l'assaut contre le capitalisme. Parti Communiste International (1) cf Les Echos, 30/9/10. |
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