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Quarantième anniversaire de la belle aventure de LS-Radio (1970-71)saguay, Tuesday, October 5, 2010 - 12:51 À la fin de l'été 1970, Michel Trahan, un animateur de radio pas comme les autres, et sa bande de copains à l'imagination sans limite, révolutionnent le monde des médias québécois sur les ondes de CFLS (LS-Radio) à Lévis. L'aventure dura à peine neuf mois mais s'inscrira à jamais dans l'histoire grâce à l'innovation de sa formule. On en parlera jusque dans le Vancouver Sun et même à l'ONU qui offre à la station de passer sur ondes courtes pour une diffusion internationale. Il y a quarante ans, en septembre 1970, Michel Trahan, un animateur de radio pas comme les autres, et sa bande de copains à l'imagination sans limites, révolutionnent le monde des médias québécois sur les ondes de CFLS (LS-Radio) à Lévis. L'aventure dura à peine neuf mois mais s'inscrira à jamais dans l'histoire grâce à l'innovation de sa formule caractérisée par la participation des auditeurs et la flexibilité de la programmation. On en parlera jusque dans le Vancouver Sun et même à l'ONU qui offre à l’équipe de passer sur ondes courtes pour une diffusion internationale. Dans une entrevue exclusive accordée par Michel Trahan, directeur des programmes, et Gaston Binet, animateur, le 22 septembre dernier au siège social de la Fondation littéraire Fleur de Lys à Lévis, les deux artisans de LS-Radio nous ont livré de nouveaux détails croustillants au sujet de cette aventure radiophonique historique.
Les p’tits hommes verts débarquent ! Le matin venu, Michel Trahan arrive à la station et se retrouve devant une énorme pile de messages. Parmi ces derniers, une note de rappeler la police de Ste-Foy. «Vous avez fait peur au monde hier avec vos p’tits hommes verts en pleine panne de courant», lui rapporte l’agent de police. Les p’tits hommes verts, c’était le nom donné par le premier auditeur en ligne ce soir-là aux soldats de l’armée canadienne en déploiement au Québec lors de la Crise d’octobre. Mais jamais personne ne les désigna de leur vrai nom, préférant l’expression «les p’tits hommes verts, sans doute pour éviter les représailles. Mais pour les auditeurs ne pouvant pas constater de visu la présence de ces p’tits hommes verts, l’expression laissait planer l’idée… d’extraterrestres. «Ce n’est que plus tard dans la journée que nous avons fait le rapprochement entre notre soirée des p’tits hommes verts et le canular d’Orson Welles» se rappelle Trahan et Binet. En effet, le 4 octobre 1938 sur les ondes radio de CBS à New York, le dramaturge Orson Welles diffuse une adaptation théâtrale de «La guerre des mondes» de HG Wells au cours de laquelle un présentateur de CBS annonce et commente l’arrivée des Martiens sur Terre. Près d’un million d’auditeurs se feront prendre au jeu et croiront alors que les États-Unis sont attaqués par les Martiens. Les soldats en permission de l’armée stationnée au port de New York seront rappelés en service pendant l’émission. LS-Radio venait donc de répéter, à une moindre échelle, l’expérience à Lévis à une différence prêt : Orson Welles avait tout planifié lui-même tandis qu’à LS-Radio l’initiative revient aux auditeurs, et ce, grâce à la formule d’animation qui permettait aux animateurs de transmettre en ondes les appels des auditeurs en tout temps.
La « visite » est arrivée La station se présentait avec succès comme le pôle positif face à Montréal alors devenue bien malgré elle un pôle négatif avec cette Crise d’octobre.
La visite à l’Organisation des Nations Unies (ONU) La nouvelle fera rapidement le tour du Québec. À la veille de son départ, Michel Trahan reçoit quelques appels de menaces : «Ne va pas vendre notre radio aux Américains.» Sur la première page de l’hebdomadaire la Tribune de Lévis on voit les deux représentants de LS-Radio monter à bord de l’avion sur le tarmac de l’aéroport de Québec. L’objectif de la rencontre a tout pour permettre de cerner la nouveauté de la formule radiophonique expérimentée à Lévis. L’ONU veut que l’équipe de LS-Radio déménage à son siège social, dans les locaux de la direction de la radiodiffusion, et diffuse sur ondes courtes pour devenir internationale. Michel Trahan se souvient de la réaction des Français lors de cette réunion à l’ONU : «Votre formule de radio n’est pas bonne pour l’Afrique». Michel Trahan rétorque : «Notre formule est universelle». Michel Trahan garde aussi en mémoire la question adressée à André Rhéaume, jusque-là plutôt silencieux : «Qu’est-ce que vous pensez de l’ONU ?». La réponse témoigne de la franchise qui fait alors la marque de plusieurs animateurs de LS-Radio : «C’est une patente qui ne marche pas. Je n’ai aucune confiance dans l’ONU.» Finalement, André Rhéaume dira qu’il n’a pas l’intention de faire de la radio dans un «bunker» et Michel Trahan ajoutera «Nous autres, ça se passe à Lévis». Ainsi venait de prendre fin le rêve de l’ONU de s’approprier la formule de Lévis. Quarante ans plus tard, Michel Trahan n’a aucun regret. Mais avant de quitter l’édifice, les deux comparses de LS-Radio rendent une petite visite au bar de l’ONU. «Je me rappelle, raconte Michel Trahan, que l’un des deux ambassadeurs sur place m’a demandé, en regardant la carte du monde en bronze : «Pourquoi voulez-vous vous séparer, le Québec ? Le Canada est un si beau pays.» Et seul Michel Trahan pouvait servir une telle réponse : «On ne veut pas se séparer. On veut se souder (au reste du monde)». Une visite de courtoisie à l’ambassadeur du Canada conclut le voyage. À la suite de la réception de la lettre d’invitation officielle de l’ONU, Michel Trahan s’était demandé s’il devait en aviser le l’ambassadeur canadien. «Non, c’est LS-Radio l’invitée, non pas le gouvernement canadien» se dit-il. Il prit l’initiative d’une courte visite improvisée à l’ambassadeur du Canada. «Oui, nous sommes au courant de votre visite à l’ONU» affirma l’ambassadeur en ajoutant : «Si vous voulez, je peux vous mettre en contact avec Pierre Elliot Trudeau (alors Premier ministre du Canada)». «Non, non, ce ne sera pas nécessaire» répondit Michel Trahan, davantage préoccupé par les aspirations du Québec que celles du Canada.
« Où vous prenez ça cette musique-là ? » «Je me souviens de la sortie de la chanson «My Sweet Lord» de George Harrison. On l’a fait joué au moins six fois en boucle. L’aventure nous demandait beaucoup d’énergie et nous étions un peu fatigués au moment de la sortie de cette chanson et elle agit sur l’équipe comme un «Red Bull», raconte Gaston Binet. Improviser au lieu de suivre des feuilles de route préétablies en discothèque requiert effectivement beaucoup plus d’énergie mais l’aventure de LS-Radio a transformé à jamais à la fois les animateurs et les auditeurs de l’époque, tout comme leurs relations. Invités partout, même là où on ne l’attendait pas ! Michel Trahan se rappelle de l’invitation faite à LS-Radio pour participer à une soirée de débat au sujet de la fameuse murale de Jordi Bonet au Grand Théâtre de Québec. Lorsque LS-Radio s’installe sur la scène avec les autres participants au débat, un fonctionnaire présent dans la salle s’interroge : «Mais qu’est-ce qu’LS-Radio fait là ? Ce n’est pas un parti politique.» En effet, seuls les partis politiques intéressés pouvaient occuper la scène du débat. Mais les organisateurs ne pouvaient pas entrevoir la discussion sans la participation de LS-Radio. Voilà une belle démonstration des privilèges accordés aux animateurs de LS-Radio invités partout, vraiment partout, même là où on ne l’attendait pas.
Meilleurs moments Gaston Binet ─ «Mon meilleur moment de LS-Radio… C’est l’aventure elle-même, toute l’aventure, parce qu’elle m’a transformé profondément, tant sur le plan personnel que professionnel. Je ne voyais plus les choses comme avant, j’en avais désormais une conscience plus large et plus profonde. À la fin de l’aventure, il m’était impossible de revenir en arrière, de faire de la radio traditionnelle. Par exemple, après LS-Radio, je suis entrée à Radio-Canada dans l’équipe de l’émission de contre-culture. Un soir, nous nous sommes mis plusieurs stations de radio ensemble et nous nous répondions en chanson. Le Saguenay choisissait une chanson et Montréal lui répondait avec une autre chanson. Ça, c’est purement et simplement du LS-Radio. C’était de l’improvisation. On était nous-mêmes, au bon endroit, au bon moment, avec la bonne équipe. Et on était conscients que l’aventure ne durerait pas, ce qui nous incitait à vivre intensément chaque moment. Il n’est donc pas étonnant qu’on nous parle encore de cette expérience radiophonique unique quarante ans plus tard.»
Le Rapport Z
Appel à tous http://manuscritdepot.com/a.serge-andre-guay.4.htm
SOURCE Serge-André Guay, président éditeur
La belle aventure de LS-Radio (1970-71)
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