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Contre la diversité des tactiques, en support de l’action directeAnonyme, Sunday, September 5, 2010 - 15:50
Denis Rancourt
en français sur kkkanada.anarkhia.org disponible en version originale anglaise sur http://activistteacher.blogspot.com/ Ici, je soutiens que la «diversité des tactiques» dans l’activisme pour la justice sociale est un effort mal orienté pour unifier des camps incompatibles et que la position pour la «diversité des tactiques» fait du tort à l’action directe anarchiste et aide les pacifistes; alors que les pacifistes nécessairement supportent la hiérarchie oppressive[1][2]. La «diversité des tactiques», distincte de la stratégie habituelle et des considérations risques-bénéfices, est une position de compromis entre activistes qui n’ont pas seulement des tactiques différentes (action directe versus non-violence), mais aussi des vues opposées à propos de la société (anarchisme versus socialisme, dans le sens large). Ce compromis sert le système hiérarchique qui cause les injustices sociales qui est dénoncé par les deux camps. DIVERSITÉ DES TACTIQUES Notez qu’à l’intérieur de groupes qui ont identifié unE même ennemiE ou une même cible ainsi qu’une même insupportable injustice, les déterminations des variétés et des combinaisons de tactiques et ce que les individuEs vont faire sont les considérations stratégiques et risques-bénéfices les plus habituelles, ce qui diffère de la «diversité des tactiques» telle que définie et discutée dans le présent essai. La «diversité des tactiques» est la position de principe par laquelle les groupes activistes préférant différentes tactiques de résistance contre l’injustice systémique s’accordent pour ne pas se mettre dans les jambes des autres, s’accordent pour ne pas interférer ou saboter les tactiques choisies par l’un ou par l’autre. Il pourrait être statué carrément : «ne m’attaque pas pour faire ce qui est nécessaire que tu n’oses pas faire», adressé à ceux qui ne sont pas d’accord que c’est nécessaire. Rabble.ca l’a diplomatiquement formulé de cette façon[3] : «Généralement, ceux/celles qui critiquent la diversité des tactiques croient que cette philosophie ne permet pas d’analyse critique des stratégies de manifestations qui peuvent nuire à la cause générale. Inversement, celles/ceux qui supportent la diversité des tactiques généralement croient que la critique des autres manières de manifester fait du tort à l’unité du mouvement en mettant en péril la solidarité au bénéfice des politiques et des actions de ceux/celles contre lesquels le mouvement résiste» (Dans le présent essai, je soutiens que ceux/celles qui la supportent devraient arrêter de la supporter). La diversité des tactiques est un concept opérationnel qui a été développé dans le but de résoudre la tension entre les activistes ou les manifestantEs qui emploient les méthodes non-violentes (les marches, les slogans, le théâtre, les sit-ins, etc.) et les activistes qui emploient la soi-disant action directe (attaquent de manière ciblée la propriété, mettent à terre des barricades, désarrestent des co-activistes, résistent physiquement aux attaques de la police, etc.). Suivant «la diversité des tactiques», les activistes aux événements anti-globalisation (ou autres manifestations) acceptent même des tactiques fondamentalement différentes qui proviennent de visions opposées de la société [1][2][4] et rationalisent leur acceptation en avançant que le niveau de risque qu’unE activiste prend est une décision personnelle basée sur une évaluation personnelle. Elles/ils ne tentent pas de forcer les autres à prendre des risques plus élévés. Ils/elles tentent de ne pas avoir de comportements qui vont exposer d’autres activistes à des risques plus élevés. Le dernier point n’est pas blanc ou noir dans le discours. Par exemple, certainEs vont argumenter qu’aller à une manifestation expose tous/toutes les manifestantEs à des risques plus élevés en accroissant la taille de la manifestation pouvant provoquer ainsi une riposte policière alors que d’autres vont argumenter qu’aller à la manifestion va plutôt aider à sécuriser la manifestation par le nombre de gens présents. En dernier lieu, c’est plus souvent la police et ses dirigeantEs qui vont décider si les mainfestantEs sont en sécurité ou pas, si les manifestantEs vont être attaquéEs ou pas et le degré de force employée. [5] La «diversité des tactiques» survient comme une réponse à la tension entre les pacificistes et les anarchistes de l’action directe. La majorité des pacifistes voient surtout les anarchistes comme une force négative qui provoque une non-nécessaire violence policière et qui détourne l’attention médiatique d’une opinion publique favorable à la majorité des manifestantEs et de leur cause. La «diversité des tactiques» est utilisée comme un appel de ralliement pour convaincre les activistes libérales/libéraux de se joindre tout en acceptant les méthodes plus radicales de manifestation et de résistance comme une partie d’une stratégie globale.[6] PAS SEULEMENT UNE DIFFÉRENCE DE TACTIQUES C’est une mécompréhension parmi les activistes qui avancent la notion de «diversité des tactiques» de défendre que toutes les tactiques contribuent à lutter contre l’injustice et qu’elles se différencient uniquement par le niveau de risque. En fait, l’action directe et les tactiques pacifistes sont fondamentalement différentes à la fois dans leurs pésuppositions à propos de comment la société peut changer ainsi que dans leurs présuppositions des croyances à propos des structures sociales et de comment la société devrait être structurée. [1][2][4][7][8][9][10] Les anarchistes croient que la hiérarchie est un problème et que la hiérarchie permet la concentration du pouvoir et le maintien des injustices sociales incluant la guerre, l’occupation, la colonisation, l’économie de prédation, l’exploitation généralisée et l’ingénierie sociale. Le but des anarchistes est d’aplatir la pyramide sociale hiérarchique au tant que possible pour procurer de l’espace à l’agent individuel (la démocratie participative, l’auto-organisation, la décentralisation et la distribution du contrôle sur les ressources et l’économie, etc.). [11][12] Les pacifistes ou socialistes (dans le sens large) ou les «progressistes» ou les libéraux/libérales croient que la justice peut être réalisée et maintenue par le présent système d’organisation sociale qui ne nécessite que d’être réparé et amélioré, mais non pas en aplatissant la pyramide hiérarchique. Elles/ils croient que le système est susceptible d’être ajusté et amélioré par l’influence de l’opinion des citoyenNEs. Ils/elles croient que les gouvernements du premier monde peuvent être dirigés par «des masses critiques» d’opinions citoyennes. Ils vont préférer orienter leurs actions autour de l’«éducation» (lire la propagande progessiste), la formation de l’opinion, l’expression de masse par les médias corporatistes, les pétitions, les manifestations de rue et ainsi de suite. Ils/elles ont des intérêts dans les syndicats ouvriers, les organismes non-gouvernementaux, et ainsi de suite, qui sont vraiment intégrés au système. La plupart des «améliorations» qu’elles/ils recherchent impliquent renforcir le contrôle hiérarchique du système et accroître sa légitimité (par exemple la législation progressiste avec plus de contrôle). QUI EST LE CRIMINEL ? En fait, notre premier monde, système «libre et démocratique», pratique des crimes épouvantables en complète complicité avec les populations du premier monde. Les crimes du Canada incluent un génocide continu contre les populations autochtones[13], une guerre géopolitique contre l’Afghanistan, un support à l’Empire américain, un support à des politiques d’apartheid et de génocide de l’État d’Israël, le renversement d’un gouvernement populaire démocratique en Haïti, la prédation corporatiste et financière à travers le monde, un système immoral de prison qui sert à maintenir les inéquités sociales[14], une structure sociale d’inégalités avec des conséquences massives sur la santé publique, des violations massives de droits civils perpétuées volontairement et sans conséquences pour les décideurs (par exemple G20-Toronto), l’endoctrinement et la pacification des jeunes, l’ingénierie continue de la manipulation sociale, un établissement pharmaceutique et médical universel de prédation…[15] Puisque le système fait cela, le système devrait être arrêté ou au moins être entravé. Puisque nous appuyons le système par notre conformité à l’école, au travail et dans les rues à tous les jours, nous sommes responsables au moins de nos propres oppressions (l’esclavage salarié, l’extorsion de la dette financière, l’endoctrinement professionnel, le contrôle de l’environnement mental, les modes de vie et comportements criminalisés, etc. ). À chaque fois que nous collaborons avec l’économie non-démocratique et les structures de contrôle illégitimes dans nos vies, nous renforcissons le système et facilitons sa criminalité. Ceux/celles qui ne résistent pas et n’entravent pas collaborent. La lutte entre l’action directe et le pacifisme est une lutte entre des ennemiEs, entre les résistantEs et les collaborateurs/collaboratrices. Cela doit être clair.[16] CONCLUSION La «diversité des tactiques» est une accomodation qui préserve les pacifistes d’être exposéEs et perturbéEs dans leur collaboration et support à un système violent d’oppression. Les anarchistes utilisant la «diversité des tactiques» recherchent la protection des pacifistes majoritaires ou recherchent au moins à ne pas être attaquéEs par les «pacifistes». Mais les anarchistes regardent à la mauvaise place pour le support. L’ennemiE ne peut pas procurer de support. L’ennemiE ne peut procurer que coercition, co-optation et élimination. Les collaboratrices/collaborateurs vont briser les rangs avec l’ennemiE seulement si la chaleur augmente. Tu ne peux pas influencer avec des mots seulement – les mots nécessaires n’acquièrent de sens qu’à travers la confrontation. Tu ne peux pas amener de changements révolutionnaires en collaborant et en t’accomodant. Nous, individuellement, avons besoin d’agir partout où nous le pouvons, spécialement là où ça compte, incluant sur les collaborateurEs pacifistes, et non seulement aux événements de propagande globaliste. Il n’y a pas de solidarité sans individuEs qui résistent et la solidarité existe qu’à la condition qu’il y ait des individuEs qui résistent. Notes de fin de document Cet essai a été publié pour la première fois sur l’Activist Teacher blog. (La plupart de ces articles sont disponibles uniquement en anglais à l’exception des traductions des textes de Bakounine et de Malatesta alors je n’ai pas cru bon traduire cette partie.) [1] “Pacifism as Pathology” by Ward Churchill, 1986. [2] “How non-violence protects the state” by Peter Gelderloos, 2007. [3] “Panel Discussion: A Diversity of Tactics – A Diversity of Opinions”, rabble.ca, 2010. [4] “The Activist Wars” by Denis G. Rancourt, 2009. [5] “They’re not just pigs” by Denis G. Rancourt, 2010. [6] « In defence of the diversity of tactics » by Alex Hundert, 2010. [7] “Against Chomsky” by Denis G. Rancourt, 2008. [8] “G20-Toronto property damage is a good thing” by Denis G. Rancourt, 2010. [9] “On the racism and pathology of left progressive First-World activism” by Denis G. Rancourt, 2010. [10] “G20-Toronto and lost sovereignty – A critical examination of the role of the CCLA” by Denis G. Rancourt, 2010. [11] “The Basic Bakunin – Writtings 1869-1871” by Mikhail Bakunin. [12] “Anarchy” by Errico Malatesta, 1891. English translation by Vernon Richards, 1974, last revised 2001. (Richards’ translation essential.) [13] “A little matter of genocide – Holocaust and denial in the Americas 1492 to the present” by Ward Churchill, 1997. [14] “About the obscenity of the legal mind and its grotesque displays of arrogance” by Denis G. Rancourt, 2010. [15] “Some big lies of science” by Denis G. Rancourt, 2010. [16] “Roundabout as conflict-avoidance versus Malcolm X’s psychology of liberation” by Denis G. Rancourt, 2010. Denis G. Rancourt a été professeur titulaire de physique à l’Université d’Ottawa au Canada. Il a été actif dans plusieurs secteurs de la science qui étaient financés par une agence nationale et il a dirigé un laboratoire reconnu internationalement. Il a publié plus de 100 articles dans des journaux scientifiques à l’avant-plan. Il a développé des cours populaires d’activisme et il a été un critique public de l’administration de l’université et un défenseur des étudiantEs ainsi que des droits des PalestinienNEs. Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site rancourt.academicfreedom.ca
un des sites de Denis Rancourt
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