L'enquête sur cautionnement de Jaggi Singh se déroule ce matin à Toronto
Des militants dénoncent la criminalisation de la dissidence

Montréal/Toronto, le 12 juillet – Le militant et organisateur communautaire Jaggi Singh sera en cour à Toronto aujourd'hui pour son enquête sur remise en liberté sous caution. Il fait face à des accusations exagérées découlant de sa participation à la mobilisation contre le G8/G20. Jaggi est derrière les barreaux depuis près d'une semaine. Il s'est rendu à la police de Toronto mardi suite à l'émission d'un mandat d'arrêt contre lui.

Les accusations portées contre Jaggi démontrent une intensification de la criminalisation de ceux et celles qui travaillent pour un changement social. Le militantisme n'est pas un acte criminel, pas plus que ne l'est la dissidence. Toutefois, les arrestations récentes, y compris les arrestations ciblées de membres de la communautés bien connus et respectés, témoignent des efforts de l'État pour intimider les militants, les stopper dans leur travail et les dépeindre comme étant des individus soidisant « dangereux ».

« Depuis que je connais Jaggi, j'ai pu observer le travail infatigable qu'il fait dans la communauté. Il organise des soupers communautaires, des tournois de soccer, des manifestations, des activités pour les familles sansstatut, co-anime une émission de radio mensuelle et fait de l'éducation populaire autour de plusieurs enjeux de justice sociale », déclare Leila Pourtavaf, une amie de longue date et étudiante au doctorat à l'Université de Toronto.

Jaggi est aussi un écrivain prolifique et un employé à temps plein du Groupe de recherche en intérêt public du Québec (GRIP) à l'Université Concordia, un organisme communautaire qui travaille sur le campus pour promouvoir la justice sociale (voir la déclaration du GRIP en-dessous).

« Je connais Jaggi Singh depuis plus de 10 ans. Parmi les gens dans mon entourage, Jaggi est l'un des plus sérieusement préoccupés par la politique et la justice sociale. Pour moi, Jaggi Singh est un modèle de ce qu'un membre actif de la société devrait être, en ce qui concerne le respect pour les valeurs de liberté, d'égalité et de solidarité », affirme Francis Dupuis-Déri, professeur en sciences politiques à l'Université du Québec à Montréal.

Jaggi est impliqué dans des mobilisations de masse ouvertes et publiques depuis plus d'une décennie. Bien qu'il ait fait face à des nombreux obstacles judiciaires par le passé et à de multiples tentatives de le réduire au silence et de nier son droit de manifester, les tribunaux lui ont donné raison à plusieurs reprises. Il a fait face à des accusations suite au sommet de l'APEC en 1997 (les accusations ont été retirées avant même le procès) et suite au Sommet des Amériques à Québec en 2001 (la plupart des accusations ont été retirées et il a été acquitté de l'accusation restante). Il a également été acquitté des accusations auxquelles il a fait face suite au sommet du G20 de Montréal en 2000.

« Il est honteux que Jaggi soit régulièrement la cible des forces policières de ce pays et constamment criminalisé dans son travail pour la justice. Dans une société qui cherche à améliorer l'autonomie individuelle et collective et à promouvoir la justice sociale, un tel individu devrait plutôt être émulé », a ajouté M. Dupuis-Déri.

« Nous ne doutons pas un seul instant que Jaggi se défendra avec vigueur contre ces accusations exagérées. Mais il est troublant qu'il se trouve une fois de plus à devoir consacrer temps et énergie à défendre sa réputation; cela aura certainement un impact sur sa capacité à poursuivre le travail qu'il fait. Ce qui est encore plus troublant cependant est la quantité de ressources investies par le gouvernement canadien dans la criminalisation du travail politique légitime de Jaggi Singh et des autres personnes impliquées dans les mouvements pour la justice sociale, y compris les plus de 1000 personnes qui ont été détenues durant la résistance contre le sommet du G20 à Toronto. » a déclaré le Comité de soutien à Jaggi Singh.

« Nous ne nous laisserons pas intimider par ces tactiques, qui visent à réduire au silence les voix dissidentes. Nous demeurons solidaires de toutes celles et ceux qui ont été arrêtés, harcelés et brutalisés dans le cadre de la résistance contre le G8/G20. Nous continuerons de militer pour un monde sans contrôle étatique, sans cage, sans clôture et sans frontières, un monde dans lequel la liberté s'accompagne de responsabilité et la justice de dignité. »

Source: Le Comité de soutien à Jaggi Singh