Comité pour les Droits Humains en Amérique Latine (CDHAL)
A seulement 10 kilomètres de San Juan Copala, la Caravane fut obligée de faire demi-tour à cause des paramilitaires
[ Mise en contexte du CMAQ : Déjà le 27 avril dernier, un convoi humanitaire de militant-es et d’observateur-trices internationaux des droits humains a été assiégé et pris dans une embuscade par un groupe de paramilitaires sur le chemin de la communauté de San Juan Copala (Oaxaca, Mexique). L’attentat a tué Jyri Jaakkola (33 ans), militant finlandais des droits humains, et Bety Cariño (37 ans), militante mexicaine en soutien aux groupes de femmes communautaires et aux radios libres. Le mois après, en juin, le leader de San Juan Copala, Timoteo Alejandro Ramírez et de sa conjointe Cleriberta Castro, furent assassinés. D'autres articles sur Oaxaca]
(17 juin 2010) - Selon les informations obtenues par le Comité
pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL) et par des
organisations de droits humains du Mexique, et selon un communiqué de la
part de la communauté Triqui, la caravane d'observation internationale de
droits humains « Beatriz Cariño y Jyri Jaakkola » qui devait se rendre à
San Juan Copala, dans l'État de Oaxaca au Mexique n’a pas pu arriver à destination.
Elle était composée de plus de 300 personnes (représentants
de 33 organisations internationales et nationales) réparties dans huit
autocars et de trois camionnettes qui emmenaient trente tonnes de
matériels et de vivres.
Cette caravane avait pour but de rompre et dénoncer le blocus qu’exercent
les paramilitaires sur la communauté indépendante Triqui de San Juan
Copala. Cette communauté manque toujours des biens et services de base, et
ce, depuis janvier 2010. De plus, les membres de la communauté sont
menacés continuellement. Rappelons qu’un des membres fondateurs de la
communauté a été assassiné il y a quelques semaines.
Sur la route vers San Juan Copala, la Caravane fut, dans un premier temps,
bloquée par un groupe de femmes et d’enfants appartenant ou sympathisants
du groupe paramilitaire UBISORT qui tenta de les empêcher d’avancer; puis
un obstacle de taille empêcha définitivement d’avancer. En effet, des
blocs de pierre étaient disposés sur la route et un groupe d’hommes armés
étaient postés devant ces dernières. L’acheminement à pied des 30 tonnes
de matériels s’avéra impossible et surtout très risqué, la Caravane fit
donc demi-tour à seulement 10 kilomètres de San Juan Copala.
Les autorités mexicaines, selon les nombreuses requêtes visant à dénoncer
le manque de sécurité de la première caravane, avaient cette fois-ci mis
en place un meilleur dispositif de sécurité avec une forte présence de
policiers et militaires. Néanmoins, ce déploiement semble avoir été mis en
place plus pour dissuader la Caravane de se rendre a San Juan Copala que
de veiller à sa sécurité tout au long du trajet. En effet, à Juxtlhuaca,
la Procureur et le commissaire à la sécurité publique bloquèrent l’accès à
la ville avec l’aide des forces de police. Ils demandèrent à réviser tous
les autocars et les passagers et aussi qu’un groupe de l’UBISORT
accompagne la Caravane. D’autres membres des autorités locales des villes
rencontrées sur le parcours ont eu la même attitude et sous couvert du
manque de sécurité, ils demandèrent fermement à la caravane de ne pas
continuer sa route, des tirs auraient été entendus à proximité de San Juan
Copala.
Cette tentative ratée de percer le blocus démontre l’impunité dans
laquelle agit l’UBISORT et la passivité des autorités locales face aux
problèmes sécuritaires de la région. Les leaders de la communauté Triqui
ont déclaré avec regrets que les autorités étaient incapables de maîtriser
le mouvement paramilitaire qui règne en Oaxaca. De plus, le membre de la
Commission étatique pour les droits humains de Oaxaca abandonna la
Caravane en cours de route, montrant par ce biais le manque de volonté des
autorités mexicaines pour assurer le respect des droits humains.
Depuis, la Caravane est retournée à la vile de Mexico et les représentants
des organisations de défense des droits humains et de la communauté Triqui
se sont réunis pour déterminer la suite à donner aux évènements.
Les vivres ont été laissées a Huajuapan de Léon, un village situé à 4
heures de San Juan Copala; la manière d’acheminer ces vivres jusqu’à la
communauté est actuellement un des sujets de discussion des organisations.
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