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Grèce : des larmes et du sang pour les prolétaires!

Anonyme, Tuesday, May 11, 2010 - 12:28

Pour résister à la politique de larmes et de sang que lui inflige la bourgeoisie, le prolétariat n’a pas d’autre possibilité que la reprise de la lutte de classe, en commençant par le refus des mesures anti-ouvrières du gouvernement et des appels à la «solidarité nationale», aux sacrifices pour «défendre la patrie et la démocratie».

Pendant toute l’année 2009 et les premiers mois de 2010 les prolétaires grecs ont réagi à l’aggravation de la situation sociale (augmentation du chômage – 40% de chômage parmi les jeunes dans le nord du pays !- , détérioration des conditions de vie et de travail, précarisation croissante) en menant des luttes déterminées, même si elles sont restées sous l’influence de syndicats et partis collaborationnistes.

Les organisations syndicales les plus importantes, le GSEE pour le secteur privé, l’ADEDY et le PAME pour le secteur public, liées au PASOK (Parti Socialiste au pouvoir) et au KKE ( Parti «Communiste») ont continué à jouer leur rôle de pompiers sociaux en s’efforçant d’isoler les secteurs les plus combatifs et d’amortir les tensions qui s’accumulent inexorablement en les détournant vers la «défense du pays» contre la faillite à grand renfort de propagande nationaliste et de rhétorique sur l’illustre histoire de la Grèce antique !

Les dures mesures d’austérité prises par le gouvernement d’Athénes à la suite des oukases de l’Union Européenne (en particulier de l’Allemagne) et du FMI en échange du plan visant à éviter la faillite de l’Etat grec étaient dans l’air depuis longtemps ; la bourgeoisie grecque n’a pas le choix : ou elle applique la série de mesures anti-ouvrières réclamées par les banquiers européens et américains, et accepte les taux d’intérêt élevés auxquels elle va emprunter pendant trois ans, ou elle sera brutalement marginalisée et écartée des affaires sur le plan international.

A-t-on jamais vu la bourgeoisie choisis spontanément la ruine? Mais a-t-on jamais vu une bourgeoisie céder aux exigences de bourgeoisies plus fortes (comme l’Allemande ou l’Américaine) sans faire payer jusqu’au bout aux prolétaires le prix de sa crise et de sa faiblesse?

On ne pouvait rien attendre d’autre du gouvernement «socialiste» Papandréou, ni de toutes les forces qui depuis des dizaines d’années ont pratiqué la collaboration de classe au nom d’une «économie nationale» et d’une «démocratie» qui ne sont rien d’autre que l’expression de la domination de la classe bourgeoise sur le prolétariat et toute la société. Une petite minorité de grands capitalistes ont empoché des profits vertigineux par l’exploitation des prolétaires ; ils ont accumulé des privilèges économiques, politiques et sociaux sur la peau des travailleurs de Grèce, qu’ils soient immigrés, clandestins ou prolétaires de souche ; en contre-partie ils ont distribué des places dans l’administration publique et institué des amortisseurs sociaux pour essayer systématiquement de corrompre un prolétariat dont ils redoutaient la rébellion.

La crise économique internationale ayant mis en difficulté la bourgeoisie grecque, celle-ci n’a pas hésité une seconde à s’attaquer aux travailleurs.

Et ces derniers ont manifesté à de nombreuses reprises leur colère face aux attaques bourgeoises par des grèves et des manifestations.
Mais en Grèce, comme ailleurs, il n’existe pas d’organisation syndicale de classe, ni de parti de classe, qui ont été détruits par le stalinisme. Comme dans les autres pays il existe par contre de multiples forces et organisations de collaboration de classe; si diverses soient-elles, elles se retrouvent pour défendre l’économie et la «patrie» dans la crise économique (avant de les défendre un jour dans la guerre) et elles constituent aujourd’hui pour la classe dominante l'arme la plus efficace pour contrôler et dévier les réactions prolétariennes dans des impasses.

Les faux communistes du KKE qui crient que «les besoins des familles doivent passer avant ceux des marchés et des profits» donnent ainsi comme objectif l’ «indépendance nationale» contre les grands pays qui spéculent sur le dos de la Grèce et une «véritable démocratie» : pas question pour eux de donner comme objectif l’indépendance de classe du prolétariat, d’appeler à la solidarité internationale des prolétaires et de démasquer l’intérêt national et la démocratie comme des instruments de la classe ennemie !

A la suite de la grève générale du 5 mai et l’incendie d’une banque où sont morts 3 employés (1), le premier ministre, après avoir dit qu’il ne reculerait pas à appliquer les mesures d’austérité, a affirmé : «c’est l’heure de défendre le pays et la démocratie contre la violence incontrôlée et l’irresponsabilité politique !».
La mort des 3 employés est ainsi cyniquement utilisée pour faire accepter aux travailleurs, au nom du nationalisme et de la «démocratie», les sacrifices que veut leur imposer le capitalisme grec et international !

Les travailleurs grecs sont en première ligne pour subir les conséquences d’une crise qui a touché tous les pays et leur lutte se heurte et se heurtera à tous les défenseurs de l’ordre capitaliste, national et international. La voie qu’ils cherchent avec énormément de difficulté et de confusion est celle que les réformistes et les collaborationnistes ont réussi jusqu’ici à barrer : la voie de la réorganisation classiste d’abord sur le terrain de la défense immédiate de leurs conditions de vie et de travail, la voie de la lutte prolétarienne pour la défense des seuls intérêts des exploités, la voie de la lutte de classe !

La propagande démocratique, légaliste et pacifiste répandue à haute dose et soutenue par une politique d’amortisseurs sociaux malgré la faiblesse économique du pays, est particulièrement utile à la bourgeoisie en période de crise, car elle sert précisément à empêcher la lutte de classe.

Les prolétaires n’ont rien à défendre de la société bourgeoise, ni économie, ni entreprise, ni patrie !

Ils n’ont aucun intérêt commun avec la classe bourgeoise, ils doivent se préparer à lutter contre elle, contre son mode de production (le capitalisme), sa société et son Etat !
Cette perspective est celle des prolétaires de tous les pays, qui doivent comprendre qu’en Grèce se livrent les premières escarmouches d’une bataille gigantesque contre le capitalisme qui se mènera dans le monde entier.

Puissent les luttes actuelles permettre à ne serait-ce qu’une petite avant-garde prolétarienne de retrouver les armes et les traditions révolutionnaires prolétariennes de classe et battre en bréche l'influence des partis et syndicats collaborationnistes: ce serait le moyen de d' empêcher que la lutte ne soit pas une fois encore détournée de son but!

Vive les luttes que mènent les prolétaires grecs pour se défendre contre les capitalistes!

Vive les luttes qui ne s’agenouillent pas devant le parlement et les institutions démocratiques bourgeoises !

Vive la lutte prolétarienne qui ne se laisse pas détourner vers la défense fallacieuse de la patrie, de la démocratie, de la liberté !

Pour la reprise de la lutte de classe, pour l’organisation de classe du prolétariat autour des objectifs, des moyens et des méthodes exclusivement de classe !

PARTI COMMUNISTE INTERNATIONAL

(1) Diverses hypothèses ont été avancées sur l’incendie de cette banque. Quoi qu’il en soit la responsabilité de cette acte incombe en dernière analyse à ceux qui emprisonnent les luttes dans le carcan du respect de l’ordre établi, ne laissant pas d’autre possibilité aux éléments les plus combatifs pour exprimer leur colère, en absence de lutte de classe, que la voie stérile du vandalisme ou du terrorisme individuel.
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