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Mon accouchement, mon choix!

Claudia85, Monday, April 26, 2010 - 10:19

Claudia Bouchard, pour le Collectif Rebelles Saguenay

À l’approche de la Journée Internationale des sages-femmes, le 5 mai prochain, il m’apparaît nécessaire de relancer le débat quant aux possibilités offertes aux femmes en matière de suivi de grossesse et d’accouchement. En effet, à l’heure actuelle, la seule option pour les femmes du Saguenay Lac-St-Jean est de donner naissance à l’hôpital. Devant ce constat, des femmes de la région se mobilisent et revendiquent depuis quatre ans l’ouverture d’une maison des naissances en région. En réponse à ce projet, l’hôpital de Chicoutimi a récemment offert aux sages-femmes de s’intégrer entre les murs de l’institution. Cela témoigne d’une réelle incompréhension des besoins formulés par les femmes. Pour cette raison, le Comité Maison des naissances 02 et ses allié-e-s continuent de réclamer la concrétisation du projet de Maison des naissances, afin que les femmes bénéficient d’une réelle liberté de choix quant à leur suivi de grossesse et leur accouchement et qu’elles parviennent à un plein contrôle sur leur corps.

Quels enjeux pour les femmes ?

Au terme de nombreuses luttes, les femmes au Québec ont acquis le droit à la contraception, à l’avortement, à l’accompagnement avec une femme médecin, représentant des gains vers un plein pouvoir sur leur corps. Malgré ces avancées, un bout de chemin reste à faire. En effet, leur admission à l’hôpital signifie souvent une perte de contrôle sur leur corps. À leur arrivée à l’hôpital sont enclenchés des protocoles médicaux qui ne tiennent pas suffisamment compte des particularités de chacune et où l’espace de décision est restreint. Une tendance à la surmédicalisation de l’accouchement (péridurale, césarienne, etc.) est d’ailleurs observée et est fort préoccupante pour la santé des femmes. L’accès aux services des sages-femmes peut contrebalancer cette tendance inquiétante car plusieurs études démontrent que l’accouchement à domicile ou en maison des naissances avec une sage-femme diminue les risques de césarienne, d’utilisation de forceps et de ventouses, de déchirures du périnée du troisième et quatrième degré, etc. Rappelons qu’il ne s’agit pas ici de sages-femmes pratiquant en milieu hospitalier. L’accès à un réel contrôle des femmes sur leur corps devra ainsi passer par la reconnaissance que l’accouchement ne constitue pas qu’un phénomène exclusivement biologique qui doit être laissé entre les mains d’experts du milieu hospitalier. Chaque femme est unique et a des besoins qui lui sont propres. Elle doit donc être perçue comme étant la principale actrice de sa grossesse et de son accouchement.

Pour se réapproprier l’accouchement

La médicalisation du processus naturel qu’est l’accouchement s’est concrétisée par l’évacuation des praticiennes ayant depuis toujours assisté les femmes, les sages-femmes. Elle s’est également soldée par la mise à l’écart des mères par rapport aux décisions qui concernent cet événement important de leur vie. Afin de se réapproprier la prise en charge de la grossesse et de l’accouchement, les sages-femmes ont elles-mêmes mis sur pied une formation universitaire de quatre ans. On y conçoit la grossesse et l’accouchement comme des processus appartenant aux femmes. Les sages-femmes préconisent ainsi le respect de la diversité des besoins des femmes et les encouragent à faire des choix quant aux soins et aux services qu’elles reçoivent ainsi qu’à la manière dont ils sont prodigués. Les futures mères qui ont un suivi avec une sage-femme ont la possibilité de vivre leur accouchement à l’endroit où elles veulent, soit à l’hôpital, à leur domicile, ou dans une maison des naissances. La maison des naissances constitue toutefois le principal lieu de travail des sages-femmes. Les femmes peuvent y effectuer le suivi complet de leur maternité, peuvent y accoucher et revenir avec le bébé par la suite. C’est un endroit où les femmes se sentent comme chez elles. En plus de l’attention spéciale portée à la famille entourant l’enfant à naître, les futurs parents ont l’occasion de rencontrer d’autres familles impliquées dans le même type de parcours.

Une maison des naissances en région : où en est le dossier

En regard de la volonté de plusieurs femmes de pouvoir être suivies par une sage-femme durant leur grossesse et leur accouchement, le comité Maison des naissances 02 milite depuis quatre ans pour l’ouverture d’un tel lieu en région. Tout récemment, l’Agence régionale de la santé et des services sociaux et l’hôpital de Chicoutimi proposent plutôt d’embaucher des sages-femmes qui pratiqueraient uniquement à l’intérieur de l’hôpital de Chicoutimi. Cette réponse est nettement insatisfaisante et témoigne d’un manque de considération face aux besoins formulés par les femmes sur une expérience qui les concerne spécifiquement. En effet, depuis la création d’ententes avec divers centres hospitaliers visant à offrir aux femmes suivies avec une sage-femme la possibilité d’accoucher à l’hôpital avec cette dernière, une très mince proportion des futures mères prennent cette option, vivant plutôt leur accouchement en maison des naissances. Cela démontre que les femmes ne veulent pas seulement être assistées par une sage-femme, elles veulent donner naissance dans un lieu qui prône une philosophie et des valeurs plus proches des leurs. Limiter la pratique des sages-femmes au milieu hospitalier ne constitue donc pas une solution satisfaisante.

État des lieux au Québec

Au Québec, plusieurs années de projets-pilotes avec des maisons des naissances ont confirmé la sécurité des accouchements en dehors d'un centre hospitalier, en autant que celui-ci se trouve à moins de 30 minutes de la maison de naissance. Plus d’une dizaine de maisons des naissances existent maintenant dans la province. La demande des futures mères y est même supérieure au nombre de places disponibles, ce qui contraint certaines femmes d’accoucher à l’hôpital. Les besoins des femmes en termes de suivi de grossesse et d’accouchement ont semblé convaincre le gouvernement provincial d’élargir les services offerts par les sages-femmes. Dans la Politique de périnatalité 2008-2018, il prévoit augmenter à 10% le nombre de suivi de grossesse effectué par des sages-femmes d’ici 2018. L’ensemble des acteurs et actrices démontrent ainsi une volonté commune de garantir à toutes les Québécoises l’accès aux différents lieux de naissance (maison des naissances, domicile ou hôpital) avec la ou le professionnel-le de leur choix (sage-femme ou médecin). Pourquoi donc le projet de Maison des naissances tarde-t-il autant à se concrétiser en région?

Le projet de Maison des naissances, fort de nombreux appuis

Nous sommes préoccupées quant à la liberté des femmes de choisir la manière dont elles veulent vivre leur accouchement. À preuve, près de 200 personnes ont participé en mars 2009 à la marche « la clé de ma maternité, ma liberté de choisir », qui revendiquait l’ouverture d’une Maison des naissances au Saguenay Lac-St-Jean. En plus de l’appui de la population, le Comité Maison des Naissances 02 bénéficie du soutien du Collectif Rebelles Saguenay ainsi que du Collectif pour un libre-choix en santé. Nous attendons toutes et tous que l’Agence régionale de la santé « accouche » d’un projet de maison des naissances en région et sommes décidé-e-s à nous mobiliser jusqu’à ce que nous obtenions une maison de naissance!

Claudia Bouchard, pour le Collectif Rebelles Saguenay

Vous pouvez démontrer votre soutien au projet de Maison des naissances en région via la campagne « le droit de choisir » de la Coalition pour la pratique sage-femme au Québec, qui exige que soit garanti aux Québécoises l’accès aux différents lieux de naissance (maison de naissance, domicile ou hôpital) avec la ou le professionnel-le de leur choix (sage-femme ou médecin), en signant la pétition en ligne : http://www.csn.qc.ca/web/csn/petition-sages-femmes-2010



Subject: 
Besoin et Désir
Author: 
joée46
Date: 
Mon, 2010-06-07 10:57

Vous confondez les termes "besoins" et "désirs". L'objet d'un besoin est une chose nécessaire. L'objet d'un désir est une chose élective. Le désir est donc un souhait, voire, un caprice. La grossesse et l'accouchement sont des domaines très chargés au plan émotionnel. Depuis des générations ces domaines ont donné lieu à tout un chapelait de courants culturels et d'écoles pensée. Il n'est pas possible pour un système de santé bien géré d'offrir à chacune le type d'accouchement qu'elle souhaite et encore moins de lui offrir le dernier cri en matière d'accouchement à la mode. Je conviens avec vous que certaines femmes souhaiteraient accoucher dans une maison de naissance avec l'aide d'une sage-femme. C'est leur droit de le souhaiter. Il est cependant abusif de parler de besoin.

Il est encore plus abusif de demander à l'État de financer ce qui a toutes les apparences d'être un caprice. Si plusieurs femmes partagent ce désir, elles n'ont qu'à ramasser leurs sous et à financer le projet de leur propre poche. Elles pourraient fonder une coopérative qui construira et administrera leur maison de naissance. Si elles ont un appui populaire, elles pourraient aussi organiser des soupers spaghettis pour les aider au financement. Ainsi, l'État n'aura pas à canaliser des ressources qui auraient pu aller à la protection de la jeunesse ou à des programmes de stimulation pour des enfants issus de milieux difficiles ou à n'importe quel autre "vrai besoin" urgent qui se présente dans notre société.

C'est précisément ce que nous avons fait lorsque nous avons voulu avoir une garderie dans notre région. La création de la garderie était une initiative de la communauté. Cette initiative a eu trois gros avantages. Premièrement, notre garderie était de bien meilleure qualité que n'importe quel CPE d'État. Deuxièmement, elle était bien mieux gérée. Troisièmement, comme elle était issue d'une initiative populaire, elle renvoyait à la communauté une image positive: Ensemble, nous pouvons prendre en main nos besoins collectifs. Il faut rompre avec cette attitude d'adolescent qui affirme d'un côté son indépendance pour, de l'autre côté, demander à papa et maman de régler ses problèmes pour lui. Il y a, bien sûr, des domaines trop complexes et trop urgents pour que l'on attende l'initiative populaire. Mais, à ma face, il est évident que ce n'est pas le cas d'une maison de naissance.


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Subject: 
En réponse
Author: 
Claudia2694
Date: 
Sat, 2010-07-10 13:52

La demande des femmes d’avoir le choix d’accoucher à l’endroit où elles le désirent (maison de naissance, domicile ou hôpital) et avec le ou la professionnel-le de leur choix (sage-femme ou médecin) est certes un souhait, mais basé sur leur perception d’un manque quant à quelque chose de nécessaire. Cela a donc tout de ce qu’on appelle un besoin; celui entièrement fondé et légitime des femmes d’avoir le plein contrôle sur leur corps. Il faut également rappeler qu’à l’intérieur des enjeux entourant la pratique sage-femme, l’aspect de la santé des femmes est central. En effet, comme il l’était précisé dans l’article que vous avez commenté, de nombreuses études démontrent que la pratique de l’accouchement à domicile ou en maison des naissances avec une sage-femme diminue les risques de césarienne, d’utilisation de forceps et de ventouses, de déchirures du périnée du troisième et quatrième degré, etc. Donc, en plus de mieux répondre aux besoins de plusieurs femmes de vivre leur accouchement dans un milieu plus intime et d’avoir davantage de contrôle sur ce qui leur arrive, l’accès à un suivi de grossesse avec une sage-femme et à l’accouchement en maison des naissances représente des bénéfices importants pour leur santé. Désigner de caprice la revendication des femmes d’avoir accès à cette option est donc à mon sens tout à fait inapproprié.

Il est également bon de préciser que le gouvernement provincial reconnaît lui aussi la légitimité de ce besoin. L’État a ainsi pris l’engagement d’accroître l’accessibilité aux services de sages-femmes et aux maisons des naissances, en prévoyant à l’intérieur de la Politique de périnatalité 2008-2018 augmenter à 10% le nombre de suivi de grossesse effectué par les sages-femmes d’ici 2018. Ce que les femmes demandent est donc d’une part, le respect des engagements pris par le gouvernement et d’autre part, le respect de leur droit légitime de choisir quant à leur suivi de grossesse et leur accouchement.

Par ailleurs, en traitant des différents lieux d’accouchement et de professionnel-le-s avec qui les femmes peuvent accoucher, je n’avais pas jugé bon de traiter des aspects financiers. Dans ma perception, l’aspect monétaire est secondaire vis-à-vis la santé et le bien-être des femmes. Néanmoins, si vous désirez le penser dans une logique de rentabilité, l’accouchement accompagné d’une sage-femme en maison des naissances est beaucoup moins dispendieux qu’un accouchement réalisé à l’hôpital avec un-e médecin. À ces coûts moindres peuvent même être additionnées les économies qu’implique la réduction des interventions obstétricales lors de l’accouchement qui découlent des pratiques des sages-femmes. Ainsi, dans le contexte où le gouvernement assume le coût du suivi de grossesse et de l’accouchement en centre hospitalier, je ne vois pas pourquoi les femmes devraient défrayer le coût d’un accouchement en maison des naissances, si en plus de mieux répondre à leurs besoins et de représenter des bénéfices pour leur santé, cela est moins dispendieux pour l’État.

Enfin, tout comme vous, je suis convaincue de la nécessité de l’action collective et donc, de la prise en charge des communautés par elles-mêmes. Je salue en ce sens votre initiative qui, parce qu’elle est issue directement des citoyen-ne-s concerné-e-s, est un moyen privilégié pour répondre à leurs besoins en plus de contribuer à leur perception qu’ils et qu’elles ont du pouvoir sur leur vie. C’est précisément dans l’optique de se prendre en main et de mieux répondre à leurs besoins qu’un groupe de femmes du Saguenay Lac-St-Jean s’est regroupé en vue travailler pour l’ouverture d’une maison des naissances dans leur région. La mise sur pied d’une maison des naissances ne peut toutefois pas se réaliser de manière totalement indépendante du gouvernement et des services de santé déjà en place. En effet, l’ouverture d’un tel lieu présuppose entre autres une entente avec l’Agence régionale de la santé ainsi qu’avec les centres hospitaliers afin d’assurer une collaboration optimale en cas de complications. Actuellement, peu d’ouverture est démontrée par les instances politiques régionales en vue de l’ouverture d’une maison des naissances sur leur territoire. La mobilisation citoyenne est ainsi toute indiquée pour faire bouger les choses, pour faire pression sur l’État afin qu’il tienne parole et mette en place des services répondants aux besoins tels que nommés par la population. C’est d’ailleurs dans cette lignée que poursuivront les femmes de la région et leurs alliés; afin que leurs voix s’unissant pour l’amélioration de la santé et du bien-être des femmes soient prises en compte!


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