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La lutte des femmes d'Iran est celle de toute l'humanité

Anonyme, Thursday, February 4, 2010 - 20:01

Solidarité internationale avec nos camarades iraniennes qui se battent dans les rues depuis juin 2009 contre la dictature de Khamenei et Ahmadinejad

analyse de yasmisna du site stophonourkilling sur ce qui
se passe en Iran l'implication des iraniennes dans cette lutte et ce qui
pourrait en découler

http://www.stophonourkillings.com/

La lutte des femmes d'Iran est celle de toute l'humanité !

Le Manifeste de la Libération des Femmes d'Iran

http://equal-rights-now.com/IntWD/IntWD649.php?nr=63719093&lang=fr

indique très justement : « Avec le renversement de la République
Islamique, nous tendrons une main solidaire à des millions de femmes dans
les pays soumis à l’Islam, qui sont prisonnières des États et des gangs
islamistes, des adorateurs de l’honneur et des traditions
chauvinistes-mâles islamiques. »

Les révolutions et les contre-révolutions, où qu'elles aient lieu, ont en
effet toujours une répercussion internationale. Ce fut le cas pour la
révolution française de 1789, la Commune de 1871, la Révolution russe de
1917, comme ce fut le cas pour la contre-révolution islamique de 1979,
avec la prise du pouvoir de Khomeini contre l'aspiration populaire à la
liberté et à l'égalité. Avec l'instauration de la République Islamique
s'est développé un courant réactionnaire, l'Islam politique, qui a frappé
l'ensemble du monde dit « arabo-musulman », avec les mêmes slogans
misogynes et les mêmes méthodes terroristes contre les femmes. En Iran, le
Hezbollah criait, en 1979, « le voile ou les coups », et au fil des jours,
les matraques se sont transformées en couteaux, puis les couteaux en
fusils. On peut changer les dates et les lieux, ces mêmes slogans ont été
hurlé par les islamistes en arabe, en kurde, en dari ou en ourdou. Ils ont
d'abord fait des « pressions amicales », puis jeté des pierres, puis
menacé, et exclu des écoles pour voiler les femmes dans la bande de Gaza ;
organisé des campagnes de terreur pour imposer le hidjab en Algérie ;
enfermé les femmes sous la burqa en Afghanistan... Ce voile était un
drapeau pour rendre les femmes invisibles, et imposer un véritable
apartheid sexiste. Si on trouve dans les courants islamistes des alliés
des régimes en place, voire des supplétifs aux armées régulières comme le
fut le Hezbollah turc au Kurdistan, et des opposants, des «
anti-impérialistes » et des membres de gouvernements au service de
l'occident, il y a un point fondamental, essentiel, sur lequel se
rejoignent tous les courants de l'Islam politique, leur haine et leur
guerre permanente contre les femmes et leur liberté.

Bien sûr, il serait absurde de considérer que l'oppression des femmes est
née avec l'islamisme. L'oppression des femmes est la première et la plus
ancienne des oppressions qu'a connu l'humanité. Et les femmes subissaient
déjà les mariages forcés, les meurtres « d'honneur », l'excision, les
violences en tout genre bien avant 1979. Mais, comme s'ils prenaient en
compte ce principe que l'on mesure le degrés de liberté d'une société au
degrés de liberté des femmes, les islamistes ont toujours d'abord attaqué
les femmes pour enfermer toute la société dans une prison médiévale. Au
nom de la religion et pour s'appuyer sur tout ce est le plus
réactionnaire, les islamistes ont défendu les plus rétrogrades traditions
patriarcales, comme l'excision en Egypte, les meurtres d'honneur en
Jordanie, les mariages et le viol qui s'en suit de fillettes en Arabie
Saoudite, et ont réintroduit des atrocités comme la lapidation en Iran, en
Somalie ou au Nigéria. Bien des régimes aussi, sans être officiellement
islamiques, se sont appuyés sur ces groupes et partis réactionnaires pour
imposer des reculs pour les droits des femmes, comme le code de la famille
en Algérie.

Mais depuis juin 2009 et le mouvement révolutionnaire en Iran, les femmes
et jeunes filles aux premiers rangs des manifestations, des protestations
et des affrontements avec les forces de répression ont montré aux
réactionnaires qui les considèrent comme des « moitié d'humains » qu'elles
pouvaient les combattre et elles montrent, surtout, aux femmes du mode
entier que la résistance et la libération sont possibles. Elles
démontrent, non pas sur du papier mais dans les faits, que la soumission
et l'esclavage peuvent être brisés. Chaque recul de la République
Islamique est un recul des islamistes et des réactionnaires partout dans
le monde, et le renversement du régime des mollahs en Iran ouvrira la
perspective d'écraser partout ceux qui ne rêvent que de maintenir voir de
renforcer l'oppression patriarcale, d'enfermer les femmes sous des voiles,
et de barrer la route aux aspirations universelles à la liberté et à
l'égalité.

Car, contrairement aux discours des réactionnaires et aux idéologies sur
le relativisme culturel et le choc des civilisations, il n'y a pas des
femmes « musulmanes » à opposer aux femmes « occidentales », mais
uniquement des êtres humains qui aspirent à profiter de la vie, à aimer
qui elles veulent, et à profiter de toutes les richesses matérielles,
intellectuelles, culturelles et sociales que le 21ème siècle pourrait
offrir à l'humanité. Qui peut décemment penser qu'il y aurait des
fillettes qui souhaiteraient être excisées ? Des gamines qui rêveraient
d'être mariées de force et violée à 9 ou 10 ans ? Des jeunes filles qui
voudraient être tuées « pour l'honneur » ? Des femmes qui aimeraient être
lapidées ? Qui se réjouissent d'être des citoyennes de seconde zone ? Qui
sont heureuses de devoir, même à 40 ou 50 ans passés, demander
l'autorisation d'un tuteur masculin, mari, frère, père ou oncle, pour
pouvoir se marier, quitter le pays, ou travailler ?

Les défenseurs du relativisme culturel et du choc des civilisations
peuvent bien théoriser ce qu'ils veulent, il n'y a pas une femme au monde
qui souhaite être battue, violée, ou discriminée. Et c'est bien parce
qu'elles n'en peuvent plus de subir toute cette oppression, que tant de
jeunes femmes d'Afghanistan ou du Kurdistan s'immolent par le feu pour
fuir une vie faite de souffrances. A toutes celles qui ne voyaient pas
d'autre alternative que la souffrance ou la mort, la révolution féminine
en Iran apporte une voix d'espoir, celle d'une vie meilleure, libérée de
l'oppression.

La révolte des femmes d'Iran fait battre le coeur de millions et de
millions de femmes qui crèvent des traditions rétrogrades et des pressions
réactionnaires. Elle résonne dans les coeurs des Algériennes en lutte
contre le code de l'infamie et des Pakistanaises pour l'abrogation des
lois Hudood, dans celui des Kurdes révoltées par la barbare mise à mort de
Doa Khalil et des Afghanes qui se lèvent contre les lois misogynes du
gouvernement Karzaï dignes de celles des Talibans, dans celui des
Irakiennes qui refusent la Charria imposée par le gouvernement mis en
place par le militarisme US et dans celui des Syriennes qui réclament la
criminalisation des meurtres « d'honneur », dans celui des fillettes du
Yémen, qui comme Nojoud, refusent d'être mariées à 10 ans et dans celui
des Soudanaises et Égyptiennes qui ne veulent plus être mutilées.

En avançant la revendication d'égalité totale entre les femmes et les
hommes, de la destruction de l'apartheid sexiste, et de l'abolition de
toutes les lois religieuses et codes traditionnels qui enferment les
femmes, les Iraniennes ouvrent la perspective d'une formidable et radicale
révolution féminine et anti-patriarcale. Ce souffle de la liberté se
transformera en une tempête qui balayera non seulement la République
Islamique et ses mollahs, mais aussi Karzaï et les Talibans, la dynastie
Al Saoud, les émirs et les dictatures policières ou militaires, les
prédicateurs qui justifient les violences contre les femmes et plus
largement tous les défenseurs de la réaction religieuse et des traditions
misogynes. En ce sens, cette révolution ne vengera pas seulement toutes
les Neda, Taraneh, Delara et autres iraniennes victimes de trente ans de
régime misogyne, mais aussi toutes les Yousra Al-Azam, Nahla Hussain,
Aicha Ibrahim Duhulow, et toutes celles qui, d'Algérie au Bangladesh ont
été assassinées par les brutes islamistes, ainsi que toutes les Doa
Khalil, Banaz Mahmod, Meryem Sökmen, Hatin Surucu, Hamda Abu-Ghanem et
autres victimes des traditions patriarcales les plus rétrogrades.

Par leur radicalité et leur combativité, les femmes d'Iran démentent aussi
tous les discours des diplomates et intellectuels occidentaux sur les «
transformations progressives », la nécessité de changer les choses
lentement et « pas à pas », comme si au nom de telle ou telle « culture »,
« tradition » ou « religion », on pouvait accepter que les droits humains
les plus basiques des femmes soient violés. Les Iraniennes ont répondu à
ces discours creux et pourraient reprendre ces mots de Nadina El Bedair,
journaliste féministe saoudienne : « Les gens disent que les choses vont
changer lentement et je leur dis toujours que nous n'avons pas le temps
pour que cela change lentement (...). Les gens qui devraient changer sont
les gens islamiques et traditionnels, mais je n'ai pas à attendre qu'eux
changent leurs idées, je dois changer ma vie parce que je n'ai qu'une vie,
qu'une seule chance de vivre ma vie et je veux la vivre comme j'en ai
envie et pas comme les islamistes le veulent ». Affrontant la mort par
soif de vie, les Iraniennes rappellent face à tous ceux qui ont voulu
enterrer cette perspective, que la révolution est la seule voie pour
briser l'oppression.

En ouvrant, au coeur d'une région ensanglantée par les guerres, le
racisme, le machisme et l'intégrisme religieux, un troisième front,
libérateur, féministe et égalitaire, face à l'impérialisme et à l'Islam
politique, les femmes d'Iran et les hommes qui luttent à leurs côtés,
ouvrent la possibilité d'un Moyen-Orient où il fera bon vivre pour toutes
et tous, sans que soient prises en compte les fausses identités
religieuses, nationales ou ethniques, où non seulement chaque humain
pourra exprimer, sans risque, son opinion mais où les femmes pourront même
parler de leurs amants, et pour certaines de leurs amantes, sans aucune
crainte. Et bien au-delà du Moyen-Orient, en brisant un régime
théocratique et misogyne, la révolution féminine en Iran sera un point
d'appui considérable pour celles qui, de Pologne aux Etats-Unis, doivent
affronter l'Eglise catholique ou les fondamentalistes protestants pour
obtenir ou défendre le droit à l'IVG. Suivant le principe que la liberté
des femmes mesure le degrés de liberté de toute la société, les femmes en
Iran, en revendiquant aussi l'abolition de la peine de mort, la libération
des prisonnier(e)s politique et la liberté d'expression, redonnent y
compris espoir à Mumia Abu Jamal et aux enfermés des couloirs de la mort,
aux anarchistes emprisonnés de Serbie, aux syndicalistes assassinés de
Colombie, et à toutes celles et tous ceux qui, où qu'elles ou ils vivent,
subissent le poids de la répression étatique, des discriminations, et de
l'exploitation capitaliste.

Si le pouvoir institué par les ayatollahs a lancé dans le monde entier le
slogan misogyne « le voile ou les coups », la révolution féminine en cours
en lance un autre, doux et tendre comme des mots d'amour, « ni voile ni
coups, liberté ! Égalité ! ».

30 janvier 2010

Vive la révolte des femmes d'Iran !

http://www.youtube.com/watch?v=AJgZJVeChVk


[ EDIT (Mic à titre de validation au CMAQ)
* déplacé dans la section Analyses (au lieu de Reportages indép.)]



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