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Le peuple, seul, pourra sauver Haïti!Anonyme, Sunday, January 17, 2010 - 22:37
Le Drapeau rouge-express
La tragédie inqualifiable qui vient de secouer Haïti a suscité, à juste titre, une immense vague de solidarité d’un bout à l’autre de la planète. Des millions de travailleurs, de paysannes et de gens de peu de moyens se disent prêtEs à faire ce qu’il faut pour aider leurs frères et sœurs d’Haïti, aux prises avec cette nouvelle catastrophe. Ils et elles n’en attendent pas moins de la part des gouvernements des États impérialistes, qui ont certes les moyens de porter secours au peuple haïtien et dont les immenses capacités, justement, tiennent de l’exploitation à laquelle ils se livrent des peuples des pays dominés – le valeureux peuple haïtien n’étant pas la moindre de leurs victimes. Si le séisme qui a décimé Haïti et son peuple était imprévisible, il est évident que la faiblesse des infrastructures du pays a lourdement contribué au désastre actuel, de même qu’aux faibles possibilités de sauver les nombreux survivants ensevelis sous les décombres ou encore, de soigner les dizaines de milliers de blesséEs. On questionne, non sans raison, l’incapacité d’agir du gouvernement haïtien, qui semble avoir pratiquement disparu avec l’effondrement du Palais national. Il est vrai que l’État haïtien est un État déliquescent et que les hommes et les femmes qui ont coutume de le diriger ont rarement démontré leur capacité de veiller aux intérêts du peuple. De tout temps, la bourgeoisie haïtienne n’en a eu que pour ses propres poches, qu’elle s’est remplies allègrement au prix du sang et de la sueur des travailleurs, des travailleuses et paysanNEs. Mais il en a été de même des grandes puissances étrangères, qui ont toujours gardé la main haute sur les affaires du pays. Certaines semblent se réjouir de la situation actuelle, y voyant l’occasion de «reconstruire Haïti», ce dont le peuple haïtien n’aurait apparemment jamais été capable lui-même. Cette idée d’un nouveau «plan Marshall» n’augure rien de bon pour le peuple haïtien. La vérité, c’est que ce sont les grandes puissances étrangères qui ont fait d’Haïti ce qu’elle est aujourd’hui. Ce sont elles qui l’ont colonisée, volée et subjuguée, et qui l’ont empêchée de se développer comme elle aurait pu et comme son peuple l’aurait certes voulu. Ce sont elles qui ont renversé son président élu le 29 février 2004 et installé un régime qui leur était plus favorable. Depuis près de six ans que les services publics, la sécurité et les projets de «développement» sont sous le contrôle strict et direct des États-Unis, de la France, du Canada, du Québec et du Brésil (pour ne nommer que ceux-là), ce n’est pas exagéré d’affirmer que ce sont ces États qui sont responsables, en tout premier lieu, de l’absence de quelque préparation que ce soit au récent séisme et de l’incapacité totale des autorités à y faire face. Et que dire de ces fameuses «ONG» – ces organisations mal nommées, qui n’ont de «non gouvernementales» que le titre dont elles se parent et qui occupent le territoire haïtien depuis des temps immémoriaux? On dit qu’Haïti est le pays où l’on retrouve le plus d’ONG au kilomètre carré: n’ont-elles donc rien fait pour aider le peuple haïtien à s’autodéterminer, à bouter dehors les exploiteurs étrangers? N’ont-elles donc jamais pensé soutenir les forces populaires et révolutionnaires qui auraient pu ouvrir la voie à un développement national authentique, au service du peuple haïtien? Qu’ont-elles donc fait de ces dizaines de millions de dollars qu’elles ont administrés? N’auraient-elles pas pu s’en servir pour les développer, justement, ces fameuses infrastructures dont tout le monde souligne actuellement la faiblesse? Et ce sont ces gens-là, ces organisations et ces États, à qui il faudrait confier la responsabilité de reconstruire ce pays, qu’elles n’ont cessé d’avilir? Si l’on est en droit d’exiger des grandes puissances impérialistes qu’elles mettent tout en œuvre, et rapidement, pour porter secours au peuple haïtien, il ne saurait être question de les laisser se livrer à une honteuse opération de recolonisation ni à une occupation militaire prolongée. Notre solidarité, c’est au peuple haïtien lui-même qu’il faut l’offrir. À ceux et celles qui souhaitent exprimer leur solidarité par le biais d’un soutien financier, nous vous demandons de considérer la possibilité de donner aux organisations et aux réseaux qui luttent pour la libération d’Haïti et soutiennent les secteurs populaires et révolutionnaires: ainsi en est-il de l’hebdomadaire Haïti Liberté, qui témoigne depuis près de trois ans de la résistance du peuple haïtien (www.haiti-liberte.com). Vous pouvez vous abonner à ce journal ou encore, lui offrir un don en ligne. Si vous tenez absolument à ce que votre contribution serve au secours direct et immédiat, le Comité international de la Croix-Rouge nous semble la meilleure option dans la mesure où il se consacre uniquement à cette tâche, contrairement aux ONG telles OXFAM ou le CECI qui ont soutenu ou justifié le renversement du président Aristide et l’arrivée des troupes d’occupation. Au peuple haïtien, à nos chers frères et sœurs qui vivent actuellement les moments les plus difficiles, nous disons: courage, nous sommes avec vous et avons besoin de vous! Ensemble, nous serons capables de bâtir un monde meilleur – un monde d’où les catastrophes humaines générées par l’impérialisme auront enfin disparu. -- Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 224, le 17 janvier 2010. |
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