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[Québec] Pourquoi marcher à Gaza le 31 decembre 2009 ?karinewalsh, Tuesday, December 15, 2009 - 15:25
K. Walsh
Samedi le 27 décembre 2008 marqua le début d’une période noire dans l’histoire de l’humanité alors que l’armée israélienne amorça sur la Bande de Gaza une offensive militaire aérienne et puis terrestre : « l’opération plomb durci », une offensive qui allait durer 22 jours, contre une population captive et vulnérable de 1.5 millions d’habitants. Gaza, c’est l’endroit où nous avons choisi d’entamer la prochaine décennie. Un territoire d’environ 46 km de long sur 12 km de large, où vit une population majoritairement composée de réfugiés Palestiniens chassés de leurs terres lors des interventions militaires annexionnistes d’Israël en 1948 et en 1967. L’hiver dernier, ce que les voix au pouvoir ont qualifié de « guerre » fut en fait un exercice militaire méticuleusement orchestré contre une population assiégée qui n’a offert pratiquement aucune résistance durant l’opération. Le rapport Goldstone, compte-rendu lucide d’une mission d’enquête du Conseil des droits humains de l’ONU sur le massacre de Gaza, témoigne dans les moindres détails des méfaits commis par l’assaillant: attaques délibérées contre des civils et des institutions civiles, y compris des hôpitaux, des écoles, des mosquées, des ambulances, des installations d'eau potable et des système d'égouts; utilisation d’armes au phosphore blanc, utilisation de boucliers humains; traitement abusif des détenus; imposition d'un blocus avant, pendant et après l'attaque. Ce rapport conclut qu'Israël a violé le droit international humanitaire, a commis des infractions graves à la Quatrième Convention de Genève en ce qui a trait aux homicides volontaires; a causé intentionnellement de grandes souffrances à une population sous occupation; a commis des crimes de guerre et peut-être même des crimes contre l'humanité. Selon l’analyse de l’intellectuel américain Naom Chomsky, même le début de l’offensive ne fut pas laissé au hasard: un peu avant midi, alors que les enfants rentrent de l’école et que les rues de la ville densément peuplée de Gaza fourmillent de gens. En seulement quelques minutes, 200 innocents furent tués et 700 blessés. Bilan après 22 jours du carnage : 13 Israéliens et 1400 Palestiniens ont été tués. Alors que devant cet effroyable spectacle, l’indignation submergea le monde, rappelons que les États-Unis ont utilisé leur droit de veto au sein du Conseil de sécurité de l’ONU pour empêcher l’adoption des résolutions appelant à un cessez-le-feu immédiat. Il convient de mentionner que contrairement aux idées reçues, en phase avec la propagande et la censure idéologique des médias dominants, le conflit Israélo-palestinien n’en est pas un ancien et mythique, alimenté par d’obscurs prophéties religieuses. Partout où la violence règne, au-delà des différentes religions ou tout autre subterfuge utilisé pour diviser et manipuler les peuples, se trament nécessairement des enjeux de pouvoir bien concrets, économiques et géopolitiques. Pour reprendre l’expression de l’écrivaine et journaliste du Haaretz Amiras Hass, la dénonciation du massacre de Gaza est d’autant plus significative que cette « guerre » est la sinistre représentation des « guerres à venir » et non des « guerres passées ». Lorsque les gouvernements des puissances impérialistes s’allient dans un tel acte de barbarie et qu’aucune institution en place n’arrive à défendre les vies humaines ainsi sacrifiées, c’est toute l’humanité qui doit se lever et lutter pour que jamais l’impunité ne soit accordée à cet ennemi commun. Le 29 novembre 1947, alors que la Palestine était sous autorité britannique, l’Assemblée générale des Nations-Unies adopta la Résolution 181 sur la partition de la Palestine, qui allait voir son territoire être divisé en 2 États au détriment et sans l’avis des gens qui peuplaient ses terres. Selon cet accord mafieux, sous la pression de fortunés sionistes européens et avec l’appui des grandes puissances impérialistes, 56% du territoire Palestinien fut cédé pour l’établissement d’un État à majorité juive, alors que ceux-ci ne constituaient à cette époque qu’un tiers de la population. En mai 1948, les dirigeants sionistes poussèrent cette fourberie à l’extrême en profitant de leur nette supériorité militaire pour envahir ce qu’il restait de la Palestine, en y semant la terreur et la mort dans le but avoué d’entraîner les populations à l’exode. Ce ne fut que le début de la souffrance collective d’un peuple qui perdura à travers les générations et même au-delà de la Palestine, dans les camps de réfugiés d’autres pays arabes, notamment lors du massacre au camp de Sabra & Shatila au Liban en 1982. Après la guerre des 6 jours de 1967, Israël mit la main sur 20 à 30 % du petit territoire de Gaza qui était depuis 1948 sous contrôle égyptien, et dans son insatiable désir de conquête, allait y établir quelques 9000 colons juifs. Durant les soi-disant années de paix des accords d’Oslo, qui furent en fait une période de colonisation intense de la Cisjordanie, les citoyens de Gaza se virent imposé un système de laissez-passer qui allait restreindre d’avantage leurs libertés de circulation. En 2005, alors que les colons sont finalement retirés de Gaza, celle-ci n’en demeure pas moins verrouillée, rendant la vie des Gazaouis infiniment plus dure qu’en Cisjordanie, alors que cette région est militairement occupée et progressivement annexée. C’est en janvier 2006 que la population de Gaza posa le geste fatidique qui lui attira les foudres du régime sioniste, alors que sera élu à la gouvernance le Hamas, un parti politique de combattants islamiques qualifiés de « terroristes » par les grandes puissances et non reconnus par la communauté internationale. Le Hamas fut d’ailleurs également accusé de crimes de guerres pour avoir lancé des missiles à partir de Gaza sur le territoire Israélien, mettant ainsi en danger la vie de civils innocents. Pourquoi nous allons à Gaza? Parce qu’une année après le massacre, alors que les tortionnaires et leurs alliés semblent une fois de plus se défiler en toute impunité, le blocus illégal de Gaza dure toujours. Ce siège est une violation flagrante du droit international et les États-Unis, le Canada, l’Union européenne et le reste de la communauté internationale sont complices. Nous allons à Gaza parce que nous refusons de rester indifférents devant cette historique injustice. Parce que nous croyons que tous les êtres humains qui naissent sur cette Terre ont le droit de connaître la paix, de grandir et de vivre dignement. Parce que nous sommes conscients de l’immense privilège qu’il nous est alloué d’être libres, de pouvoir voyager, découvrir le monde et changer le cours de l’histoire par la force de nos convictions. Parce que nous croyons qu’il est de notre devoir de tout faire pour que soit levé le siège de Gaza, pour que cesse immédiatement l’occupation et pour que les Palestiniens réfugiés se réapproprient leur droit de retour et leur droit à l’autodétermination sur leur terre ancestrale. Nous voulons rompre cette indifférence qui embrouille les consciences humaines. Comme les 30 soldats vétérans israéliens qui ont choisi de briser le silence et de témoigner dans le cadre de la mission d’enquête des Nations-Unies; comme les 1674 militaires israéliens qui ont cessé d’êtres les acteurs de cette occupation criminelle en refusant de servir malgré les conséquences allant jusqu’à l’emprisonnement; comme plusieurs juifs à travers le monde qui ressentent une indignation grandissante et une répudiation du sionisme qui entache leur héritage historique. Par notre présence, nous allons montrer au Gazaouis qu’ils ne sont pas seul dans le combat. Puisque notre gouvernement prône tacitement l’impunité des crimes commis à Gaza lors de l’opération militaire meurtrière de l’hiver dernier, puisque les institutions internationales supposément au service de la paix et la justice n’ont jusqu’à ce jour jamais pris les mesures nécessaires pour que soit appliquées les nombreuses résolutions laissées lettre morte, les peuples du monde ont le devoir de s’unir et d’agir. Le 31 décembre, avec plus de 1300 internationalistes venus de 42 pays à travers le monde, dont une dizaine de québécois, nous briserons ce siège infâme en marchant avec les Gazaouis jusqu'à la frontière israélienne de Erez. Cette marche, une initiative de la Coalition to end the Illegal Siege of Gaza, est inspirée de Mahatma Gandhi et de Nelson Mandela, illustres combattants pour la justice. Ce dernier est célèbre pour sa lutte contre l’Apartheid en Afrique du Sud, qui s’apparente à bien des égards à l’Apartheid israélien. Gandhi quand à lui, appelait son mouvement « Satyagraha », ce qui signifie la « force de la vérité » : le but de l’action non-violente est d’accélérer la conscience de l’humanité, nous voulons donc amener l’humanité à ne pas se contenter de déplorer la brutalité israélienne mais à activement y mettre fin. Puisse 2010 marquer le début d’une décennie de changements historiques. K. Walsh
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