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Croyez-vous en Dieu, oui ou non?Anonyme, Thursday, August 20, 2009 - 09:59
Jorge Majfud
Jorge Majfud Ils me demandent si je crois en Dieu et ils me préviennent qu’ils n’ont besoin que d’une seule phrase. Je m’assieds, mais : pourquoi insistez-vous à me soumettre à la tyrannie d’une semblable question? Si vraiment ma réponse vous intéresse, vous aurez à m’écouter. Sinon, bonsoir. Rien ne se perd. La question, comme tant d’autres, est tricheuse... Vous m’exigez un oui ou un non clair. Il y aurait une de ces réponses bien claire si le Dieu sur lequel vous m’interrogez était aussi clair et défini. Aimez-vous Santiago? Pardon : quel Santiago? Santiago de Compostelle ou Santiago du Chili? Santiago de l’Estuaire ou Santiago Matamore? Bon, regardez, mon plus grand désir est que Dieu existe. C’est la seule chose que je lui demande. Mais pas n’importe quel Dieu. Il semble que presque tous sont d’accord en ce que Dieu est unique mais, si c’est vrai, il faudra reconnaître que c’est un Dieu à multiples personnalités, de multiples religions et de haines mutuelles. La vérité est que nous ne pouvons croire en un Dieu qui chauffe les cœurs pour la guerre et qui inspire tant de terreur que personne n’est capable de bouger d’une virgule. Pour lequel mourir et tuer par ce mensonge est une pratique commune; questionner cela relève d’une singulière hérésie, qui est faite sur mesure et à la convenance de nations sur d’autres, de classes sociales sur d’autres, de races sur d’autres. Un Dieu qui pour son divertissement a créé des hommes condamnés à partir de leur naissance, et d’autres élus jusqu’à la mort et qui, en même temps, s’enorgueillit de son universalité et de son amour infini. Comment croire en un dieu aussi égoïste, aussi mesquin? Un dieu criminel qui condamne l’avarice et l’accumulation d’argent et récompense ses avares élus avec plus de richesses matérielles. Comment croire en un dieu en cravate les dimanches, qui crie et se gonfle les veines condamnant ceux qui ne croient pas en de semblables apparats de guerres et de domination? Comment croire ne un dieu qui au lieu de libérer soumet, châtie et condamne? Comment croire en un dieu mesquin qui a besoin de la petite politique de quelques fidèles afin de se gagner des votes? Comment croire en un dieu médiocre qui doit utiliser la bureaucratie sur la terre afin d’administrer ses affaires au ciel? Comment croire en un dieu qui se laisse manipuler comme un enfant effrayé dans la nuit et qui sert chaque jour les intérêts les plus répudiables sur la terre? Comment croire en un dieu qui dessine de mystérieuses images sur les murs humides afin d’annoncer à l’humanité que nous sommes en train de vivre des temps de haine et de guerres? Comment croire en un dieu qui se communique à travers des charlatans du coin, qui promettent le ciel et qui menace de l’enfer celui qui passe, comme s’ils fussent des courtiers de bien-fonds? De quel Dieu sommes-nous en train de parler lorsque nous parlons du Dieu Unique et du Tout-Puissant? Est-ce le même Dieu qui commande à des fanatiques de s’immoler dans un marché, le même Dieu qui commande à leurs avions de décharger l’enfer sur des enfants et des innocents en son nom? Peut-être que oui. Alors, je ne crois pas en ce dieu. Pour mieux dire, je ne veux pas croire qu’un tel criminel soit une force surnaturelle. Parce que nous avons assez de notre propre méchanceté humaine. Seulement, la méchanceté humaine ne serait pas aussi hypocrite si elle se consacrait à opprimer et à tuer en son propre nom, et non au nom du Dieu créateur et bon. Un Dieu qui permet à ses manipulateurs, qui ne possèdent pas la paix dans leur cœur, de parler de la paix infinie de Dieu pendant qu’ils vont condamnant ceux qui n’ont pas la foi. Ceux qui n’ont pas la foi dans cette tragique folie qu’ils attribuent à Dieu chaque jour. Des hommes et des femmes sans paix qui se disent élus par Dieu et l’acclamant aussi parce qu’il en ressort que cela ne leurs soit pas suffisant que Dieu les ait élus pour leurs douteuses vertus. Ces terroristes de l’âme qui menacent de l’enfer, avec des voix suaves ou des cris ceux qui se risquent à douter de tant de folie. Un Dieu créateur de l’Univers qui doit s’accommoder des murs étroits de maisons consacrées et d’édifices sans maléfices élevés par l’homme, non afin que dieu ait un lieu dans le monde mais afin de le retenir dans ce lieu. C’est un lieu défini, c’est-à-dire, privatisé, contrôlé, circonscrit à des idées, à des paragraphes et au service d’une secte d’auto-élus. Par la suite, l’accusation classique pour celui qui doute des réels attributs de Dieu établis par la tradition est celle d’orgueil. Les prédicateurs furieux, en échange, ne s’arrêtent pas un instant à réfléchir sur leur orgueil infini à appartenir, à guider et à administrer le club sélect des élus du Créateur. La seule choses que je demande à Dieu c’est qu’il existe. Mais chaque fois que je vois ces hordes célestes, je me souviens de l’histoire, réelle ou fictive, du chef Hartuey, condamné au bûcher par le gouverneur de Cuba, Diego Vélasquez. Selon le père Bartolomé de las Casas, un prêtre qui l’assista dans ses dernières heures, essayant de l’assurer du ciel s’il se convertissait au christianisme. Le chef lui demanda si là il rencontrerait des hommes blancs. ‘’Oui – répondit le curé - , parce qu’eux ils croient en Dieu’’. Ce qui fut une raison suffisante pour que le rebelle se désiste à accepter la nouvelle vérité. Alors, si Dieu est cet être qui chemine derrière ces adeptes en transe, en vérité, je ne peux croire en lui. Pourquoi faudrait-il que le Créateur donne à ses créatures la raison critique et que, par la suite, leurs exige une obéissance aveugle, des tremblements hallucinés, des haines incontrôlables? Pourquoi faudrait-il que Dieu préfère les croyants aux penseurs? Pourquoi faudrait-il que l’illumination soit la perte de la conscience? Ne serait-ce que l’innocence et l’obéissance ne se portent pas bien? Et tout ceci veut-il dire que Dieu n’existe pas? Qui suis-je moi pour donner une pareille réponse? Seulement je me demande si le Créateur de l’Univers peut réellement entrer dans une coque de noix, dans la tête d’un missile. Traduit de l’espagnol par : Pierre Trottier
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