Comment se fait-il que le meurtre de Freddy Villanueva ait suscité tant d’émotions, comparé à l’attention médiocre qu’ont reçu ses prédécesseurs abattus par la flicaille ? Comment distinguer le cas de Fredy des autres? Par son jeune âge? Par l’extrême contingence de l’événement? Des meurtres policiers se produisent continuellement, ce n’est que l’élongation, l’extension de la pratique quotidienne de la répression.
Dans émeute il y aussi meute, comme les meutes de chiens. Dans émeute il y a aussi émotion, dans é-motion il y a mouvement. Une grande joie, une grande peur, une grande rage, une grande affectation collective : voilà ce qu’est l’émeute. Et il y a quelque chose de dangereux là-dedans, quelque chose comme d’un grand danger pour « la société ». Quelque chose de fondamentalement tabou dans l’émeute, comme si c’était inhumain, d’une indignité animale aux yeux des classes dominantes. C’est le dernier instrument d’expression des exclus ayant perdu toute possibilité de voix politique. Mais c’est aussi leur premier instrument d’expression : le plus proche de l’événement, le plus à portée de main. C’est l’émeute qui a suivi le meurtre de Fredy qui de toute évidence a fait qu’un an après, les médias en parlent encore. C’est aussi à cause de l’émeute exceptionnelle qui l’a marqué que tant de gens qui ne font pas partie de sa famille directe se sont impliqués dans Hoodstock. C’est en souvenir de l’émeute de l’année dernière que la marche était aussi fébrile. Mais la marche du 9 août 2009 organisée par la CRAP a cherchée par tous les moyens à éviter que tout « débordement » se produise. Pourquoi?
Déclarant aux médias que le message qu’ils cherchaient à faire passer par Hoodstock et la marche est que « les gens de Montréal Nord peuvent faire quelque chose de constructif », les organisateurs condamnaient déjà implicitement l’émeute de l’année dernière. Cette émeute n’aurait été que l’expression trop vive et irrationnelle d’une poignée de jeunes en colère, maintenant il serait temps de laisser place à la parole de la communauté, c'est-à-dire à des représentants de divers groupes tous opposés à la violence en général. En choisissant d’éviter toute confrontation, en parlant au nom de la communauté pacifique, les porte-paroles ont occulté le fait que la communauté de Montréal Nord est autant celle qui désire la sécurité et la paix que celle qui fait une émeute. On ne peut choisir une partie de la communauté comme représentante d’un tout, en oubliant toute une partie de ses pratiques. L’émeute de l’année dernière était le fait d’une communauté au même titre que ceux qui lancent des appels à la paix : ils ont la même « légitimité ». En niant la puissance de notre propre communauté, la force des gens autour de soi, l’événement ne pouvait que s’enfoncer dans l’apparence devant les médias et l’auto-culpabilisation. Un grand mea-culpa communautaire.
Ainsi a-t-on vu l’émergence de discours au sein même des leaders religieux et politiques de Montréal-Nord appelant à la réconciliation, au travail sur soi avant de blâmer la police. Évidemment, ce type de discours antiviolence sous-tend en fait l’idée qu’il y aurait un tort de la part des jeunes de Montréal-Nord. Parler de réconciliation c’est impliquer qu’il aurait eu un conflit entre deux parties, et non une injustice unilatérale. Expression classique de l’auto-culpabilisation des opprimés par leurs propres leaders, ce type de phénomène est issu d’un grand héritage religieux et d’une intériorisation très forte de l’idéologie dominante, celle qui dit que si la police s’en prend à quelqu’un, c’est qu’il l’a cherché un peu, et qu’ après la colère doit venir l’apaisement et l’ordre.
Est-ce que le flic qui a tué Villanueva en est responsable? Puisque cela semble être le discours qui est amené par le communautaire. La police semble avoir l’argument contraire, comme quoi il ne faisait que son travail de policier, la preuve en est qu’il n’a pas été démis de ses fonctions. Demander la démission du flic meurtrier, c’est transformer le dossier en litige privé : une simple altercation entre deux citoyens aux droits égaux. Mais le point est qu’il n’y a pas égalité de droit entre le policier et le « citoyen » parce qu’en fait le policier est toujours juge et partie. Et considérer le policier uniquement comme parti potentiellement égal, cela revient à ne pas questionner le fait qu’il est juge. Cela revient à dépolitiser toute l’affaire. Jean-Loup Lapointe n’est pas particulièrement responsable de ce qu’il a fait, il faisait sa job. C’est sa job et tout ce qu’elle comporte qui est responsable de la mort de Fredy Villanueva. Vouloir une police communautaire, c’est peut-être déjà le communautaire qui se fait police.
Il est peu étonnant que des leaders religieux ou des organisateurs communautaires, tous aussi compromis avec le pouvoir, cherchent à discréditer l’émeute, et toute forme d’expression politique dépassant l’apitoiement et le quémandage. Ce qui étonne, c’est que des groupes plus radicaux s’allient à ce discours, allant jusqu’à participer à l’instrumentalisation de la foule pour la détourner de toute confrontation, jusqu’à jouer les services d’ordre. « Il y a eu émeute parce que les gens sont pauvres : mais si vous nous donnez de l’argent, nous les éduqueront pour que ça n’arrive plus». Le mépris et l’autoritarisme n’est pas toujours le fait de ceux qu’on croit, et des représentants autoproclamés de la « communauté » peuvent aussi bien couvrir les cris de la foule et jouer les flics de l’intérieur.
Dans une vision « progressiste » et pacifiste de la politique, l’émeute ne serait donc que l’expression irrationnelle d’une colère par un groupe peu conscient de ses propres enjeux, un groupe à éduquer. Le stade primaire d’une révolte à canaliser, à utiliser. Serait-il possible de voir dans l’émeute autre chose? Car le geste de destruction et de violence commis en groupe rend effectivement heureux ceux qui y participent. La violence y crée une communauté de fait qui se retrouve dans l’exultation d’une joie du renversement des normes et de l’ordre. La destruction est rituelle, elle n’est pas irrationnelle. Elle s’attaque à certains symboles du pouvoir, à certains objets de répression, utilise de manière ingénue les matériaux sous la main. Et malgré l’opinion commune, l’émeute rapporte politiquement. Il y a une intelligence de l’émeute.
En effet, quelle aurait été l’attention portée à la mort de Freddy si aucun débordement n’avait suivi son meurtre? L’émeute qui a pris par surprise le vieux Québec réactionnaire est bien l’événement qui a mis en lumière la nécessité de ne plus nier le racisme systémique de la police, le fait qu’il ne faudra pas compter sur une enquête de flics pour poser des sanctions à l’encontre des siens, la pauvreté et la colère de toute une population ghettoïsée, prête à exploser. Et à la suite de l’émeute, Montréal-Nord s’est coltiné bien plus de patrouilles policières mais aussi une attention spéciale de la part de ceux qui gouvernent : subventions, emplois, rénovations, etc. Quoi qu’on en pense, l’émeute est une stratégie politique qui se vaut rationnellement.
Les commémorations de l’anniversaire de la mort de Fredy ont donc reflété toute la confusion, l’incompréhension des enjeux réels et la volonté de contrôler la foule de jeunes afin de donner une image dite positive et constructive de la communauté. C’est au nom de l’image que l’on a accepté de collaborer avec la police pour le concert de Hoodstock, en réclamant une sécurité interne pour éviter toute confrontation directe avec la police. Dans la même veine, les organisateurs de la marche ont préféré ignorer l’arrestation d’un jeune homme dans une ruelle et la violence d’un char de flics qui fonce dans un vélo qui tente de lui bloquer chemin, refusant un principe de base de la manifestation, la solidarité avec tous les participants. Se faisant, les organisateurs s’enfermaient dans le rôle de police de l’intérieur, eux qui voulaient si bien faire ont en fait évité aux vrais flics tout danger de confrontation réelle avec ceux qui avaient une volonté de vengeance trop vive. Car ne l’oublions pas, Fredy est mort en étant en colère contre un policier, en voulant aider son frère, et cette volonté ne doit pas être niée. Pas plusqu’il ne faudrait oublier lorsqu’on cite Martin Luther King que celui-ci a tout de même été abattu. Et lorsque pendant son discours la mère de Fredy sous le coup de l’émotion déclare que c’est parce qu’ils sont des immigrants que la police leur tire dessus, l’interprète préfère ne pas traduire, malgré les protestations de la foule qui sent déjà que quelque chose de l’événement leur échappe.
En préférant parler de racisme chez les policiers, et non du problème général de la répression, en voulant à tout prix donner une image pacifiste et unitaire de la marche, en évitant à tout prix l’émeute, les organisateurs ont en fait condamné leur communauté à l’impuissance. Puisque l’événement s’est si bien déroulé, les flics n’auront plus peur de Montréal-Nord, les politiciens se diront qu’après tout le péril n’était pas si proche et l’attention retombera. Ce qui s’était créé par l’émeute en liens, en solidarités, en force, se perdra en méandres politiciennes et spectaculaires. En réclamant que le parc Henri-Bourassa, où a été abattu Fredy, soit renommé Villanueva par la ville, la coalition se condamne à la faiblesse et à la recherche de reconnaissance. Car a-t-on besoin que la ville vienne changer les panneaux officiels? Une plaque commémorative veut déjà dire que tu t’es fait enterrer. Une plaque si vite mise est un affront à la mort.
Je me dois de signaler qu’il y a un élément que tu passes complètement sous silence dans ton analyse : la position de la famille Villanueva. Dois-je rappeler que la marche commémorative du 9 août 2009 a été organisée par la CRAP en collaboration avec la famille Villanueva, laquelle a exprimé publiquement qu’elle souhaitait que la marche se déroule dans le calme ? Peut-être crois-tu que les « groupes plus radicaux » auraient dû faire abstraction des attentes des Villanueva, mais moi je ne regrette rien. C’est peut-être un petit détail de rien du tout pour toi, mais la mère et la soeur de Fredy étaient toutes deux heureuses de cette marche. Au moins tu as eu la décence de ne pas t’en prendre à la famille Villanueva dans ton texte.
Oui, c’est vrai, des appels au calme ont été lancés lors d’un incident qui a éclaté sur la rue Jubinville au moment où un discours était prononcé sur la rue Pascal. Jusqu’à preuve du contraire, je considère que cet incident a eut lieu en marge de la marche. D’ailleurs, il était physiquement impossible pour la plupart des gens qui prenaient part à la marche de voir l’intervention policière qui a eut lieu sur la rue Jubinville.
Quoiqu’en dise les partisans de l’émeute-à-tout-prix-n’importe-quand-n’importe-comment, je doute que la marche commémorative était un moment particulièrement bien choisi pour faire une émeute à Montréal-Nord. Premièrement, il ne faut pas négliger le risque qu’une émeute aurait pu causer un clivage au sein du mouvement puisqu’elle aurait été à l’encontre du mot d’ordre lancée par la famille Villanueva. Deuxièmement, contrairement à l’an dernier, les forces de l’ordre étaient mobilisées et prêtes à intervenir pour écraser tout débordement lors de la marche.
Il faut vraiment chercher des poux au microscope pour voir un espèce de message caché ou subliminal contre l’émeute dans l’affirmation à l’effet que « les gens de Montréal Nord peuvent faire quelque chose de constructif ». Come on ! Bien avant l’émeute de l’an passé, les médias avaient pris l’habitude d’associer Montréal-Nord à la violence, aux gangs, à la drogue. La citation des organisateurs du Hoodstock que tu rapportes reflète une volonté, non pas de faire un « grand mea-culpa communautaire » comme tu l’écris pompeusement, mais plutôt de déconstruire cette image négative qui s’est forgée dans la tête de bien des gens au sujet de Montréal-Nord.
Tu ne trouveras jamais une citation prouvant que la CRAP ou Montréal-Nord Républik ont craché sur les émeutes de Montréal-Nord. Évidemment, si tu me crois pas, rien ne t’empêche de perdre ton temps à en chercher une.
Bien que tu te soit permis de nous attribuer toutes sortes d’intentions et d’idées qui sont tout à fait étrangères aux nôtres, je ne crois pas qu’il soit nécessaire que je réponde à toutes les énormités et raccourcis tordus que contient ton texte. Ceux et celles qui veulent vraiment savoir quelles sont les véritables positions de la CRAP n’ont qu’à aller visiter notre site web : www.lacrap.org/
Excellent texte. Analyse virulante de la gauche qui redirige la rage de la révolte vers les individues et vers des "revendications constructrices". Je ne pense pas que la CRAP et MTL-NORD Republik aient de "mauvaises intentions" qu'ils cherchent consciamment à fliquer leur événement, mais leurs actions on eu cet effet. Et puis pourquoi donner autant d'importance à la famille de la victime, parce que les désirs de révoltes vont plus loins que l'événement lui même. Je pense que le texte de Frederique pointe ce fait justement, que s'acharner sur l'événement et ses "acteurs" c'est vraiment pathétique et minimaliste, il faut vraiment voir plus loin que le racisme et le flic lui même.
Vive l'émeute à tout pris n'importe quand n'importe ou n'importe comment parce que l'oppression est omniprésente.
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Subject:
Si tu fais un petit effort tu vas sûrement comprendre
J'ai mon voyage ! Tu te demandes « pourquoi donner autant d'importance à la famille de la victime » ? La marche commémorative a été tenue en l’honneur de Fredy Villanueva pis toi tu comprends pas comment ça se fait que la famille Villanueva avait son mot à dire quant au déroulement de l’événement ? Dis-moi, ça t’as pas traversé l’esprit que la famille Villanueva était plus concernée que quiconque d’autre par la commémoration de la mort de Fredy Villanueva ? As-tu vraiment besoin de te faire expliquer quelque chose d’aussi simple que ça ?
Et la famille du pti en Afrique qui est mort? Et la famille de tout les morts pourquoi n'ont-ils pas de marches de ce genre? Faut vraiment voir plus loin que le bout du nez du meurtre. C'est à la police qu'il faut en vouloir, pas au policier en tant que tel. C'est tout les meurtres qui faut prendre en compte. Faut voir plus globale, sinon la répression se faufillera et comme de la mauvaise herbe repoussera année après année... J'ai des sympathie pour la famille villanueva, comme j'en ait pour toutes les familles des victimes de la réalité autoritaire marchande. Comme si la famille de la victime avait vraiment un pouvoir sur ça, c'est une colère populaire qu'on exprime pas une sympatie de voisin. Regarde en Grèce c'est peut-être pas le même contexte, mais ils ne se sont pas gêné... même aux funérailles et si je me souvient bien la famille avait applé au calme.
Et c'est vrai que j'ai surement besoin de me faire expliquer quelque chose d'aussi simple, faut croire que ya des paradigmes que même en tant que militant on ne peut pas dépasser, ahah.
Ce que je veux dire, c’est que quand on décide d’organiser une marche commémorative en l’honneur d’une personne tombée sous les balles de la police, il est parfaitement logique et conséquent de respecter les voeux de la famille du défunt. Mais toi, tu sembles considérer que l’idée même d’organiser un tel événement est problématique en soi.
Tu critiques la marche en nous reprochant de nous « acharner sur l'événement et ses "acteurs », mais savais-tu qu’il y avait des gens à la marche qui arborait des pancartes en forme de pierres tombales nommant les noms de dizaines de victimes du SPVM depuis les 22 dernières années ? Savais-tu aussi que des gens comme le père de Mohamed Anas Bennis (abattu par le SPVM le 1er décembre 2005), le père de Quilem Registre (mort après avoir reçu six décharges de taser le 14 octobre 2007), pour ne nommer que ceux-là, ont pris la parole lors de la marche ? Il me semble qu’il faut vraiment être complètement à côté de la tract pour prétendre que nous ne voyons pas plus loin que l’intervention policière qui coûta la vie à Fredy Villanueva.
Même si je suis tout à fait conscient qu’il y aura toujours des gens qui vont s’amuser à dénigrer ce que nous faisons, il reste que je trouve qu’il y a quelque chose de particulièrement fascinant à voir des gens qui se disent anti-autoritaires et qui disent aux autres quoi faire. Non mais c’est vrai, quelle délicieuse ironie de voir Monsieur « AnarPointFinal » venir nous dire qu’il faut faire ceci, qu’il faut faire cela, qu’il « Faut voir plus globale », qu’il faut en vouloir à la police, qu’il faut prendre en compte tous les meurtres, etc. Mais, dis-moi, si ce qu’il faut faire est si clair que ça dans ta tête, alors y a-t-il quelque chose qui t’empêche de le faire ?
J'ai quelques questions, et j'aimerais que vous puissiez répondre sérieusement.
1) S'il "fallait faire de quoi" le 9 août, pourquoi n'avez vous rien fait ?
2) Si vous vous ne faites rien, qui est digne de recevoir vos félicitations ?
3) Si le contexte de la marche ne se portait pas vraiment à de l'action, pourquoi vous n'avez pas pris l'initiative de commémorer les événements à votre façon ?
4) Si le contexte en Grèce est différent, pourquoi ne vous arrangez vous pas pour créer le dit contexte, ici, au Québec ?
5) Si le but d'une pensée politique est de la mettre en pratique, de quelle façon le faites-vous ?
6) Si vous auriez commencé à tout péter le 9 août, et qu'un-e membre de la famille Villanueva vous aurait demandé d'arrêter immédiatement, quelle aurait été votre réaction ?
7) Dans le contexte actuel de Mtl-Nord, qu'aurait apporté la présence et l'action d'un groupe anarchiste insurrectionnel dans un événement tel que le 9 août ?
8) De quelle façon êtes-vous liés à la population de Mtl-Nord, et en particulier des jeunes du quartier ?
9) Avez-vous fait une quelconque propagande politique à Mtl-Nord depuis 2008 ?
10) AnarPointFinal parle de "paradigmes" dans le milieu militant. Quels sont-ils et de quelle façon les dépassez-vous ?
Je pense que ces 10 questions permettent de poser la table pour un débat fertile. J'estime que sans les réponses adéquates, on ne pourra pas aller bien loin. Je précise par ailleurs que je suis ouvert à procéder dans le sens inverse, et d'ainsi être équitable dans le dialogue. Les dés sont lancés !
Moi je dis que les partisans de l’émeute-à-tout-prix-n’importe-quand-n’importe-comment disent n’importe quoi. Ils n’ont pas réfléchi au fait que le SPVM a tiré des leçons de l’émeute de l’année dernière. Ils ne se sont sûrement pas aventurés dans les rues du secteur nord-est de Montréal-Nord durant la fin de semaine du 8-9 août car s’ils l’auraient fait, ils se seraient vite rendus compte que l’omniprésence policière compromettait sérieusement toute tentative d’action directe. Ils ne semblent pas avoir compris non plus que les flics étaient fins prêts et attendaient juste que quelqu’un tente quelque chose pour avoir l’excuse de foncer dans le tas.
Ils semblent avoir oublié que l’année dernière, l’émeute avait été le fait de résidents qui connaissait leur quartier comme le fond de leur poche, ce qui leur conférait un avantage évident sur le terrain par rapport aux flics, tandis qu’à la marche commémorative il y avait des tas de personnes qui étaient de l’extérieur qui auraient eu de la misère à s’y retrouver et qui auraient représentés autant de proies faciles pour des flics lâchés lousse dans les rues et prêts à casser du manifestant. Ils ne semblent pas avoir pensé au fait que le scénario le plus vraisemblable, en cas de débordements durant la marche commémorative, aurait été que les flics seraient intervenus massivement et auraient tout fait en leur pouvoir pour arrêter le plus de gens possibles, et auraient sans doute essayer d’en profiter pour arrêter les proches des Villanueva, voire les Villanueva eux-mêmes.
Ne croyez-vous pas qu’un tel scénario aurait représenté une superbe victoire pour les flics ? N’est-ce pas là la meilleure façon de « condamner la communauté à l’impuissance » ?
Et puis c’est pas tout. Parce qu’après ça, les donneurs de leçons s’en seraient donnés à coeur joie à faire le procès des militants de la CRAP, qu’ils auraient joyeusement traînés dans la boue en les accusant d’être des organisateurs médiocres, comme titusdenfer l’a fait à l’égard du COBP suite à l’arrestation de masse de la manif contre la brutalité policière du 15 mars 2009.
Voilà pourquoi je dis que les partisans de l’émeute-à-tout-prix-n’importe-quand-n’importe-comment disent n’importe quoi. C’est à se demander s’ils en ont vraiment de quoi à foutre ou si c’est leur quête obsessive du « unbeatable high » qui les a rendus à ce point inconséquents et irréfléchis.
Daccors, lorsqu'on dit il faut faire si ou ça, c'est pas un ordre, c'est plus mon opinion sur ce qui aurait du être fait. A ce que je sache je ne suis pas dans une position d'autorité pour vous dire quoi faire, à moins que vous pensez qu'on puisse être autoritaire par la formulation. En t'en qu'être humain je n'es pas nécéssairement le temps et l'envis de prendre le temps à tout faire, mais remettre les pratiques de certains en question est-ce mal? Un genre de manque de respect à votre dévouement? C'est pas parce que vous organiser quelque choses que vous êtes intouchable.
Parcontre je tiens a faire une distinction, je crois que dans la visions que vous vouliez donner à ce mouvement vous avez réussi, je ne suis juste pas daccor avec cette vision et pour que la vision que j'ai ait pu exister il aurait fallu une dynamique totalement différente dès le départ.
Ce que je critique c'est que selon une perspective "d'insurrection/révolution/révolte" les groupes CRAP et MTL-Nord Rep canalysent la révolte. Je crois que c'est normale qu'on soit opposé vu qu'on a pas les mêmes bûts, alors pour avoir un débat digne de ce nom je pense que nous devrions allez au point de séparation de nos visions, sinon c'est claire qu'on arrivera à rien.
Sur la manif tu as raison Alexandre, selon la dynamique qu'elle avait (qui provient aussi de comment et par qui elle aurait été organisée)ce n'était pas un moment pour des débordement.
Au fais ne commence pas à faire des spéculations sur ce que le monde auraient pu dire de la CRAP, je pense qu'il y a des gens assez intelligent pour ne pas tenir responsable des arrestations le comité organisateur d'une manif, je ne sais pas si tu t'es sentis stigmatisé dans mes derniers posts. Bon je pense que j'ai tout dis ce que j'avais à dire si on se croise un jour on pourra avoir un réel débat, mais virtuellement c'est impossible et interminable, alors merci de tes commentaires ça me fais toujours réfléchir (et c'est sincère) malgré l'apparence intransigeante et bouetteuse de mon "insurrectionnisme ton oeil" résumés en deux commentaires.
En ce qui concerne les spéculations, je suis d'avis qu’il existe des chercheurs de bibites qui traquent les faux pas de la part d’organisateurs et sautent sur la moindre occasion pour les blaster sur la place publique. Je ne remet nullement en question leur droit de faire la critique des mouvements sociaux, seulement quand je vois que des détracteurs comme Illégitime se permettent de se lancer dans des procès d’intention parfaitement gratuits et de se livrer à de la désinformation, que ce soit délibérément ou parce qu’ils sont trop paresseux intellectuellement pour se donner la peine de se familiariser avec les sujets qu’ils abordent, alors c’est sûr que je me réserve entièrement le droit de critiquer leur critique.
Il y a quand même quelque chose d’extraordinaire dans le fait que, pour un seul et unique événement, la CRAP fut à la fois accusée d’en avoir « rien à foutre, du calme et de la sécurité » et de « prier pour que ça pète » (Martineau) et de se livrer à « l’instrumentalisation de la foule pour la détourner de toute confrontation, jusqu’à jouer les services d’ordre » (Illégitime) par des artisans de la rhétorique qui caricaturent la réalité avec un incontestable talent.
Et puis, non, tu n’es pas en position d’autorité. C’est juste que je ne raffole pas particulièrement de me faire dire quoi faire, qui plus est par quelqu’un que je n’ai pas eu l’opportunité de côtoyer personnellement. À mon avis, étayer des prises de position en expliquant son point de vue est une meilleure façon de faire avancer une discussion.
Maintenant, s’il est vrai que nous ne seront pas d’accord sur tout, il reste que je continue à douter que la CRAP nuise à ce point à l’épanouissement de cette obscure et mystérieuse « mouvance insurrectionnelle », si je peut me permettre de l’appeler ainsi. Outre quelques événements ponctuels qui, pour la plupart, semblent assez éloignés du petit bassin militant radical habituel, je soupçonne que les perspectives "d'insurrection/révolution/révolte" que tu évoques ne soient grand chose d’autre qu’un discours virulent animé par quelques poignées d’individus, ici et là, qui rêvent à la Grèce et peut-être aussi au soulèvement des banlieues françaises de l’automne 2005.
Aussi, j’ai cru remarquer qu’il est toujours plus facile de trouver des gens désireux de chanter la gloire de l’Émeute plutôt que des volontaires prêts à se retrousser les manches pour effectuer le travail, souvent long et ardu, de soutien légal ou autre envers les éléments combatifs qui ont eu la malchance de tomber dans les filets du système judiciaire. Sans solidarité avec ceux qui payent leur engagement au prix de la répression, je crois que le mouvement va s’éteindre encore plus vite que la flamme d’un cocktail Molotov. Et l’État l’emportera, encore et encore.
J’ajouterai que le devoir de solidarité vaut aussi pour ceux qui tombent sous les balles des flics, comme Fredy Villanueva. Appuyer les proches d’une victime de la brutalité policière dans leur recherche de vérité et de justice et articuler une critique plus globale du système en place ne devrait pas nécessairement être interprêtée comme deux démarches irréconciliables. Partir du particulier pour aller au général peut au contraire s’avérer complémentaire. Ceux qui aspirent à un monde débarrassé de l’État et du capitalisme ne devraient-ils pas poser aussi des gestes favorisant l’émergence d’une communauté humaine et solidaire ?
Anyway, c’est vrai qu’on ne videra pas toutes les questions ici. Mais pour une fois qu’une discussion sur le CMAQ a l’air de donner quelque chose, je ne suis pas fâché du tout d’y avoir participé.
1) 2) 3)comme je l'es dit à Alexandre je pense qu'il est trop tard pour changer la dynamique réformiste de toute cette histoire. Selon moi c'est les anarchistes en générale qui sont à blâmer, moi comprit au fait. Je féliciterai des actions qui sont favorable à l'anti-autoritarisme dans le rapport de force face aux autoritaires.
4) La grèce c'était bien après les événements de Mtl-Nord et pour moi c'est suite à ces événements que j'ai vu la possibilité que des anarchistes luttent pour l'anarchie spécifiquement de nos jours sans trop se concentrer sur des contextes spécifiques. Ceci dit un copier coller du mouvement greque (comme de tout mouvement) est impossible et non souhaitable.
5) 8) 9) C'est pas le genre de question, que j'ai envis de répondre sur internet, si il y a un débat à avoir ici ça devrais rester au niveau théorique. Mais je ne viens pas de Montréal (et je crois que tu t'en doute pour me poser cette question), je suis donc un étrangé dans tout cela. J'ai quand même lu les textes de MTL-Nord Rep qui ont récemment été publié. Pour ce qui est du reste je pense que c'est hors sujet, mais si c'est vraiment essentiel à la légitimité de mes dires tu peux me reposer les questions qui te tracasse.
6) Ça dépend du contexte, mais suite aux commentaires de Alexandre je dois dire que c'est vrai que cette manif n'était pas fertile au caillassage et les raisons commencent avec la dynamique qui a été donné au mouvement.
7) Pas grand choses d'efficaces, surtout que au Québec nous n'avons pas une grande tradition de manif intense.
Bonne manière de rendre un d.bat constructif chow
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