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VERS UN RENOUVEAU DE L’ANTISÉMITISME AU QUÉBEC : Un antisémite donne une conférence à L’UQAM

Anonyme, Thursday, May 21, 2009 - 16:14

La conférence de Benoit Perron donnée mercredi 20 mai à l’UQAM intitulée « Madoff & les fonds vautours juifs Odyssey Investment Partners-Veritas Venture Partners-Security Growth Partners-Broadview International-Atwell Security-The Mega Group & les services secrets israéliens (deuxième partie) » dont l’appel a circulé sur plusieurs sites est un ramassis d’affirmations antisémites dans la plus pure tradition de l’extrême droite européenne avec une touche d’américanisation nécessaire, celle de Lyndon Larouche.
Ce texte amalgame les sous-entendus habituels de la théorie du complot : initiés de l’affaire Madoff, services secrets (CIA, Mossad, Shin Bet, compagnies de sécurité privées), haute finance internationale se côtoient dans le même délire que la vieille manipulation du célèbre faux antisémite des « Protocoles des sage de Sion ».
L’amalgame entre « fonds » (l’argent), « vautours » (la rapacité et l’avidité) et « juifs » (ils se réjouissent et vivent du malheur du monde) est un des arguments habituels de la presse fasciste depuis la propagande nazie de Goebbels et Hitler. Ce genre de presse raciste avec ses journalistes, ses sites et ses conférences a pour but entre autres de multiplier les polémiques contre les juifs accusés en tant que peuple de tous les maux de la terre.
Le fasciste Le Pen en France est l’exemple même de la permanence de cet antisémitisme par ailleurs condamné judiciairement à plusieurs reprises par l’État français et débouté de ses appels par la Cour Européenne des droits de l’homme.

Les raccourcis idéologiques de Perron, sous des allures provocantes, utilisent la rhétorique d’un Le Pen en France mais rappellent aussi celles des journalistes nazis de « Je suis partout » ou de « Gringoire », journaux de la France collaborationniste de 39/45 où Robert Brasillach, écrivain collaborationniste fusillé à la libération, pouvait écrire à propos des juifs le 6/09/41 « que la mort des hommes à qui nous devons tant de deuils […] tous les français la demandent ».
Le texte de Perron est particulièrement sournois. Il puise, sous prétexte d’une couverture informative objective, aux positions habituelles des racistes et des antisémites fascistes, sans toutefois nommer ses références mais en affirmant néanmoins les avoir croisées à de multiples reprises. Les faits sont donc avérés, les réseaux constitués, les escroqueries pratiquées à l’échelle mondiale correspondent, ce n’est pas dit mais ouvertement suggéré par les sous-entendus, à la culture et à la religion juive («$HALOM, OUVRE-TOI»…ET TORAH UNE SURPRISE! », termine Perron). « Shalom » dont la première lettre est écrite par Perron comme le symbole de « dollar » démontre que lors de la rédaction de ce texte Perron était sans doute tenté par la fine plaisanterie antisémite.
Selon lui, les alliances et les complots sont en place, et faits pour durer (« la confrérie juive moderne «The new Crowd» de Wall Street prend le nom de «The Mega Group». sa kabbale : obtenir le maximum d’impact sur la politique étrangère américaine à la faveur d ’Israël »[citation]). En conclusion le monde entier est l’otage de sectes juives organisées pour escroquer, via les fonds de pension ou de placements, les petites gens crédules et confiantes que nous sommes tous sans exception. Victimes et martyrs ainsi désignés, Perron nous montre les pistes encore fraîches qui se bousculent sous nos yeux aveuglés, et nous désigne la vitrine juive pas encore brisée mais dont il attend et espère vraisemblablement une nouvelle « nuit de Cristal ».
Sous prétexte d’éclairer l’affaire Madoff, la dénomination choisie de « vautours juifs » accolée aux fonds financiers stimule le rappel des pires stéréotypes antisémites quant à la représentation caricaturale du juif essentiellement préoccupé d’argent et de l’exploitation de son prochain.

De tels textes sont similaires aux propagandes fascistes habituelles ; ils ont jalonné l’histoire occidentale de l’extrême droite en entretenant la violence à l’encontre d’un peuple devenu, comme beaucoup d’autres, le bouc émissaire de toutes les peurs et de toutes les frustrations accumulées.

L’histoire a montré qu’en accusant de cette façon un peuple, une religion, une culture, de tous les maux subis dans sa propre sphère d’existence, on veut en réalité le martyriser et in fine, le faire disparaître. La Shoah, le sort des musulmans en Bosnie, les amérindiens aux U.S.A., les Tutsis au Rwanda, les Beothuks à Terre-neuve et, par une ironie dont l’histoire a le secret, le sort fait actuellement aux palestiniens, sont quelques exemples parmi de multitudes d’autres. La liste est longue et pourrait sembler fastidieuse si elle ne recouvrait son lot de souffrances et de meurtres, d’exclusions et de peines, d’humiliations et de larmes.

Les juifs incriminés par Perron lui permettent de se faire une réputation dont il n’est pas peu fier de traqueur de vérité, alors que ses sources sont maintenant issues du Web qui déborde de sites aux thèses fascisantes délirant à tour de bras sur les complots, les francs maçons, les juifs, la Trilatérale, etc.

Les juifs encore une fois au centre du monde, indiqués comme le véritable pouvoir occulte (« le fonds spéculatif Security Growth Partners LLC, lange financier de Riptech et bailleur de fonds de nombreuses sociétés de haute technologie liées de très près au homeland security américain depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001 » [citation]), il n’est pas jusqu’aux attentats du 9/11 qu’ils n’aient prévu et sans doute financés car Perron jamais en panne d’inspiration, reprend aussi les thèses conspirationnistes, partout ailleurs moquées et combattues, de Thierry Meyssan à propos des attentats de New York.

Dans le contexte actuel de résurgences des clivages raciaux et religieux illustré par le cache sexe du questionnement sur les accommodements raisonnables, la place que l’UQAM offre aux idées antisémites est révélatrice d’un vide critique sidérant de cette institution mais aussi de la résurgence de l’antisémitisme au Québec, y compris dans des milieux de gauche ou même libertaire que l’on pouvait croire épargnés. Perron travaille en effet à CIBL et CISM, radios communautaires de Montréal. Il y professe en toute impunité ses thèses décalquées de celles de Larouche et peut stigmatiser la « CAVERNE D’ALI BABA DE BERNIE MADOFF ET DES 40 FONDS VAUTOURS YIDDISH » tout en proférant des jeux de mots qui ailleurs lui vaudraient quelques ennuis judiciaires.

Enfin, pour ne pas nous accuser de complicité objective avec l’état d’Israel, précisons que si l’état d’Israel est éminemment condamnable pour son ostracisme et la barbarie pratiqués envers les palestiniens de Cisjordanie et de Gaza ou ses citoyens de seconde zone que sont les arabes israéliens, il ne représente pas pour nous, loin de là, l’ensemble de ses citoyens. Nous souhaitons plutôt valoriser, faire connaître et nous solidariser avec les camarades libertaires de « Anarchists against the wall » (http://www.awalls.org/) dont le courage et les prises de positions théoriques et pratiques méritent d’être connus de tous.

Accorder un espace d’expression acritique à l’exaltation du racisme et à l’antisémitisme est plus qu’une faute, c’est aussi de l’aveuglement, au Québec comme partout.

titusdenfer – Bayou



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