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Tardi et Dominique Grange de retour au Québec

Eric Smith, Friday, April 10, 2009 - 16:47

Le Drapeau rouge-express

Le dessinateur Tardi et sa compagne, la chanteuse Dominique Grange, sont de retour au Québec afin de promouvoir le plus récent ouvrage de Tardi, Putain de guerre, publié chez Casterman. Outre des activités de promotion à Montréal et Ottawa, les deux artistes, qui incarnent l’esprit du printemps révolutionnaire de 1968, séjourneront à Québec les 17, 18 et 19 avril, à l’occasion du Festival de la bande dessinée francophone (www.fbdfq.com).

Dominique Grange en profitera pour présenter un tout nouveau spectacle, Des lendemains qui saignent, mis en image par Tardi, dans lequel elle présente «des chansons contestataires, des textes d’hier et d’aujourd’hui qui participent à la mémoire de la Grande Guerre». Le spectacle sera présenté à Montréal et Québec:

✰ À Montréal, le jeudi 16 avril à 19h30 à l’auditorium de la Grande Bibliothèque (entrée libre).

✰ À Québec, le samedi 18 avril à 20h00 à la Chapelle du Musée de l’Amérique française (entrée libre, mais il faut réserver sa place par courriel à info (at) fbdfq.com).

Dominique sera cette fois encore accompagnée par son pianiste, Philippe Mira. Une exposition des planches de Tardi est également présentée jusqu’au 27 avril au Musée de la civilisation de Québec.

Ceux et celles qui ont eu la chance d’assister à l’inoubliable spectacle qu’elle a donné à la salle de la Fédération ukrainienne en octobre dernier à Montréal ne voudront pas manquer l’occasion de la revoir et d’aller la saluer! Au lendemain de ce spectacle, le journal Le Drapeau rouge (n° 78, novembre-décembre 2008) avait publié ce compte-rendu:

* * *

Dominique Grange à la Fédération ukrainienne:
TOUJOURS REBELLE, TOUJOURS DEBOUT!

Le 4 octobre dernier, la chanteuse Dominique Grange, la voix de Mai 1968, se produisait pour la première fois au Québec dans la salle de la Fédération ukrainienne. C’est devant une assistance humble mais enthousiaste qu’elle présenta les chansons issues du livre-disque intitulé 1968-2008… N’effacez pas nos traces!, qu’elle a produit avec son conjoint, le bédéiste Jacques Tardi.

Une chanteuse «engagée à perpétuité»

En 1968, Dominique Grange était âgée de 28 ans. Sa carrière de chanteuse allait bon train avec quatre 45 tours à son actif, en plus d’avoir co-animé une émission de télé avec Guy Béart. Mai 1968 représentera un tournant dans sa vie:

«J’avais quitté la maison avec ma guitare et ma brosse à dents dès les premiers jours des manifs étudiantes», écrit-elle dans N’effacez pas nos traces. «Pourtant, je ne l’étais déjà plus, moi, étudiante… Je chantais, ne vous déplaise! Et j’avais entendu à la radio l’appel d’un chanteur très populaire, Leny Escudero, proposant que les artistes transforment leur mouvement en une grève active de soutien aux ouvriers en lutte. Alors, comme beaucoup de mes camarades chanteurs, je découvris que nous pouvions être utiles à quelque chose et je ne fis bientôt que courir d’un lieu à un autre: de la cour de la Sorbonne à une réunion dans l’arrière-salle d’un café de la montagne Sainte-Geneviève, de Bobino où nous, chanteurs des cabarets rive gauche, avions installé une permanence téléphonique, à des usines de lointaine banlieue dont les comités de grève sollicitaient notre soutien en chansons.» Elle chantera sur les campus, dans les usines et ses chansons sont reprises dans les manifestations, encore aujourd’hui…

Après Mai 1968, elle s’impliquera dans la Gauche prolétarienne, une organisation maoïste. Elle ira travailler dans des usines et écrira Les Nouveaux partisans. En 1971, arrêtée au cours d’une manifestation, elle passe un mois et demi en prison. Suite à l’assassinat du militant maoïste Pierre Overney, elle vivra dans la clandestinité jusqu’en 1975. C’est en 1977 qu’elle se joint à l’hebdomadaire BD où elle rencontrera Jacques Tardi, qui deviendra son compagnon de vie et avec qui elle adoptera des enfants au Chili.

Quelques albums seront produits par la suite, toujours illustrés par Tardi: Hammam Palace en 1981 et L’Utopie toujours en 2005. Finalement, c’est suite à la fameuse déclaration de Nicolas Sarkozy, qui disait souhaiter que l’héritage de Mai 1968 soit «liquidé une fois pour toutes» que 1968-2008… N’effacez pas nos traces! est produit.

Un concert inoubliablement militant

Aujourd’hui âgée de 68 ans, Dominique Grange a livré une prestation inoubliable le 4 octobre dernier. Accompagnée au piano par Philippe Mira, debout devant des projections des illustrations de Tardi, parfois grattant sa guitare, souvent le poing levé, elle chanta les titres de son dernier album. Impossible de rester indifférent à celle qui rendait hommage à Pierre Overney avec Pierrot est tombé, l’émotion et la colère dans la voix; à celle qui rappelait la Commune de Paris avec La Commune est en lutte, qui racontait les souffrances et le courage du peuple chilien avec Entre océan et cordillère.

Au cours des années, Dominique Grange n’a jamais tourné le dos à ses principes, participant aux campagnes de soutien aux militantEs d’Action directe toujours en prison, chantant pour eux et elles la solidaire Toujours rebelles, toujours debout!, et pour les militantEs menacéEs d’extradition, la bien sentie Droit d’asile. Ses textes et sa voix sont toujours imprégnés de cette couleur propre aux révolutionnaires.

Ce concert fut inoubliable pour nous qui, debout pendant Les Nouveaux partisans, avons chanté en brandissant des drapeaux rouges, mais aussi pour cette grande chanteuse et militante, Dominique Grange, qui nous a ensuite écrit ce mot:

«Merci, chers camarades, de votre présence à notre concert du 4 octobre à la Fédération ukrainienne. Votre accueil enthousiaste, ce drapeau rouge déployé au milieu de l’assistance, et vos voix vigoureuses qui s’élevaient pour accompagner la mienne dans “Les Nouveaux partisans”, tout cela m’a touchée et restera dans ma mémoire comme un moment éclatant de fraternité internationaliste et une preuve de la vigueur de nos convictions révolutionnaires communes encore intactes.»

Critique au quotidien Le Devoir, le journaliste Sylvain Cormier, qui a assisté au spectacle et n’a pourtant rien d’un militant, n’a pu faire autrement que d’être touché par l’intensité et la profondeur du message incarné par Dominique: «…indélébile, la vision d’un drapeau rouge flottant dans la salle de la Fédération ukrainienne. […] Belle soixante-huitarde dans la soixantaine, tête blonde, poing levé, Grange a chanté d’une voix belle et douce mai 68 et la Commune de 1871, les mineurs qui meurent au fond des mines, les prisonniers politiques de tous pays, les “rivières souterraines de la résistance” qui coulent encore et toujours dans les bidonvilles du Chili, le camarade Pierrot tombé sous les balles d’un vigile dans une occupation d’usine. Je n’oublierai pas cette ferveur, cette colère vivifiante. Rien là-dedans de la réunion d’anciens combattants. Plus encore que de l’admiration pour cette femme indomptable, j’enviais le combat même. Pour un peu, j’aurais levé le poing, moi aussi. Jamais, en 18 ans de couvertures de spectacles au Devoir, je n’avais ressenti ça.»

Cette ferveur et cette «colère vivifiante», elles continueront encore longtemps à nous inspirer, dans tous nos combats… à venir.

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Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 207, le 10 avril 2009.
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