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Je suis contre!

Batard Latouche, Sunday, November 16, 2008 - 11:50

Batard Latouche

Je suis contre!

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L’ENCYCLOPÉDIE CANADIENNE

Le favoritisme politique désigne l'action par laquelle quelqu'un qui occupe un poste décisionnel attribue à quelqu'un d'autre des faveurs ou des récompenses, telles que des charges publiques, des emplois, des contrats, des subventions, du prestige ou d'autres avantages convoités, en contrepartie d'un service valorisé, tel qu'un vote pour un parti politique ou encore du financement ou du travail accordé pour une campagne électorale. La relation entre le favorisant et le favorisé est habituellement inégale, sélective et discrétionnaire. En général, le favorisant accorde des faveurs non pas à tous les favorisés potentiels, mais seulement à quelques-uns de son choix.
1. Il arrive que le favorisé soit en contact direct avec le favorisant responsable de l'attribution des récompenses. Ainsi, un ministre pourra récompenser les organisateurs de sa campagne électorale en les nommant membres de son cabinet personnel. Toutefois, il arrive aussi que les favorisants et les favorisés soient liés par un intermédiaire ou un courtier. Ainsi, un simple député ou un organisateur électoral pourra intervenir auprès d'un ministre ou du premier ministre pour obtenir une faveur pour son client. Qu'il intervienne directement entre les parties ou par l'intermédiaire d'une tierce personne, le favoritisme est une relation d'échange qui peut porter sur un éventail de produits et services. Le plus souvent, un poste ou un avantage matériel est accordé en échange de la loyauté ou du soutien politiques.
Contrairement au favoritisme, la CORRUPTION est une conduite illégale par laquelle une personne ou un groupe reçoit un avantage particulier qui va à l'encontre de l'intérêt public. Néanmoins, le favoritisme peut se transformer en corruption si, par exemple, la loi exige que les contrats du gouvernement soient attribués au plus bas soumissionnaire, mais qu'un favorisé use de son influence pour obtenir un contrat même si sa soumission est plus élevée que d'autres. Certaines pratiques de favoritisme sont généralement considérées comme de la corruption, mais pas par les personnes politiques et les favorisés. Par exemple, il est pratique courante au Canada de nommer au Sénat des personnalités importantes qui ont appuyé le parti au pouvoir. Certaines personnes politiques prétendent que, si des candidats à un poste présentent des compétences égales, il n'y a rien de répréhensible à favoriser un ami plutôt qu'un adversaire ou un inconnu. Parmi les cas célèbres de favoritisme qui ont été perçus comme de la corruption figurent le SCANDALE DU PACIFIQUE dans les années 1870 et le scandale de Beauharnois dans les années 1930. Dans les deux cas, des personnes liées à des partis politiques ont personnellement bénéficié de projets de travaux publics d'envergure d'une façon généralement jugée contraire à l'intérêt public (voir CONFLIT D'INTÉRÊTS).
À la décharge du favoritisme, certains soutiennent parfois qu'il s'agit d'un procédé qui permet de réduire les coûts de l'attribution des postes, des contrats et des subventions et qui sert d'antidote à la bureaucratisation excessive du gouvernement. Des observateurs américains y voient même un moyen de renforcer l'unité et la discipline au sein du parti, mais la plupart des gens au Canada s'opposent aux pratiques de favoritisme, dont ils croient qu'elles portent atteinte aux principes du mérite et de l'égalité d'accès pour tous aux avantages qu'accorde l'État.
Les partis politiques canadiens ont traditionnellement recouru au favoritisme pour monter des machines politiques de façon à conserver leur avantage sur leurs adversaires. Le Parti libéral et le Parti progressiste-conservateur ont ainsi tous deux construit des appareils politiques complexes au XIXe siècle ainsi que nombre de partis provinciaux. Depuis l'adoption de la Loi sur les dépenses d'élection en 1974, le Parlement et plusieurs assemblées législatives provinciales ont tenté de réglementer les contributions politiques et les dépenses électorales et ont resserré les lois portant sur les pratiques électorales et le FINANCEMENT DES PARTIS. Comme le principe du mérite régit d'habitude le recrutement et les promotions, la FONCTION PUBLIQUE est aussi devenue moins exposée au favoritisme et à la corruption. La résistance à de telles pratiques est encore plus grande là où les fonctionnaires sont syndiqués.
L'expansion de l'ÉTAT PROVIDENCE a multiplié le nombre d'avantages offerts à la population, réduisant ainsi les occasions de récompenses plus personnelles fondées sur des relations entre individus. L'affaiblissement des liens familiaux et des institutions religieuses a aussi érodé les fondements culturels et sociaux du favoritisme, surtout dans les milieux ruraux. Le caractère idéologique accru de la politique a aussi aidé à freiner la pratique.
Le favoritisme demeure néanmoins un aspect important de la vie politique au Canada. Bien qu'il ait été en grande partie éliminé dans les échelons inférieurs du système politique, sauf dans quelques provinces, il est encore très présent dans les échelons supérieurs, où les récompenses sont d'autant plus prisées qu'elles sont rares, telles les nominations au SÉNAT, à des postes d'ambassadeur ou à d'autres postes lucratifs au sein de divers organismes, conseils ou commissions. Ces récompenses sont principalement réservées à une élite d'organisateurs de parti, d'organisateurs de souscription, de sondeurs et de spécialistes des médias, qui jouent un rôle clé au sein des partis politiques modernes et dans l'entourage personnel des chefs de parti.
Auteur VINCENT LEMIEUX Révision : S.J.R. NOËL

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