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Obama ménera une politique de sang et de larmes pour sauver le capitalisme américain

Anonyme, Tuesday, November 11, 2008 - 13:03

PCInt

Les prolétaires américains et du monde ne doivent pas s'attendre de la part des gouvernants à des changements en leur faveur; la crise capitaliste commencée depuis l'année dernière va s'aggraver et durer encore longtemps, entraînant de graves conséquences pour les travailleurs. Lentement peut-être, mais inexorablement, elle accroît et accroîtra l'intensité de l'exploitation, le nombre de chômeurs, la baisse des salaires réels. Les crises de surproduction - surproduction non par rapport aux besoins de la population, mais par rapport au marché - sont un phénomène congénital au capitalisme.

La bourgeoisie ne peut pas y répondre en améliorant les conditions des travailleurs, mais seulement en maintenant ou accroissant les profits qu'elle leur extorque, c'est-à-dire en aggravant ces conditions: diminution du «coût» du travail et des salaires en général, fermeture d'entreprises insuffisamment rentables, licenciements, etc.
D'ores et déjà le nombre de chômeurs augmente aux Etats-Unis comme dans la plupart des pays; ce ne sont pas seulement des employés des institutions financières diverses, mais des ouvriers de tous les secteurs productifs, de l'automobile à l'aviation, de la construction à l'informatique... Plus d'un million d'emplois ont été ainsi perdus au cours des dix premiers mois de l'année, portant selon les statistiques officielles le nombre de chômeurs à près de 10 millions (6,5% de la population active) dont moins du tiers touchent des allocations de chômage (1).
La situation internationale de plus en plus tendue obligera Barak Obama comme ses prédécesseurs à défendre les intérêts impérialistes au moyen de la gigantesque machine militaire des Etats-Unis - et avant même son élection il avait déjà critiqué Bush pour l'insuffisance de son effort de guerre en Afghanistan! Les heurts entre puissances capitalistes sont destinés à s'aggraver dans les différentes parties du monde: au Moyen-Orient évidemment, mais aussi en Afrique, en Asie et dans les zones pétrolifères du Caucase comme nous l'avons vu cet été. Et en Europe aussi, berceau historique du capitalisme et foyer des guerres inter-impérialistes, où s'accumulent les facteurs de crises et de tensions.
La victoire électorale d'Obama a été saluée par les médias de toute la planète comme le symbole d'une nouvelle époque pour les Etats-Unis. L'élection d'un candidat démocrate «afro-américain» dans un Etat qui était officiellement raciste (comme l'était aussi le Parti Démocrate) il y a quelques décennies à peine est sans doute une nouveauté, comme l'aurait été la victoire d'une femme si Hillary Clinton avait été désignée par son parti.

Mais en définitive quel était le programme du candidat démocrate?

Fondamentalement le même que celui de son rival républicain McCain: sauvetage du système financier et bancaire (voir son soutien sans faille au dit «plan Paulson», gigantesque hold-up légal pour venir en aide aux banquiers de Wall Street), défense des profits des capitalistes américains, la seule différence étant qu'Obama parlait - très vaguement - de mieux «répartir» les richesses et de taxer les plus grandes fortunes (2).
Cependant en tant membre de la communauté noire dont la majorité fait partie du prolétariat, Obama, avec l'appui de pratiquement tous les médias, a pu apparaître comme porteur d'un «changement» positif pour les couches exploitées de la population, alors même que sa campagne électorale a bénéficié d'un financement record et d'un soutien solide des milieux financiers et industriels (3).

Alors que la participation électorale est traditionnellement très basse aux Etats-Unis, elle a été cette fois-ci en légère augmentation par rapport aux dernières présidentielles: 61% contre 60% des électeurs inscrits (4). Si l'on est très loin de la vague de participation décrite par les médias au moment du vote (le taux d'abstention a même augmenté dans de grandes métropoles comme New-York ou Washington), il n'y a cependant aucun doute que la candidature Obama a drainé vers les urnes un nombre important de nouveaux électeurs prolétariens, noirs ou non, attirés par ses promesses de «changement» ou par le désir d'en finir avec le gouvernement en place.

Un quotidien britannique le confirme en écrivant: «Si Obama avait perdu les élections alors que le parti sortant a présidé à un effondrement économique d'ampleur historique et à 2 guerres impopulaires et infructueuses et que les trois quart des Américains sont convaincus que leur pays va dans la mauvaise direction (...), cela aurait constitué la plus grande occasion électorale manquée depuis des générations. Cela aurait pu persuader toute une génération qu'il n'y a rien à attendre des élections. Des millions de gens auraient pu en conclure que le seul moyen de faire perdre le pouvoir aux Républicains réside dans une forme d'insurrection armée» (5).

L'illusion électorale, ce puissant moyen de défense de l'ordre établi, a parfaitement fonctionné! Des millions de prolétaires, noirs, blancs, hispaniques et autres, ont cru qu'il était possible de changer au moins un peu leur situation par la voie électorale, démocratique, pacifique et légaliste. Ils ont cru que le jour du vote tous les individus étaient égaux et que la politique de l'Etat était déterminée par le nombre de voix obtenus par tel ou tel candidat.

Ce n'était qu'un rêve, que la réalité va dissiper bien vite. Déjà ils peuvent constater que les personnages pressentis aux futurs postes officiels pour réaliser le prétendu «changement» sont les mêmes politiciens qu'hier; déjà ils peuvent constater que si Obama s'est déclaré favorable à un plan de soutien des industries automobiles, il n'a pas parlé de soutenir les prolétaires qui y travaillent; déjà ils peuvent constater qu'il a repris ses déclarations en faveur de l'unité nationale («nous devons nous rassembler comme une seule nation - jeunes et vieux, pauvres et riches, noirs et blancs, Républicains et Démocrates»), leitmotiv bourgeois classique, mais qui est utilisé avec plus d'insistance dans les périodes de crise: plus la bourgeoisie parle d'unité nationale, plus elle prépare la guerre sociale interne et la guerre impérialiste à l'extérieur! A la fin octobre Biden, le co-listier d'Obama pour la vice-présidence, a publiquement averti qu'en liaison avec la crise, le nouveau gouvernement serait «obligé de prendre des décisions incroyablement dures» dans les deux premières années, aussi bien sur le plan intérieur qu'en politique extérieure (6).
Le capitalisme américain se vante d'être «le plus démocratique» du monde, il est à coup sûr le plus agressif depuis qu'il s'est imposé à l'issue de la dernière guerre mondiale comme l'impérialisme dominant (y compris dans le cadre du condominium russo-américain sur le monde).

Le président Obama continuera sur cette voie; après avoir abandonné ses déclarations en faveur d'un retrait militaire d'Irak, il a répété à de nombreuses reprises au cours de sa campagne qu'il augmenterait l'effort militaire américain en Afghanistan. Il a repris à son compte le vieux thème de la «lutte contre le terrorisme» qui a déjà été utilisé comme prétexte pour justifier les guerres en Afghanistan et en Irak. En réalité les plus grands et plus meurtriers terroristes sont de très loin les Etats impérialistes, et en particulier l'impérialisme américain, dont les victimes se chiffrent par dizaines de millions au cours des boucheries mondiales ou des guerres «localisées»!
Derrière le voile de la démocratie électorale se cache la réalité inflexible de la dictature armée du capital. Il est facile de constater que face aux moindres revendications sociales, les gouvernements démocratiques répondent qu'ils n'ont pas d'argent, alors qu'ils trouvent immédiatement des milliards et des milliards de dollars ou d'euros pour venir au secours des banques ou des entreprises! Qu'ils soient de gauche ou de droite, socialistes ou conservateurs, démocrates ou républicains, les gouvernements bourgeois ne se mobilisent que pour défendre les intérêts capitalistes.
Quant aux prolétaires, ils peuvent être expulsés de leur domicile, chassés de leur emploi, expulsés du pays où ils travaillent, ou exploités de la façon la plus bestiale, ils ne recevront, dans le meilleur des cas, que quelques miettes destinées à prévenir leur révolte. Le nouveau président utilisera sa rhétorique sociale pour mieux faire passer les mesures antiprolétariennes inévitables pour sauver le système capitalistes; il utilisera la propagande patriotique renouvelée pour mieux faire passer les interventions militaires au nom d'une «mission historique» du peuple américain de répandre la démocratie.

Mais la démocratie américaine n'a jamais été autre chose que le masque du super-gangstérisme de l'impérialisme US, digne successeur des vieux gangsters impérialistes européens. Le capitalisme porte en lui la guerre, et le capitalisme américain, royaume du «complexe militaro-industriel» le plus puissant du monde, ne fait pas exception à la règle. Pour le prolétariat américain et mondial, le capitalisme américain est et restera l'ennemi le plus puissant, le pilier du capitalisme mondial, même s'il se dit démocratique et qu'il a un noir pour président.

Face à cette situation de domination écrasante des forces capitalistes, il ne semble pas y avoir d'issue.

Pourtant ce sont les prolétaires - la classe des non-possédants obligés pour vivre de se faire exploiter par les patrons - qui créent toutes les richesses de la société; c'est de leur travail salarié que naissent les profits indispensables à la vie du capitalisme. Les prolétaires ont ainsi potentiellement entre leur mains la force immense de mettre fin au système capitaliste de misère et de sang! Mais pour que cette force commence à se concrétise il leur faut surmonter tous les obstacles dressés par la classe bourgeoise et ses serviteurs réformistes; il leur faut surmonter les mensonges démocratiques, la propagande interclassiste en faveur de la paix sociale, les divisions raciales, nationales, de catégorie, d'âge ou de sexe.
Si difficile que cela paraisse, il n'est pas impossible de lutter contre les capitalistes américains, comme le démontre la grève de 57 jours des machinistes de Boeing cet automne. Il n'y a pas d'autre alternative que la lutte de classe pour résister aux attaques capitalistes qui vont s'accentuer avec la crise. Les prolétaires américains, qui ont mené dans le passé de grandes luttes contre un capitalisme féroce, devront en mener de plus grandes encore à l'avenir.

Leur sort en dépend, et celui des prolétaires du monde entier!

- A bas la démocratie bourgeoise, qui a systématiquement trompé les travailleurs et les a conduit aux massacres des guerres mondiales ou locales!
- Aucune confiance dans un changement politique qui n'est rien d'autre que la relève de la garde du temple de Sa Majesté le Capital!
- Aucune confiance dans les accords et la solidarité entre les grands pays capitalistes contre la crise!
- A bas les forces collaborationnistes qui prétendent défendre les intérêts des masses exploitées uniquement pour mieux les contrôler et livrer à la répression les minorités d'avant-garde!
- A bas les partis politiques d' «extrême gauche» qui ne veulent que prendre la place anti-prolétarienne du réformisme traditionnel usé jusqu'à la corde!

- Vive la rupture avec les traditions interclassistes inculquées par des décennies de politique collaborationniste!
- Confiance dans la capacité d'organisation du prolétariat quand il prend lui-même en main le contrôle de ses luttes!
- Vive la reprise de la lutte de classe, dans laquelle le prolétariat organisera une lutte de résistance au capital s'étendant aux couches les plus larges et se maintenant le plus longtemps possible!
- Vive la lutte du prolétariat organisé et dirigé par son parti de classe pour prendre le pouvoir politique par l'insurrection, détruire l'Etat bourgeois, révolutionner de fond en comble la société et libérer définitivement le genre humain de toute forme d'oppression et d'exploitation!

Parti Communiste International, 7 novembre 2008

www.pcint.org

(1) Chiffres officiels du US Department of Labor pour le mois d'octobre. Le taux de chômage était de 5,9% pour les blancs, 7,8% pour les latinos et de 11,4% pour les noirs: les discriminations raciales sont toujours vivantes! Ce mois-là le secteur financier a perdu 24.000 emploi, alors que l'industrie manufacturière en a perdu 90.000, le secteur de la construction 49.000, le secteur des services 51.000, etc. Si l'on inclut les travailleurs obligés de travailler à temps partiel, les travailleurs «découragés de chercher un emploi», etc., le taux de chômage a alors atteint 11,8% (contre 8,4% un an avant). cf www.bls.gov/news.release/empsit.nr0.htm

(2) Cela lui a valu les accusations d'être «socialiste», auxquelles il a répondu ironiquement: «c'est un peu difficile d'imaginer comment font Warren Buffet et Colin Powell pour me soutenir, si je pratique le socialisme» cf New York Times, 8 octobre 2008. Warren Buffet est un célèbre multi-milliardaire et Powell, ancien chef d'état-major des armées lors de la première guerre contre l'Irak et ancien secrétaire d'Etat de Bush au moment de la dernière guerre contre l'Irak

(3) La campagne d'Obama a bénéficié d'un soutien financier sans précédent: plus de 600 millions de dollars contre probablement une centaine pour McCain. Les partisans d'Obama insistent sur le nombre de petites contributions, mais selon le New York Times le tiers des fonds de la campagne venaient de contributions supérieures à 1000 dollars, une proportion plus élevée que pour McCain ou sa rivale Clinton. NYT, 6 août 2008.

(4) Estimations quelques jours après l'élection: www.elections.gmu.edu/preliminary_vote_2008.html

(5) The Guardian, 5 novembre 2008. cf www.guardian.co.uk/commentisfree/2008/nov/05/barackobama-uselections2008...

(6) http://blogs.suntimes.com/sweet/2008/10/joe_biden_seattle_fund_raiser.ht...

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