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Élections fédérales: près de 10 millions à ne plus y croireEric Smith, Sunday, October 19, 2008 - 18:34
Le Drapeau rouge-express
Avant de répéter ce que tout le monde a pu lire dans les journaux au lendemain des élections du 14 octobre, commençons par ce qu'on n'y trouvera pas: la vérité sur la désaffection historique de la population canadienne face au cirque électoral. Heureusement, malgré le silence des médias, les chiffres, eux, crient très fort: ceux d'Élections Canada révèlent en effet qu'il y a plus d'électeurs et électrices inscritEs qui se sont abstenuEs de voter que de gens qui ont choisi les conservateurs dans l'isoloir. Ces derniers totalisent à peine 5,2 millions de personnes (22,2% des inscritEs et 37,6% des votantEs), alors que 9,6 millions d'électeurs et électrices ont décidé de ne pas aller voter le 14 octobre. La lente mais sûre descente du taux de participation aux élections continue de se confirmer depuis les 20 dernières années. Malgré un sursaut en 2006 - 64,7% de participation - la courbe n'a jamais cessé sa route vers le bas depuis les années 1970, atteignant cette année un record de 59,1%. Il s'agit du plus bas taux de participation observé depuis les débuts de la Confédération en 1867! Cette baisse constante du taux de participation est d'abord une défaite pour la bourgeoisie. Elle signifie que malgré l'énorme battage publicitaire gracieusement offert par les médias pour vendre un bel emballage «démocratique» - c'est cela une campagne électorale! - la réalité inégale et exploiteuse de la société capitaliste apparaît de plus en plus clairement. Avec ou sans ce vote une fois aux quatre ans, la démocratie parlementaire bourgeoise ne permet pas aux travailleurs et travailleuses, aux jeunes, aux sans-emploi et aux démuniEs d'être vraiment représentéEs, entenduEs et surtout, de vraiment participer aux décisions qui affectent leur quotidien. L'écran électoral cache aussi de plus en plus mal le fait que l'ensemble des partis qui acceptent le jeu parlementaire aujourd'hui font en fait l'unité au sein d'un seul parti: celui de la défense du système capitaliste et de la classe bourgeoise au pouvoir. Pourquoi aller voter pour le «moins pire» si aucun des partis ne nous satisfait? Aussi bien ne pas voter quand on le fait sans enthousiasme. Aussi bien ne pas voter, quand on sait très bien que ça ne changera rien. C'est bel et bien le sens profond de l'indifférence actuelle - et grandissante - face à la politique bourgeoise. L'élite bourgeoise s'en inquiète. Cela s'est d'ailleurs traduit depuis quelques années par une propagande jamais vue auparavant pour inciter les clientèles traditionnellement moins intéressées à aller voter. On ne s'en surprendra pas. Après tout, le capitalisme, tout comme la démocratie quand elle est au bénéfice d'une minorité, a absolument besoin, pour s'imposer, de bénéficier de la confiance de la majorité pour continuer à dominer. Si cette confiance est trop ébranlée, la démocratie bourgeoise - un peu comme la bourse en ce moment - peut entrer en crise. Après tout, un taux de participation de 30% dans un pays capitaliste aurait bien plus l'effet d'une bombe sur la classe politique bourgeoise, que tous les fameux appels au «vote stratégique»... La bourgeoisie est donc inquiète. Mais nous, qui nous réclamons des pauvres, des exploitéEs et prolétaires de toutes origines, nous devons au contraire nous réjouir! En mettant de l'avant depuis sa création le mot d'ordre du boycott des élections, le Parti communiste révolutionnaire (PCR) et les militantEs qui le soutiennent prennent acte de cette perte de confiance grandissante face à la démocratie bourgeoise. Nous voulons en faire un acquis dans la lutte révolutionnaire contre le capitalisme, plutôt que de ramer dans le sens des bourgeois et inciter les gens à voter pour n'importe quoi! Car pour défaire le capitalisme, pour l'affaiblir et éventuellement le détruire, il faut d'abord arracher les millions de prolétaires du Canada des griffes de la propagande bourgeoise. Il faut cesser de croire aux mensonges qu'on nous fait avaler, année après année, élection après élection. Et ces mensonges ne sont pas que ceux de la bourgeoisie. Ils sont aussi ceux des porte-voix de la bourgeoisie qui œuvrent au sein même du mouvement ouvrier, syndical, communautaire et populaire. Ces porte-voix qui dominent présentement la «gauche» dans sa quasi-totalité: les Québec solidaire, CSN, FTQ, les groupes communautaires inféodés à l'appareil d'État, l'UDA et autres qui ont crié au ralliement derrière le Bloc québécois, sous prétexte de «battre la droite» et d'aspirer à un gouvernement minoritaire conservateur, faute de mieux. Y avait-il vraiment de quoi se réjouir aujourd'hui de cet «ambitieux» objectif qu'ils nous ont proposaient? Un gouvernement conservateur minoritaire? Qui gouvernera donc pour la bourgeoisie avec le soutien ponctuel du Bloc, du NPD et/ou des libéraux? C'est vraiment ce que vous aviez de mieux à nous vendre? Plutôt rester à la maison le jour du vote... et apprendre à lutter autrement! La démocratie capitaliste est malade. Au lendemain des élections fédérales, le réveil est dur pour la classe politique bourgeoise canadienne, devant la perte de confiance qui gagne une portion de plus en plus grande de la population. Cette perte de confiance se reflète aussi dans la crise que traversent présentement tous les pays impérialistes. Cette crise mine la confiance des travailleurs et travailleuses envers ce système au service des riches et des compagnies. Et pour nous, révolutionnaires qui rêvons d'un monde nouveau et qui luttons pour le faire naître, c'est une excellente nouvelle! Notre rôle et celui de tous et toutes les révolutionnaires anti-capitalistes conséquentEs est d'inviter les prolétaires à s'engager autrement et à reprendre confiance en leurs propres moyens politiques, plutôt qu'en ceux de la bourgeoisie. Et parmi ces moyens, il y a d'abord la construction de leur propre parti, de leur programme et de leur stratégie pour aller vers leur objectif de libération du capitalisme et de conquête d'un véritable pouvoir populaire. C'est en ce sens que nous travaillons à construire le PCR au Canada et que nous invitons à la lutte tous ces déçuEs qui se sont abstenuEs de voter, qui sont aussi à notre sens les plus clairvoyantEs présentement face à la politique bourgeoise. -- Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 195, le 17 octobre 2008.
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