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L'ABC de la campagne électorale [avec mise à jour]

Anonyme, Wednesday, September 24, 2008 - 12:33

Robert M. David

ROBERT M. DAVID
Ancien directeur général de l’organisme Alternatives et maintenant professeur à temps partiel, en français et en anglais, aux universités Concordia et d’Ottawa.

Un mouvement s’élève progressivement depuis le début de la présente campagne électorale en opposition à l’élection d’un gouvernement majoritaire conservateur le 14 octobre, et ce, tant au Québec qu’ailleurs au Canada. Plus étonnant, ce mouvement rallie non seulement des libéraux, des socio-démocrates et des écologistes, mais un nombre grandissant de conservateurs «modérés».

Surnommé «ABC» ou Anybody But Conservative au Canada anglais, la plus fulgurante sortie en règle de ce mouvement hétéroclite fût celle du premier ministre conservateur de Terre-Neuve le 10 septembre, M. Danny Williams, contre les promesses non tenues du gouvernement Harper à l’égard de la péréquation. En Ontario, le Parti conservateur a perdu la première place dans les comtés serrés, d’après le sondage du Strategic Counsel à la fin de la deuxième semaine de campagne. Même les anciens premiers ministres Kim Campbell et Joe Clark ont dénoncé en pleine campagne électorale les politiques du gouvernement Harper à l’égard des changements climatiques.

Le Québec n’est pas étranger à cette réticence croissante de confier les pleins pouvoirs à l’équipe conservatrice actuelle. Il y a bien sûr les objections bien connues à l’approche des conservateurs envers l’environnement (abandon de Kyoto, obstruction à une nouvelle entente Kyoto plus), le militaire (croissance fulgurante des dépenses, extensions de la participation canadienne au conflit afghan, proximité aux positions américaines), le social (dénégation de certains droits des femmes, des gais et lesbiennes et des autochtones) et le culturel (censure et coupures). Mais il y a plus que cela.

Bien des gens commencent à comprendre que les politiques économiques erronées des néoconservateurs au Canada comme aux États-Unis sont les premières responsables de la dégringolade économique, boursière et financière des deux côtés de la frontière: déréglementation des grandes institutions financières menant à leur faillite et à des pertes énormes chez les petits investisseurs – voire à une possible récession mondiale; développement pétrolier et minier tous azimuts au Canada, poussant le dollar canadien à des sommets inégalés et causant des milliers de pertes d’emplois dans les secteurs manufacturier et forestier au Québec et en Ontario (voir «la maladie hollandaise»); diminution des impôts corporatifs des pétrolières et des banques; coupures dans les programmes locaux de développement économique; laxisme budgétaire renouvelant avec les déficits fédéraux cette année; etc.

Et voilà que nul autre que l’ancien chef du Parti progressiste-conservateur et premier ministre du Québec, M. Jean Charest, ajoute sa voix pour dénoncer les coupures de 45 million $ dans les programmes culturels, le non règlement permanent du déséquilibre fiscal, l’ingérence de M. Harper dans les politiques fiscales du Québec dont les réductions d’impôts de 700 million $ en 2007 et le plan conservateur de créer une commission des valeurs mobilières unique au Canada, entre autres.

Pour ces raisons et bien d’autres, un nombre grandissant d’électeurs ne veut pas que le Québec et l’Ontario confient une majorité absolue au Parti conservateur dont la base militante demeure principalement composée d’anciens réformistes – un amalgame de néoconservateurs et de fondamentalistes religieux – et non de conservateurs québécois de divers horizons.

De dire l’ancien bras droit et chef de cabinet du premier ministre Brian Mulroney, M. Normand Spector, dans les pages du Devoir récemment, «M. Harper sait que l’élection d’un gouvernement majoritaire conservateur soulèverait des attentes dangereuses chez les purs et durs de la droite canadienne. Le premier ministre se devrait de mettre en application des politiques qui dépassent largement les limites consensuelles de l’opinion publique canadienne, notamment pour des questions comme l’avortement… Il serait de toute manière préférable que M. Harper demeure minoritaire au terme de la campagne actuelle. La paix sociale serait mieux préservée au pays».

Non convaincu? Il s’agit juste de lire l’ancien magazine Alberta Report et ses successeurs, les écrits du stratège du premier ministre Stephen Harper, M. Tom Flanagan, les rapports de l’Institut Fraser et du Manning Centre for Building Democracy ou simplement le quotidien National Post, pour se faire une idée de ce qui s’en vient.

Les forces vives et non partisanes des diverses régions du Québec se mobiliseront-elles davantage avant la date du scrutin, afin d’empêcher un tel scénario? Espérons-le. Comment? En prenant parole. En tenant de grands rassemblements dans les régions ou comtés serrés. En rencontrant les médias. Ils auront sûrement d’autres idées. Un grand coup de cœur entre frères et sœurs de toutes les régions du Québec est à espérer.

Si le vote demeure serré selon les derniers sondages juste avant la date des élections le 14 octobre, il est aussi prévisible que, malheureusement (puisque qu’il n’y a pas de système de représentation proportionnelle encore en place), les électeurs québécois voteront stratégiquement pour l’un ou l’autre des partis d’opposition qui a le plus de chances de l’emporter contre le candidat ou la candidate conservatrice, mais ce, seulement dans les comtés où les Tories ont de bonnes chances de l’emporter.

Déjà là, si ce mouvement empêche une telle majorité ultraconservatrice de prendre le pouvoir, le pire des pires sera évité, soit une dérive excessive semblable à celle des républicains chez nos voisins du sud, avec toutes ses conséquences. Plus positivement, il n’est pas du tout exclus qu’un gouvernement minoritaire autre que conservateur soit formé à Ottawa, ayant un programme qui est plus près des aspirations de la majorité des gens, négocié et soutenu par un ou deux partis d’opposition selon le nombre de voix nécessaires.

Est-ce qu’un nombre suffisant d’électeurs votera ABC pour empêcher une majorité conservatrice? Impossible de dire à l’heure actuelle, surtout que la campagne est loin d’être terminée et qu’il peut toujours y avoir des soubresauts importants dans la performance des partis et dans l’actualité. Mais si ce mouvement prend de l’ampleur, définitivement.

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Subject: 
Ajout
Author: 
RD
Date: 
Wed, 2008-09-24 18:34

Il faut agir rapidement pour convaincre le maximum de nos concitoyens à ne pas voter conservateur. Pourquoi ne pas organiser un grand rassemblement de ces forces vives au coeur du Québec, soit dans la région de la ville de Québec, qui inclurait les chefs d'entreprises affectées et leurs employés, les organismes de développement économique local qui ont été coupés, les artistes, les femmes, les jeunes, les religieux et conservateurs modérés, les représentantEs d'organismes anti-guerre, de coopération internationale et environmentaux, des économistes contre les politiques néoconservatrices, etc., etc. Des gens de partout au Québec et pas juste ou plutôt pas surtout de Montréal évidemment.


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