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[Paris] Report du procès des manifestants de Fresnes: solidarité avec les militants anti carcéraux

Anonyme, Thursday, September 4, 2008 - 19:42

contre toutes les prisons

la répression s'amplifie en fRance contre les militants et militantes anti carcéraux

Report du procès des manifestants de Fresnes

Au début de l’audience du 3 septembre au tribunal de Créteil, contre 4 personnes poursuivies suite à la manifestation du 2 juillet sous les murs de prison de Fresnes, le juge unique s’est déclaré incompétent. En effet, il a décidé que le délit principal reproché était la « provocation à la destruction de bien public avec mise en danger d’autrui, par le biais d’écrit etc … »

(en l’occurrence une banderole accrochée à un grillage mentionnait « Comme à Vincennes … Feu aux prisons »), et que, relevant de la Loi de 1881 sur la presse, il devrait être jugé en collégialité (3 juges).

Une nouvelle date de procès a donc été fixée au 14 octobre 2008 devant la 11e chambre du Tribunal correctionnel de Créteil à 13H30.

Nous reproduisons ci-dessous le texte d’appel à la solidarité, toujours sur les mêmes bases :

A Fresnes comme ailleurs, solidarité ! Dans un monde où les conditions de survie sont toujours plus insupportables, où quelques uns continuent à s’enrichir en exploitant la misère, la prison est un des dispositifs qui garantit la paix sociale lorsque les médiations institutionnelles (syndicats, partis politiques, associations, médias) ou les psychotropes ne suffisent plus.

Agissant aussi bien comme menace permanente sur la tête de chacun que comme instrument d’élimination physique et psychologique des plus récalcitrants, elle est le reflet d’une société carcérale où les désirs de liberté n’ont pas de place. L’Etat affine et renforce sans cesse son arsenal de moyens de contrôle et de peines tout en construisant toujours plus de prisons (pour mineurs, pour sans-papiers, pour " fous "...) qui débordent à leur tour. C’est le prix à payer du paradis de la démocratie marchande. Ainsi, la question des prisons est d’abord celle du monde qui les produit : il ne peut pas plus exister de prison décente que de capitalisme à visage humain.

Des fugues et des révoltes dans les prisons pour mineurs (Porcheville, Meyzieu...) aux affrontements, saccages ou incendies en centres de rétention, les prisonniers eux-mêmes posent régulièrement la critique en actes de la prison. Après six mois de tensions et de multiples résistances, les détenus ont fait partir en fumée le centre de rétention de Vincennes, démontrant par là même qu’il n’y a de prison qui tienne que celles réduites en cendre.

Il n’y a qu’une cervelle de juge ou de flic pour penser que la révolte a besoin d’incitation pour se développer. La solidarité qui s’est manifestée à de nombreuses reprises avec les prisonniers en lutte est aussi pour nous le partage d’un même sentiment de rage contre les différentes cages qui nous enferment au quotidien. Dans cette guerre sociale diffuse où chacun est sommé de se soumettre, voire de participer, à sa propre domination, plusieurs camarades sont emprisonnés sous juridiction antiterroriste, accusés de possession de chlorate, de clous tordus, de manuels de sabotage, de plans de prison ou d’une tentative d’incendie d’un véhicule de police.

Le 2 juillet 2008, sous les murs de la prison de Fresnes, un rassemblement est donc venu exprimer une fois de plus cette solidarité avec tous les prisonnier qui refusent de se plier à l’ordre pénitentiaire, et notamment avec Isa et Juan embastillés pour ces affaires-là. Des tracts aux parloirs, des fumigènes et une banderole " Comme à Vincennes... feu aux prisons " sont venus rappeler que les taules ne se réforment pas mais se détruisent. Suite à ce rassemblement, quatre personnes ont été arrêtées et placées en garde à vue pour 48 heures.

Leurs appartements ont été perquisitionnés. Elles passeront en jugement le 3 septembre, accusées d’incitation à l’émeute, d’ "outrage" et de "port et transport d’artifices non détonants pour des motifs illégitimes" pour l’une d’entre elles, de refus de signalisation (photos et empreintes digitales) et de refus de prélèvement ADN pour toutes. De 2001 à 2007, pas moins de six lois ont élargi les prétextes de fichage génétique, conduisant à près de 30 000 nouveaux prélèvements ADN chaque mois, ce qui porte aujourd’hui à plus de 700 000 le nombre de personnes fichées.

Le refuser n’est pas une simple défense face aux prérogatives de l’Etat sur notre corps, c’est aussi concrètement lui enlever des possibilités de contrôle. Cela relève enfin d’un refus plus général de participer à notre propre servitude. Le procès se déroulera le 14 octobre à la 11e chambre du tribunal correctionnel de Créteil à 13h30. Cette journée doit être l’occasion d’exprimer sa solidarité partout et de toutes les manières possibles avec ces quatre camarades, ainsi qu’avec celles et ceux qui, dedans ou dehors, luttent contre le système carcéral, comme les quatre personnes inculpées suite à l’incendie de Vincennes.

Autres information

Compte-rendu de la situation judiciaire des 6 interpellés suite à la manif de Fresnes.

Résumé…

Le 2 juillet, peu après 15h, plus d'une vingtaine de personnes se sont retrouvées derrière la prison de Fresnes, où Juan est incarcéré depuis le 21 juin. Une banderole « Comme à Vincennes… feu aux prisons ! » a été accrochée au grillage, tandis qu'une dizaine de fumigènes étaient allumés malgré la pluie battante.

« Liberté pour Juan, liberté pour tous », « Mur par mur, brique par brique, détruisons toutes les prisons », « Liberté pour tous les prisonniers, et feu aux prisons » ont notamment été scandés pendant un quart d'heure, provoquant quelques cris et tee-shirt aux fenêtres du côté de plusieurs cellules.

Le groupe solidaire s'en est alors retourné vers Paris comme il était venu, malgré l'intimidation d'une voiture de flics en civil armés de flash ball et jouant aux cow-boys. Peu après, de très nombreuses patrouilles ont sillonné la ville de Fresnes en tous sens, particulièrement aux alentours de la prison, et procédé à des dizaines de contrôles d'identité, notamment des voyageurs de la gare RER. 6 personnes ont alors été arrêtées et embarquées par la flicaille.

Et suite…

Deux ont été rapidement relâchées après un contrôle d’identité.

Quant aux quatre autres, l’une se fait embarquer sans ménagement puis trois autres suivent, après une vérification d’identité sommaire à la gare RER de Croix de Berny. Elles sont conduites au commissariat de L’Hay les Roses (94), puis placées en garde-à-vue vers 15h45 à celui de Villejuif. Toutes quatre refusent de déclarer quoi que ce soit, tout comme elles refusent le prélèvement ADN, la prise d’empreintes digitales et la photo signalétique. C’est le SRPJ de Créteil qui s’occupe alors de l’histoire.

Le lendemain matin 3 juillet vers 8h, quatre appartements sont perquisitionnés pendant plusieurs heures : des ordinateurs et pas mal de papiers sont saisis. Y assistent un membre des RG (ou de l’anti-terrorisme ?), cagoulé dans un des cas, et qui bien sûr n’apparaissent pas sur le PV de perquisition, pas plus que le matos qu’ils ont saisi en rab…

La garde-à-vue est ensuite renouvelée pour 24h supplémentaires, suivie d’une nouvelle tentative d’interrogatoire infructueuse, tandis qu’un petit rassemblement se déroule devant le commissariat de Villejuif.

Le lendemain enfin, 4 juillet, après une hésitation du parquet qui penchait pour une comparution immédiate à Créteil pour 13h, tous les quatre sont relâchés, avec une convocation le 3 septembre 2008 à 13h30 devant la 11e chambre du TGI de Créteil.

Tous quatre sont accusés d’avoir :

- « par des écrits, imprimés, dessins, gravures, peintures, emblèmes, images exposées devant la Maison d’Arrêt de Fresnes, directement provoqué à la commission de vols, extorsions, destructions, dégradations et détériorations volontaires dangereuses pour les personnes, en l’espèce « le feu au prison » sic

- « refusé de se soumettre à un prélèvement biologique destiné à permettre l’analyse et l’identification de son empreinte génétique »

- « refusé de se soumettre à des relevés signalétiques, notamment par prises d’empreintes digitales, palmaires ou de photographies »

L’une d’elles est en plus accusée d’un délit d’outrage sur un flic, et de « port ou le transport, sans motif légitime, d'artifices non détonants » (relevant du code de la Défense), en l’occurrence des douilles de fumigènes industriels.

Voilà pour un bref compte-rendu des faits, d’autres textes suivront. En attendant, on ne peut que récidiver d’un « feu à toutes les prisons » et « liberté pour toutes et tous ». La lutte continue…

Quelques amis et compagnons, 5 juillet 2008



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