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Bâtir le socialisme au Québec : notre vision

PCQ, Saturday, July 26, 2008 - 07:15

Étienne Hallé

Note: Ce document se veut une contribution au débat à faire par rapport aux étapes nécessaires à la construction du socialisme au Québec. Les mesures décrites se veulent non exhaustives et se prêtent volontiers à des ajouts. Le but de cette réflexion est de souligner l’importance de l’étape de transition préalable à l’émergence du socialisme.

Ce document fait partie des documents qui circulent actuellement auprès des membres du parti, en prévision de notre prochain congrès du PCQ, prévu au cours de l'automne 2008. Il importe de souligner que ce document n'engage cependant, tout au moins dans sa forme actuelle et pour le moment, que son auteur.

***

1. Déclaration de l’indépendance du Québec

La première condition nécessaire à l’émergence du socialisme en sol québécois est l’accession à l’indépendance nationale. Dès son élection, le gouvernement de coalition au sein duquel oeuvrerait le PCQ devrait déclarer unilatéralement l’indépendance du Québec. À partir de ce moment, le Québec renoncerait à tous les engagements pris par le Canada en matière de politiques impérialistes étrangères. Le Québec négocierait également des traités économiques avec les partenaires souhaités selon ses intérêts et ses valeurs. Compte tenu de la part importante d’exportations faites au Canada et aux États-Unis, Québec poursuivrait le libre-échange avec ces derniers tel qu’il s’exerce actuellement pendant une période de temps indéterminée, soit jusqu’à ce que l’entente puisse être renégociée.

Un projet de constitution serait soumis à l’Assemblée nationale, de même qu’une charte des droits humains fondamentaux et inaliénables.

2. Période de transition vers le socialisme : un pays à bâtir

La marche vers le socialisme doit comporter une période de transition reliée aux réalités politiques et économiques. Notre proximité avec les États-Unis ne doit pas être prise à la légère et il faut s’attendre à des représailles économiques, de même qu’à un assaut massif de propagande de sa part et de son allié : le Canada. Lors de cette phase, nous devrons être excessivement prudents et faire preuve de flexibilité, car la population québécoise n’acceptera pas de recul quant à son niveau de vie et la menace d’un renversement pèsera sur nos décisions.

2.1 Renforcement du rôle de l’État

Dans la première phase, les banques seront nationalisées et les caisses populaires seront mises sous tutelle gouvernementale. Les banques états-uniennes qui opèrent à l’intérieur de nos frontières ne seront plus autorisées à prendre de nouveaux clients et les comptes des utilisateurs existants seront fermés après une période déterminée. Les secteurs de l’énergie, de la santé et de l’éducation, opérant sous contrôle privé, seront nationalisés en totalité. De plus, en appui au système de santé universel et gratuit, une société pharmaceutique d’État sera créée afin d’améliorer l’accès aux médicaments. L’éducation sera universelle et gratuite avec obligation de retour à la société sur des périodes variant selon les programmes d’enseignement poursuivis. Des allocations mensuelles de subsistance seront octroyées aux étudiants.

Plusieurs programmes sociaux seront mis de l’avant afin de servir adéquatement la population québécoise. Le nombre de place en garderie publique sera augmenté et les tarifs journaliers supprimés. Lors de cette période, le gouvernement au sein duquel oeuvrerait le PCQ, procédera à une refonte complète des lois du travail, notamment en ce qui concerne la Loi sur la santé et la sécurité au travail, la Loi sur les accidents de travail et des maladies professionnelles et sur la Loi sur les normes du travail. Le nombre d’inspecteurs au service de la Commission de la santé et de la sécurité au travail (CSST) sera augmenté et le mandat des syndicats en terme de prévention sera élargi. Des mesures pénales sévères visant les employeurs non respectueux des lois et règlements en matière de santé et sécurité au travail seront mises en application. Concernant les normes du travail, des inspecteurs seront mis à contribution afin de s’assurer leur application.

La semaine de travail sera réduite d’abord à 35 heures, puis à 30 heures et le salaire minimum sera haussé minimalement à 12$ l’heure. La syndicalisation sera de son côté élargie et facilitée. Pour ce qui est de l’environnement, un vaste programme sera mis sur pied afin de veiller à un développement durable et respectueux des écosystèmes.

Des tarifs douaniers éthiques seront mis en application afin que la concurrence manufacturière étrangère soit plus juste envers les travailleurs québécois. Ainsi, les pays octroyant des conditions de travail et des revenus équitables seront favorisés. Du même coup, une pression s’exercera sur les gouvernements des pays émergents afin qu’ils améliorent les conditions de travail de leurs populations. En ce qui concerne les entreprises québécoises, il leur sera interdit d’opérer ou de sous-traiter à l’étranger sans se conformer à des normes éthiques déterminées préalablement par le gouvernement du Québec. Des ententes économiques seront signées avec des pays progressistes afin de nous libérer de notre dépendance face au marché états-unien.

Un effort particulier sera fait, à ce titre, afin de développer nos relations avec les pays membres de l’ALBA, ainsi que du MERCOSUR. Plus notre économie reposera sur des échanges équitables avec ces derniers et plus il y aura d’alliés économiques et politiques progressistes pour le Québec, mieux nous serons outillés pour transiter vers le socialisme du 21e siècle. Le nombre de pays partenaires déterminera donc la vitesse à laquelle se fera cette transition.

Au gré de la consolidation de cette symbiose économique éthique, nous serons en mesure de débuter une phase de nationalisation des moyens de production en priorisant les entreprises du secteur de la haute technologie et des communications. Graduellement, ces nationalisations pourront s’étendre à d’autres secteurs. Les sociétés d’État du secteur de la haute technologie se verront octroyé un rôle précis : augmenter la productivité des entreprises québécoises afin de permettre une diminution du temps de travail, ainsi que développer le transport et l’énergie propre. Du côté des communications, une société oeuvrant dans la téléphonie, la câblodistribution, les services Internet, la télévision et presse écrite devra également être mise sous contrôle étatique. Par le biais de ces moyens, le gouvernement du Québec procèdera à une vaste campagne d’éducation citoyenne. Les télédiffuseurs, radiodiffuseurs, de même que la presse écrite appartenant à des intérêts privés, se verront dans l’obligation de se conformer à un code d’étique et de mettre gratuitement du temps d’antenne ou de l’espace à la disposition du gouvernement.

2.2 Démocratisation et décentralisation

Suite à la nationalisation d’entreprises du secteur des communications et par une politique énergique d’éducation et de consolidation idéologique fructueuse, nous serons en mesure de débuter la phase de décentralisation, qui se veut également en être une de démocratisation politique.

Des conseils régionaux seront créés dans tout le Québec afin de permettre aux régions un développement reposant sur leurs besoins et aspirations. Des enveloppes budgétaires seront octroyées régionalement afin de décentraliser la gestion des organismes gouvernementaux et paragouvernementaux. Des infrastructures régionales seront mises sur pied afin d’administrer les services à la population.

Peu à peu, les taxes et impôts – toujours déterminés par le gouvernement central - seront perçus par ces administrations régionales. Une proportion sera retournée à Québec pour financer les opérations des ministères et organismes appartenant à ce pallier gouvernemental, dont la Milice nationale et la Sûreté du Québec. Des sommes d’ajustement seront par la suite versés par le gouvernement central aux régions qui en auraient besoin.

3. Le socialisme

Une fois les régions prises en charge par les conseils et les administrations régionales, le gouvernement central ou l’administration régionale favorisera, par le biais de prêts sans intérêts octroyés aux comités de travailleurs, le rachat de leurs entreprises des mains des propriétaires selon les critères gouvernementaux.

Durant la première phase de la collectivisation d’une entreprise, le créditeur possèdera cinquante pourcent plus un (50% + 1) des voix du conseil d’administration. Lorsque l’entreprise aura généré le profit nécessaire pour rembourser en totalité le prêt, les travailleurs récupéreront sa totalité et en seront les uniques propriétaires. Cette récupération par les travailleurs se fera de manière graduelle au gré du remboursement. La majorité détenue par le créditeur ne pourra durer plus d’un an à partir de la date du début de la collectivisation. Les fonds syndicaux seront autorisés à financer le rachat des entreprises par les travailleurs aux mêmes conditions que celles énumérées précédemment. Les syndicats, de leur côté, auront un rôle distinct de celui des comités de travailleurs. Devant s’assurer d’abord du respect des droits des travailleurs, ils auront un rôle consultatif au sein de l’administration de l’entreprise. Ceux-ci seront affiliés à des centrales syndicales indépendantes.

Peu à peu, les différentes régions du Québec se développeront selon leurs besoins, leurs ressources et leurs forces. Les travailleurs prendront le contrôle de leurs milieux et toucheront enfin la plus value de leur travail. La transformation du paysage politique, économique et social, permettra de bâtir le socialisme. Ainsi, les régions gagneront en autonomie et l’État central diminuera sa taille. L’économie sera dynamisée par cette décentralisation et l’individu sera à même de se réaliser, par lui-même et pour lui-même, au cœur d’un environnement sain. La mainmise de l’État central sur les secteurs de l’énergie et de la haute technologie permettra de mettre la science et la technologie au service des citoyens. La hausse de la productivité ne permettra plus la mise à mort des entreprises entre elles par une compétition tant ridicule qu’effrénée. Cette technologie, désormais au service des travailleurs québécois, permettra plutôt de diminuer le temps passé au travail et de se réaliser en tant qu’humains ouverts sur la culture et sur le monde.

La vitesse avec laquelle émergera l’État socialiste québécois dépendra de la consolidation des alliances économiques internationales. Plus la conjoncture internationale sera favorable à sa consolidation, donc plus il y aura d'États qui entreprendront de bâtir eux aussi le socialisme, plus le socialisme prendra son essor chez-nous au Québec. Ensuite, nous assisterons graduellement à la naissance d’une société sans classe où, aidé par la technologie et l’abondance, chacun apportera sa contribution à sa manière et selon ses propres capacités. C’est à ce moment, après qu’elle eût enfin connu l’age adulte, que l’humanité atteindra la maturité, la prospérité et la paix.

PCQ
Parti communiste du Québec
www.pcq.qc.ca
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Subject: 
Quelques remarques
Author: 
Akanguru
Date: 
Sat, 2008-07-26 15:20

Bonjour j'ai plusieurs commentaires à faire et questions à poser. Je n'ai malheureusement pas beaucoup de temps à passer sur Internet, je vais donc écrire ce qui s'énonce le plus vite et non pas ce qu'il y a de plus fondamental.

La première condition nécessaire à l’émergence du socialisme en sol québécois est l’accession à l’indépendance nationale.

Pourquoi? À ce que je sâche les québecois-es ne subissent plus d'oppression nationale de nos jours. Même qu'au contraire, le colonialisme québecois en terres autochtones est source d'oppresion envers les premières nations.

D'un point de vu tactique, puisque vous dîtes vous-même dans le texte qu'il faudra s'attendre à des représailles de la part du Canada, ne serait-il pas alors préférable de «construire le socialisme» dans un cadre moins restreint que le seul Québec? Les masses sont exploitées hors de «nos» frontières également; en s'unissant avec nos frères et nos soeurs de classe contre notre ennemie la plus directe, la bourgeosie canadienne (qui comprend évidemment une faction québecoise), on aurait plus de chances de triompher.

La semaine de travail sera réduite d’abord à 35 heures, puis à 30 heures et le salaire minimum sera haussé minimalement à 12$ l’heure.

La diminution du temps de travail est très certainement souhaitable, mais est-elle réaliste sous le capitalisme? (car ce que vous proposez est la préparation du passage au socialisme, il faut donc en conclure que cela devrait se passer sous le capitalisme)

Dans la même veine, l'augmentation du salaire minimum que vous proposée va être un coup d'épée dans l'eau. La valeur de la force de travail n'augmente parce qu'on augmente les salaires, ça serait un peu magique. Donc, si une force de travail donnée valait 8,50$CAN avant et qu'on dit qu'elle vaut maintenant 12,00$QUE, on ne fait en fin de compte que redéfinir la valeur du dollar. Le prix des produits et services s'ajustera en conséquence de manière à réflèter leur valeur réelle et cela fera sorte que l'augmentation de salire n'aura servi à rien. C'est l'abc de l'analyse économique marxiste.

En passant, j'aimerais savoir comment vous avez déterminé les chiffres de 12,00$, 35h et 30h. Vous avez faite une analyse des forces productives au Québec et en êtes arrivé à la conclusion qu'en travaillant 30h par semaine, le Québec pourrait subvenir à ses besoins? J'aimerais vraiment savoir comment vous êtes arrivé scientifiquement à ces chiffres? Si vous n'avez pas justification quantitative, vous auriez dû vous contenter de parler de réduction de temps de travail sans donner de chiffres sortis de nulle part (je parle ici du cas où vous n'auriez pas de justification, mais j'espère que ce n'est pas le cas, sinon cela ne ferait pas très sérieux...)

Un effort particulier sera fait, à ce titre, afin de développer nos relations avec les pays membres de l’ALBA, ainsi que du MERCOSUR

Pourquoi avec le MERCOSUR? Avec l'ALBA je peux voir parce que vous avez des affinités idéologiques, mais pourquoi avec le MERCOSUR et pourquoi pas l'ALENA, l'APEC, etc. un coup parti. Vous dîtes vouloir que le Québec renonce à tous les engagements impérialistes du Canada, mais vous voulez forger des liens avec un organisme qui tente de faire émerger en tant que puissances impérialistes des pays d'Amérique du Sud et qui plus est, permet à une puissance régionale comme le Brésil d'écraser un petit pays comme le Paraguay. Bravo l'anti-impérialisme!!!

Les banques états-uniennes qui opèrent à l’intérieur de nos frontières ne seront plus autorisées à prendre de nouveaux clients et les comptes des utilisateurs existants seront fermés après une période déterminée.

J'ai des questions plus fondamentales par rapport à ce passage que je n'ai pas le temps de poser, mais pour l'instant je voudrais savoir pourquoi vous prenez en grippe particulièrement les banques américaines et pas les françaises par exemple? Je sens ici un peu d'anti-américanisme primaire (en tant que première puissance impérialiste sur Terre, il faut évidemment dénoncer l'impérialisme yankee, mais quand on en vient à ignorer les autres pays impérialistes, il y a un problème)

___________________________________________________________________

Ce que je retiens de votre texte, c'est que vous souhaitez le retours à l'État providence. Votre vision de l'État est anti-marxiste, vous le voyez plus moins comme un outil neutre dont on pourrait se servir pour mieux répartir la richesse. Mais l'État est un instrument de domination de classe. La manière dont vous semblez vouloir «préparer le terrain pour le socialisme» en tentant de vous servir de l'État bourgeois pour former transitoirement un capitalisme à visage humain m'apparait irréalisable et relever d'une analyse erronée.


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