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Présentation du bulletin 43 de la Fraction Interne du CCI

Anonyme, Friday, June 27, 2008 - 08:48

La Fraction Interne du CCI a publié son bulletin 43. Il est disponible en entier sur leur site.
Ce qui ressort en conclusion du bulletin c’est : « Sans présence communiste effective, affirmée et déterminée, dans les confrontations entre classes à venir, sans véritable Parti avant la période révolutionnaire, le prolétariat international court inévitablement à la défaite historique. » Les communistes internationalistes de Montréal

Présentation du bulletin 43 de la Fraction Interne du CCI

A l'heure où nous sortons ce bulletin, il est maintenant devenu clair pour tout un chacun que l'épisode marquant de la crise économique qui frappe le monde capitaliste aujourd'hui va avoir, et a déjà, des conséquences graves, voire souvent dramatiques, sur la vie de millions d'hommes et de femmes de par le monde.

Le "ralentissement de l'économie", c'est-à-dire la récession mondiale- qui est une nouvelle et violente manifestation de la surproduction chronique du capitalisme -, est là avec toutes ses terribles implications sur les masses exploitées : en son centre, c'est-à-dire dans les pays dits "développés", ce système accentue sans cesse la misère ouvrière par des attaques redoublées sur les conditions de vie et de travail du prolétariat et par la relance d'un chômage massif, tandis qu'à sa périphérie il en est à plonger des millions de prolétaires dans la famine. Le fait même que la "crise" atteint la production capitaliste en son coeur démasque tous les mensonges et toutes les fausses explications que les économistes, politiciens et médias bourgeois nous assènent.

En particulier, la spéculation immobilière et maintenant la spéculation sur les matières premières - comme le pétrole et certaines ressources alimentaires - ne sont pas la cause de la crise, mais bel et bien un produit de celle-ci. A savoir de l'incapacité pour des masses immenses de capitaux à pouvoir s'investir dans les secteurs de la production. Qu'en retour, les bulles financières résultant de la spéculation effrénée soient, à un certain moment, un facteur aggravant de la crise ouverte, voire même le facteur déclenchant de son épisode actuel, comme l'étincelle peut déclencher le feu à la citerne d'essence, n'y change rien.

Il en est de même en ce qui concerne l'endettement faramineux de tous les Etats, et en particulier de celui de la première puissance mondiale, les Etats-Unis. La montagne de dettes - qui ne seront, à l'évidence, jamais remboursées - n'est pas la cause de la crise, pas plus que les bulles financières ; elle est le produit de celle-ci. C'est le signe de l'incapacité du monde capitaliste à continuer de produire et d'accumuler du capital sans tricher avec la loi de la valeur au moyen de la dette et des manipulations financières.

Bref, c'est l'impasse et la catastrophe économique du capitalisme qui s'expriment ouvertement et brutalement aujourd'hui.

Mais, le capitalisme en crise ouverte ne se contente pas d'entraîner l'ensemble du prolétariat dans la misère et la famine. Il entraîne aussi l'ensemble de la planète dans la barbarie guerrière. Les rivalités impérialistes et les guerres locales n'ont pas commencé avec ce nouveau soubresaut de la crise économique. En revanche, cette dernière, parce qu'elle exacerbe la concurrence entre les capitaux, et en particulier entre les capitaux nationaux, vient accentuer, aiguiser, aggraver encore plus ces rivalités et ces tensions impérialistes. Le capitalisme est inexorablement poussé à la fuite en avant vers la confrontation impérialiste généralisée, c'est-à-dire vers une 3ème Guerre mondiale qui, déjà, et sans qu'on en connaisse le terme, est en préparation, notamment de la part des principales puissances capitalistes.

Cette dynamique vers la guerre impose, de toutes façons, à toutes les nations capitalistes, des plus grandes jusqu'aux plus petites, une nouvelle relance de la course aux armements pour développer au maximum leurs capacités militaires. Les dépenses d'armement et la croissance incommensurable des industries tournées directement vers la guerre se traduisent, et vont se traduire de plus en plus, par une aggravation des dettes "publiques" et une accentuation de l'exploitation de la force de travail du prolétariat.

Expressions essentielles de la faillite historique du capitalisme, la crise et la guerre s'additionnent et se concrétisent, aujourd'hui même, par une nouvelle attaque sans précédent contre les conditions de vie et de travail du prolétariat mondial. Crise et guerre posent la question de l'alternative historique à la barbarie capitaliste et à la catastrophe sanglante qui s'annonce. Seul le prolétariat mondial, comme classe exploitée, a les moyens d'offrir cette alternative : la lutte à mort contre le capitalisme, sa destruction et l'instauration d'une autre société où exploitation, misère et guerres disparaîtront.

Mais cette possibilité ne tombe pas du ciel, du jour au lendemain. Elle se prépare. Elle s'affirme. Elle se développe dans la réalité matérielle, dans la "vie réelle", dans les luttes quotidiennes que mène le prolétariat pour se défendre comme classe face aux attaques qu'il subit aujourd'hui.

Ce processus, aussi difficile qu'il puisse paraître, est actuellement en marche. Des luttes ouvrières de différents ordres, de différentes importances, se sont développées dernièrement sur tous les continents, aussi bien dans les pays centraux du capitalisme (Allemagne, Grande-Bretagne, Russie, France, Belgique...) que dans les pays de sa périphérie (Egypte, Benin, Philippines...), contre le blocage et la baisse des salaires, contre les attaques sur les retraites, contre les licenciements, les augmentations de prix... Ces luttes ont une signification et expriment l'état du rapport de forces entre bourgeoisie et prolétariat, et en particulier les forces et les faiblesses de ce dernier.

Elles révèlent que la classe révolutionnaire tend à refuser de supporter tous les sacrifices que la bourgeoisie cherche à lui imposer. Elles manifestent donc une tendance à la rupture de la solidarité avec "son" capital" national et avec "son" Etat. Elles expriment le fait que, si le prolétariat international, dans sa grande majorité, a encore des illusions par rapport au capitalisme et cède à l'idéologie bourgeoise, il n'y adhère pas profondément ni durablement.

Néanmoins, ceci ne nous empêche pas de constater qu'à ce jour les réactions prolétariennes sont largement insuffisantes et ne réussissent pas à faire reculer la bourgeoisie, à lui faire retirer ou ne serait-ce qu'à lui faire "suspendre" les attaques. Elles révèlent aussi de grandes faiblesses politiques. Dans ses grandes masses, le prolétariat continue à avoir des illusions sur la démocratie bourgeoise et sur le capitalisme - même si la profondeur présente de la crise constitue déjà et va être de plus en plus un facteur majeur de prise de conscience pour lui. De même, il continue à souffrir du recul provoqué par les campagnes anticommunistes menées dans les années 1990 qui lui ont fait perdre de vue sa propre perspective historique révolutionnaire - l'idée et l'espoir d'une autre société - ainsi que sa propre responsabilité historique et sa capacité comme classe révolutionnaire.

Bref, les ripostes d'aujourd'hui sont loin d'être à la hauteur des enjeux, avec le risque qu'à terme l'ensemble de la classe ouvrière soit suffisamment diminuée par un sentiment d'impuissance et de résignation et qu'elle subisse, dans ses confrontations avec la bourgeoisie, de lourds revers.

Nous n'en sommes pas là. Loin s'en faut ! Le chemin de la confiance en soi, de la détermination et de la lutte massive et unie passe non seulement par les réactions aux attaques actuelles mais aussi par la prise en main de ces combats par les ouvriers au travers de la recherche de la solidarité, de l'extension et de l'unification des combats, contre tous les obstacles qui s'y opposent et qui sont mis en place par les syndicats et les partis de gauche.

Pour le prolétariat mondial, l'enjeu immédiat, le premier, est donc déjà politique : quelle "direction", quelle orientation de combat, donner aux luttes ? Chacun dans son coin ou tous ensemble ? Qui doit diriger réellement les luttes ? Les ouvriers, les assemblées générales ou bien ces appendices de l'État bourgeois que sont les syndicats ? Voilà où se situent les enjeux et le combat politique immédiats. Voilà où se situe un des axes centraux d'intervention des minorités communistes aujourd'hui dans les luttes actuelles.

Mais bien évidemment, l'enjeu historique ne se limite pas aux seules luttes immédiates. Le développement des combats d'aujourd'hui contre les effets de la crise et de la marche à la guerre impérialiste généralisée met en jeu toute la dynamique, tout le cours de l'évolution du rapport de forces entre les deux principales classes de la société en interpellant le prolétariat sur sa responsabilité historique. C'est dans l'évolution et le développement des combats d'aujourd'hui, dans ces expériences de lutte, que celui-ci va être capable, ou non, de dégager et d'affirmer sa perspective révolutionnaire. Cette dimension politique et historique du combat de classe est en grande partie déterminée par la capacité des forces communistes qui existent aujourd'hui à jouer leur rôle d'avant-garde politique de manière déterminée, claire et le plus regroupée possible.

Et c'est sans doute là la principale manifestation de la faiblesse politique du prolétariat. Face à cette situation où l'alternative historique "guerre généralisée ou révolution prolétarienne mondiale" vient se reposer avec acuité, comme jamais depuis les années 1930, la question de l'état actuel de la Gauche communiste - principal "dépositaire" de la conscience de classe, porteur du programme communiste, donc seule force apte à être pleinement consciente des enjeux historiques et à les défendre au sein de la classe - est particulièrement alarmante. Dispersé, affaibli par l'opportunisme - particulièrement pour ce qui est du Courant Communiste International - et par le sectarisme, le camp prolétarien n'est aujourd'hui, à l'évidence, pas à la hauteur des enjeux et des responsabilités qui sont les siennes. Certes, il ne peut actuellement agir qu'à la marge sur la très faible étendue de la conscience de classe dans les grandes masses prolétariennes et son influence immédiate y est minime - mais encore faut-il qu'il mène une intervention décidée, aussi minoritaire et limitée soit-elle, ce qui n'est pas toujours le cas. Par contre, le fait que ce camp prolétarien ait le plus grand mal à assumer et à développer son unité, - non seulement dans son intervention vis-à-vis de la classe face à la situation historique actuelle, mais surtout dans et par les confrontations et débats publics des différentes positions qui coexistent en son sein, par une politique active et volontaire de regroupement des organisations et militants qui le composent - est de sa propre responsabilité.

Lutter contre les faiblesses actuelles des forces communistes existantes est le principal combat politique que notre fraction, depuis sa constitution, essaie de mener au sein du camp prolétarien. Ce combat, cette orientation, cette nécessité vitale pour notre classe, nous venons de les réaffirmer encore lors d'une réunion générale de notre fraction au cours de laquelle nous avons adopté une résolution d'activités que nous publions dans ce numéro du bulletin. Cette résolution ne s'adresse pas seulement à notre seule fraction. Elle s'adresse à tout le camp prolétarien, aux groupes et éléments isolés qui le composent.

Pour nous, elle constitue un véritable appel à ce que celui-ci sorte de sa dispersion et resserre ses liens. En effet, rien ne serait plus dramatique, pour les confrontations massives entre les classes, dont l'aggravation de la situation actuelle, crise et conflits impérialistes, annonce l'approche, que le prolétariat international se retrouve sans son avant-garde politique, ou au mieux dans la situation de devoir affronter la bourgeoisie avec des minorités politiques aussi faibles et dispersées que maintenant. Or, c'est aujourd'hui que les conditions de la constitution d'un parti doivent clairement être discutées, débattues, posées et que le processus menant à l'unité des communistes et au parti doit être sérieusement enclenché. Cela demande une véritable conscience et volonté politiques des organisations et des éléments qui font partie de ce que nous appelons le camp prolétarien.

Sans présence communiste effective, affirmée et déterminée, dans les confrontations entre classes à venir, sans véritable Parti avant la période révolutionnaire, le prolétariat international court inévitablement à la défaite historique. Voilà l'enjeu pour le camp prolétarien.

21 mai 2008.

Bulletin Communiste 43 - FICCI

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