Selon l’ADQ, des gens recevant de l’assistance sociale appelleraient l’ambulance pour aller prendre un repas chaud à l’hôpital. On jouera les vierges offensées en jurant qu’on n'a rien contre les « BS », mais qu’on critique les abus.

La révélation de l’ADQ dans l’arène parlementaire semble avérée. Mais au lieu d’une utilisation démagogique pour monter une population, généralement solidaire, contre les gens en situation de pauvreté, ne devrions-nous pas nous demander quelle type de société pousse à cette extrémité les personnes dans le besoin.

Il est aussi connu que 40 % de la population du Québec est trop pauvre pour payer de l’impôt. Il n’y a pas si longtemps, c’est la gauche radicale qui aurait révélé cet état de fait et elle en aurait tiré, aux yeux de tout-e-s, la conclusion que la société québécoise a un profond besoin de changements dans le sens d’une justice égalitaire pour le plus grand nombre. On aurait sans doute aussi montré qu’à l’intérieur du Canada, c’est la société québécoise qui subi le pire sort. Et qu’il est manifestement évident qu’on y a besoin d’un radical tournant en faveur des plus démuni-e-s, et de ceux et celles qui vivent encore de leur travail, sur le chemin que nous promet notre émancipation nationale.

Mais la droite a le haut du pavé et une large couverture des médias. À mon sens cela n’est que le symptôme de la complicité des partis politiques néolibéraux et des institutions qui les servent habituellement pour ne pas trop brasser une cage qui pourrait s’effondrer sur eux. Il apparaît qu’il ne faille mettre personne dans l’embarras dans l’enceinte du parlement, sinon pour empirer les choses et confondre une population qui reste réfractaire et sceptique, malgré tout, au radicalisme de droite. Il n’y a pas que le vote au 4 ans qui en soit l’indice.

L’ADQ paiera cher son arrogance car un jugement populaire commence à s’exercer sur ses initiatives opportunistes. De plus, l’expérience historique des régimes d’extrême droite a montré qu’ils sont vite réprouvés par la population majoritaire, ne serait-ce que pour leur laisser le temps d’un court frisson sensuel et démoniaque au pouvoir reportant de peu leur éventuelle « chute ».

- Guy Roy
Lévis (Québec)