Québec solidaire Hochelaga-Maisonneuve dénonce le déni de démocratie que subit la population de ce quartier suite à l’annonce, jeudi le 8 mai, du début des travaux de « modernisation de la rue Notre-Dame », prévu pour octobre 2008. Malgré l’opposition évidente d’une majorité de citoyens au projet du Ministère des Transports du Québec et de la Ville de Montréal, le gouvernement Charest va de l’avant avec une autoroute en milieu urbain qui aura des conséquences néfastes sur les conditions de vie des résidents des quartiers Mercier, Hochelaga-Maisonneuve et Centre-Sud.

Le Ministère des Transports et la Ville de Montréal contournent carrément les résultats des consultations publiques qui ont eu lieu en janvier et février 2008. Le rapport de la firme Convercité, rendu public le même jour où était annoncé le début des travaux, fait pourtant état des inquiétudes et réticences d’une majorité de participants face au projet actuel, et notamment face aux dangers qu'une augmentation de la pollution de l'air ferait courir à la santé de la population.

« Peut-être est-ce nécessaire de rappeler que le 24 janvier dernier, lors des consultations tenues à la Maison de la culture Maisonneuve, la colère des résidents contre le projet de modernisation était clairement palpable… Et comment faire la sourde oreille face au Grand Tintamarre pour un vrai boulevard, la marche citoyenne du 13 avril où plusieurs centaines de personnes ont répondu à l’appel de la Coalition pour humaniser la rue Notre-Dame? La population d’Hochelaga-Maisonneuve a manifesté explicitement son opposition à cette autoroute en milieu urbain » déclare Alexandre Michaud, co-porte-parole de Québec solidaire Hochelaga-Maisonneuve

L'avis d'une vingtaine de dirigeants économiques (Le temps d'agir, dans La Presse du 6 mai) semble peser plus que celui des 4000 citoyens qui ont signé la pétition pour s’opposer au projet d’autoroute et réclamer un boulevard urbain humanisé. Pourquoi le développement économique de l’est de Montréal devrait-il se faire au détriment de la santé et des conditions de vie de sa population? Rappelons qu'il n'existe aucune étude sérieuse au sujet du camionnage qui est, avec le transport des banlieusards, la véritable motivation de ce projet d'autoroute. Qu'à cela ne tienne, le MTQ veut aller de l'avant.

« Même si la ministre Julie Boulet «s’est dite satisfaite du bon déroulement des consultations publiques» et a «tenu à ce que ces personnes puissent exprimer leur point de vue», nous avons l’impression que les consultations n’ont été qu’un simulacre d’exercice démocratique puisqu’elles ne débouchent que sur quelques bien minces bonifications » s’indigne Alexandre Michaud.

Ces bonifications, annoncées jeudi dernier, sont loin de résoudre tous les effets néfastes appréhendés. D’abord, on peut sérieusement douter de l’efficacité d’une voie réservée au covoiturage (et aux taxis) car elle ne sera pas séparée des autres voies et il sera difficile de faire respecter l’exigence d’avoir au moins deux personnes par véhicule (ce qui n’est pas, convenons-en, un ratio passagers/véhicule très impressionnant!). Ensuite, les mesures pour augmenter l’offre de transport en commun dans l’est de Montréal (voies réservées sur Pie IX et sur Notre-Dame, réaménagement de la desserte locale sur la rue Ste-Catherine) misent toutes sur l'autobus, alors qu’une forte proportion des résidents consultés proposait le transport électrique sur rail comme alternative écologique à la dépendance au pétrole.

D’autre part, concernant le projet pilote de radars photographiques, il est ironique de constater que la ministre Boulet semblait beaucoup plus encline à rassurer les automobilistes sur la transparence de cette mesure (« On ne fera pas ça en cachette ») qu’à réellement tenir compte des résultats des consultations publiques. Les droits des automobilistes sont-ils plus importants que ceux du reste de la population? Encore une fois, c’est deux poids, deux mesures! Ce projet n'est pas conçu dans l'intérêt de la population d'Hochelaga-Maisonneuve, ni dans l'intérêt du bien commun de tous les Québecois, mais seulement pour quelques avantages économiques à courte vue.