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L'ingérence du gouvernement Harper dans les primaires américaines: De quoi je me mêle?Anonyme, Thursday, April 10, 2008 - 23:30
Le Bureau des Affaires Louches
L'ALENAgate ou comment le gouvernement conservateur de Stephen Harper a contribué à la défaite du candidat à l'investiture démocrate Barack Obama lors des primaires en Ohio en approvisionnant ses adversaires en munitions. Le gouvernement conservateur de Stephen Harper est réputé pour sa manie de tenir à distance les journalistes, son allergie à la transparence et son penchant naturel pour la cachotterie. Paradoxalement, ce même gouvernement semble aussi avoir développé la fâcheuse habitude de fourrer son nez là où il ne devrait pas puisqu'il possède une feuille de route peu reluisante en matière d'ingérence politique en période électorale. Par exemple, en octobre 2006, le président du conseil du Trésor du gouvernement Harper, John Baird, intervient dans les élections municipales d'Ottawa en retardant le financement du projet d'expansion du train léger si cher au maire sortant, Bob Chiarelli, un ancien député du Parti libéral ontarien. Soulignons qu'à l'époque où il siégeait à l'assemblée législative de l'Ontario, le libéral Chiarelli avait affronté Baird, qui était alors député au sein du parti conservateur de Mike Harris. Devenu l'un des membres les plus puissants du gouvernement Harper, Baird est alors en position de rendre à Chiarelli la monnaie de sa pièce. Ainsi, la décision inusité de Baird dans le dossier du train léger fait carrément dérailler la campagne de Chiarelli et contribue à l'élection de Larry O'Brien, un homme d'affaires dont les idées en matière de loi & d'ordre sont proches de celles des conservateurs. (1) Notons d'ailleurs que le maire O'Brien doit aujourd'hui répondre d'accusations criminelles de corruption. Ensuite, lors des élections générales québecoises de mars 2007, l'ingérence du gouvernement Harper atteint de telles proportions qu'elle est dénoncée par les plus importants partis politiques de la province, incluant son allié naturel l'Action démocratique du Québec (ADQ), obligeant même le premier ministre Jean Charest à rappeler à l'ordre ses amis du Parti conservateur. Dans un premier temps, alors que le gouvernement fédéral dépose habituellement son budget vers la fin de février, il choisi exceptionnellement de le faire le 20 mars, soit une semaine avant que les électeurs québécois ne soient appelés aux urnes. L'attente d'un budget sensé solutionner le problème du déséquilibre fiscal entre Ottawa et les provinces influence alors toute la dynamique de la campagne électorale. Mario Dumont de l'ADQ va même jusqu'à refuser d'annoncer son cadre financier avant le dépôt du budget fédéral. Lorsque le budget est déposé, les libéraux de Charest se servent alors de la hausse du montant des transferts fédéraux pour en tirer le maximum de capital politique en annonçant des baisses d'impôts de 950 millions$. Puis, le lendemain du dépôt du budget, le premier ministre Harper dresse pratiquemment toute la classe politique québécoise contre lui en évoquant la nécessité «d'avoir un gouvernement fédéraliste à Québec» comme condition afin d'engager d'éventuelles discussions sur un transfert de points d'impôt au Québec et sur la limitation du pouvoir fédéral de dépenser dans les champs de compétence provinciale. André Boisclair du Parti québécois réagi en criant au chantage, affirmant que «même M. Chrétien, dans ses pires moments, ne se serait pas rendu là.» Dumont estime lui aussi que Harper dépasse les bornes. «Je trouve que le mot chantage est trop fort, j'appelle ça une ingérence», dit-il, ajoutant: «Je dis qu'elle est inappropriée à ce point-ci et je demande à M. Harper de laisser les Québécois décider entre Québécois.» (2) Pour sa part, Charest juge bon de rappeler que «ce n'est pas à quelqu'un de l'extérieur du Québec, même si c'est le premier ministre du Canada, à décider ou à chercher à déterminer avec qui il négocie.» (3) Non seulement les basses manoeuvres des conservateurs ne connaissent aucune limite sur le plan éthique, mais en plus, elles semblent aujourd'hui faire abstraction des frontières géographiques. Ainsi, après la campagne électorale d'Ottawa et celle du Québec, le gouvernement Harper est maintenant soupçonné d'être intervenu lors des primaires américaines en faisant couler dans les médias des renseignements confidentiels portant sérieusement atteinte à la campagne du candidat favori pour l'investiture démocrate, le sénateur Barack Obama. Cette fois-ci, les accusations d'ingérence viennent de nul autre que l'ambassadeur américain au Canada. L'affaire est si grave que même le leader du gouvernement conservateur à la Chambre des communes, Peter Van Loan, doit reconnaître «qu'un événement de ce genre ne favorise pas les relations entre le Canada et les États-Unis». (4) Ce qui est tout de même ironique quand on se rappelle que ce sont les conservateurs qui s'étaient eux-mêmes engagés à améliorer les relations canado-américaines lors des dernières élections générales fédérales. Il est aussi pour le moins insolite qu'un pays comme le Canada soit accusé de s'ingérer dans les élections de la plus grande puissance de la planète, qui elle ne s'est jamais gênée d'intervenir ouvertement ou clandestinement dans les affaires internes d'un nombre incalculable d'États souverains. À ce sujet, la même semaine où Ottawa se retrouve sur la sellette pour son intrusion allégué dans les primaires américaines, le magazine américain Vanity Fair révèle en grande primeur que l'administration Bush avait cherchée à renverser le gouvernement palestinien élu dirigé par le mouvement de résistance islamique Hamas en armant et en finançant une faction du Fatah. (5) Voici donc le dossier du Bureau des affaires louches sur l'«ALENAgate» ou comment le Canada approvisionna en munitions les adversaires du sénateur Obama. Mais avant de nous plonger au coeur de cette controverse, nous vous proposons d'abord de revenir sur l'émergence d'Obama dans la course à l'investiture démocrate, un phénomène dont la popularité fait des adeptes un peu partout incluant ici même. La montée en puissance de l'«Obamania» Aux États-Unis, la journée connue sous le nom de Super Tuesday est considérée comme étant l'étape la plus importante des primaires américaines. Il s'agit effectivement du moment où le plus grand nombre d'États votent simultanément pour élire les délégués qui seront envoyés aux conventions des deux grands partis, démocrates et républicains, qui se tiendront en août 2008. Ce sont lors de ces conventions que les délégués des deux partis rivaux désigneront officiellement leurs candidats respectifs à la présidence et à la vice-présidence des États-Unis en vue des élections de novembre 2008. Pour s'assurer de remporter l'investiture démocrate, l'aspirant à la présidence se doit d'obtenir le soutien d'au moins 2025 délégués et super délégués (6) (sur un total de 4000), tandis que chez les républicains, le chiffre magique est de 1191 délégués et super délégués. De nombreux observateurs de la politique américaine estiment que les candidats qui parviennent à remporter le Super Tuesday sont généralement ceux qui obtiennent l'investiture de leur parti. Ce fut en effet le cas du démocrate Bill Clinton en 1992, du républicain Bob Dole en 1996, et de George W. Bush Jr. et d'Al Gore en 2000. Lors du Super Tuesday qui se tient le 5 février 2008, un nombre record de vingt-quatre États, soit près de la moitié des cinquante États que comptent les États-Unis, choisissent les délégués des camps démocrates et républicains. Chez les démocrates un total de 2 088 délégués sont élus ce jour là, dont 1 688 assignés à un candidat. Chez les démocrates, la victoire revient au sénateur de l'Illinois Barack Obama, qui réussit à remporter une majorité de délégués dans treize États. Ce résultat confirme l'avance de la campagne d'Obama sur celle de sa plus proche rivale, la sénatrice de New York Hillary Clinton. L'ex-première dame des États-Unis, qui était la favorite au début de la course à l'investiture démocrate, doit se contenter d'une victoire dans seulement neuf États, parmi lesquels l'on retrouve toutefois certains des plus peuplés, comme la Californie et New York. Bilan: Obama compte 838 délégués de plus, contre 826 pour Clinton. Élu une première fois en 1996 au Sénat de l'Illinois, Obama se distingue par son soutien envers la cause des homosexuels et à la lutte contre le SIDA. Il perfectionne sa maîtrise de l'art du compromis en réussissant le tour de force d'obtenir l'approbation des républicains pour l'adoption de lois prohibant le profilage racial, étendant la couverture d'assurance-maladie aux enfants, autorisant la surveillance vidéo des interrogatoires de police et même un moratoire sur l'application de la peine de mort dans l'Illinois. En 2000, Obama échoue dans sa tentative de décrocher l'investiture démocrate en vue des élections à la Chambre des représentants. En 2002, le sénateur Obama est l'un des rares politiciens américains à s'opposer publiquement à la guerre en Irak. En novembre 2004, il fait son entrée au Sénat américain. Devant la multiplication des scandales de corruption et de conflits d'intérêts chez les élus de Washington, Obama fait adopter les plus importantes réformes en matière d'éthique et de lobbying depuis l'affaire du Watergate. (7) Reproduisant la recette qui fit sa marque de commerce au Sénat de l'Illinois, Obama réussit à obtenir l'appui des républicains. En février 2007, il annonce sa candidature à l'investiture du Parti démocrate. Orateur charismatique et communicateur habile, Obama sait faire frissoner les foules. Celui dont le prénom signifie «béni» en hébreu, en arabe et en swahili bâti sa campagne autour du thème de l'espoir. Le changement est un autre thème qu'il martèle sans arrêt. Obama cultive son image d'«outsider» en se présentant comme un politicien qui n'est pas encore rentré dans le moule. Mettant de l'avant un discours rassembleur, Obama se démarque également par sa volonté de dépasser les clivages partisans qui caractérisent depuis si longtemps la politique américaine. S'il remporte certains succès au début de l'année 2008, comme le caucus en Iowa et les primaires en Caroline du sud, c'est vraiment sa victoire lors du Super Tuesday qui lui permet de se positionner en tant que meneur dans la course à l'investiture démocrate. Sa côte popularité atteint des sommets alors que les comparaisons flateuses se multiplient : quand ce n'est pas le «Michael Jordan de la politique», on le dépeint comme le «JFK noir». Son aura transcende même les frontières des États-Unis. En effet, les adeptes d'Obama se multiplient d'un bout à l'autre du monde, du Nigéria au Japon en passant par le Mexique, et même au sein de l'establishment libéral québécois. (8) Le quotidien The Gazette révèle en effet que l'influent libéral John Parisella a récemment fait du porte-à-porte pour la campagne d'Obama au New Hampshire. Parisella, qui a été directeur général du Parti libéral du Québec (PLQ) et chef de cabinet du premier ministre Robert Bourassa, est est aujourd'hui président de l'agence de publicité BCP, membre ad hoc de l'exécutif du PLQ et conseiller spécial auprès de Jean Charest. Quand Parisella évoque Obama, il en parle avec la plus grande des passions. «Il représente l'espoir et il représente une façon de faire les choses différemment et on le croit d'une façon ou d'une autre», dit-il. «C'est comme être en amour. Quand on le voit, on cesse de respirer.» (9) L'ampleur de l'«Obamania» commence même à susciter un malaise chez certains commentateurs politiques américains. «La campagne d'Obama tend à ressembler dangereusement à un culte de la personnalité», s'inquiète Paul Krugman dans le New York Times. (10) Pendant ce temps, rien ne semble pouvoir arrêter l'ascension d'Obama, qui vogue de succès en succès. Le 19 février, Obama remporte les primaires du Wisconsin et d'Hawaï, ce qui constitue sa dizième et sa onzième victoire consécutives depuis le Super Tuesday. À ce moment-là, Obama compte une centaine de délégués de plus que sa rivale Clinton (1374 contre 1275). Il est dès lors devenu clair que la campagne de Clinton est sérieusement en péril. Mais la combative sénatrice est encore loin de s'avouer vaincue. Lors de divers débats télévisés, les deux candidats vedettes du Parti démocrate croisent le fer sur la guerre en Irak, leurs plans respectifs relativement à la couverture médicale et leurs positions sur l'Accord de libre-échange Nord-Américain (ALENA) entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, en vigueur depuis 1994. Aux États-Unis, plus les craintes de récession s'accentuent, plus le vent du protectionnisme souffle fort. C'est pourquoi tant Obama que Clinton jouent à celui qui se distancera le plus de l'ALENA. Ainsi, l'équipe d'Obama ne manque pas une occasion d'associer Clinton à l'ALENA, en disant notamment que la sénatrice new-yorkaise s'était toujours montrée favorable envers cet accord et qu'elle n'a changé son fusil d'épaule seulement depuis qu'elle est en campagne pour l'investiture démocrate. Il est vrai que dans son autobiographie intitulée «Mon Histoire», la sénatrice avait élevée la ratification de l'ALENA, en 1993, au rang de «succès» de la présidence de son mari, Bill Clinton. (11) Toujours est-il que la sénatrice Clinton dit aujourd'hui avoir l'intention d'«améliorer» l'ALENA et même de mettre la pédale douce sur le commerce extérieur dès novembre prochain, le temps de «revoir systématiquement tous les accords commerciaux pour vérifier qu'ils sont bénéfiques pour les travailleurs américains». De son côté, Obama s'engage à adopter une «Loi des employeurs patriotes» pour pénaliser les délocalisations d'entreprises. «Je ne signerai aucun accord commercial (...) qui ne comporte pas de protections pour notre environnement et pour les travailleurs américains», promet-il. La rhétorique protectionniste s'amplifie au fur et à mesure que s'approche les primaires de l'Ohio, qui se tiennent le 4 mars 2008. Cela s'explique par le fait que la perte de 200 000 emplois dans le secteur manufacturier de l'Ohio depuis l'an 2000 est attribuée, à tort ou à raison, aux effets pervers de l'ALENA. En plus de l'Ohio, les démocrates tiennent également leurs primaires au Texas, au Vermont et à Rhode Island, ce qui incite certains observateurs à parler d'un «mini Super Tuesday». En tout, 260 délégués sont en jeu, dont 141 dans l'Ohio et 193 au Texas, lors de cette journée qui pourrait bien s'avérer être fatidique pour la campagne de Clinton. Compte-tenu de sa situation précaire, la sénatrice se doit de faire bonne figure en Ohio comme au Texas. Il en va de l'avenir même de sa campagne, reconnaît l'ex-président Bill Clinton, qui est très impliqué à soutenir les efforts de son épouse dans la course à l'investiture. Or, même si l'Ohio est un État où la sénatrice est sensée jouir d'une base solide, la partie n'est pas gagnée d'avance. Si les sondages de cet État lui accorde une avance de quelques points ou la place au coude-à-coude avec Obama, la tendance est que Clinton ne cesse de perdre du terrain dans les intentions de vote en Ohio comme ailleurs aux États-Unis depuis sa défaite au Super Tuesday. (12) La rhétorique électoraliste mise à nu Le 26 février, lors d'un débat télévisé tenu à Cleveland, en Ohio, Clinton décide de mettre le paquet. La candidate va jusqu'à prétendre que si elle est élue présidente, son administration aurait recours à la clause de l'ALENA permettant à tout pays signataire de se retirer du traité en cas de refus de la part du Canada ou du Mexique de renégocier l'entente. Question de ne pas être en reste, Obama se dit quant à lui prêt à «utiliser le marteau d'un potentiel désengagement comme effet de levier pour nous assurer que les normes du travail et au niveau de l'environnement soient renforcies». À Ottawa, cette soudaine surrenchère de déclarations anti-ALENA ne passe pas inaperçue. Soixante-quinze pour cent des exportations canadiennes étant destinées au marché américain, il pourrait difficilement en être autrement. Aussi, la réaction du gouvernement Harper face aux prises de position des candidats démocrates ne se fait pas attendre. Le lendemain du débat Clinton-Obama, le ministre du Commerce international, David Emerson, rappelle aux deux candidats démocrates que le Canada est le principal fournisseur d'énergie aux États-Unis, ajoutant au passage que l'ALENA garanti à leur pays un accès avantageux au pétrole canadien. (13) Le ministre Emerson souligne également que toute renégociation du traité ne se ferait pas à sens unique, le Canada ayant lui aussi sa propre liste de récriminations à faire valoir. De son côté, le critique libéral en matière de Finances, John McCallum, affirme que le retrait des États-Unis de l'ALENA serait «un désastre pour le Canada». La même journée, un reportage du réseau Canadian Television (CTV), basé sur une source anonyme, allègue qu'un membre de l'équipe d'Obama aurait téléphoné à l'ambassadeur du Canada aux États-Unis, Michael Wilson, pour l'avertir que le sénateur de l'Illinois avait l'intention de s'en prendre à l'ALENA lors des primaires. (14) Selon le reportage, qui a été préparé par le bureau de CTV à Washington, le but de l'appel aurait consisté à rassurer les autorités canadiennes en les invitant à ne voir dans les positions anti-ALENA d'Obama qu'une forme de rhétorique électorale. Selon la source, l'équipe de Clinton aurait livré le même type de message à Ottawa, ce qui est vite démenti par un porte-parole de la sénatrice. Quant à l'équipe d'Obama, l'un de ses porte-paroles ne nie pas l'existence de contacts avec du personnel diplomatique canadien, mais s'empresse toutefois de préciser que «le sénateur Obama ne fait pas de promesses qu'il n'a pas l'intention de tenir». (15) De son côté, l'ambassade canadienne dément formellement par voie de communiqué avoir été contacté par téléphone par quelque membre que ce soit de quelque équipe électorale que ce soit pour discuter de l'ALENA. Chose certaine, le premier ministre Harper lui-même ne semble pas prendre très au sérieux ces menaces que font plâner les candidats démocrates sur l'ALENA. Le 28 février, lors de la période des questions à la Chambre des communes, Harper affirme qu'il a «appris à accueillir avec un certain scepticisme les propos de politiciens de l'opposition concernant des accords de libre-échange durant des campagnes électorales». (16) Le chef conservateur fait ensuite référence à l'engagement qu'avait pris Jean Chrétien lors des élections générales d'octobre 1993. «Nous nous souvenons tous de la promesse des libéraux d'il y a une quinzaine d'années: ils voulaient déchirer l'ALENA», rappelle-t-il. Évidemment, une fois au pouvoir, il n'en fut rien. Maintenant que toutes les parties impliquées démentent l'ensemble des allégations contenues dans son premier reportage, CTV met de l'avant une nouvelle version de l'affaire dans un autre reportage diffusé le 29 février. (17) Cette fois-ci, CTV allègue qu'un important conseiller économique de l'équipe d'Obama, Austan Goolsbee, aurait discuté de l'ALENA avec le consul canadien à Chicago, Georges Rioux, plus tôt en février. Contacté par CTV, Goolsbee, qui enseigne l'économie à l'Université de Chicago, refuse de dire si cette discussion a vraiment eu lieu et invite plutôt le réseau télévisé à adresser ses questions au quartier général de la campagne d'Obama. Toutefois, malgré l'insistance des reporters de CTV, personne parmi la vaste équipe d'Obama ne daigne répondre à leurs questions. Par ailleurs, CTV affirme aussi qu'une source placée au plus haut niveau du gouvernement canadien a reconfirmée qu'un membre de l'équipe d'Obama avait bien logé un appel à l'ambassade canadienne. Le reportage indique également qu'un membre important de l'ambassade canadienne a offert davantage de précisions à CTV au sujet dudit appel téléphonique... avant de faire ensuite marche arrière, en suggérant qu'il s'agissait peut-être là d'un malentendu. Le sénateur républicain de l'Arizona John McCain est le premier aspirant à la Maison Blanche à se servir de ces allégations à des fins partisanes. McCain, qui est alors le meneur dans la course à l'investiture républicaine, déclare ceci: «Je ne crois pas qu'il est approprié d'aller en Ohio et de dire une chose aux gens pendant que votre assistant appelle l'ambassadeur canadien et lui dit quelque chose d'autre». La même journée, une source proche du bureau du premier ministre du Canada confie au réseau américain ABC que l'ambassadeur Wilson aurait exagéré l'importance de l'échange survenu entre Goolsbee et Rioux lors d'une conversation avec le chef de cabinet du premier ministre Harper, Ian Brodie, un ancien professeur de sciences politiques de l'Université de Western Ontario. (18) Le reportage d'ABC identifie même Brodie comme étant la fameuse source qui aurait coulé cette histoire au réseau CTV. Ces nouvelles allégations suscitent de nouvelles réactions, et ce, tant sur la scène politique américaine que canadienne. D'abord, McCain suggère que les attaques anti-ALENA des démocrates pourraient avoir un impact sur l'engagement canadien en Afghanistan, en disant que «toutes ces choses sont interreliées». De son côté, le directeur des communications de la campagne de Clinton, Howard Wolfson, demande à ce qu'Obama dise si des membres de son équipe ont vraiment rassuré le gouvernement canadien au sujet de l'ALENA. Le porte-parole d'Obama, Bill Burton, réplique en disant que le seul volte-face qui est survenu relativement à l'ALENA provient de la sénatrice Clinton. Si Obama ne peut plus continuer d'ignorer cette controverse, il choisi d'abord de se cacher derrière le communiqué de l'ambassade canadienne. «Le gouvernement canadien a émis une déclaration disant que ce n'était pas vrai, alors je ne sais pas quelles sont les sources», affirme le candidat à l'investiture démocrate. Lors de son passage à WKYC-TV, en Ohio, Obama affirme sur un ton défensif qu'il n'a pas à apporter d'éclaircissements sur sa position concernant l'ALENA : «Je n'ai pas à la clarifier. L'ambassade canadienne l'a déjà fait en disant que l'histoire n'était pas vraie. Notre bureau a dit que l'histoire n'était pas vraie. Je pense que c'est important que vos auditeurs sachent que ce n'est pas vrai.» (19) De son côté, Goolsbee nie pour la première fois les propos qui lui sont attribués par le reportage de CTV. «Cette histoire est totalement inexacte. Je n'ai pas appelé ces gens», se défend-il au cours d'un bref entretien avec Jason Horowitz, du New York Observer, toujours le 29 février. (20) Au Canada, la porte-parole du premier ministre Harper, Sandra Buckler, affirme que «Ian Brodie ne se souvient pas d'avoir discuté de cette question». (21) (On notera avec intérêt qu'il existe une différence entre nier quelque chose et ne pas s'en rappeler de quelque chose.) Buckler rappelle aussi le démenti émis par l'ambassade canadienne à Washington. Toutefois, ce n'est plus l'ambassadeur Wilson mais bien le consul canadien de Chicago qui est désormais sur la sellette. Chez l'opposition, Leslie Swartman, la directrice des communications du chef libéral Stéphane Dion, voit dans cette affaire une preuve d'ingérence des conservateurs dans la campagne américaine. «Le comble, c'est qu'ils se mettent à blâmer l'ambassadeur d'avoir exagéré», dit-elle. «C'est fou de voir jusqu'où ils sont prêts à aller pour s'assurer de l'élection d'un Républicain.» Le critique libéral des Affaires étrangères, Bob Rae, abonde dans le même sens. «C'est l'Internationale républicaine en action», affirme Rae, un ancien leader néo-démocrate qui fut premier ministre de l'Ontario entre 1990 et 1995. «Le gouvernement Harper est tellement idéologique et lié aux Républicains qu'il utiliserait n'importe quelle opportunité pour nuire à la campagne d'Obama», croit-il. Puis, le 2 mars, soit à seulement deux jours du «mini Super Tuesday», l'affaire connaît un nouveau rebondissement lorsque l'agence Associated Press dévoile des extraits d'un mémo se voulant un compte-rendu de la discussion que le consul Rioux a eu avec Goolsbee le 8 février dernier. (22) Selon des sources gouvernementales, le mémo avait initialement été envoyé par courriel à cent vingt employés du fédéral. (23) L'auteur dudit mémo écrit notamment que Goolsbee «a eu la franchise de dire que le focus des primaires portait nécessairement sur les affaires domestiques, particulièrement dans le Mid-West, et que la plupart de la rhétorique qui pourrait être perçu comme étant protectionniste reflète davantage une manoeuvre politique plutôt qu'une politique». Un autre extrait : «Prenant note de l'anxiété parmi le public américain à propos des perspectives économiques des États-Unis, Goolsbee a admis candidement l'émergence d'un sentiment protectionniste. Il a averti que ce message ne devait pas être pris hors contexte et devait être davantage perçu comme un positionnement politique plutôt qu'une articulation claire de plans politiques.» Appelé à réagir au contenu du mémo, Goolsbee déclare que son auteur, Joseph DeMora, un employé du consulat, a déformé ses paroles. «Cette chose à propos d'un 'positionnement politique plutôt qu'une articulation claire de plans politiques', ce sont les mots de ce gars-là», dit Goolsbee au sujet de DeMora. «Il ne me cite pas», insiste-t-il. «Je n'ai certainement pas utilisé cette phrase en aucune façon.» Goolsbee estime que peut-être seulement deux ou trois minutes furent consacrées à discuter de l'ALENA lors de cette rencontre qui totalisa environ quarante minutes. Il reconnaît avoir indiqué au consul canadien qu'Obama n'est pas un protectionniste mais qu'il est plutôt à la recherche d'un équilibre entre les politiques de libre-échange et les difficultés économiques que connaissent les travailleurs américains. Cependant, Goolsbee affirme maintenant que cet énoncé ne faisait aucunement référence à l'ALENA. Notons cependant que le conseiller économique d'Obama ne rejette pas le mémo dans sa totalité. Selon Goolsbee, l'extrait qui suit est authentique et compatible avec la position d'Obama: «Sur l'ALENA, Goolsbee suggère qu'Obama est moins porté à changer fondamentalement l'accord et plus en faveur de renforcer/clarifier le language à propos de la mobilité de la main-d'oeuvre et de l'environnement et de tenter de veiller à ce que ceux-ci deviennent des principes qui soient au coeur de l'accord.» Le problème, c'est que si la position réelle d'Obama se résume à «clarifier le language» de l'ALENA, cela contraste quelque peu avec ses déclarations publiques dans lesquelles il se disait prêt à menacer de désengager les États-Unis pour forcer la main du Canada et du Mexique à renégocier l'accord. En d'autres mots, l'allégation voulant qu'Obama tiendrait un double discours au sujet de l'ALENA ne serait donc pas totalement dénuée de fondement. Aussi subtile soit-elle, une telle nuance demeure susceptible de jeter un doute sur la sincérité d'Obama quant à ses prises de position concernant l'ALENA. Évidemment, nous n'avons pas affaire ici à un scandale particulièrement spectaculaire et les américains en ont vu d'autres à ce chapitre. Il n'en demeure pas moins qu'une affaire pareille peut facilement entacher l'image d'un politicien comme Obama qui décida de faire de l'éthique en politique l'une de ces marques de commerce. Les retombées de cette affaire dans la course à l'investiture démocrate sont loin d'être insignifiantes. Dans ce type de campagne où le salissage mutuel se substitue souvent aux débats de fond, il n'est nullement nécessaire de faire la preuve que les allégations qui sont lancées de part et d'autres soient solides comme du béton pour qu'elles réusissent à causer des dommages politiques à l'adversaire. Il suffit juste de soulever un doute dans la tête d'un nombre suffisant d'électeurs, et le mal est fait. Avec la fuite du mémo du consulat de Chicago, le sénateur Obama a l'air du politicien opportuniste typique qui tient un double discours. Pour la première fois, Obama perd son assurance et l'électorat américain le voit sur la défensive. C'est d'ailleurs sans doute parce qu'ils réalisent trop bien l'enjeu de toute cette affaire que certains membres de l'équipe d'Obama perdent leur sang-froid au point de fabriquer une véritable histoire à dormir debout dans l'espoir d'éviter que ne s'éveillent des soupçons de duplicité à l'égard du sénateur de l'Illinois. Ainsi, l'équipe d'Obama, qui se contentait jusqu'alors de tout nier en bloc, reconnaît maintenant, par la bouche de son directeur de campagne, David Plouffe, que Goolsbee a bien rencontré le consul Rioux. Mais Plouffe ajoute aussitôt que leur conversation était tout ce qu'il y a de plus informel, en prétendant à qui veut bien l'entendre que Goolsbee s'est exprimé seulement à titre de prof d'université, et non pas en tant que conseiller économique du candidat Obama. (24) Mais cette position souffre d'entrée de jeu de sérieux problèmes de crédibilité. D'abord, s'il s'agissait vraiment d'une petite jasette sans conséquence entre un prof et un diplomate, alors on s'explique mal pourquoi l'équipe d'Obama ne l'a pas dit dès le début au lieu d'attendre que des extraits du compte-rendu de la rencontre soient coulés sur le fil de presse des médias nord-américains. Mais ce n'est pas tout. Non seulement le principal intéressé, c'est-à-dire Goolsbee lui-même, n'a-t-il pas soulevé ce moyen de défense, mais en plus, en identifiant quel passage du mémo reflètait la position d'Obama sur l'ALENA, ce qui revient donc à s'exprimer au nom du candidat à l'investiture démocrate, le conseiller économique invalide totalement l'explication déjà boiteuse que le directeur de campagne a cherché à mettre de l'avant. Comme si la situation n'était pas suffisamment confuse, le sénateur Obama affirme quant à lui ne voir aucune contradiction entre ses propres positions sur l'ALENA et le texte du mémo que Goolsbee rejette pourtant en bonne partie. «L'ambassade canadienne a confirmé qu'il a dit exactement ce que j'ai dit durant la campagne, qui est que je crois dans les échanges commerciaux, mais qu'il est important pour nous d'avoir des normes en matière de travail et d'environnement qui soient exécutoires», déclare en effet le candidat à l'investiture démocrate. (25) Bien entendu, l'équipe d'Obama dénonce aussi l'exploitation éhontée que fait sa rivale de cette controverse. «Mme Clinton sait très bien qu'elle ne dit pas la vérité, et que sa déformation des faits évidente fait partie de la stratégie avouée de son équipe visant à jeter tout ce qui leur tombe sous la main contre M. Obama aux derniers jours de la campagne», affirme le porte-parole d'Obama, Bill Burton. Il reste que l'équipe d'Obama est en partie responsable de la situation pour le moins inconfortable dans laquelle se trouve le sénateur de l'Illinois. En choisissant initialement de se réfugier dans le déni complet, Obama et son équipe n'ont fait qu'empirer leur cas. Puis, une fois pris en défaut, l'équipe d'Obama s'enfonce encore plus profondément dans le mensonge et la duperie, un réflexe classique chez des hommes politiques dénués de scrupules. En agissant ainsi, l'équipe du candidat à l'investiture n'a fait qu'apporter davantage d'eau au moulin de leurs détracteurs qui s'en donnent évidemment à coeur joie, en accusant Obama de chercher à induire en erreur le peuple américain, et plus particulièrement l'électorat de l'Ohio. Ottawa vs Obama Le 2 mars, l'affaire est discutée à la populaire émission américaine «Meet the Press» du réseau NBC. «Vous avez un gouvernement de droite au Canada qui essaie d'aider les républicains et intervient activement dans cette campagne», accuse Bob Shrum, un important conseiller du Parti démocrate qui joua un rôle clé lors des campagnes présidentielles d'Al Gore et de John Kerry. (26) À l'opposé, Mary Matalin, une stratège bien connue du camp républicain qui travailla notamment pour Georges Bush père et fils, s'en prend aux démocrates, en les accusant de faire volte-face sur l'ALENA. Reprenant les propos du ministre Emerson sur l'approvisionnement en énergie, Matalin déclare ensuite que les sables bitumineux canadiens contiennent autant de pétrole que les réserves d'or noir de l'Arabie saoudite. De ce côté-ci de la frontière, l'opposition estime que les conservateurs de Harper pourraient se retrouver dans de beaux draps s'il fallait qu'Obama devienne le prochain locataire de la Maison Blanche, en novembre prochain. «Si le sénateur Obama est élu, il se rappelera de cet incident», croit le libéral Bob Rae. (27) Comme l'affaire frise désormais l'incident diplomatique, le ministère canadien des Affaires étrangères cherche à calmer le jeu. Dans un communiqué envoyé le lendemain, le ministère assure qu'un «récent rapport du consulat général à Chicago n'avait aucunement pour intention de faire valoir de quelque façon que ce soit que M. Obama et son équipe de campagne exprimaient en privé des vues différentes de celles qui sont exprimées en public, notamment sur l'ALENA.» (28) Le ministère tient aussi à souligner à quel il «regrette profondément toute conclusion qui avait pu être tirée de cet incident.» À la Chambre des communes, le chef du Nouveau parti démocratique (NPD), Jack Layton, reprend à son compte les allégations d'ingérence lors de la période des questions. Harper réagit dans un premier temps en notant les regrets exprimés dans le communiqué des Affaires étrangères. Mais Layton revient à la charge en demandant à Harper de ne pas «se porter à la défense du Parti républicain». Le premier ministre conservateur répond alors ainsi: «la question du chef du NPD me fait sourire. Il laisse entendre que nous sommes assez puissants pour intervenir dans le processus électoral aux États-Unis et choisir le président. Le gouvernement actuel ne prétend pas avoir un tel pouvoir. Je nie certainement toute allégation selon laquelle le gouvernement actuel aurait tenté de s'ingérer dans le processus électoral aux États-Unis.» (29) Bien entendu, l'équipe de Clinton est bien décidée à tirer le maximum de capital politique de cette controverse, qu'elle choisi de baptiser «ALENAgate» («NAFTAgate», en anglais). Lors d'une conférence de presse de soixante-quinze minutes, la sénatrice new-yorkaise reproche à Obama de dire une chose aux gens de l'Ohio et de dire «quelque chose d'autre à un gouvernement étranger derrière des portes closes.» Son directeur des communications, Howard Wolfson, accuse quant à lui Obama d'avoir induit en erreur les démocrates en niant à plusieurs reprises l'existence d'une conversation entre un de ses conseillers et un diplomate canadien.(30) Même le gouverneur de l'Ohio, Ted Strickland, qui s'est rangé dans le camp de Clinton, se met de la partie. Lors d'un rassemblement à l'Université de Toledo, Strickland déclare ceci: «Il est important que le peuple de l'Ohio comprenne qu'il a récemment été dévoilé que l'adversaire de la sénatrice Clinton a pour principal conseiller économique quelqu'un dont on dit qu'il a affirmé à des responsables du gouvernement canadien que son adversaire est si peu sérieux à propos de ce qu'il raconte en Ohio au sujet de l'ALENA, qu'il ne s'agit que de rhétorique politique. Hé bien, nous, en Ohio, croyons qu'il faut dire ce que vous avez l'intention de faire et qu'il faut faire ce que vous dites.» Notons que des rumeurs persistantes veulent que Strickland pourrait être choisi comme candidat à la vice-présidence de Clinton. Tandis que le premier reportage de CTV est en ligne sur le célèbre site Internet YouTube dès le lendemain de sa diffusion à la télévision (31), la campagne de Clinton se sert allègrement du mémo du consulat canadien dans une annonce publicitaire diffusée sur les stations de radio de l'Ohio à moins de quarante-huit des primaires. «Comment les habitants de l'Ohio vont-ils décidé s'ils croient ou non les paroles d'Obama ? C'est ce que nous saurons la journée du vote», conclut l'annonce. (32) L'ampleur de la controverse oblige Obama à consacrer un temps précieux à se défendre des allégations de tenir un double discours sur l'ALENA, au lieu de mettre de gaver l'électorat de ses promesses d'espoir et de changement. Mais la frustration s'accroit au fur et à mesure que les médias nationaux américains développent leur intérêt envers l'«ALENAgate». Le 4 mars, la journée même des primaires, Obama met fin prématurément à une conférence de presse lors de laquelle les journalistes le bombardent de questions sur cette affaire. Pendant ce temps, certains responsables de l'équipe d'Obama éprouvent de plus en plus de mal à contenir leur colère face à Ottawa. «Il y a clairement un malentendu qui a été fomenté par des gens à l'intérieur du gouvernement», affirme au quotidien torontois The Globe and Mail un membre non-identifié de l'équipe d'Obama.* Un autre responsable de la campagne va encore plus loin sur le réseau CBC. «Pourquoi le Canada se mêle-t-il des affaires internes des États-Unis ?», demande-t-il. «Fournir un compte-rendu erroné, à ce moment précis, la veille d'un vote crucial, n'est pas un accident, et c'est vraiment, vraiment stupide.» (33) À la Chambre des communes, le néo-démocrate Layton demande désormais la tête de Ian Brodie. Ce à quoi Harper répond : «Le gouvernement cherche à trouver le responsable de la divulgation de ces informations au public, mais ce n'est pas mon chef de cabinet.» (34) Devant l'empressement du premier ministre à innocenter Brodie, Layton décide de pointer un doigt accusateur en direction du chef conservateur. «Si le premier ministre affirme aujourd'hui que le responsable n'est pas son chef de cabinet, alors qui est-ce?», demande-t-il, ajoutant ensuite: «Serait-il possible que le premier ministre ait été au courant de cette information et ait autorisé ces fuites afin de nuire à la campagne de M. Obama en vue d'être candidat à la présidence des États-Unis?» Notons que cet échange entre Layton et Harper et les autres qui suivront seront affichés bien en évidence sur le site Internet de la campagne d'Obama. Bien que nous soyons en présence d'au moins deux fuites, l'enquête interne au ministère des Affaires étrangères annoncée par le gouvernement ne s'attaque qu'à seulement l'une d'elle, soit celle du mémo du consulat de Chicago qui fut coulé à l'agence Associated Press. (35) Or, la première fuite est pourtant celle qui donna lieu au premier reportage de CTV et fut en fait le point de départ de l'«ALENAgate». S'il n'en tient qu'à Harper, cette première fuite resterait donc impunie. Évidemment, comme le principal suspect de cette fuite est son propre chef de cabinet, une enquête pourrait facilement l'éclabousser politiquement, lui et son gouvernement. «Il n'est pas tout à fait clair comment un rapport de notre bureau de Chicago, notre consulat de Chicago, s'est retrouvé aux mains des médias, particulièrement avec un gouvernement qui se montre si dévoué au secret», remarque Paul Heinbecker, un ancien ambassadeur canadien à l'ONU, avant d'ajouter: «On ne peut faire autrement que d'assumer qu'il fut coulé délibérément.» (36) Selon lui, l'auteur de la fuite ne semble pas avoir bien mesuré les conséquences de son geste. Heinbecker cite à titre d'exemple le risque que la fuite puisse miner la confiance entre le personnel diplomatique et Ottawa. «Si le gouvernement veut recevoir des compte-rendus candides de ses bureaux extérieurs, les auteurs de ces rapports doivent être assurés que ce qu'ils écrivent ne se retrouvera pas dans les journaux», affirme l'ex-ambassadeur. De son côté, Bob Rae fait remarquer que les fuites pourraient porter atteinte aux intérêts canadiens à l'étranger. En effet, après ce qui vient d'arriver, qui aura encore envie de se confier à un diplomate canadien de manière aussi franche et ouverte que l'a fait l'économiste Goolsbee ? Alors que les résultats préliminaires des primaires du «mini Super Tuesday» semblent indiquer que Clinton se dirige vers une victoire en Ohio, le néo-démocrate Layton déclare : «Il ne peut maintenant y avoir aucun doute: la fuite provenant de l'intérieur du gouvernement canadien a eu un impact sur les élections américaines». (37) Bref, la controverse est en train de prendre une telle dimension que le premier ministre Harper finit même par en perdre son sourire... Notons ici le changement de ton qu'il adopte dans ses réponses lors de la période des question du 5 mars. «Une telle fuite n'est pas utile et elle n'est pas dans l'intérêt du gouvernement du Canada», admet le leader conservateur. (38) «Telle qu'elle a été orchestrée, c'est clairement une injustice pour le sénateur Obama et sa campagne. Nous allons veiller à prendre toutes les mesures juridiques et toutes les mesures d'enquête nécessaires pour découvrir exactement qui en est l'instigateur.» Harper annonce du même souffle que le greffier du Conseil privé, Kevin Lynch, va procéder à une enquête interne, ce qui signifie qu'il reconnaît implicitement que son propre cabinet est sur la sellette. Précisons que le bureau du conseil du Conseil privé est le ministère du premier ministre, ce pourquoi son greffier est considéré comme étant le fonctionnaire le plus important de tout l'appareil fédéral. Il n'est peut-être pas inutile non plus de noter ici qu'en raison de leurs fonctions respectives, Lynch et Brodie se côtoient et travaillent ensembles sur une base quotidienne... (On découvrira plus tard que l'enquête est confiée à la firme BMCI Investigations & Security, dont plusieurs des employés proviennent des rangs du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). (39) Notons que les demandes de l'opposition consistant à connaître le mandat exact de la firme sont restées sans réponse.) Cela étant dit, il reste qu'il s'agit là de tout un revirement de la part celui de Harper, qui, à peine vingt-quatre heures plus tôt, disculpait expéditivement son chef de cabinet. Mais Layton reste néanmoins sur sa faim. Le chef du NPD demande maintenant à Harper d'appeler la Gendarmerie royale du Canada (GRC) afin de déterminer si les fuites contrevinrent à la Loi sur la protection de l'information ou à l'article 122 du Code criminel, qui interdit à tout fonctionnaire de rendre public des renseignements confidentiels sans autorisation. «Si M. Harper n'est pas prêt à appeler la GRC, cela confirme nos soupçons que c'était intentionel,» estime Layton. Le leader néo-démocrate est d'ailleurs d'avis que cette affaire est beaucoup plus grave que la fuite d'un brouillon du plan vert du gouvernement conservateur qui avait donné lieu à une enquête de la GRC, l'année dernière. Rappellons qu'en mai 2007, un jeune employé temporaire du ministère de l'Environnement avait été interpellé à son bureau, au beau milieu d'une journée de travail, et avait été emmené, menottes aux poignets, par des policiers en uniforme sous les regards ahuris de ses collègues de travail. (40) Le ministre de l'Environnement, John Baird, avait alors affirmé que cette arrestation lançait un message clair aux autres employés du fédéral à l'effet qu'aucune fuite d'information ne serait tolérée. En fin de journée du 5 mars 2008, le journaliste Alexander Panetta de l'agence Presse Canadienne apporte d'importantes précisions sur le rôle qu'aurait joué Ian Brodie dans l'«ALENAgate». (41) S'il veut identifier l'origine de la fuite qui a secoué les primaires américaines, Harper «n'a qu'à tourner son regard vers son propre chef de cabinet, Ian Brodie», écrit Panetta. Ainsi, le journaliste révèle que la controverse canado-américaine a commencée le 26 février dernier, lorsque Brodie s'est mêlé aux nombreux journalistes se trouvant à l'intérieur d'une pièce verrouillée du parlement canadien pour étudier le budget Flaherty. Les membres des médias n'étaient apparemment pas fâchés d'avoir accès à l'un des plus importants représentants du gouvernement Harper, lequel est reconnu pour être peu volubile avec la presse parlementaire. Brodie aurait alors commenté les déclarations anti-ALENA du camp démocrate en bavardant amicalement avec des journalistes de CTV. «Il a dit qu'un membre de la campagne de Clinton avait suggéré à l'ambassade de prendre la déclaration avec un grain de sel... Que quelqu'un avait téléphoné pour dire de ne pas s'inquiéter», affirme un témoin. «Plusieurs personnes l'ont entendu», ajoute la source. Ces informations auraient ensuite trouvées leur chemin jusqu'au bureau de CTV, à Washington. Bien que le reportage de CTV mentionna l'équipe de Clinton, on ignore cependant pourquoi l'emphase a été mis sur le camp d'Obama. Malgré la nature plutôt gênante de ces nouvelles révélations, il reste que Brodie peut continuer à dormir tranquille. Les journalistes protègent bien leurs sources de même que Harper protège bien les membres de son clan. Entre-temps, les résultats officiels des primaires du «mini Super Tuesday» confirment la défaite d'Obama en Ohio. Non seulement la sénatrice Clinton remporte-t-elle l'Ohio, en recevant 54 % des suffrages et en se voyant accorder 75 délégués, mais en plus elle gagne au Texas (51 %, 65 délégués) et au Rhode Island (58 %, 13 délégués). Le petit État de Vermont est le seul où Obama sort vainqueur, avec 59 % des voix, lui donnant un modeste gain de 9 délégués. Avec un total de 1567 délégués, dont 207 super délégués, la campagne d'Obama conserve néanmoins son avance sur le camp de Clinton, qui en compte 1462, dont 242 super délégués. (Un bémol doit toutefois être apporté à la victoire de Clinton au Texas, puisque seuls les deux tiers des délégués sont attribués à la proportionnelle dans le cadre d'une élection primaire, le dernier tiers étant attribué lors de caucus. Il faudra attendre jusqu'à la fin du mois de mars pour que le caucus texan alloue les derniers délégués. On apprend alors que le score final du caucus permet à Obama de devancer Clinton avec 38 délégués contre 29, portant ainsi le total de délégués attribués au sénateur de l'Illinois à 99 contre 94 pour l'ancienne première dame des États-Unis. (42)) Du côté républicain, où l'on tient également des primaires dans les quatre mêmes États le 4 mars, John McCain triomphe partout et blanchit son plus proche rival, le gouverneur de l'Arkansas Mike Huckabee. Ce dernier choisissant de se retirer de la course, le sénateur de l'Arizona et vétéran du Vietnam devient alors le seul candidat en lice pour l'investiture du Parti républicain. On ne saurait minimiser l'importance des résultats du «mini Super Tuesday» pour le reste de la course à l'investiture. La campagne de Clinton vient de recevoir un nouveau souffle, permettant à la rivale d'Obama de rester dans la course. Cela signifie que la lutte pour l'investiture démocrate va non seulement se prolonger sur plusieurs mois, mais aussi gagner en intensité en prennant de plus en plus l'allure d'un duel fratricide entre Obama et Clinton. Et pendant ce temps, le républicain McCain aura le beau jeu de se donner des airs d'homme d'État s'élevant au-dessus de la mêlée. La victoire la plus éclatante de Clinton étant sans contredit celle remportée en Ohio, et ce, tant au niveau du nombre de suffrages exprimés que de délégués attribués, cela soulève évidemment une question aussi épineuse que cruciale: dans quelle mesure les fuites canadiennes ont-elles influencées les résultats en Ohio ? Pour Mark Penn, le principal stratège de l'équipe de Clinton, il est clair que l' «ALENAgate» eut un «impact significatif» sur les primaires en Ohio. (43) Les sondages effectués à la sortie des bureaux de vote semblent d'ailleurs lui donner raison puisqu'ils indiquent que Clinton a reçu l'appui de 55 % des électeurs qui arrêtèrent leur choix lors des trois dernières journées avant les primaires, alors que la couverture médiatique de l'«ALENAgate» battait son plein. (44) En contribuant à gonfler le score de Clinton en Ohio, les fuites auront nécessairement eu pour conséquence d'alimenter les divisions et la bisbille au sein de la grande famille démocrate. C'est pourquoi les vrais gagnants sur le plan politique dans cette histoire, ce sont d'abord et avant tout les républicains, qui sont désormais unis derrière la candidature de McCain. Ce sont eux, ces éternels adversaires des démocrates, qui tireront un réel avantage stratégique des fuites canadiennes. Bref, l'affaire des fuites n'a rien d'anodin. C'est ce qui explique sans doute pourquoi l'ambassadeur des États-Unis au Canada, David Wilkins, sort de son habituelle réserve diplomatique pour dénoncer ouvertement cette fuite du mémo du consul canadien qui «n'aurait jamais dû avoir lieu», en la qualifiant d'«interférence» du Canada dans la campagne américaine sur le réseau CBC, le 6 mars. (45) Mais la petite montée de lait de l'ambassadeur américain contre le Canada sera de très courte durée. En effet, Wilkins met de l'eau dans son vin à peine quelques heures plus tard. «Je crois que le terme «interférence» est un peu fort», dit maintenant l'ambassadeur.(46) «Cela laisse entendre un acte intentionnel. Et je n'ai aucun moyen de savoir si c'était inintentionnel ou intentionnel, ou quoi que ce soit de cette nature. Mais ma déclaration sur l'interférence ne signifiait pas une interférence intentionnelle de la part du gouvernement canadien, et malheureusement c'est de cette façon que cela a été repris.» Affirmant accepter les excuses de l'ambassade canadienne, Wilkins estime que «le temps est venu de tourner la page sur cet incident regrettable». Au même moment, la controverse autour de la renégociation de l'ALENA connaît un rebondissement pour le moins inattendu lorsqu'un membre de la Chambre des représentants accuse un ministre du gouvernement Harper de tenir un double discours sur cette question. Le représentant démocrate Michael Michaud du Maine, cofondateur du caucus bipartisan «Friends of Canada» au Congrès américain, révèle en effet que le ministre canadien David Emerson lui aurait dit en privé que le Canada était prêt à renégocier l'ALENA, en février dernier. (47) «Lorsque le ministre du Commerce Emerson m'a dit qu'il était prêt à renégocier l'ALENA, j'étais très optimiste et j'étais impatient de revenir et de le dire à mes collègues», dit le représentant Michaud, ajoutant ensuite: «Puis, j'ai appris plus tard qu'il ne l'était pas.» Rappelons qu'Emerson s'était en effet montré plutôt hostile aux appels à la renégociation de l'ALENA lancés par les candidats à l'investiture démocrate, en allant jusqu'à sous-entendre qu'une réouverture du traité commercial pourrait mettre en péril l'accès privilégié des États-Unis au pétrole canadien. Michaud, qui affirme que la raison d'être du caucus «Friends of Canada» est «d'avoir un dialogue ouvert et honnête avec nos amis du nord», se déclare «très déçu» que le ministre Emerson ne dise pas la même chose en public qu'en privé au sujet de l'ALENA. Pour le critique néo-démocrate en matière de Commerce, Peter Julian, soit Emerson induit en erreur les Canadiens ou soit il induit en erreur les membres du Congrès américain. Notons qu'à aucun moment Emerson ne prend la peine de contredire ou de réfuter l'allégation de Michaud, ce qui ne peut faire autrement que de nous amener à croire que ce dernier doit dire vrai. Il faut dire que ce ne serait pas là le premier volte-face dans la carrière politique d'Emerson, qui avait d'abord été élu sous la bannière du Parti libéral fédéral avant de se semer la consternation parmi ses partisans en acceptant de se joindre au cabinet du gouvernement conservateur de Harper, en février 2006, soit deux semaines après la défaite du gouvernement libéral de Paul Martin. En guise de conclusion Bien que l'on ne saura peut-être jamais qui au juste manigança la fuite du mémo du consul de Chicago, il reste que de nombreux éléments portent à croire que le coulage d'informations préjudiciables à la campagne d'Obama pourraient bien avoir été orchestrées à partir des échelons les plus élevés du gouvernement Harper. Quand Harper dit ouvertement qu'il accueille avec scepticisme les promesses de Clinton et d'Obama de renégocier l'ALENA, il sous-entend qu'il n'en croit pas un mot. Et quand un mémo confidentiel du gouvernement canadien fait soudainement son apparition sur le fil de presse et révèle qu'Obama tient un double discours sur l'ALENA, nous sommes alors en présence d'une preuve tangible que notre si clairvoyant premier ministre avait raison de ne pas croire ce politicien qui, comme Jean Chrétien en 1993, est en campagne électorale. Bref, ça tombe tellement bien qu'un petit peu plus et on croirait que c'est arrangé avec le gars des vues ! En d'autres mots, la fuite du mémo est assurément compatible, sinon complémentaire, avec la position adoptée par le gouvernement conservateur à l'égard des discours protectionnistes des candidats démocrates. S'il n'existe pas de preuves matérielles que le gouvernement est derrière cette fuite, force est de constater qu'elle sert vachement bien ses intérêts. Voici une liste des autres éléments militant en faveur de la thèse d'une responsabilité du gouvernement Harper dans l'affaire des fuites : Le fait que ce gouvernement est réputé pour son désir de contrôler la circulation de l'information ; les antécédents connus des conservateurs en matière d'ingérence électorale ; le fait que l'on compte parmi les principaux suspects l'un des plus important membre du personnel politique de ce gouvernement (Ian Brodie) et le diplomate canadien occupant le poste le plus important à l'extérieur du pays (Michael Wilson) ; le fait que Brodie, que l'on dit «habituellement circonspect», se soit soudainement montré bavard avec des journalistes la veille de la diffusion du premier reportage de CTV sur l'affaire ; le changement d'attitude de Harper lui-même qui, après avoir tourné en dérision les premières allégations de l'opposition, est ensuite obligé de se rendre à l'évidence de la gravité de la situation ; et enfin, le refus de ce gouvernement d'appeler la GRC. Bien qu'il soit indisputable que les fuites contribuèrent à rescuciter la campagne d'Hillary Clinton tout en donnant un petit coup de pouce au camp des républicains, il demeure possible que le but premier recherché par leurs auteurs n'était pas de favoriser un candidat au détriment d'un autre mais bien plutôt de contre-carrer l'émergence de la rhétorique protectionniste américaine, qui peut à elle seule représenter une source de nuisance pour l'économie canadienne. «La perspective de nouvelles barrières frontalières découragera les investissements au Canada», écrit à ce sujet le pdg de l'Institut C.D. Howe, William Robson, dans le Globe and Mail. (48) L'«ALENAgate» va-t-il tomber dans l'oubli lors des primaires à venir ou les adversaires d'Obama vont-ils plutôt continuer à s'en servir dans le but de miner la campagne de celui qui continue d'être le meneur dans la course à l'investiture démocrate ? «Je crois que ça va être un sujet qui va suivre durant le reste de cette campagne. Cela a soulevé des questions sérieuses au sujet d'Obama», croit Mark Penn de l'équipe de Clinton. L'«ALENAgate» pourrait effectivement jouer lors des primaires qui se tiendront le 22 avril en Pennsylvanie, un État voisin de l'Ohio où l'attribution de 158 délégués sera en jeu. Surtout que la Pennsylvanie connaît des problèmes économiques similaires à ceux de l'Ohio. Obama «parle d'arranger l'ALENA» lance Clinton lors d'un discours prononcé à Harrisburg, capitale de la Pennsylvanie, le 11 mars. «Mais son principal conseiller économique a assuré le gouvernement canadien qu'il n'allait pas vraiment mener cela à terme. Sa position ? Seulement des mots», conclut-elle. (49) Mais Clinton risque de trouver intérêt à modérer sa rhétorique protectionniste car son ses positions anti-libre-échange sont en train de nuire dangeureusement à sa campagne depuis que son principal conseiller a été contraint de remettre sa démission, le 6 avril dernier. En effet, après le Canada c'est maintenant au tour de la Colombie de faire intrusion dans les primaires américaines. Voici ce qui s'est passé. La sénatrice Clinton s'oppose au projet de Traité de libre commerce (TLC) entre les États-Unis et la Colombie. Or, son stratège Mark Penn est le pdg de la firme de relations publiques Burson-Marsteller Wolrdwide retenue par le gouvernement colombien pour faire la promotion du TLC auprès du Congrès américain ! Lorsque le Wall Street Journal révèle que Penn était l'invité principal d'un déjeuner de travail tenu le 31 mars à la résidence de l'ambassadrice de Colombie, à Washington, le conseiller de Clinton fait son mea culpa en plaidant l'«erreur de jugement». (50) Le gouvernement colombien réagi en rompant le contrat de 300 000$ avec Burson-Marsteller tandis que Penn doit renoncer à son poste de responsable de la stratégie de la campagne de Clinton. * «Penn est celui qui a orchestré la réaction outrée de la sénatrice Clinton au sujet de la rencontre beaucoup plus innocente de Goolsbee avec le consul canadien. Il en a même tiré une publicité. Appelez ça de l'hypocrisie si vous le voulez», déclare David Axelrod, stratège principal d'Obama, sur la chaîne MSNBC. (51) Décidément, le discours protectionniste est une arme à deux tranchants chez les démocrates... Sources: (1) Le Droit, «L'ingérence de John Baird», Pierre Bergeron, 9 janvier 2007, p. 12. |
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