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Compte-rendu du 15 mars 2008, 12ième manif contre la brutalité policière à MontréalCOBP, Wednesday, March 19, 2008 - 00:25
Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP)
Ce samedi 15 mars 2008, ce sont entre 800 et 1000 personnes qui ont répondu à l'appel du Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP) pour participer à la manifestation de la 12ième Journée Internationale Contre la Brutalité Policière (JICBP). L’importance de cette mobilisation en fait au moins un des plus gros 15 mars, sinon la plus grosse manifestation pour la JICBP qui se tient depuis 1997 dans les rues de Montréal! Une des raisons de ce succès, en plus des efforts de tous les gens qui ont participé à l'organisation et à la mobilisation, est certainement l'ampleur qu’a pris la brutalité policière cette dernière année... En effet, alors que le porte-parole du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM, Ian Laferrière, prétend que "99,9%" des manifestations se déroulent sans incidents, nous nous rappelons de la brutalité des policiers lors de la manif de la Journée Internationale des Femmes le 8 mars 2007, de la répression des gens qui manifestaient pacifiquement contre le racisme à la Commission Bouchard-Taylor sur les soi-disant "accommodements raisonnables", des règlements discriminatoires et de la brutalité des policiers pour éliminer les marginaux et les marginales du centre-ville de Montréal, des nombreux cas d'abus à Côte-des-Neiges cet été, de Vianney Charest et Quilem Registre qui ont été tués impunément par des agents du SPVM en 2007, s'ajoutant à de trop nombreux autres cas de bavures, à la répression politique que subissent touTEs ceux et celles qui résistent contre les injustices du système dans lequel nous vivons: les autochtones comme Shawn Brant et beaucoup d'autres qui sont emprisonnés pour avoir défendu leur terre contre le pillage colonialiste qui continu, les gens qui ont manifesté contre le PSP à Montebello cet été, des militantEs pour les droits des animaux de Stop Huntington Animal Cruelty (SHAC), des étudiantEs en grève de l'UQAM, du CÉGEP du Vieux-Montréal et ailleurs... Sans compter que bien que la situation des abus policiers semble empirer, il n'y a rien de nouveau dans le fait que les policiers commettent des crimes en protégeant les intérêts des riches et que l'État le leur rend bien en leur accordant une impunité totale. La manifestation est partie du Carré Berri (renommé "Parc Émilie-Gamelin" pour pouvoir en chasser les pauvres la nuit), un endroit au coeur de la lutte entre la police et le monde de la rue depuis longtemps. Avant même le début de la marche, des policiers du SPVM fouillaient arbitrairement et illégalement les personnes qui sortaient du métro pour aller à la manif. La provocation commençait! En même temps, des policiers filmaient toutes les têtes présentes au rassemblement, afin de nous intimider et de ficher tout ce beau monde. Des policiers à vélo étaient aussi déjà déployés sur la rue. Alors que de la nourriture végétalienne préparée par Food Not Bombs était distribuée gratuitement, des membres du COBP ont pris la parole au mégaphone pour expliquer les revendications de la manif, en français et en anglais. Ensuite, une porte-parole du groupe Stella a dénoncé la répression faites aux les travailleuses du sexe, en particulier les quadrilatères qui leur sont imposés et qui rendent leurs vies impossibles. Puis c'est Dominique, une militante de SHAC, qui a dénoncé la répression contre les militantEs de SHAC, dont Gabriel Villeneuve qui est présentement emprisonné à Québec sous le prétexte qu'il aurait participé à une manif où il ne se trouvait même pas, mais en réalité surtout parce que les autorités l'ont classé comme un militant et qu'ils veulent tenter d'étouffer ce mouvement en faisant de lui un exemple. La manif s'est mise en route en empruntant les rues Ste-Catherine puis St-Hubert vers le nord, passant devant la Place Dupuis où le maire de Ville-Marie, Benoît "La Méchanceté" Labonté, a son bureau d’arrondissement. On a dénoncé sa responsabilité dans la répression brutale et discriminatoire contre les gens de la rue. La marche a pris la rue De Maisonneuve vers l'ouest, puis la rue Berri vers le nord et Ontario vers l'ouest encore. En passant au coin St-Denis, les manifestantEs ont scandé des slogans parlant de Michel Morin, un sans-abri mort aux mains d'agents du SPVM en septembre 2002 à la sortie du Presse-Café, un cas qui n'est pas sans rappeler celui de Jean-Pierre Lizotte, lui aussi un itinérant battu à mort par des policiers et le portier du Shed Café sur St-Laurent en 1999. La manif est ensuite passée devant le CÉGEP du Vieux-Montréal où on a dénoncé, entre autres, la répression brutale et les 107 arrestations du 13 novembre 2007. Au coin St-Laurent, on a aussi rappelé la mort de Martin Suazo, tué par une balle en pleine tête tirée par l'agent Michel Garneau en mai 1995. La manif a ensuite emprunté la rue St-Laurent vers le sud, puis De Maisonneuve vers l'ouest. C'est là que des policiers en tenue "anti-émeute" (casques, boucliers, matraques, etc.) se sont déployés rapidement, à deux pas du Quartier Général du SPVM. La manif a alors repris la rue Ontario vers l'est, puis St-Laurent vers le sud et Ste-Catherine vers l'est. Alors que la tête de la manif arrivait au coin de la rue Berri, une ligne de policiers anti-émeutes s'est déployée pour bloquer Ste-Catherine. La foule a alors pris la rue St-Denis vers le nord, puis Sherbrooke vers l'ouest jusqu'à Bleury. Une partie des manifestantEs sont alors rentréEs dans le métro, alors que quelques-unEs continuaient à marcher sur la rue sur Ste-Catherine, poursuivis par des dizaines d'anti-émeutes. Rendus au coin de St-Denis, quelques dizaines de personnes ont été encerclées par la police, selon la tristement célèbre technique de la "boîte" ou de l’arrestation de masse. Rappelons que cette tactique policière, une spécialité de la police de Montréal qui a procédé à plus de 2000 arrestations politiques et arbitraires de cette manière, a été dénoncée même par le Comité des Droits de l'Homme de l'ONU en 2005, car elle brime le droit de manifester pacifiquement en mettant touTEs les manifestantEs "dans le même paquet", alors que seuls quelques individus se livrent à des gestes dits criminels. À preuve: parmis la trentaine de personnes encerclées, il y avait un ancien éditeur du journal indépendant de l'université Concordia The Link qui passait par là ainsi que 4 touristes arrivés depuis quelques heures de Boston qui voulaient juste boire un coup! Après les avoir encerclés un long moment sans leur dire pourquoi, la police a finalement annoncé qu'ils étaient arrêtés pour "failure to move" (ou refus de circuler)... Les personnes arrêtées ont été identifiées, fouillées, attachées avec des menottes en plastique (tie-wraps), classéEs par catégories (hommes/femmes, adultes/mineurs) puis entassées dans des paniers à salade (ou forgeons-cellulaires) qui étaient froids, humides et sombres. Sur cette trentaine d'arrêtéEs, il n'y avait que 4 hommes adultes. Après avoir passé au moins une heure dans le fourgeons, les policiers ont laissé partir le journaliste, non sans lui avoir pris 4 heures et demie de son temps et lui avoir donné une contravention de 141$, sans compter plusieurs coups de matraque dans les côtes et une menace que s'il était de nouveau vu dans une manifestation à Montréal il serait détenu toute la nuit! Nous invitons les personnes arrêtées à nous contacter pour du soutien face à ces accusations injustes. Plusieurs autres arrestations brutales et plus ou moins ciblées ont eu lieu ensuite, dans ce que les médias appellent un "jeu du chat et de la souris", soit les tentatives répétées de la police de disperser le reste de manifestantEs en chargeant de manière répétée et enfin en "fonçant dans le tas" de manière brutale et indiscriminée (pour une fois qu'ils ne font pas de discrimination!). De nombreux policiers en civil ont participé activement à des arrestations à ce moment. Notons aussi l'utilisation par des policiers de poivre de Cayenne, la menace régulière d'utiliser cette arme chimique ainsi que des pistolets à balles de plastique, la présence dans le ciel de l'hélicoptère de la SQ et la collaboration de l'UQAM à la répression politique... En effet, fidèle à la tradition, le nouveau recteur de l'UQAM Claude "Corbeau" Corbo qui semble encore plus prompt que ses prédécesseurs à faire appel à la police pour réprimer toute contestation étudiante à l'intérieur de l'UQAM, avait pris soin de faire verrouiller toutes les portes de l'UQAM afin d'éviter que des gens puissent s'y réfugier pour éviter des coups ou une arrestation! De plus, les policiers ont allègrement fait usage de leurs matraques pour tabasser des gens dans la rue, ce dont les médias n'ont presque pas parlé alors que la grande majorité d'entre eux, à l'exception notable de la Gazette, ne faisaient que déplorer la soi-disant "brutalité" de certainEs, voire de l'ensemble des manifestantEs. Comme si la vie humaine avait moins de valeur que la propriété privée! On sait bien que les médias de masse ne sont pas là pour informer le public, sinon que pour "vendre leur salade" et pour cela ils sont attirés par "la casse" comme des mouettes par une poubelle de McDo... C'est pourquoi ils ne parlent pas de nos revendications, des abus policiers, du fait que la police elle-même met tout en oeuvre pour nous censurer et cacher ses abus et ses crimes. Vous serez peut-être surprisEs d'apprendre que le COBP avait organisé une conférence de presse la veille de la manif, à laquelle étaient présentEs des représentantEs de Stella, de SHAC, de l'ADDICQ (Association de Défense des Droits pour l'Inclusion des Consommateurs du Québec), de l'ASSÉ (Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante), ainsi que le père et a soeur de Mohamed Anas Bennis, tué par des policiers à CDN en décembre 2005. TouTEs ces personnes ont exprimé de quelle manière elles sont affectées par les abus policiers et les politiques soutenant ces abus. Hormis les journalistes indépendantEs de Homeless Nation, il n'y avait que deux journalistes présentEs: Irwin Block de la Gazette et une journaliste du Journal de Montréal qui n'a même pas publié une seule ligne sur cet événement! Alors que le lendemain tous les rapaces étaient là pour la casse... C'est pourquoi nous savons qu'il nous revient d'être les médias! Nous avions également organisé trois ateliers d'information dans les jours précédant la manif, sur les droits et recours face aux abus policiers, le nettoyage social et le Copwatch. Nous donnons souvent ce type d'ateliers sur demande pour les gens de la rue, les tudiantEs, etc. Nous distribuons également de l'information sur les droits et les recours légaux, nous dénonçons les abus policiers par des journaux, entrevues à la radio, notre site internet, en organisant des vigiles, en faisant du copwatch, etc. Et nous soutenons à tous les jours des personnes qui sont victimes d'abus policiers. Mais ne comptez surtout pas sur les médias de masse (ni sur la police!) pour vous parler de tout ça. Il n'y a donc rien de surprenant qu'ils s'étonnent à chaque fois que les gens en aient assez de toutes ces injustices et des policiers qui continuent de nous brutaliser et de nous tuer en toute impunité. Et ça ne va certainement pas nous arrêter dans notre combat quotidien contre la brutalité policière et l'impunité. Nous savons que notre lutte contre les États policiers n'a pas de frontière. C'est pourquoi nous continuons d'exiger la libération des prisonnierÈREs politiques, ici, au Mexique et ailleurs... Justice et liberté pour toutes et tous, sans condition! Le Collectif Opposé à la Brutalité Policière (COBP) [ EDIT (Mic pour le CMAQ)
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