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Un adulte sur cent est en prison aux États-Unis!

Anonyme, Saturday, March 8, 2008 - 19:30

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L'État Pénal, cette déviation sûre mais lente du branlant "Welfare State", est rien de plus que l'accommodement des formes institutionnelles à ce que les sociologues et les économistes appellent le "post-fordisme", une très nouvelle relation entre le capital et le travail.

L'ascension irrésistible du "Pénal State" et le retrait du mesquin état social nord-américain durant les décennies 70, 80 et 90 (par exemple, réflétées dans l'aspect sanitaire dans le documentaire "Sicko") s'est traduit par la mise en vigueur d'une politique de criminalisation de la misère. Mais la criminalisation des classes travailleuses les plus pauvres est le complément indispensable de l'imposition du travail salarié précaire, intermittent, peu sérieux et mal payé. Du travail informel et la négation du travail (chômeurs, cet euphémisme technique) sous les relations production post-fordistes. La dimension de la prison post-moderne se meut à l'intérieur d'arc idéologique qui va de la prison au marché du travail qualifié, de là aux organismes de sécurité et à nouveau à la prison. Des chiffres terrifiants sur le ratio entre prisonniers et habitants dans la supposée démocratie N º 1 du monde occidental ont été connus (1). Les États-Unis ont le triste record mondial d'avoir emprisonné pour la première fois dans l'histoire, plus d'un adulte sur cent. Le chiffre ne vient pas d'un organe gauchiste, mais d'un centre d'étude spécialisée en matière de politiques publiques et étatiques, Pew Center of the States. Le rapport s'intitule significativement "One in 100. Behind Bars in America 2008" et en seulement 37 pages et en utilisant des données officielles originaires de chaque État de l'Union, il a comptabilisé que 2.319.258 Nord-Américains se trouvaient en prison au début de 2008, c'est à dire un adulte sur 99,1. Ou, si on veut, 750 emprisonnés pour 100.000 habitants. Le nombre de prisonniers (en pourcentage ou de manière absolue) est le plus élevé de tout autre nation, en incluant les plus peuplées de la planète tels que l'Inde ou la Chine qu'il dépasse de plus d'un demi-million de prisonniers. En seconde place se trouve la Chine. Mais en pourcentage selon le nombre d'habitants, la liste est la suivante:
2) Russie (628 prisonniers pour 100 000);
3) Biélorussie (426) ;
4) Géorgie (401) ;
5) Ukraine (345).

Le premier pays européen apparaît au poste numéro 9, la Pologne; l'Espagne, en ascension, est en position 18 sur la liste ignominieuse. Bien sûr, le rapport ne cherche aucune fin humanitaire ni à travailler pour les droits de l'homme, mais signaler les problèmes financiers si cette politique publique continue. Il alerte les autorités sur le gigantesque poid que constituent les prisons sur les finances de chaque Etat, en signalant comment les 50 états ont dépensé plus de 49 milliards de dollars pour leurs respectifs systèmes de prisons l'année dernière, une augmentation d'environ 11 milliards de dollars en comparaison avec 1988. Une augmentation qui n'est pas en lien avec le taux de criminalité. Et c'est que dans le "Pénal State" le taux de délit n'est pas en relation avec le taux d'emprisonnement, un paradoxe à première vue mais qui s'explique par la nouvelle relation entre le marché de travail précaire et et les nouvelles formes de ghetto social. La situation est encore plus absurde quand on considère que le coût de l'emprisonnement de tant de citoyens est six fois plus élevé que le budget national pour l'éducation supérieure. Par exemple, cinq états, le Vermont, le Michigan, l'Oregon, le Connecticut et le Delaware, dépensent plus pour emprisonner et pour maintenir des citoyens enfermés pour le moindre délit (dérivés de la théorie néoconservatrice "Tolérance Zero") que ce qu'ils investissent en éducation. Le rapport confirme de plus quelque chose qui n'était plus un secret : la terrible discrimination raciale et la sur-représentation dans les prisons de minorités ethniques. Le conservateur "Washington Post" ne peut que reconnaître que les minorités ethniques et les immigrants sont la chair à canon du complexe économico-carcélaire : "Tandis que un homme de 24 à 34 ans sur 30 est derrière les barreaux, pour les noirs de mêmes ages, la moyenne est de un pour 9", précise le texte. Noirs, "latinos" et secteurs décadents de la vieille classe ouvrière, c'est la composition sociale et ethnique des prisons. La prison a remplacé le vieux ghetto comme instrument de réclusion d'une population considérée comme dangereuse, indisciplinée, superflue, autant sur le plan économique (les asiatiques sont beaucoup plus dociles) que politique (les noirs votent à peine et les latinos sont semi-clandestins). L'appareil carcélaire occupe un lieu central dans le système de gouvernement néocolonialiste de l'administration autoritaire de la misère, dans le court-circuit entre marché de l'emploi précaire, ghettos urbains et services sociaux démantelés. La prison est aujourd'hui un soutien de la nouvelle discipline du travail salarié désocialisé, des nouveaux "désaffiliés" et des fausses formes de travail autonome. Et c'est que le système pénal postmoderne contribue à régler directement les segments inférieurs du marché de travail. On estime que durant la décennie 80, le système carcélaire a aidé à diminuer de deux points le taux nord-américain de chômage.

1 - Dans le film allemand "La vie des autres", le fait de divulguer le nombre élevé de suicides en RDA était considéré par les autorités comme subversif car cela discrèditait le régime, en effet comment est-il possible que dans un pays suposément "communiste" où les besoins de chacun sont satisfait, tant de personnes se suicident. Ces données sur l'emprisonnement d'une grande partie de sa population dévoile la nature du régime et du système aux Etats-Unis, système adulé par certains comme celui de la libre entreprise et de la liberté alors qu'en réalité c'est tout le contraire (NdT).

Rapport en PDF du Pew Center on the States (en anglais) : http://www.pewcenteronthestates.org/uploadedFiles/One%20in%20100.pdf

Article du Washington Post (en anglais) : http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/story/2008/02/28/ST20080228...

Nicolás González Varela, Peenemundi, 05 mars 2008.

http://rebelion.org/noticia.php?id=64155

Traduit par http://amerikenlutte.free.fr



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