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Journée internationale des femmes : seule la société communiste peut mettre fin à l'oppression des femmes

Anonyme, Wednesday, March 5, 2008 - 05:50

Un sympathisant du CCI

Le 8 mars, une fois de plus, toutes les associations féministes, avec la bénédiction de la petite bourgeoisie progressiste de la gauche plurielle (notamment du PS), vont commémorer la journée internationale des femmes. Une fois de plus, cette journée de lutte des femmes ouvrières sera dénaturée et transformée en une gigantesque mascarade démocratique et réformiste. Comme le Premier Mai, le 8 mars a été récupéré par la bourgeoisie et est devenu une institution de l'État capitaliste.

Dans l'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État (1887), Engels dénonçait déjà l'oppression des femmes en affirmant que, avec la fin des sociétés matrilinéaires et l'avènement de la société patriarcale, la femme est devenue "le prolétaire de l'homme". En 1891, Auguste Bebel, dans la Femme et le socialisme a poursuivi le travail d'Engels dans une étude approfondie de la condition féminine dans l'histoire.

Dès la fin du 19e siècle, la question de la femme s'est trouvée étroitement liée aux combats de la classe ouvrière pour l'émancipation de l'humanité toute entière. Les conditions de misère et d'exploitation que subissaient les femmes ouvrières devaient nécessairement les conduire à se porter à l'avant-garde des luttes prolétariennes du début du xxe siècle.

"La lutte des femmes au sein du mouvement ouvrier du 20e siècle"

La journée du 8 mars trouve son origine dans les manifestations des ouvrières du textile à New York qui se sont déroulées le 8 mars 1857 et qui furent réprimées par la police (bien qu'aucune archive du mouvement ouvrier américain n'ait permis, semble-t-il, de confirmer la véracité de cet événement).

C'est dans le principal parti de la classe ouvrière, le SPD en Allemagne, que le mouvement international des femmes socialistes vit le jour sous l'impulsion de Clara Zetkin (1) : celle-ci fonde en 1890, avec le soutien de Rosa Luxemburg, la revue Die Gleichheit (l'Égalité) qui s'inscrivait dans une perspective révolutionnaire de renversement du capitalisme et d'instauration de la société communiste mondiale. Partout dans le monde, en Europe occidentale comme aux États-Unis, les femmes ouvrières commençaient à se mobiliser contre leurs conditions d'exploitation. Elles réclamaient la diminution de leur journée de travail, l'équité des salaires avec les hommes, l'abolition du travail des enfants, une amélioration de leurs conditions de vie. A ces revendications économiques s'ajoutèrent également des revendications politiques, notamment le droit de vote pour les femmes (cette revendication politique sera par la suite noyée et confondue avec celle des femmes de la bourgeoisie, les "suffragettes").

Mais c'est surtout à partir de 1907, face aux premiers signes annonciateurs de la Première Guerre mondiale, que les femmes ouvrières et socialistes vont se trouver aux avant-postes de la lutte contre la barbarie capitaliste.

Clara Zetkin convoque le 17 août 1907 la première conférence de l'Internationale socialiste des femmes à Stuttgart. Cinquante-huit déléguées venues de toute l'Europe et des États-Unis y participent et adoptent une résolution sur le droit de vote des femmes. Cette résolution sera adoptée par le congrès de Stuttgart du SPD qui a suivi cette conférence. A cette époque où le salaire des femmes était inférieur de moitié à celui des prolétaires masculins pour la même tâche, il existait de nombreuses organisations de femmes et la grande majorité d'entre elles participaient activement à toutes les luttes ouvrières du début du siècle.

En 1908 et 1909, se déroulent à New York de gigantesques manifestations des ouvrières du textile. Elles réclament "du pain et des roses" (les roses symbolisant l'amélioration de leurs conditions d'existence), la suppression du travail des enfants et des augmentations de salaire.

En 1910, l'Internationale socialiste des femmes lance un appel à la paix. Le 8 mars 1911, la journée internationale des femmes rassemble un million de femmes ouvrières en Europe. Quelques jours plus tard, le 25 mars, plus de 140 ouvrières périssent dans un incendie de l'usine de textile Triangle à New York du fait de l'absence de mesures de sécurité. Ce drame va galvaniser encore la révolte des femmes contre leurs conditions d'exploitation et contre leur exclusion de l'activité politique parlementaire. En 1913, partout dans le monde, les femmes réclament le droit de vote. En Grande-Bretagne, les "suffragettes" de la bourgeoisie radicalisent elles aussi leur mouvement.

Mais c'est surtout dans la Russie tsariste que la lutte des femmes va donner une impulsion au mouvement révolutionnaire de toute la classe ouvrière. Entre 1912 et 1914, les ouvrières russes organisent des rassemblements clandestins et affirment leur opposition à la boucherie impérialiste. Elles seront suivies par les femmes des pays d'Europe dès le début de la guerre.

En 1915, les offensives de l'armée française sur le front provoquent une véritable boucherie : 350 000 soldats sont massacrés dans les tranchées. A l'arrière, les femmes subissent une sur­exploitation accrue pour faire tourner l'économie nationale. Les réactions contre la guerre commencent à exploser et ce sont les femmes qui sont les premières à se mobiliser. Le 8 mars 1915, Alexandra Kollontai (2) organise à Christiana, près d'Oslo, une manifestation de femmes contre la guerre. Clara Zetkin convoque une nouvelle Conférence internationale des femmes qui servira de prélude à la Conférence de Zimmerwald dans laquelle se regroupent tous les opposants à la guerre. Le 15 avril 1915, 1136 femmes de 12 pays différents se réunissent à La Haye.

En Allemagne, c'est surtout à partir de 1916 que deux des plus grandes figures féminines du mouvement ouvrier occidental, Clara Zetkin et Rosa Luxemburg, vont jouer un rôle décisif dans la fondation du Parti communiste allemand, le KPD. Aux Etats-Unis, Emma Goldman, militante anarchiste (et amie du journaliste John Reed, membre fondateur du parti communiste américain), mène un combat acharné contre la guerre impérialiste : en 1917 elle sera emprisonnée (et considérée comme "la femme la plus dangereuse des Etats-Unis") avant d'être expulsée en Russie.

En Russie, ce sont les femmes ouvrières qui vont ouvrir la marche triomphante du prolétariat vers la révolution. Le 8 mars (le 23 février dans le calendrier grégorien), les ouvrières des usines textile de Petrograd se mettent spontanément en grève et descendent dans la rue. Elles réclament du pain et la paix. Elles exigent le retour du front de leurs fils et de leur mari. "Sans tenir compte de nos instructions, les ouvrières de plusieurs tisseries se sont mises en grève et ont envoyé des délégations aux métallurgistes pour leur demander de les soutenir... Il n'est pas venu à l'idée d'un seul travailleur que ce pouvait être le premier jour de la révolution" (Trotski, Histoire de la Révolution russe). Le mot d'ordre "le pain et la paix" qui a servi d'étincelle à la Révolution russe fut donc bien lancé par les ouvrières de Petrograd qui ont entraîné dans leur mouvement les ouvriers des usines Poutilov et l'ensemble de la classe ouvrière.

"La récupération du mouvement des femmes par la démocratie bourgeoise"

Ce n'est pas un hasard si la bourgeoisie allemande finit par accorder le droit de vote aux femmes le 12 novembre 1918, au lendemain même de la signature de l'Armistice. C'est justement dans le pays où est né le Mouvement international des femmes socialistes, dans le pays où militaient les plus grandes figures féminines du mouvement ouvrier du début du xxe siècle, Rosa Luxemburg et Clara Zetkin, que la classe dominante devait tenter de briser l'élan révolutionnaire des femmes en cédant à cette revendication alors que le Parlement était devenu une coquille vide pour la classe ouvrière. Avec l'entrée du capitalisme dans sa période de décadence, l'heure n'était plus à la lutte pour des réformes, pour le droit de vote, mais pour le renversement de l'ordre capitaliste.(suite page 6)

La Première Guerre mondiale avait ouvert une nouvelle période historique : "l'ère des guerres et des révolutions", comme l'affirmait l'Internationale communiste en 1919.

A partir du début des années 1920, le mouvement des femmes suit le même cours que celui de la lutte du prolétariat : il entre dans une dynamique de reflux et sera rapidement absorbé par l'État capitaliste. Il va de plus en plus se distinguer et se séparer du mouvement prolétarien pour devenir un mouvement interclassiste. La question de l'oppression sexuelle des femmes sera combattue indépendamment des conditions d'exploitation des femmes dans les entreprises, en semant l'illusion suivant laquelle les femmes peuvent s'émanciper au sein même d'une société basée sur l'exploitation et la recherche du profit. Le mouvement de "libération" des femmes commencera à se focaliser, dès le début des années 1920, autour de la question de la régulation des naissances et le droit à l'avortement, notamment aux États-Unis.

En Allemagne, le mouvement des femmes sera rapidement dévoyé dès le milieu des années 1920 sur le terrain de la lutte contre le nazisme.

Dans les autres pays d'Europe, notamment en France et en Espagne, les femmes vont continuer à revendiquer le droit de vote tout en se laissant enrôler dans l'idéologie antifasciste qui allait permettre l'embrigadement de millions de prolétaires dans la Seconde Guerre mondiale.

Très vite d'ailleurs, le mouvement des femmes est récupéré par toutes sortes d'officines de l'État bourgeois, telles l'UFCS en France (Union féminine civique et sociale), organisation catholique féministe qui appelait les femmes à lutter non pas contre le système capitaliste dans son ensemble mais contre le colonialisme et le fascisme.

En France, alors que le droit de vote n'est pas encore accordé aux femmes, Léon Blum fera néanmoins entrer pour la première fois des femmes au gouvernement : le 4 juin 1936, trois femmes sont nommées sous-secrétaires d'État (Cécile Brunschwig, Irène Joliot-Curie et Suzanne Lacore). Cet événement, présenté comme "progressiste", a permis aux partis de gauche du capital de rabattre un maximum de femmes ouvrières derrière les drapeaux du Front populaire et de les faire participer aux préparatifs de la Seconde Guerre mondiale en les mobilisant dans la campagne antifasciste.

Pendant l'Occupation, de nombreuses femmes se sont engagées dans la Résistance, notamment derrière les drapeaux du parti stalinien, le P"C"F. Leur "bravoure" et leur "patriotisme" seront finalement récompensés par de Gaulle qui leur accorde le droit de vote le 23 mars 1944 afin de leur permettre... d'élire leurs propres exploiteurs de droite comme de gauche.

Néanmoins, au moment même où les femmes obtenaient le droit de vote en France, la Libération de Paris a connu son heure de gloire grâce au chauvinisme écoeurant du P"C"F : en 1945, les femmes "bien de chez nous" qui avaient commis le crime d'avoir eu des relations sexuelles avec des "boches" devaient être tondues. Accusées d'avoir souillé le drapeau tricolore et "collaboré" avec l'ennemi, elles furent condamnées à défiler sur la place publique et livrées à la vindicte populaire.

"Le "féminisme" : une idéologie sexiste et réactionnaire"

A partir du début des années 1970, le mouvement des femmes se démarque toujours plus du mouvement ouvrier : c'est la montée de l'idéologie "féministe" avec le MLF (Mouvement de libération des femmes) qui rejette toute idée d'appartenance des femmes à un parti politique. Au nom de l'anti-"machisme", beaucoup de leurs réunions sont interdites aux hommes. Le mouvement se prétend "autonome" et renforce l'illusion que seules les femmes seraient opprimées non par le système capitaliste mais par les "hommes" en général. On assiste à une dérive sexiste où non seulement les "féministes" revendiquent les mêmes "droits" que les hommes mais considèrent ces derniers comme leurs ennemis, leurs véritables oppresseurs. De nombreuses "féministes" se lancent dans un combat don quichottesque pour la "libération sexuelle" des femmes sans remettre le moins du monde en question les fondements économiques de leur oppression. Le mouvement féministe rompt définitivement avec la tradition de la lutte des femmes au sein du mouvement ouvrier. Il devient une idéologie réactionnaire, celle de la petite bourgeoisie sans devenir historique, qui a fleuri sous les pavés de Mai 1968. Et ce n'est nullement un hasard si les féministes ont choisi la couleur mauve comme emblème, cette même couleur qui était celle des "suffragettes" au début du xxe siècle. En 1975, ce mouvement féministe intégrera également les prostituées qui revendiquent le droit de continuer de faire "librement" commerce de leur corps (et de vivre de la misère sexuelle des hommes) sans avoir à subir la répression policière.

"Une mascarade au service du capital"

En 1977, l'ONU officialise la Journée internationale des femmes et adopte une résolution invitant chaque pays à consacrer une journée à la célébration des "droits de la femme et de la paix internationale". Pour ce qui est de la "paix", il suffit de voir la multiplication des massacres perpétrés sous l'égide de grandes puissances démocratiques pour se faire une idée de la valeur des bonnes "résolutions" de ce repaire de brigands impérialistes qu'est l'ONU. Quant à la Journée internationale des droits de la femme, elle n'est qu'une nouvelle esbroufe destinée à mystifier les femmes de la classe ouvrière et à les dévoyer de leurs luttes de travailleuses exploitées par la bourgeoisie.

En France, c'est la gauche (et particulièrement le PS) qui, depuis l'arrivée de Mitterrand au gouvernement, est devenue le fer de lance de l'idéologie "féministe". C'est sous le gouvernement Mauroy en 1982, avec son ministère du Droit de la Femme, que la journée du 8 mars est devenue une institution chapeautée par l'État démocratique bourgeois.

Depuis, toutes les fractions de gauche du capital se sont efforcées de mettre sur pied une multitude d'associations de femmes qui ne servent qu'à dissoudre les ouvrières dans la masse des femmes "en général", dans des luttes où les femmes de toutes les couches et classes sociales peuvent faire cause commune en tant que "femmes", sans distinction de leurs intérêts de classe.

Aujourd'hui, les campagnes électorales (avec la candidature de Hillary Clinton aux États-Unis, après celle de Ségolène Royal en France) veulent nous faire avaler une grosse couleuvre : les femmes au gouvernement seraient une alternative possible à la brutalité des attaques contre la classe ouvrière. On veut nous faire croire encore qu'avec une femme à la tête des États, il y aurait moins de barbarie guerrière : les femmes seraient moins "violentes", plus "humaines", plus "pacifistes" que les hommes.

Tout ces discours ne sont que pure mystification. La domination capitaliste n'est pas un problème de sexe mais de classe sociale. Lorsqu'elles sont aux commandes de l'État, les femmes de la bourgeoisie mènent exactement la même politique capitaliste que leurs prédécesseurs masculins. Toutes sont destinées à faire le même travail que la Dame de fer, Margaret Thatcher, qui s'est distinguée pour avoir dirigé la Guerre des Malouines en 1982 et avoir laissé mourir plusieurs prisonniers de l'IRA qui faisaient la grève de la faim afin de réclamer le statut de prisonniers politiques. Toutes font et feront la même politique que les complices de Sarkozy, Michèle Alliot-Marie, Rachida Dati, Valérie Pécresse, Fadela Amara et consorts. La bourgeoisie ne connaît pas la différenciation des sexes dans la gestion de l'économie nationale. Et la patronne des patrons, Laurence Parisot, fait aussi bien son travail au service de la bourgeoisie que ses prédécesseurs du "sexe fort".

En 1917, juste avant la Révolution d'Octobre, Lénine écrivait :

"Du vivant des grands révolutionnaires, les classes d'oppresseurs les récompensent par d'incessantes persécutions; elles accueillent leur doctrine par la fureur la plus sauvage, par la haine la plus farouche, par les campagnes les plus forcenées de mensonges et de calomnies. Après leur mort, on essaie d'en faire des icônes inoffensives, de les canoniser pour ainsi dire, d'entourer leur nom d'une certaine auréole afin de "consoler" les classes opprimées et de les mystifier ; ce faisant, on vide leur doctrine révolutionnaire de son contenu, on l'avilit et on en émousse le tranchant révolutionnaire" (l'État et la Révolution).

Il est arrivé au Premier Mai ce qui est arrivé aux révolutionnaires. Et il est arrivé à la Journée du 8 mars ce qui est arrivé au Premier Mai.

Une des armes les plus pernicieuses de la bourgeoisie réside dans la capacité de la classe dominante à retourner contre la classe ouvrière les symboles qui lui appartenaient dans le passé. Il en fut ainsi des syndicats, des partis ouvriers comme du Premier Mai et de la Journée des femmes.

Depuis la fin de la préhistoire, les femmes ont toujours subi le joug de l'oppression. Mais cette oppression ne peut être abolie au sein du capitalisme. Seul l'avènement de la société communiste mondiale pourra rendre aux femmes leurs lettres de noblesse. Elles ne pourront se libérer elles-mêmes qu'en s'intégrant et en participant activement au mouvement général du prolétariat pour l'émancipation de l'humanité toute entière.

Sylvestre - Courant Communiste International

1) Clara Zetkin, née en 1887, a participé activement à la fondation de la Deuxième Internationale. Face à l'opportunisme qui a gangrené son parti phare, le SPD, Clara Zetkin se situera avec son amie Rosa Luxemburg à l'aile gauche de ce parti. Elle a participé au mouvement révolutionnaire contre la Première Guerre mondiale. En 1915, elle participe à la fondation de la Ligue Spartakiste aux côtés de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht. Elle était déléguée de l'Internationale communiste au Congrès de Tours lors de la fondation du Parti communiste français.

2) Alexandra Kollontaï, née en 1872, est une des plus grandes figures féminines du parti bolchevik en 1917. Après avoir fait partie des mencheviks après le Congrès du POSDR en 1903, elle lutte contre la guerre dès 1914 et rejoint le parti de Lénine en 1915. Elle participe à la Révolution russe et sera la première femme au monde à participer à un gouvernement, après la Révolution d'Octobre. Grâce à son activité et au mouvement révolutionnaire des ouvrières, celles-ci obtiennent en Russie le droit de vote, l'équité des salaires, et en 1920 le droit à l'avortement. A partir de 1918, Alexandra Kollontaï va de plus en plus s'opposer aux dérives du parti bolchevik et participera à la fondation en 1920 d'une fraction interne, l'Opposition ouvrière.

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