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Le Mexique a mal !clara bow, Saturday, February 16, 2008 - 13:31 Le Mexique a mal. Certes, si l'on dresse l'état des lieux de la souffrance, certains pays sont bien plus mal en point. Il y a plusieurs années de cela, je me souviens avoir essayé d'expliquer en quoi consistait la rébellion indigène du Chiapas à des réfugiés palestiniens que j'avais connus en Europe. Je leur parlais de ce qu'il y avait de nouveau dans le message zapatiste, du rôle des femmes insurgées, du projet d'autonomie des zapatistes, mais rien de tout cela ne leur semblait intéressant. Les seules questions qu'ils me posaient étaient du genre : "Combien ont-ils de kalachnikovs ? Ont-ils des grenades à fragmentation ? Et des mines antipersonnel ?" Visiblement, pour mes interlocuteurs, la seule chose qui comptait, c'était la capacité offensive dont pourraient faire preuve, le cas échéant, les insurgés chiapanèques. Cette anecdote permet de mieux comprendre la tragédie du Mexique, mais aussi, inversement, la force de ses habitants. Dans ce pays en effet, en dépit de conditions extrêmement difficiles et de l'inquiétant niveau de la répression exercée par le gouvernement, les mouvements sociaux restent pacifiques, pour la plupart. La violence n'est employée que d'un côté - celui du gouvernement - et comme l'a si bien dit Gandhi, la violence est l'arme des faibles. C'est la première chose qui impressionne une personne qui se rend au Mexique. On a du mal à comprendre la raison d'une telle disproportion entre la violence exercée par l'État et les revendications sociales. À Oaxaca, capitale de l'État mexicain du même nom, les 23 morts officiellement dénombrés lors des événements qui ont duré de juin à décembre 2006 (auxquelles s'ajoutent un nombre indéterminé de disparus) se comptaient d'un seul côté, parmi les citoyens révoltés. De même, les 45 Les femmes outragées, les adolescents matraqués et les deux jeunes vies fauchées à San Salvador Atenco en mai 2006, dans l'État de Mexico, ne représentaient aucunement une menace pour la sécurité nationale. Cela ne les a pas empêchés de subir un traitement comparable à celui que l'on a pu voir notamment dans des documentaires sur Abou Ghraib. Le docteur Guillermo Selvas et sa fille Mariana, récemment excarcérés du centre pénitentiaire Molino de Flores, ne sont pas de dangereux fanatiques prêts à tuer, mais des personnes qui fournissaient des soins médicaux pendant l'émeute d'Atenco. C'est pour un tel crime qu'ils ont purgé un an, huit mois et quinze jours de prison. Sous quel chef d'accusation ? "Au Mexique, il y a plusieurs États de droit, déclare Mariana. Il y en a un pour les pauvres et un autre pour les riches. Les geôles sont pleines de gens qui luttent pour pouvoir nourrir leur famille." Héctor Galindo Ochoa est un jeune avocat, conseiller juridique du Front des communes pour la défense de la terre (FPDT) d'Atenco, une organisation paysanne qui eu gain de cause, en 2002, dans la bataille qu'elle livrait contre le projet de construction d'un aéroport sur des terres cultivables que l'on voulait exproprier, en proposant 7 pesos le mètre carré. La question que pose Magdalena García Durán, indigène Otomi emprisonnée depuis un an, six mois et cinq jours, pour s'être trouvée au mauvais endroit au mauvais moment, fait très mal : "Où est le droit ? Est-il juste d'être en prison sans savoir de quoi on m'accuse ?" Des mots d'une terrible justesse dans leur simplicité. Des mots qui résument parfaitement la condition des peuples autochtones, peuples dontla sensibilité et la créativité ont fait l'admiration de poètes de la dimension de Benjamin Péret. "Au Mexique, écrivait-il, tout homme, aussi humble que soit sa condition, possède un sens artistique qui ne demande que certaines conditions favorables pour émerger. Son amour pour les Au Mexique, en ce début de nouveau millénaire, l'amour des fleurs est un délit impardonnable. De fait, le massacre d'Atenco a eu précisément comme point de départ la solidarité que des membres du FPDT ont manifesté envers des vendeurs de fleurs injustement expulsés du marché de Texcoco. "Plus que pour protéger nos droits, la loi sert à protéger des Chiapas, Atenco, Oaxaca. Trois plaies ouvertes. Ce ne sont pas les seules. Voilà la réalité à laquelle est confrontée la Commission civile "Une visite des plus opportune, affirme le père Miguel Concha, défenseur aguerri des droits humains fondamentaux. Une visite - poursuit celui qui est également le président du Centre pour le respect des droits humains Fray Francisco de Vitoria - qui survient dans un moment crucial. L'armée patrouille dans les rues, les groupes paramilitaires sont très actifs au Oui, le Mexique a mal. "La violence du gouvernement est devenue si banale qu'elle passe inaperçue. L'apathie et le mauvais gouvernement est la formule magique qui permet que tout continue", précise le docteur Selvas Ojalá, qui souhaite que la venue de la CCIODH aide à briser ce cercle vicieux. Mexico DF, le 30 janvier 2008. Traduit de l’espagnol |
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