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Les étudiants voulaient rencontrer le recteur de l'Université Laval mais, lui, ne voulait pas ...

PCQ, Tuesday, February 12, 2008 - 11:13

Jean-Nicolas Denis

Il y a 2 jours (jeudi 7 février), j’ai participé à une action politique du Comité de Mobilisation de l’Université Laval (ULaval) et nous avons du faire face à un début de confrontation avec la sécurité de l’université. À la fin, nous avons même dû faire face à la police de Québec. Au Com-Mob (Comité de Mobilisation), je représente Québec solidaire Campus ULaval en tant que délégué. Évidemment, je m’y implique activement aussi, car je crois à la cause. Voici toute l’histoire.

Nous étions une quinzaine d’étudiants. Nous avons voulu rencontrer Monsieur Denis Brière, Recteur de notre établissement éducationnel. À la fin de la dernière session, l'administration de l'ULaval a décidé d'augmenter les frais technologiques de 51$ par session (pour 5 cours totalisant 15 crédits, soit la norme). C’est une hausse des frais technologiques de plus de 200%. De plus, cette hausse vise à financer le projet ENA (Environnement Numérique d’Apprentissage), un méga logiciel, accessible par Internet, nous permettant d'accéder à différents services (courriel de l'ULaval, relevés de notes, forum de discussion, notes de cours rendues disponibles par les professeurs, cours enregistrés en format "baladodiffusion" par les professeurs, etc.). Le projet peut sembler intéressant, mais il vient avec énormément de problèmes!

Premièrement, le logiciel sera programmé avec une plate-forme pré-faite par Microsoft. Outre le fait que plusieurs ne veulent pas soutenir cette compagnie contestable, socialement parlant, il y a aussi que la qualité de leurs produits laisse souvent à désirer.

Deuxièmement, les étudiants et les professeurs en génie informatique de l'ULaval ont déjà fabriqué un logiciel tout à fait similaire, mais avec un logiciel de programmation Open Source (c'est à dire gratuit, disponible aisément par Internet). Le logiciel en question, PIXEL, a donc coûté beaucoup moins cher à produire que s'ils avaient utilisé le logiciel de Microsoft. Par contre, le logiciel est fait pour répondre à un nombre restreint de cours (200 environ, soit l’équivalent de deux ou trois programmes) et il ne peut être élargis pour tous les cours de l'ULaval (plus de 2000 cours). Néanmoins, c'est tout à fait possible de faire un nouveau logiciel de la même façon.

Troisièmement, c'est là que c'est le plus scandaleux : les étudiants en génie ont offert à l'ULaval de faire le logiciel! Ça leur ferait un stage, ça démontreraient leurs compétences publiquement et en plus ils nous assurent que le logiciel serait plus efficace que celui fait avec la plate-forme de programmation de Microsoft.

Quatrièmement, la décision de l'ULaval est vraiment très louche : le 51$ par session sera payé par les étudiants pendant 10 ans, le temps requis pour financer le projet informatique. Par contre, après l'avoir financé en totalité, les étudiants vont alors continuer de payer le 51$. L’administration de l’ULaval n’est pas très bavarde lorsque vient le temps d’expliquer cette décision. On a vraiment l'impression que les étudiants sont mépriser dans toute cette histoire.

Donc voilà : pourquoi l'ULaval ne veut pas qu'on fabrique nous-même notre méga-logiciel Internet, comme on le veut, en fonction de nos besoin et en mettant de l'avant les compétences de nos propres confrères étudiants, tout en faisant économiser des coûts à tout le monde? On a vraiment du mal à comprendre. C'est donc "pour ça qu'on a voulu discuter avec le Recteur ce matin"... Héhé...

Alors voici comment tout cette aventure s’est déroulée.

À 8h15am, nous sommes monté au 16e et dernier étage de la Tour de l'Éducation, là où monsieur Brière a son bureau. Il s’apprêtait alors à participer à une rencontre de la Commission des études, dans une salle adjacente à son bureau. Nous sommes donc entré pacifiquement dans le local de la rencontre, on s'y est assis et on a attendu que les participants arrivent (on était là 10 minutes avant le début officiel de la rencontre).

Lorsque les gens sont arrivés, ils furent surpris et ont laissé échapper des commentaires comme celui-ci : "Oh! Des étudiants... Vous êtes ici pour la rencontre?" On a évidemment répondu qu'on était là pour rencontrer et discuter avec les gens de la Commission des études, particulièrement avec Monsieur Brière. Certains sont restés avec nous, notamment Monsieur Nadir Belkhiter, Directeur du programme de Baccalauréat en informatique, et on a eu droit à une belle discussion pendant 30 minutes. Puis, ensuite, une agente du Service de sécurité et prévention de l’ULaval est venue nous sommer de quitter ce local, car nous ne l’avions pas réservé. Nous avons refusé d’obtempérer, en lui expliquant, poliment, que nous voulions seulement discuter avec les membres de la Commission des études. Nous ne faisions alors qu’être assis dans ce local. Elle est immédiatement repartis.

Finalement, ils ont décidé que la Commission des études allait avoir lieu dans un autre pavillon. Ils ont pris l'escalier pour quitter le 16e étage de la Tour de l'Éducation. On a voulu les suivre, mais 5 agents de la sécurité de l'ULaval nous ont empêché de quitter le 16e étage. Quelques minutes plus tard, ils ont exigé qu'on leur donne notre identité si on voulait sortir, ce que nous avons unanimement refusé, en totale solidarité! Ils nous ont donc séquestrés pendant presque 2 heures dans le local où la rencontre était supposée avoir lieu au départ.

Pendant que nous étions prisonniers, nous avons appelé par cellulaire la CADEUL. Nos représentants syndicaux ont contacté ensuite les journalistes d'Impact Campus, le journal étudiant de l'ULaval. En plus, nous avons été très chanceux : les employés de soutien de l'ULaval sont en moyens de pression ces temps-ci et ils avaient une manifestation en même temps au 1er étage de la Tour de l'Éducation. Ils nous ont donné leur appuis. Mais ce n'est pas tout : pour leur manifestation, ils avaient eu droit à une couverture médiatique du journal Le Soleil!

Le Service de sécurité et prévention de l'ULaval a fini par contacter la police de Québec, après nous avoir menacé de sanctions à plusieurs reprises. Le Directeur du Service, Paul Naud, nous a même fait sursauté en nous disant : "Bon, là c'est assez, arrêtez de faire les cons!" d'un ton plutôt provocateurs. Évidemment, nous ne lui avons rien répondu, faisant abstraction de son insulte. Quelques instants après, nous avons proposé à Monsieur Naud de nous laisser quitter les lieux dans le calme, mais sans nous identifier. Il a refusé.

Quand la police est arrivé, le Sergent Jonathan Filteau s'est empressé de nous informer qu'il constatait que "nous étions calmes, pacifiques, non turbulents, coopératifs et que nous n'avions pas fait de grabuge". Il nous a proposé de régler la situation rapidement, à l'amiable, avant qu'une demande d'éviction (ie : renvoyer les gens d'un lieu privé) ne soit faite par l'ULaval. Nous avons coopéré tout au long de cette intervention.

Nous avons finalement donné notre identité aux agents du Service de sécurité et prévention de l'ULaval, mais pas à la police (sans accusation, ils nous ont dit qu'ils n'avaient pas le droit de prendre notre identité). Ils ont aussi pris notre photographie, même si ce n’était pas ce qu’ils nous avaient proposé juste avant. Ensuite, nous avons été escortés, deux par deux, dans l'ascenseur, par 3 policiers. C'était très amical : les policiers se sont étonnés d’avoir été appelés en si grand nombre pour régler une situation aussi paisible et ils m’ont même demandé ce que signifiaient mes macarons communistes (que m’avait procuré Alexandre Pouliot-Roberge quelques années plus tôt), anti-McDonald et anti-Sodexho (les cafétérias privées et anti-travail-étudiant de l'ULaval, ainsi que dans plusieurs Cégeps), ainsi que mon carré rouge symbolisant la gratuité scolaire.

Finalement, au moment où la porte de l'ascenseur s'est ouverte, il y avait plusieurs journalistes avec des appareils photos qui nous attendaient (c'est à ce moment qu'ils m'ont photographié). Derrière eux, il y avait des étudiants et des employés de soutien de l’ULaval qui nous ont crié des "Hourra!" et des "On est avez vous! Solidarité!". C'était vraiment très chaleureux.

Finalement, j'ai remercié les journalistes et les manifestants qui nous attendaient, puis je "me suis dispersé", comme les policiers nous avaient ordonné de faire.

Voilà! C’était toute l'histoire!

Je vous invite tous à lire l’article de journal qui a été publié dans Le Soleil, le 7 février 2008, à la page 11.

Présentement, à l’Université Laval, on se bat pour la GRATUITÉ SCOLAIRE et contre la HAUSSE DES FRAIS TECHNOLOGIQUES. Québec solidaire, le parti politique auquel je crois et où je m’implique activement (surtout sur le Campus de l'ULaval) supportent pleinement les revendications étudiantes.

Bonne réflexion!

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