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Retour sur le commando-bouffe du 4 déc. 2007 - Une action politique et anticapitalisteAnonyme, Monday, January 21, 2008 - 14:40 (Communiqués | Photo | Politiques & classes sociales | Poverty | Repression | Resistance & Activism)
Le Comité des sans-emploi Montréal-centre
Par le Comité des sans-emploi Montréal-centre, le 19 janvier 2008. Le 4 décembre dernier, plus de 300 personnes ont bravé la tempête pour appuyer un commando-bouffe qui s’est invité dans trois restaurants chics du centre-ville de Montréal afin de dénoncer la misère et la pauvreté grandissante de même que les limites des guignolées du temps des fêtes. Cette action était organisée par le Comité des sans-emploi Montréal-centre. Pour le comité, l’organisation d’actions radicales est plus nécessaire que jamais! Le fait d’avoir choisi de mobiliser à visage découvert a par contre mis la puce à l’oreille. Rappelons que c’était la 4e opération du genre après la visite d’un IGA en juin 1997, celle de l’hôtel Queen Elisabeth en décembre 1997 et du Marriott Château Champlain en décembre 1999. Malgré la déception de n’avoir pu s’emparer d’un buffet de riches, la manifestation s’est bien déroulée et les impacts politiques et médiatiques ont été importants. Les membres du Comité des sans-emploi Montréal-centre tiennent à remercier très solidairement les personnes qui ont participé à cette action autonome et anticapitaliste, la quarantaine de militantes et de militants qui ont assumé des tâches particulières et les groupes et organisations qui ont appuyé officiellement l’action. Nous avons une reconnaissance toute particulière pour la douzaine de camarades et amiEs de Toronto, membres de l’Ontario Coalition Against Poverty (OCAP), qui sont venus, malgré la tempête, partager avec nous ce moment de lutte. Nous voulons également profiter de l’occasion pour revenir sur les détails de la journée et en rappeler les motivations. Un dîner d’affaires perturbé ! Le rassemblement a débuté à 11h30 dans les locaux du Comité social Centre-sud, un groupe communautaire du centre-ville de Montréal. Après quelques prises de paroles, les consignes d’usage et la distribution de pancartes, les manifestantes et les manifestants (ainsi que les flics en civil!) se sont rendus sur le boulevard de Maisonneuve pour monter dans les autobus (précisons qu’en raison du mauvais temps, nous avons dû nous déplacer, les autobus n’ayant pu se rendre au point de départ convenu préalablement). Le cortège, bien escorté de voitures à cerise et de médias, s’est d’abord rendu à l’hôtel Queen Elisabeth. Un commando d’une douzaine de personnes l’avait précédé pour entrer dans ce célèbre endroit où se trouve le restaurant Le Montréalais. Le personnel avait été augmenté et une porte, barricadée. Le buffet a quand même été attaqué, mais nous n’avons pu franchir l'entrée principale où une échauffourée s’est produite. Coup de théâtre, le maître d’hôtel en service était le même qu’en 1997… Le dévoué monsieur, plus efficace que ses bouncers, a lancé un retentissant « Vous m’avez fait assez chier, v’la dix ans! » préférant nous renverser au visage une gigantesque chaudronnée de coquilles Saint-Jacques et une pleine marmite de feuilles de vignes farcies. Vaut mieux nourrir le tapis que les gens dans la rue ! (Le Queen n’avait pas porté plainte contre le commando il y a dix ans, mais à l’époque, la police avait pris le tout sous son aile et avait obligé le maître d’hôtel à témoigner contre nous lors d’un long procès.) Le commando-bouffe est sorti du restaurant alors qu’entrait une horde de flics affamés. Les autobus étaient stationnés devant l’hôtel. Dans chacun d’eux, des personnes en communication les unes avec les autres ont reçu l’information de ce qui venait de se produire. Elles ont expliqué la raison de ce passage devant le Queen Elisabeth en rappelant l’opération de 1997. Le commando s’est dirigé au pas de course vers un frangin du Queen, le Marriott Château Champlain, situé tout près. Les autobus ont suivi et fait le tour du quadrilatère. À ce 2e endroit, le commando s’est cogné le nez à la porte qui donne accès au restaurant à l’intérieur de l’hôtel… qui était fermée pour l’heure du midi ! Le chiffre d’affaires de cet autre repère de la bourgeoisie a dû y goûter un peu ce midi-là. Jamais deux sans trois! Les membres du commando-bouffe ont sauté à bord de taxis. Dans l’un d’entre eux, le conducteur remarqua la forte odeur de poisson… On lui a dit alors de porter attention aux journaux du lendemain. La prochaine visite était pour l’hôtel des Gouverneurs en face du Carré Berri. Entré en trombe, le commando s’est faufilé jusqu’au buffet. Mais les employéEs se sont empressés de jeter minutieusement tout le buffet par terre! Des gardes de sécurité ont ensuite attaqué violemment les membres du commando. Une véritable bagarre a eu lieu jusqu’à ce que les policiers arrivent dans un fouillis général. Ils ont expulsé le groupe à l’extérieur de l’hôtel où les manifestantes et les manifestants les attendaient. Un camarade a alors été arrêté puis relâché en après-midi avec une accusation de vol qualifié. Tout ce beau monde a ensuite pris la rue pour manifester de façon animée jusqu’au complexe Desjardins. En entrant à l’intérieur de cet important centre commercial, un « code rouge » a retenti dans les haut-parleurs et les grilles métalliques des kiosques se sont fermées… Le groupe s’est rassemblé à la place centrale et des discours ont été prononcés pour rappeler les gestes commis et décrier la pauvreté et la misère grandissantes ainsi que l’hypocrisie des bien-pensants et leurs guignolées. Quelques centaines de personnes, réparties sur les balcons du complexe observaient la scène. Plus de 1 000 tracts ont été distribués à la population durant la journée. Les manifestantes et les manifestant se sont disperséEs vers 14h, après deux bonnes heures de turbulences dans le centre-ville! L’objectif de l’action, les cibles choisies et l’impact médiatique Par cette action, le comité voulait marquer le coup sur l’augmentation réelle de la pauvreté depuis le commando-bouffe de 1997 et décrier à nouveau les limites des guignolées du temps des fêtes, qui ne diminuent en rien la pauvreté. Aujourd’hui, il y a moins de personnes qui reçoivent de l’aide sociale… mais il y a plus de personnes qui doivent recourir aux banques alimentaires pour se nourrir. On travaille plus mais on est plus pauvre qu’avant! C’est pourquoi le « club des profiteurs », soit les 5 % des personnes les plus riches, a augmenté sa part de la richesse globale de 21 % en 1992 à 25 % en 2004 ! Au quotidien, des personnes doivent voler, squatter et se battre pour survivre. Notre choix de poser des gestes semblables publiquement relève d’une autre logique. Pour nous, la mobilisation qu’oblige une telle action permet au message et à la dénonciation de faire son chemin. L’action est l’outil, le prétexte qui permet de faire le débat politique. L’action n’est pas la finalité. Elle pourrait le devenir, mais pas en l’occurrence. Nous aurions bien voulu ravir un bon buffet aux riches. Mais même en sortant de la nourriture, l’action demeurait symbolique parce que nous ne pouvions pas nourrir grand monde… En mobilisant largement, nous élevons le risque, mais le choix de faire une action à « succès garanti » est secondaire à la mobilisation. Pour nous, les personnes dans les autobus qui appuient tantôt un commando-bouffe, tantôt une équipe qui construit un mur devant un bureau d’aide sociale ou une gang qui vide un bureau de députéEs, ces personnes donnent tout le sens politique aux gestes posés. Nous n’étions pas dupes du degré objectif de difficulté que signifiait de faire cette action presque à visage découvert. D’ailleurs, il est inutile de confirmer que nous avons reçu des appels de la police… Nous avons envisagé de faire l’action dans une épicerie, comme en juin 1997. La police, aussi zélée soit-elle, aurait eu bien de la difficulté à devancer 12 personnes entrées dans une des dizaines d’épiceries situées à moins de 20 minutes du lieu de rassemblement. Mais le retour au même repère de riches qu’en 1997 nous apparaissait la meilleure façon de faire passer le message. (De toute manière, il n’y a que quelques buffets de luxe dans le centre-ville de Montréal…) Plus de 25 entrevues ont été réalisées et des extraits du communiqué de presse ont été repris pour parler de la pauvreté persistante. Il ne faut pas se faire d’illusions que pour faire passer un message à grande échelle, même différent, les médias bourgeois sont encore incontournables. C’est un mal nécessaire. Lors de la première action de réquisition de nourriture en juin 1997, une ministre et une représentante de l’industrie du commerce aux détails étaient intervenus à grandes déclarations pour briser tout élan « de Robin des bois ». Aujourd’hui, c’est Sylvain Rivest, président de la campagne de financement de Centraide-Lanaudière qui a dégainé pour l'Élite. Dans un article publié entre autre dans le journal La Presse le 6 décembre 2007, il nous implore de plutôt « remplir vos autobus jaunes à ras bord, de descendre en horde chez les riches et d’aller leur dire merci… ». Pour la lutte des classes, on repassera! De nombreux appuis C’est à la fin du mois de septembre que nous avons débuté la mobilisation. Des milliers de tracts et d’affiches, des tonnes de courriels, de multiples appels, des dizaines de rencontres en tous genres ont été nécessaires à la préparation d’une telle action. Nous avions invité les groupes à appuyer l’action, mais sans mener une campagne importante de sollicitation à ce niveau. Nous avons donc été très agréablement surpris de constater que plus de 40 groupes et regroupements communautaires, associations étudiantes locales et nationales ainsi que des collectifs politiques ont appuyé l’action et plusieurs nous ont même aidés à la financer. Nous espérons voir là une certaine évolution sur la question de la violence. Dans les années 90, bien avant de discourir de la pertinence d’une action donnée, la question de la violence, planifiée ou appréhendé, obnubilait toute autre question. Le Comité des sans-emploi a souvent été ostracisé de cette manière. On évitait de faire le débat sur la justesse des revendications et de la lutte en agitant le spectre de la violence… L’importance de l’unité des luttes et la révolte nécessaire contre l’extraordinaire violence du capitalisme semblent maintenant rallier un peu plus les militantes et les militants de gauche. La situation mériterait une élaboration plus exhaustive qu’il nous est permis ici, mais disons que nous nous en réjouissons! Le Comité des sans-emploi Montréal-centre est un collectif politique d’extrême gauche, anticapitaliste et antipatriarcal qui existe depuis 1992. Il a initié ou participé à plusieurs actions et gestes d’éclat : déménagements de bureaux de députés et « d’ostis d’crosseurs » (dont Lucien Bouchard le 1e mai 2007), mobilisation contre les pro-vie en tout genre, squat, opération « chain saw » à ville Mont-Royal, etc. Le Comité a aussi organisé environ 25 assemblées publiques et publié quelques journaux. Il a de plus participé à plusieurs coalitions. Ce n’est pas un seul commando-boufe qui va ébranler les piliers du temple. Mais ensemble, organisés dans l’action, sur des bases anti-capitalistes et anti-patriarcales, peut-être que des fissures apparaîtront ! Ce ne sont pas les raisons de se révolter qui font défaut et comme c’est plus l’fun en gang, avis aux interreséEs ! À très bientôt! Solidarité! On peut rejoindre le Comité des sans-emploi Montréal-centre au 514-306-7094 et au cse....@gmail.com. Des photos de l’action du 4 décembre sont accessibles avec le lien ci-dessous... [ EDIT (Mic pour le CMAQ)
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