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Le dilemme de Mario Dumont ... et notre propre défi à nous !PCQ, Tuesday, October 23, 2007 - 11:58
André Parizeau
Mario Dumont a un dilemme. Pauvre lui !!! ... S'il veut pouvoir continuer à profiter de son avance dans les sondages, il doit pouvoir trouver une nouvelle stratégie et le bon filon. Il faut que ce soit sur des sujets qui lui permettront de continuer sur sa lancée, sans que l'un ou l'autre des autres grands partis politiques, que sont les libéraux et le PQ, ne finissent par se les accaparer pour eux mêmes. Et tout cela risque d'être assez compliqué, s'il faut se fier à ce qui a pu se passer jusqu'ici, au cours des derniers mois et depuis les dernières élections. Le chef de l'ADQ doit trouver des sujets où il pourra se faire facilement du capital politique sans avoir, évidemment, à faire des promesses qu'il ne pourra pas tenir plus tard. Tout doit en même temps rester simple et facilement transmettable à monsieur et madame tout le monde. Il ne faut pas, non plus, que cela tranche trop par rapport à l'orientation idéologique de son parti, à défaut de quoi, cela manquerait totalement de crédibilité. Tout le monde se souvient de la tentative très peu réussie de l'ADQ pour essayer de se présenter comme étant un parti dédié à la protection de l'environnement et des grands enjeux écologiques. Vous vous souvenez ? Cela se passait il y a quelques semaines. Cela ne dura que quelques jours et ne trompa personne. Mario Dumont et son parti, l'ADQ, doivent aussi éviter d'avoir à se contredire par rapport à à ce qu'ils ont déjà dit. Autrement, on continuera à dire qu'ils ne sont que des girouettes ... Même si, au sein de l'enceinte de l'Assemblée Nationale, ce terme de "girouette" n'est plus permis. Finalement, il ne peut se permettre de rester pour autant silencieux sur les grandes questions de l'heure car il représente, ne l'oublions pas, l'opposition officielle à l'Assemblée Nationale. La tâche ne sera pas facile, d'autant que le PQ et les libéraux ne lui feront pas de cadeaux. En fait, l'ADQ se retrouve dans une situation où il a pas mal d'ennemis. En attendant, la liste des thèmes politiques qui avaient été si utiles à Mario Dumont, durant la dernière campagne électorale et, autour desquels il pourrait encore essayer de "surfer", a plutôt tendance à se rétrécir. Le voilà donc pris à innover. Ou à essayer de le faire ... L'ADQ devra essayer "d'innover" ... La question des "accommodements raisonnables" est un sujet dont l'ADQ a déjà depuis des mois perdu le contrôle. À moins de vouloir partir dans une sorte de surenchère avec le PQ, sur le thème de l'identité québécoise, on voit mal comment l'ADQ pourrait encore profiter de cette question. Tout cela serait en même temps pas mal risqué, s'il devait effectivement se laisser tenter par cette surenchère, et il n'est pas dit, non plus, et dans les circonstances, que cela aiderait nécessairement l'ADQ à se maintenir dans les sondages. Mario Dumont pourrait également essayer de jouer à fond la corde sensible qu'ont bien des gens lorsqu'il est question de crimes violents, de disparition d'enfants, etc. Il pourrait chercher à axer une bonne partie de son discours pour qu'on soit encore plus sévères avec ceux et celles qui sont responsables de tels crimes. Les conservateurs, au fédéral, tiennent déjà un tel discours. L'ADQ, qui n'est jamais très loin des Conservateurs, pourrait aussi faire de même. N'est ce pas justement Mario Dumont qui essayait, il n'y a pas si longtemps encore, de se faire du capital politique vite fait, à partir de l'affaire Cedrika ? Il s'agit néanmoins d'un terrain qui a ses limites, ne serait-ce qu'à cause du fait que le code criminel relève en effet du fédéral et que tout cela pourrait aussi être vu comme un exemple patent d'opportunisme de bas étage. Vous remarquerez d'ailleurs que Mario Dumont n'est plus jamais revenu sur cette question après sa sortie, dans la foulée de l'affaire Cedrika. L'ADQ pourrait également essayer de revenir sur le sujet de l'éducation. Mais là encore, le terrain est déjà pas mal miné. Sur la question des frais de scolarité, la position de l'ADQ est en effet similaire à celle des libéraux. Ce n'est donc pas sur un tel sujet que ce parti pourrait le mieux se démarquer. Sur la question du bulletin scolaire, c'est même pire car les libéraux avaient déjà récupéré pour eux-mêmes la demande de refonte de ce bulletin. En conséquence de quoi, le bulletin scolaire est désormais chiffré, tel que le demandait l'ADQ. Sauf que les problèmes subsistent toujours et que l'ADQ est plus que jamais embourbé dans son propre marais, avec cette question, puisqu'il dénonce maintenant les libéraux pour avoir agi avec beaucoup trop d'empressement et sans vraiment avoir pris le temps ... de saisir toute l'ampleur du problème. Faut-il ensuite se surprendre que Mario Dumont se fasse traiter de "girouette nationale" ? ... Le fait de relancer sa demande en faveur de l'abolition des commissions scolaires pourrait s'avérer tout aussi risqué, d'autant que cette position avait largement été ridiculisée lors de la dernière campagne électorale. ... et éviter en même temps tous les écueils L'ADQ ne peut non plus espérer aller très loin avec son discours "autonomiste" car, là encore, sur ce terrain, les libéraux ont déjà commencé à lui voler la vedette. Même constat par rapport à la suggestion de l'ADQ pour que le Québec ait sa propre constitution, sinon que c'est cette fois le PQ qui a pris les devants par rapport à cette question plus spécifique d'une constitution "made in Quebec". Mario Dumont peut également oublier la question de la privatisation de nos services publics, notamment dans la santé, ainsi que par rapport à nos infrastructures en général. C'est en effet, et plus que jamais, au coeur des projets des libéraux. Et on pourrait ainsi continuer sur nombre d'autres sujets. Ce jeune populiste, qu'est Mario Dumont, aime bien se présenter comme celui qui veut faire la politique autrement et qui écoute les gens. Mais tout cela peut aussi l'amener sur d'autres types de terrains, tout autant minés. Prenons un exemple: le dossier Rabaska. D'entrée de jeu, l'ADQ était pour ce projet. Faut-il s'en surprendre ? Pas vraiment. Mais voilà : pour couper court aux efforts de mobilisation contre un tel projet, les libéraux n'ont pas hésité à aller à l'encontre des propres lois du Québec et ont donc mis un terme à toutes les études et consultations qui étaient encore prévu. Abus de pouvoir ? C'est sûr. Si l'ADQ, dans un tel contexte, décidait finalement d'acquiescer, alors ils se rangeaient derrière les libéraux et démontraient du même coup combien leurs beau discours ne pèsent pas vraiment très lourd. S'ils dénonçaient, alors ils se retrouvaient par le fait même à se ranger du côté des opposants au projet. Le fait que l'ADQ ait finalement décidé de rester le plus "low profile" possible dans ce dossier reflète le beau dilemme auquel ils faisaient face dans ce dossier. La meilleure protection contre le populisme de gens comme Mario Dumont, c'est de bâtir une gauche plus puissante ! Il reste finalement à voir jusqu'à quel point Mario Dumont arrivera à "innover" ou si, au contraire, et avec le temps, lui et son parti finiront par se faire tasser par les autres et ... à retomber dans les sondages. Chose certaine, la meilleure protection contre le populisme de gens comme Mario Dumont et la montée des idées de droite, restera toujours de travailler à bâtir une gauche plus puissante. C'est pourquoi nous appelons le maximum de gens à travailler encore plus forts au sein de Québec solidaire pour faire de ce jeune parti une force politique qui soit non seulement plus présente , dans la rue, mais aussi présente au sein même de l'enceinte de l'Assemblée Nationale. Cela implique également, de la part de Québec solidaire, qu'il soit beaucoup plus présent sur la scène politique, pour dire et énoncer d'autres propositions dans tous les grands dossiers de l'heure. Notre objectif doit être d'oeuvrer pour que l'alternative à la politique des vieux partis puisse un jour être clairement campé à gauche, dans un esprit de solidarité et de justice sociale et que Québec solidaire devienne en même temps un lieu de rassemblement qui veulent un changement véritable. À défaut d'agir de la sorte, on risque de se faire entraîner encore plus vers une sorte de dérive populiste, à la sauce Mario Dumont, ou encore que cela finisse dans une sorte de régénération des vieux partis, que sont le PQ et les libéraux, sous un emballage et avec la mention "nouveau et amélioré", mais avec des résultats qui sont déjà prévisibles ... D'une manière ou d'une autre, ce ne serait pas très réjouissant. Il est temps d'arrêter de tourner en rond, sur le plan politique, et/ou d'avoir à encaisser reculs sociaux par dessus reculs sociaux. Tel est notre propre défi à nous.
Parti Communiste du Québec (PCQ)
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