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Déclaration du MER-PCR: Contre le gouvernement et les partis bourgeois!

Eric Smith, Sunday, October 21, 2007 - 16:19

Mouvement étudiant révolutionnaire - PCR

Depuis la rentrée scolaire, un certain nombre d'associations étudiantes de cégeps et d'universités du Québec, membres ou sympathisantes de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), ont entrepris une vaste campagne de mobilisation pour s'opposer à la récente hausse des frais de scolarité universitaires décrétée par le gouvernement Charest. Contrairement aux deux grandes fédérations étudiantes liées à l'appareil d'État (la FECQ et la FEUQ), l'ASSÉ revendique la gratuité scolaire et soutient le droit du peuple à l'éducation. Conscientes que seule une mobilisation de masse sérieuse pourra potentiellement faire reculer le gouvernement Charest (comme ce fut le cas avec le grand mouvement de grève contre les coupures dans le régime des prêts et bourses à l'hiver 2005), les associations étudiantes réunies autour de l'ASSÉ ont adopté un plan d'action ambitieux prévoyant le déclenchement d'une grève générale illimitée, dès le moment où sept associations représentant au moins 25 000 étudiantes et étudiants se seront prononcéEs en faveur de la grève.

Toutefois, comme on l'a vu cette semaine, plusieurs associations importantes, surtout au niveau collégial, ont rejeté cette proposition. Bien que la grève ait été adoptée par sept associations, le plancher de 25 000 étudiantEs favorables n'a pas été atteint. Ce week-end, l'ASSÉ tient un congrès spécial pour faire le point sur la mobilisation: au moment où ces lignes sont écrites, les décisions du congrès ne sont pas encore connues, mais il semble d'ores et déjà acquis que les conditions ne seront pas réunies cet automne au déclenchement du mouvement de grève.

Les difficultés rencontrées par la composante militante du mouvement étudiant en décourageront sans doute plusieurs. Le fait que le gouvernement Charest ait eu l'intelligence (une fois n'est pas coutume...) de moduler son attaque sur une période de cinq ans (la hausse des frais sera progressive, jusqu'à atteindre 500$ par année en 2012) aura certainement eu un impact majeur sur la mobilisation: plusieurs étudiantEs ont probablement calculé que la hausse les affecterait assez peu, personnellement. En outre, les grandes fédérations et les associations étudiantes inféodées au Parti québécois (qui soutient lui aussi le dégel des frais de scolarité et appuie le gouvernement Charest à cet égard) ont manœuvré, comme à leur habitude, pour faire échouer le mouvement de grève. L'exécutif de l'ASSÉ a notamment mis la main sur une correspondance entre un dirigeant de la Fédération étudiante universitaire du Québec et l'ex-candidat du PQ dans la circonscription de Pontiac dans laquelle les deux sbires échafaudaient des plans pour écarter l'ASSÉ de l'Université du Québec en Outaouais. Selon l'exécutif de l'ASSÉ, le PQ souhaite retarder "l'agitation étudiante" au printemps prochain, au moment où ce parti sera en position de renverser le gouvernement Charest, i.e. après le dépôt de son prochain budget.

Plus généralement, ce qui apparaît comme un "détour" sur le chemin de la lutte pour la gratuité scolaire fait ressortir les contradictions profondes et les nombreux enjeux de classe qui traversent le mouvement étudiant et sa composante "syndicaliste", qui sont loin d'être unanimement et automatiquement, des acteurs favorables au changement social.

Au cours des dernières semaines, les militantes et militants du Mouvement étudiant révolutionnaire (MER-PCR) ont amorcé un travail de mobilisation en milieu scolaire pour regrouper les jeunes d'origine prolétarienne et mettre de l'avant des perspectives de lutte révolutionnaires contre l'État bourgeois. Dans le premier numéro de son bulletin (Révolutionnaires maintenant!, qu'il a récemment publié), le MER se présente comme "une initiative du Parti communiste révolutionnaire en milieu étudiant". Nous en reproduisons ici de larges extraits (pour plus d'info, écrivez à mer@pcr-rcp.ca).

Le Drapeau rouge-express

* * *

L'État québécois a décidé de dégeler les frais de scolarité et partout dans la province, les étudiantEs s'apprêtent à livrer le combat contre le gouvernement Charest afin d'éviter de nouveaux reculs en matière de droit à l'éducation. Cependant, l'enjeu de la lutte est beaucoup plus politique qu'une simple augmentation de 50$ par session.

Par ses politiques, la bourgeoisie cherche de plus en plus à limiter l'accès aux études pour les masses prolétariennes. Contrairement à ce que peut dire le gouvernement, hausser les frais de scolarité, c'est pour l'essentiel, s'attaquer aux plus pauvres de la société. D'ailleurs, les statistiques de la bourgeoisie le démontrent: plus on est riche, plus on a de chances d'accéder aux études universitaires.

Les connaissances utiles ne sont pas libres sous le capitalisme. L'éducation et l'enseignement supérieur sont inégalement accessibles aux membres des classes possédantes et à ceux et celles des masses exploitées. Un million de freins de toutes sortes empêchent encore les masses du monde entier de s'approprier les connaissances qui leur permettraient de mettre fin à la noirceur dont se nourrissent l'exploitation et l'oppression.

C'est la bourgeoisie et la petite-bourgeoisie qui profitent le plus de l'éducation publique et privée. Les jeunes de la classe ouvrière sont majoritairement tenuEs à l'écart des programmes collégiaux, des universités, des grandes écoles et des diplômes professionnels à travers lesquels se reproduiront les classes possédantes.

À travers le monde, une minorité de jeunes seront choyéEs dans des universités dorées qui concentrent un savoir et des ressources gigantesques, alors que la majorité, malgré un certain rattrapage tout au long du vingtième siècle, est encore limitée (et pour longtemps) à une scolarisation "précaire", comme elle l'est aussi à des emplois "précaires", à une situation économique "précaire", etc.

Pourquoi hausser les frais? Sous le capitalisme, les frais de scolarité ne sont rien de moins qu'un des nombreux mécanismes de reproduction des classes sociales. Ils servent de filtre afin de répartir et orienter les futurs travailleurs et les futures travailleuses dans le secteur professionnel, les techniques collégiales ou encore, pour les plus riches, vers des études universitaires -- le tout, selon les besoins de la bourgeoisie.

Plusieurs ne diplômeront simplement pas du tout, assurant l'approvisionnement d'un bassin de main-d'œuvre non qualifiée nécessaire aux innombrables sous-emplois. D'autre part, par le recours à l'aide financière qu'ils induisent, les frais de toutes sortes génèrent de vastes contingents de diplôméEs écraséEs sous les dettes, nouveaux candidats et nouvelles candidates à l'emploi d'autant plus exploitables qu'ils et elles sont prisES à la gorge par les institutions financières et donc à la merci des conditions qu'offrent les patrons sur le marché du travail. Soulignons d'ailleurs que cette dynamique pèsera sur les femmes plus lourdement que sur quiconque, elles qui sont encore aujourd'hui largement désavantagées sur le marché du travail. Soulignons également que les étudiantEs pauvres sont loin d'être les seulEs à être entraînéEs dans la spirale de l'endettement. C'est une condition de plus en plus généralisée; elle rapproche la situation étudiante de celle de millions de travailleurs et de travailleuses qui, prisES dans l'engrenage du crédit pour maintenir leurs conditions de vie, paient un lourd tribut au capital financier.

La bourgeoisie, par la bouche de ses politiciens et de ses idéologues éditorialistes, essaie de nous faire croire que le gel des frais, et à plus forte raison la gratuité scolaire, sont des subventions aux riches qui ont les moyens de payer pour leur éducation. C'est une analyse pour le moins partielle et malhonnête de la question. Ce qui est vrai, c'est que la gratuité scolaire ou des droits de scolarité élevés ne changeront strictement rien à l'accès des riches à l'éducation. Par contre, pour les enfants des classes populaires, les frais de scolarité signifieront toujours l'endettement, le sacrifice et la dissuasion. Pour les plus persévérantEs d'entre eux et elles, ils constitueront toujours des pressions et des contraintes sur le choix des parcours scolaires, la durée des études, l'obligation de concilier emplois précaires et études à un rythme épuisant... préfiguration de ce qui les attend sur le marché du travail alors qu'ils et elles traîneront le poids de lourdes dettes.

S'il était encore nécessaire de déboulonner davantage la démagogie bourgeoise en matière de droits de scolarité, soulignons également l'hypocrisie de tous ceux et celles qui se scandalisent qu'on subventionne l'éducation des riches en n'augmentant pas les frais... tout en nous proposant du même coup de diminuer les impôts sur le revenu, d'abolir la taxe sur le capital et de maintenir un vaste régime d'évasion fiscale. Le message est clair: laissons la bourgeoisie disposer de sa richesse comme elle l'entend et faisons comprendre aux travailleurs et aux travailleuses qu'il faut payer cher l'ambition de ne pas "croupir au bas de l'échelle".

Dans cette perspective, lutter pour la gratuité scolaire, c'est s'engager en faveur des intérêts des classes populaires. C'est donc prendre part à une bataille beaucoup plus vaste que celle du seul front de l'éducation. Car ne nous berçons pas d'illusion: si la gratuité scolaire est une lutte nécessaire, son instauration ne signifiera pas pour autant le paradis du droit à l'éducation et encore moins la fin des inégalités sociales. La véritable origine des inégalités sociales, on la trouve non pas dans le système d'éducation, mais dans les rapports d'exploitation et de domination entre patrons et travailleurs, travailleuses. C'est par une vaste lutte politique, une véritable révolution socialiste, qu'on viendra à bout de cette société de classes. Dans la mesure où nous nous armons d'une conscience des intérêts de classes en jeu, la lutte pour la gratuité scolaire peut porter aujourd'hui les germes de ce renversement.

Combattre, oui! Mais avec qui et comment? Dans le contexte de crise du capitalisme, l'augmentation des frais de scolarité n'est pas une surprise. Depuis des années, la classe dominante ne se donne plus la peine de mettre des gants blancs quand il s'agit d'attaquer les droits démocratiques. Les grosses fédérations étudiantes auraient dû préparer sérieusement les étudiants et les étudiantes à ce que se multiplient au cours des années des attaques qui accentuent le caractère de quasi-monopole que constitue l'enseignement supérieur pour la bourgeoisie et la petite-bourgeoisie.

Si la mobilisation de la jeunesse étudiante est aujourd'hui difficile, c'est en partie parce que dans le mouvement étudiant, le plus gros de la force dirigeante (la FEUQ en est un exemple révélateur) n'est rien d'autre que la branche juvénile des partis bourgeois. Ces aspirantes à la politique bourgeoise font pénétrer dans le mouvement étudiant leurs politiques de compromis social avec l'État bourgeois, et c'est le rôle néfaste que jouent aujourd'hui les péquistes et les "solidaires" [les supporters de Québec solidaire, le parti social-démocrate de Françoise David].

Les différentes réactions face aux attaques de la bourgeoisie rendent évidentes l'inaptitude du courant réformiste qui domine le mouvement étudiant à diriger les luttes. En matière de droit à l'éducation, son ineptie est totale. Ce courant, même s'il se divise en abonnéEs de différentes succursales politiques (PQ/QS, pour ne mentionner que celles-là) est attaché par mille et un fils aux structures de l'État, aux gouvernements et à la bourgeoisie. Le courant réformiste présent à satiété dans le mouvement étudiant, empêche la lutte étudiante de se développer et de déborder les limites imposées par la bourgeoisie.

En effet, l'ampleur de l'attaque est importante, suffisamment pour provoquer la colère et le désir de lutter chez les étudiantes et les étudiants. Malheureusement, et bien que le mécontentement se fasse sentir, la droite réformiste, qui domine largement le mouvement étudiant, entend bien étouffer le moindre sursaut de combativité.

À l'inverse, les militants et les militantes qui se revendiquent des grandes orientations du MER-PCR croient qu'il est nécessaire plus que jamais de combattre ces idées et méthodes de luttes acceptées et contrôlées par la bourgeoisie en leur opposant des idées et des moyens de luttes qui s'appuient sur la participation la plus large des masses, qui ciblent l'État bourgeois, les capitalistes et leurs partis politiques et qui débordent le cadre de domestication que veut nous imposer la bourgeoisie.

Le système d'éducation est traversé par l'ensemble des classes sociales et tous et toutes n'ont pas intérêt à la gratuité scolaire. Face au courant réformiste qui domine le mouvement étudiant, nous appuyons et luttons avec les forces qui ont vraiment intérêt à lutter dans un large mouvement de grève vraiment combatif!

Ne soyons ni les complices ni les victimes des choix politiques de la bourgeoisie et de ses représentantEs dans le mouvement étudiant!

Luttons pour nos revendications! Élargissons notre mouvement! Soyons révolutionnaires maintenant!

* * *

LE MER-PCR, C'EST QUOI?

Le mouvement étudiant est traversé par la lutte des classes. Les intérêts de la bourgeoisie et ceux du prolétariat s'y opposent. C'est la bourgeoisie et la petite-bourgeoisie qui profitent le plus de l'éducation publique et privée. Les jeunes de la classe ouvrière sont majoritairement tenuEs à l'écart des programmes collégiaux, des universités, des grandes écoles et des diplômes professionnels à travers lesquels se reproduiront les classes possédantes.

Le MER-PCR s'oppose au réformisme qui prédomine dans le mouvement étudiant. Ce réformisme est soit lié à l'État, soit il développe des perspectives trop limitées, des propositions de réformes qui n'éliminent pas et n'élimineront jamais les causes de notre appauvrissement.

Le MER-PCR croit plutôt qu'il faut renverser l'ordre social capitaliste, faire la révolution, pour parvenir à notre objectif, une société où ce sont les travailleurs et travailleuses qui prendront en charge l'organisation de la société. Mais pour y parvenir nous avons besoin de nous organiser beaucoup plus qu'aujourd'hui et d'avoir un solide plan d'action, un programme.

Nous croyons que le Parti communiste révolutionnaire (PCR) est l'organisation qui permettra d'unir et mener les prolétaires révolutionnaires jeunes et moins jeunes dans cette lutte.

Bien entendu, ce n'est pas une tâche facile, mais nous demeurons réalistes. Nous construisons la révolution brique par brique. Nous avançons au fil des luttes, pas à pas. Nous accumulons des forces et nous n'attendons pas le grand soir pour agir. Nous considérons que c'est en combattant que nous apprendrons à combattre.

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Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 157, le 21 octobre 2007.
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